Varda par Agnès
Agnès Varda (2019)
Durant toute sa vie d'artiste, Agnes VARDA s'est livré au jeu de l'autoportrait sous diverses formes (mosaïque, peinture, photographie, cinéma etc.) En vieillissant, son travail s'est enrichi d'une dimension autobiographique dont l'aboutissement est "Les Plages d'Agnes" (2007). Cette oeuvre est aussi une somme artistique, mêlant les trois passions de Agnes VARDA: la photographie, le cinéma et les arts visuels avec de nombreux aperçus de son travail. Durant la décennie qui a suivi et surtout dans les dernières années de sa vie, Agnes VARDA a multiplié les documentaires sur son oeuvre, comme dans "Les 3 vies d'Agnes" (2012) ou "A Visual History with Agnes Varda" (2017). "Varda par Agnès", son ultime film ne fait pas exception à la règle. Se composant de deux parties chronologiques, "Causerie 1" (1954-1994) et "Causerie 2" (1994-2019), il se présente sous la forme d'extraits de conférences données par la réalisatrice dans lequel elle narre à la manière d'une conteuse aguerrie l'histoire de son parcours. Bien que le canevas soit chronologique, son oeuvre n'est pas présentée dans l'ordre mais selon le principe de l'association d'idées. Par exemple, dans la première causerie, elle relie "L'Opera-Mouffe" (1958) à "Documenteur" (1981) par Georges DELERUE qui a composé la musique des deux films et aussi par le fait qu'il s'agit d'oeuvres très personnelles voire introspective pour le deuxième. Dans la deuxième causerie qui est plus axée sur son oeuvre de photographe et d'artiste visuelle, le film "Les Glaneurs et la glaneuse" (2000) dont elle souligne le lien avec l'avènement technologique des caméras numériques permettant d'approcher les populations précaires l'amène par exemple à parler de son installation "Patatutopia". Avec le mantra "inspiration, création, partage" qui a guidé son travail, Agnes VARDA met en évidence quelques uns des procédés de sa "cinécriture" (c'est à dire de son style): le mélange entre fiction et documentaire, entre les différentes formes d'art (elle met en évidence par exemple le fait que plusieurs de ses installations ont une source d'inspiration picturale avec des panneaux comme le triptyque repliable de Noirmoutier jouant sur le champ et le hors-champ et le polyptyque de "Quelques veuves de Noirmoutier") (2006) et plus généralement le goût de l'hybridité, du collage et du recyclage comme le passage où elle raconte comment elle a redonné vie aux vieilles bobines du "Le Bonheur" (1965) en transformant les boîtes et la pellicule en installation. L'ultime cadeau d'une artiste soucieuse de son héritage.
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