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Zombillenium

Publié le par Rosalie210

Arthur du Pins et Alexis Ducord (2017)

Zombillenium

L'animation française a encore frappé très fort avec ce merveilleux film à déguster sans modération qui "déniaise" le genre tout en restant accessible au plus grand nombre (les enfants peuvent l'apprécier dès 5-6 ans).

Zombillenium, c'est une atmosphère, gothique et brumeuse, portée par des graphismes d'une beauté et d'une originalité que l'on avait pas vu depuis longtemps dans le cinéma d'animation. Il n'y a d'ailleurs pas que l'atmosphère qui est originale dans Zombillenium. Le mélange de comédie, d'horreur, d'énergie rock et punk, de lutte des classes et enfin de romance est inédit.

Zombillenium nous scotche également par la puissance avec laquelle il nous parle d'un drame social qui n'était jusque là illustré que par quelques banderoles de la CGT. Le film se situe dans un contexte historique, géographique et sociologique précis, celui du Nord de la France, pas le Nord métropolisé et intégré dans la mondialisation mais le Nord des anciennes mines de charbon et des terrils, sinistré par le chômage. Le générique de début, remarquable de bout en bout, évoque la reconversion économique de la région. A savoir comment le parc d'attraction (activité tertiaire touristique soumise aux lois du capitalisme mondialisé) a poussé sur les ruines de la mine de charbon (dans un contexte de désindustrialisation de la France) alors que les mineurs, pris dans un "coup de grisou" (au sens propre et au sens figuré) devenaient les zombies-employés du parc. Ces zombies "pas assez glamour" contrairement aux vampires scintillants et romantiques néo-Twilight qui font fureur auprès des touristes-consommateurs, les actionnaires veulent définitivement les effacer du paysage en les envoyant trimer dans les tréfonds de l'enfer (qui ressemble étrangement aux barbaresques de la "Folie des grandeurs" de Gérard Oury).

La résistance s'exprime en musique, comme celle des esclaves noir-américains. La puissance des séquences musicales est un autre moment fort du film. Arthur du Pins (auteur de la BD d'origine et réalisateur) et Alexis Ducord (co-réalisateur et scénariste) ont fait appel à Mathieu-Emmanuel Monnaert, alias Mat Bastard, chanteur du groupe punk "Skip the use" pour un concert d'anthologie. Mais l'utilisation de la chanson de Pierre Bachelet "Les Corons" est tout aussi forte.

Seul bémol, un scénario un peu "bateau" avec un personnage en trop, Lucie sans lequel il n'y aurait eu aucun enfant dans le film. Les auteurs n'ont pas très bien réussi à intégrer cette variable enfantine dans leur histoire mais cela reste accessoire au vu de la qualité de l'ensemble.

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