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Matrix reloaded (The Matrix Reloaded)

Publié le par Rosalie210

Lana et Lilly Wachowski (2003)

Matrix reloaded (The Matrix Reloaded)

A contre-courant de la majorité ce n'est pas "Matrix" qui m'a plongé dans une passion virale pour cette saga mais sa suite "Matrix Reloaded" qui pourtant a reçu un accueil critique en France plus que mitigé à l'époque:

"Un film laid, répétitif, bouffi" (Slate)

"Matrix avec de nouvelles munitions (traduction possible de reloaded) ? Oui, des balles à blanc" (Télérama)

"On s'attendait à prendre notre mal en patience avant Revolutions. Maintenant on redoute l'automne" (L'Humanité)

"Quand on pense que certains laudateurs du cinéma américain se plaignent que le cinéma français est trop bavard..." (Positif)

"Matrix Reloaded" aurait dû effectivement s'appeler "Matrix XXL" (encore que je préfère "gonflé" à "bouffi"). Mais pour le reste je suis en total désaccord avec ces critiques.

Le film a mieux résisté au passage du temps que son prédécesseur qui paraît aujourd'hui assez poussiéreux et daté. L'image est plus belle, la résolution plus nette.

il comporte des scènes d'action d'anthologie. Les aspects numériques de celles-ci qui peuvent gêner par leur artificialité se justifient par le fait que la matrice apparaît plus que jamais comme un immense jeu vidéo (la porosité des supports est dans l'ADN de "Matrix" depuis le départ, celui-ci se déclinant aussi bien en anime qu'en jeu vidéo).

Il approfondit la notion de contrôle en remettant en cause tout le "fatras" mystico-religieux du premier volet, lequel n'apparaissant que comme une manipulation de plus (l'Elu, l'Oracle etc. ne sont que des programmes régulateurs de la matrice). La religion comme système idéologique vendant de l'illusion aux masses, voilà une analyse plutôt pertinente.

Enfin le film est beaucoup plus vivant et charnel que le premier volet car il a pour thème central le désir humain (Keanu Reeves disait d'ailleurs que le premier volet était la naissance, le deuxième la vie et le troisième la mort). L'orgie de Zion, véritable scène de transe collective célèbre la vie dans ce qu'elle a de plus organique. Les couleurs chaudes, la sueur qui dégouline sur les corps, la terre qui colle aux pieds, tout est tangible, sensuel, aux antipodes de l'univers froid et impersonnel de la matrice. Et le sexe y est central: la passion physique dévore Néo et Trinity, le Mérovingien pilote un orgasme féminin à distance avant de se faire faire une gâterie dans les toilettes, son épouse exige un baiser passionné de Néo quant à la résurrection finale de Trinity, elle ressemble à une pénétration suivie d'un orgasme.

"Matrix Reloaded" s'interroge au final sur ce qui fait notre humanité, ce qui échappe à toute possibilité de contrôle et donc à toute forme de mécanisation. La réponse est claire, c'est l'imprévisibilité du désir et des sentiments qui en découlent. Conséquence, des anomalies se développent dans la "6eme version" de la Matrice qui font dérailler la machine trop bien huilée: le choix de Néo dicté par l'amour et à l'inverse la duplication des Smith dicté par la haine. Sans l'injection de cette composante humaine, il n'y aurait pas de film (il n'y en a pas pour les versions précédentes d'ailleurs).

 

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