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Articles avec #mak (alan) tag

Infernal Affairs 3 (Mou gaan dou 3 : Jung gik mou gaan)

Publié le par Rosalie210

Andrew Lau, Alan Mak (2003)

Infernal Affairs 3 (Mou gaan dou 3 : Jung gik mou gaan)

La saga "Infernal Affairs" aurait dû en rester au premier film, un petit bijou qui se suffisait à lui-même. Les suites s'avèrent inutiles et laborieuses. "Infernal Affairs 3" est un patchwork mal ficelé de scènes se déroulant pour certaines avant et pour d'autres après la mort de Yan mais qui n'apportent rien de neuf à l'histoire. Ce qui est mis en avant (la solitude, la confusion mentale, le brouillage des frontières entre la police et la pègre) veut apporter un éclairage plus intimiste mais le résultat est confus et maladroit d'autant que de nouveaux personnages dont on se fiche viennent se rajouter. Au moins retrouve-t-on les acteurs du premier volet, Tony Leung et Andy Lau, mais seul ce dernier sort son épingle du jeu, le premier étant cantonné à des flashbacks sans intérêt sur sa relation compliquée avec Sam ou avec sa psy. Je pense même que cette volonté (non dénuée d'arrière-pensées financières, comme quoi il n'y a pas que les américains qui exploitent leurs succès jusqu'à la lie) d'essayer de tout dire est contre-productive. Ce qui fait l'aura de ces personnages réside aussi dans leur part de mystère. Imagine-t-on un traitement pareil pour Jeff, le personnage de tueur mutique et inexpressif joué par Alain Delon dans "Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville? Entendre Ming répéter qu'il veut être quelqu'un de bien surligne à gros traits ce que le spectateur avait compris dès le premier volet comme s'il était un idiot incapable de comprendre la suggestion!

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Infernal Affairs 2 (Mou gaan dou 2)

Publié le par Rosalie210

Alan Mak, Andrew Lau (2003)

Infernal Affairs 2 (Mou gaan dou 2)

Si certains considèrent que la préquelle de "Infernal Affairs" lui est supérieure, ce n'est pas mon cas. Tout d'abord elle n'était pas nécessaire, le premier film se suffit parfaitement à lui-même. Ensuite l'absence de Tony LEUNG Chiu Wai et de Andy LAU se fait cruellement ressentir. Les acteurs qui les incarnent jeunes n'ont pas leur charisme et sont renvoyés à la périphérie de l'histoire. Surtout si la pilule du changement d'acteurs passait dans le premier film dont la datation restait vague et les renvois au passé, limités, le deuxième fait jouer les deux jeunes acteurs de 20-25 ans jusqu'en 1997, soit l'année de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, cinq années seulement avant les événements du premier film où tous deux sont quadragénaires. Mais ce n'est qu'une incohérence parmi d'autres. Cet opus souffre de façon générale d'une inflation de personnages que l'on a d'autant plus de mal à retenir qu'ils ne sont pas développés, que leur comportement est erratique et que l'on connaît par avance leur destin puisqu'on sait qui va mourir et qui va vivre. Et là où "Infernal Affairs" apportait une intrigue originale, sa préquelle fait penser à une variation de "Le Parrain" (1972) et des films de gangsters de Martin SCORSESE. Bref, il y a trop de tout dans ce film plein comme un oeuf (sa durée est d'ailleurs très supérieure au premier volet) qui ouvre des pistes sans véritablement les creuser ni se soucier de leur cohérence. C'est dommage car au vu de l'effacement de l'histoire des deux taupes, leurs patrons respectifs à savoir l'inspecteur Wong (Anthony WONG Chau-Sang) et Sam le mafieux (Eric TSANG) sont beaucoup plus mis en avant et l'intrigue joue beaucoup sur un "effet miroir" qui brouille les frontières entre la pègre et la police. Et ce d'autant plus que Yan, le flic infiltré aux allures de rocker rebelle a fait de multiples séjours en prison et est le demi-frère d'un caïd de la pègre tout ce qu'il y a de plus "bureaucrate" alors que Ming le truand est au contraire un bureaucrate qui présente bien en surface.

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Infernal Affairs (Wu jian dao)

Publié le par Rosalie210

Alan Mak, Andrew Lau (2002)

Infernal Affairs (Wu jian dao)

A l'occasion de la sortie en salles de la trilogie "Infernal Affairs" en mars 2022 (sortie et non ressortie car les deuxième et troisième volets étaient inédits en France), j'avais été invitée à voir les trois films à la suite mais une grève de métro m'en avait empêchée. C'est à cette occasion que j'avais appris que Martin SCORSESE s'en était inspiré pour en faire sa propre version avec "Les Infiltres" (2006). Moins connu, les co réalisateurs de la trilogie, Andrew LAU et Alan MAK ont eux-mêmes puisé leur source d'inspiration dans un film hollywoodien réalisé par un cinéaste Hongkongais, John WOO "Volte/Face" (1997). La boucle est bouclée!

Car "Infernal affairs" aurait tout à fait pu s'ouvrir sur la citation attribuée à Bouddha qui est mentionnée dans "Le Cercle rouge" (1970) de Jean-Pierre MELVILLE, l'autre cinéaste occidental aux influences asiatiques qui a d'ailleurs tout comme Martin SCORSESE été une source d'inspiration pour John WOO. " Quand les hommes, même s'ils s'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge." C'est en effet sous le signe du bouddhisme que s'ouvre un film à la structure de mandala qui évoque un "enfer continu de souffrance éternelle". Le cercle renvoie également à la folie liée à la perte d'identité de deux hommes qui ont échangé leurs places et se neutralisent constamment comme si chercher à découvrir l'autre renvoyait à soi-même dans un jeu de vases communicants permanent. Car pour que le film fonctionne, il doit reposer sur un équilibre empêchant l'une des polarités de prendre l'avantage sur l'autre, que l'antagonisme bien/mal s'incarne dans deux corps ou bien qu'ils fusionnent en chacun d'eux, plaçant l'âme qui l'occupe au bord de la schizophrénie.

Ajoutons qu'à la figure omniprésente du cercle infernal vient s'ajouter celle, complémentaire de la chute et donc de la verticalité. Les flics aiment se percher sur les toits tandis que la pègre a une prédilection pour les parkings souterrains mais la figure centrale de l'ascenseur les relie et l'un des moments clés du film voit une figure tutélaire de ce grand double jeu de dupes s'écraser sur le toit d'une voiture ce qui scelle le sort de l'autre, leurs poulains évoluant désormais en roue libre c'est le cas de le dire.

En dépit de toute cette géométrie, d'un dépouillement certain pouvant confiner parfois presque à l'abstraction, l'aspect humain n'est pas évacué du film. Yan, le flic infiltré dans la mafia est joué par Tony LEUNG Chiu Wai dont on reconnaît la profonde mélancolie qui a fait merveille chez WONG Kar-Wai. Yan dont la véritable identité n'est connue que de son supérieur, le commissaire Wong (Anthony WONG Chau-Sang) ne supporte plus sa condition faite de mensonge, de solitude, de renoncement (la femme qu'il a aimé a refait sa vie) et de tension permanente. Ses seuls moments de réconfort sont ceux qu'il passe chez sa psychologue pour qui il nourrit des sentiments (ce qui est logique étant donné le désert de sa vie affective). Ming (Andy LAU) le truand infiltré chez les flics voit dans son identité d'emprunt le moyen de gagner indépendance et respectabilité, brouillant peu à peu les repères.

A cet aspect humain, on peut même ajouter un contexte géopolitique, celui de Hong-Kong au début des années 2000, rétrocédée à la Chine par le Royaume-Uni mais pas encore absorbée par elle. Cette période de transition ("Un pays, deux systèmes") se ressent évidemment dans un film qui traite d'une identité duale réalisé dans un pays alors écartelé entre sa culture anglo-saxonne et ses origines chinoises.

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