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Articles avec #edwards (blake) tag

Dans la peau d'une blonde (Switch)

Publié le par Roslie210

Blake Edwards (1991)

Dans la peau d'une blonde  (Switch)

La fin de la carrière de Blake Edwards recèle de belles pépites. Dans la peau d'une blonde n'a pas le cachet visuel de Victor/Victoria avec ses tenues vestimentaires et coupes de cheveux ringardes et sa photographie proche de la telenovela. Mais peu importe le flacon pourvu que l'on ait l'ivresse et de ce point de vue on est comblé. Blake Edwards réalise une comédie solide, maîtrisée de bout en bout, débridée et joyeusement satirique sur les rapports hommes-femmes. Mais surtout le film est un époustouflant numéro d'actrice. Ellen Barkin porte le film sur ses épaules et réalise une performance absolument prodigieuse. Avec un abattage phénoménal, elle campe un homme macho dans la peau d'une femme plus vrai(e) que nature. La discordance entre le corps et le comportement est une source majeure de situations comiques. Outre une vulgarité masculine portée à des sommets de drôlerie et de mauvais goût, le personnage nous fait ressentir à chaque instant à quel point il est mal dans sa nouvelle peau. Il ne supporte pas ses cheveux, est gêné par ses vêtements trop serrés et ne parvient pas à marcher avec des talons qui sont pour lui une torture perpétuelle. De même, il est dans une confusion sexuelle totale, ne se sentant à l'aise ni avec les femmes, ni avec les hommes. Il a bien conscience de son pouvoir de séduction sur les deux sexes mais il est bloqué par son sexisme et son homophobie. Soit il passe pour une lesbienne soit il vit la situation de la femme abusée. La seule chose qui au final l'apaise et le réconcilie avec lui-même c'est la maternité. Lui dont la rédemption passe par l'amour sincère d'une femme doit donner la vie pour pouvoir enfin rencontrer cet amour et reposer en paix. La comédie fantasque s'achève sur une quête de sens qui n'est pas dénuée de gravité.

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Allô...Brigade spéciale (Experiment in Terror)

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1962)

Allô...Brigade spéciale (Experiment in Terror)

Ayant peur d'être enfermé dans la comédie et désireux de prouver l'étendue de ses capacités, Blake Edwards décide au début des années 60 de changer de registre et de réaliser un film noir. De fait "Experiment in terror" (titre en VO) porte bien son nom. Il s'agit effectivement d'une expérimentation qui donne un résultat contrasté.

Le point fort du film ce sont les séquences virtuoses sur le plan technique comme la séquence inaugurale de l'agression dans le garage tournée quasiment en un seul plan où Edwards réussit à créer et à maintenir une tension remarquable alors que la scène est très longue. On retrouve de tels morceaux de bravoure ailleurs dans le film avec par exemple à la fin une séquence de poursuite dans la foule assez anthologique. La mise en scène s'appuie d'autre part sur une photographie N/B magnifique due au chef opérateur Philipp Lathrop et sur une musique tout aussi somptueuse d'Henri Mancini. Ce climat d'angoisse très réussi a vraisemblablement inspiré plus tard David Lynch: le quartier où vit la jeune femme se nomme Twin Peaks.

Mais la forme n'est pas tout et par bien des aspects, le film d'Edwards se limite à un brillant exercice de style. L'intrigue par exemple comporte des moments faibles plus ou moins bien camouflés par les mouvements virtuoses de la caméra (la séquence des mannequins). D'autre part l'un des scénaristes a tellement voulu magnifier le FBI où il avait travaillé quelques années plus tôt que le prétendu réalisme documentaire avec lequel est traité cette institution prête à sourire. Kelly la jeune femme agressée compose leur numéro et ô prodige, ne tombe pas sur un quelconque standard mais sur une huile qui de plus est ô miracle immédiatement disponible et se rend chez elle en moins d'une demi-heure. Un simple coup de fil et le FBI est à votre porte. Si c'est pas beau ça!

Mais la plus grande béance du film est l'absence totale d'épaisseur des personnages, aussi transparents les uns que les autres. Le refus de la psychologie est volontaire et a pour but d'épurer l'intrigue. Mais si cela fonctionne ponctuellement, cela affaiblit l'ensemble du film. Le tueur par exemple est un prédateur sexuel qui s'en prend à des jeunes femmes et les séquences où il est face à Kelly puis face à Toby sont réellement terrifiantes. Même si le code Hays était déjà affaibli à cette époque, Edwards ne pouvait pas tout montrer mais ce qu'il suggère (une main qui se promène sur un corps, l'obligation de se déshabiller devant lui) suffit à faire frémir. Mais hélas il ne peut maintenir durant tout le film ce climat de tension extrême puisque l'on ne peut s'attacher à ces femmes ni à qui que ce soit. Et on ne comprend pas davantage ce tueur qui d'un côté massacre des femmes et de l'autre joue les protecteurs avec celle qui a un enfant hospitalisé. C'est sur le point précis de la psychologie/psychanalyse que l'on mesure toute la distance qui sépare un Blake Edwards d'un Hitchcock. Experiment in terror a des points communs avec Psychose et Lee Remick fait terriblement penser à Tippi Hedren dans la scène de "viol" des Oiseaux. Mais Psychose et les Oiseaux sont au Panthéon du cinéma mondial et pas Expériment in terror et c'est pleinement justifié.

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Victor Victoria

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1982)

Victor Victoria

Remake d'un film allemand de 1933 Viktor und Viktoria de Reinhold Schünzel, le film de Blake Edwards se situe en 1934. Paris est reconstitué en studio comme dans les comédies musicales de Vincente Minelli mais on pense surtout à l'univers de music-hall de Bob Fosse dans Cabaret. Le film offre ainsi un véritable voyage dans le temps de ce genre cinématographique. Mais comme il s'agit aussi (et surtout) d'une comédie burlesque sur le travestissement et ses corollaires, le mensonge, l'artifice, la dissimulation, Edwards multiplie les hommages à ceux qui l'ont précédé. La photo de Marlène Dietrich sur la table de chevet de Victoria n'est pas là par hasard tant l'actrice allemande a su jouer de son androgynie pour jeter le trouble chez les hommes et les femmes notamment dans ses rôles de chanteuse de cabaret. Mais Edwards multiplie aussi les clins d'oeil à Billy Wilder (sous la direction duquel Dietrich a joué deux fois). Ainsi la maîtresse de King Marchand Norma renvoie à Marilyn par son prénom, ses cheveux blonds platine, sa coiffure et son costume. Son numéro reprend en version non censurée la célèbre séquence de la bouche de métro dans 7 ans de réflexion. Quant aux gangsters de Chicago dont King Marchand est l'un des leaders, ils renvoient évidemment à ceux de Certains l'aiment chaud, l'un des plus grands films existant sur le travestissement et ses thèmes sous-jacents, le désir et la sexualité.

La grande différence cependant avec les références citées par Edwards c'est qu'en 1982, les moeurs ont évolué et qu'il devient possible d'appeler un chat un chat. Les enjeux liés à la sexualité sont donc explicites qu'il s'agisse d'homophobie, de désir (homosexuel ou pas d'ailleurs), d'impuissance... Par le biais du travestissement, Edwards démontre brillamment que le désir se moque des catégories qui veulent l'enfermer. Il le fait avec élégance et légèreté. Sa mise en scène fluide fourmille de gags. Certains appartiennent au vaudeville (portes qui claquent, dissimulation dans le placard ou sous le lit...) d'autres, plus subtils relèvent d'un savant mécanisme de mise en scène (le doigt de l'inspecteur pris dans la porte mais qui ne réagit qu'après coup, le tabouret cassé de ce même inspecteur qui tombe à retardement, le numéro d'équilibriste qui trouve sa chute quand la voix de Victoria brise la bouteille etc.)

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Le jour du vin et des roses (Days of Wine and Roses)

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1962)

Le jour du vin et des roses (Days of Wine and Roses)

Un film très moderne, d'un réalisme cru qui traite l'enfer de l'addiction, ses causes et conséquences avec beaucoup de justesse. On connaît Blake Edwards sous l'angle de ses comédies loufoques. On sait moins qu'il a longtemps souffert d'alcoolisme et de toxicomanies et qu'il connaît donc bien le sujet dont il parle.

Bien que le début du film se situe dans un registre assez léger, celui de la comédie sentimentale, des éléments de critique sociale instillent d'emblée le malaise, créent une atmosphère glauque. Il y a par exemple la tristesse et la solitude, pesantes, dès le premier rendez-vous du couple Joe/Kirsten. Ils ne se regardent pas, plongés en eux-mêmes et pendant que Joe s'imbibe déjà d'alcool, Kirsten, fascinée par l'eau sale qui stagne au bas du pont "attend le monstre marin qui l'entraînera dans les profondeurs". Une manière de souligner leur fragilité et l'attirance de Kirsten pour celui qui l'entraînera dans l'enfer de l'alcoolisme. Il y a aussi les cafards qui pullulent chez elle, le dégoût et la déprime liés à leurs métiers respectifs qui les rabaissent (elle secrétaire-potiche-proie sexuelle lui chargé de relations publiques-maquereau pour les soirées mondaines de ses clients), les allusions aux carences affectives de leur enfance. Bref derrière les similitudes avec La Garçonnière de Billy Wilder tout est en place pour un basculement dans la tragédie domestique naturaliste façon Émile Zola filmée façon Cassavetes. Un des aspects les plus remarquables du film est la démonstration des ravages du ménage à 3 (homme-femme-alcool) qui empêche toute intimité et renvoie chacun plus que jamais à sa solitude et à sa dépendance. La déchéance physique et psychologique de Joe donne lieu à des scènes d'une rare puissance comme celle où réduit à un organisme animal en manque il détruit une serre ou bien celles où il est sevré de force (on pense à l'Assomoir, Jack Lemmon démontrant une fois encore qu'il est une bête humaine de cinéma dévorant tout sur son passage). La déchéance de Kirsten (sexuelle notamment) est en revanche plus suggérée que montrée, censure oblige. Mais la pire des tragédies est celle que ces deux là s'infligent, la façon dont chacun vampirise l'autre pour l'entraîner toujours plus bas dans sa chute. Joe initie Kirsten à son vice puis la manipule pour qu'elle l'accompagne dans ses beuveries. Une fois accro, Kirsten agit de même chaque fois que son mari tente de se sevrer (l'occasion de séquences didactiques avec les AA). Pour s'en sortir, Joe doit renoncer à Kirsten comme il doit renoncer à l'alcool et ses nombreuses rechutes laissent planer le doute sur sa guérison. Un espoir demeure toutefois. L'enfant du couple, négligé et maltraité durant des années comme ses parents l'ont été eux-mêmes semble être la raison profonde de la prise de conscience de Joe alors que sa femme ne manifeste jamais la moindre envie de s'extraire de son vice et de sa place d'éternelle enfant. Le taciturne et taiseux père de Kirsten, un personnage omniprésent dans l'ombre de sa serre semble détenir de biens lourds secrets qui ne nous seront pas révélés mais vis à vis duquel Joe finit par s'émanciper. Il lui paye ses dettes et lui reprend l'enfant vis à vis duquel il n'a jamais été totalement indifférent. En prenant enfin soin de lui, c'est son propre enfant intérieur qu'il soigne.

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La Party (The Party)

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1968)

La Party (The Party)

La réussite de La Party tient d'abord à son respect des trois unités: temps, lieu, action. Une soirée mondaine dans une villa hyper-sophistiquée devient la base d'un festival de gags plus désopilants les uns que les autres. On pense évidemment à Tati qui savait pareillement utiliser les décors inhumains à force de dispositifs alambiqués pour dénoncer par le rire leur aberration. Deuxième réussite, le choix du grain de sable chargé de faire dérailler la machine trop bien huilée. Peter Sellers, acteur caméléon endosse le rôle d'une sorte de Gaston Lagaffe/Monsieur Hulot hindou, Hrundi V Bakshi qui à la suite d'un quiproquo se retrouve invité par erreur à la Party du tout Hollywood. Sa candeur et sa maladresse jurent tant avec la superficialité et l'hypocrisie des autres invités qu'il ne peut que multiplier les dérapages pour notre plus grand bonheur. Dérapages qui conduisent la soirée guindée à se transformer en joyeux capharnaüm où la mousse envahit le décor, faisant exploser toutes les conventions sociales. Une explosion annoncée par la mise en abyme de l'introduction du film. Seule entorse aux 3 unités, on y voit Hrundi V Bakshi alias M. Catastrophe involontairement saboter le tournage d'un film. La satire du milieu hollywoodien tourne déjà à plein régime, notamment les comportements racistes et machistes des metteurs en scènes, acteurs, producteurs, agents artistiques... Enfin l'influence du power flower se fait sentir par le choix d'un hindou pour héros, l'esthétique pop et psychédélique des génériques et la joyeuse fiesta libératrice de la fin avec un éléphant bariolé en guest-star.

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Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's)

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1961)

Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's)

Mélange de romantisme, de burlesque et de satire sociale, Diamants sur canapé est un concentré du talent de Blake Edwards. Le célèbre générique annonce le programme du film. Holly (Audrey Hepburn) sort au petit matin d'un taxi en robe givenchy et contemple la vitrine de la bijouterie Tiffany en avalant un petit déjeuner à la hâte. Puis elle rentre chez elle à pied. Le tout sur la célèbre composition d'Henry Mancini "Moon River". Le générique nous apprend ainsi que Holly est une fille de milieu modeste qui a des goûts de luxe et des moments de blues (ou plutôt de "reds"). On apprend par la suite qu'elle a fui sa vie de "bouseuse" au Texas pour celle d'une femme entretenue à New-York, son objectif étant de mettre le grappin sur un millionnaire. Mais en chemin elle rencontre son alter ego (qu'elle surnomme Fred du nom de son frère qu'elle idolâtre), Paul qui lui aussi vit de ses charmes, n'ayant pas réussi à percer en tant qu'écrivain. Ce dernier tombe amoureux d'elle mais il est désargenté...
Cela pourrait être sordide, cela reste frais et pétillant grâce à l'élégance d'Audrey Hepburn et à la légèreté de la mise en scène. Les moments burlesques sont savoureux comme la Party ou le chapardage dans les grands magasins. Les deux héros en sortent masqués comme ils le sont dans la vie réelle. Or l'amour est incompatible avec le mensonge ce qui donne à ce moment un air de cruelle vérité d'autant qu'Holly s'identifie à son chat, animal dont elle porte le masque.

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