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Articles avec #dreyer (carl theodor) tag

Vampyr: l'étrange aventure de David Grey (Vampyr)

Publié le par Rosalie210

Carl Theodor Dreyer (1931)

Vampyr: l'étrange aventure de David Grey (Vampyr)

"Vampyr : l'etrange aventure de David Grey" (1931) a sans nul doute contribué à fixer les codes du film de vampire, au même titre que deux autres classiques du genre, "Nosferatu le vampire" (1922) et "Dracula" (1931). Ainsi par exemple le professeur de "Le Bal des vampires" (1967) ressemble beaucoup au médecin de "Vampyr", l'auberge a également comme un air familier. Le film de Tod BROWNING partage par ailleurs avec celui de Carl Theodor DREYER le fait d'avoir été tourné au début de l'ère du cinéma parlant. Dans "Vampyr", cette transition se ressent particulièrement: les dialogues sont parcimonieux, les intertitres, nombreux (au point de m'avoir fait douter au début du film de sa nature parlante!), l'expressionnisme s'impose avec notamment un ballet d'ombres ayant parfois plus de consistance que les corps de chair et d'os, souvent noyés dans la brume (un effet involontaire au départ dû à un incident technique qui renforce le caractère de cauchemar éveillé du film). Cependant "Vampyr" est surtout un film surréaliste, sans solution de continuité narrative, peuplé d'images-symboles qui frappent l'esprit. C'est à la fois sa force et sa limite. Sur le plan de la technique cinématographique, le film est audacieux, multipliant les expérimentations visuelles dont une scène particulièrement marquante en caméra subjective où le personnage principal se retrouve cloué dans un cercueil. Mais le film est également très lent et décousu voire nébuleux avec trop de passages explicatifs, notamment la lecture des extraits du livre. Des scènes ont été perdues ce qui sans doute a contribué à cette impression de confusion dans l'intrigue. Tel qu'il est, "Vampyr" est inconfortable, malaisant, clivant, paradoxal, en tout cas bien moins accessible que les deux autres films cités au début de cette critique ce qui explique sans doute qu'il soit moins présent dans la mémoire collective. Si son importance dans l'histoire du cinéma est indiscutable, cela reste une oeuvre cinématographique bancale, très moderne par certains aspects et poussiéreuse sur d'autres.

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Gertrud

Publié le par Rosalie210

Carl Theodor Dreyer (1964)

Gertrud

Je m'étais dit qu'un jour je me plongerais dans la filmographie de Carl Theodor DREYER dont je ne connais que "Jour de colere" (1943) et encore, vu il y a très très longtemps. Mais je n'aurais peut-être pas dû commencer par "Gertrud", son dernier film. Certes, il est extrêmement bien réalisé. Comme tous les grands cinéastes issus du muet, la maîtrise de la mise en scène faites de plans-séquence millimétrés, de la composition de l'image et de la lumière est impressionnante. Mais le film est aussi un exercice de contention assez pénible où les personnages ont des postures si hiératiques, un débit si lent, un ton si monocorde qu'on finit par se demander si les statues et les tableaux ne sont pas plus vivants qu'eux. Alors bien sûr, la forme s'accorde au fond. Le film oppose une femme éprise d'un idéal amoureux à trois hommes qui n'ont pas su l'aimer. L'un parce qu'il a privilégié son oeuvre, l'autre sa carrière et le troisième enchaîne les aventures sans les prendre au sérieux. La mise en scène les juxtapose dans le même plan mais fait en sorte qu'ils ne se rencontrent pas. Gertrud semble ainsi enchaîner les monologues sans se connecter à son partenaire. Cela aboutit à un étrange décalage où elle proclame son amour à un amant au visage indifférent ou à l'inverse elle repousse un ancien amour pourtant plein de regrets sur la foi d'un faux pas commis par celui-ci dans le passé. C'est comme si Gertrud ne vivait pas dans le même espace-temps que les hommes à qui elle s'adresse et comme si ses sentiments pour eux étaient figés dans le marbre. C'est d'une certaine façon vrai puisqu'elle veut que l'on grave sur sa tombe "amor omnia" (l'amour est tout) après avoir choisi de rester seule. Mais cette conception mortifère, intellectuelle et inhumaine de l'amour assez proche du sacerdoce a très mal vieilli, porté par le jeu atone des acteurs qui récitent leur texte sans l'incarner. A côté de ce film, ceux de Ingmar BERGMAN et même ceux de Robert BRESSON sont revigorants, c'est dire!

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