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Articles avec #cluzaud (jacques) tag

Les Saisons

Publié le par Rosalie210

Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (2015)

Les Saisons

"Les Saisons" est le dernier documentaire animalier réalisé par le duo formé par Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD. Après les airs et les fonds marins, c'est la forêt (européenne) qui est au centre du film. Ne dérogeant pas aux principes qui ont guidé leurs précédents documentaires, "Les Saisons" se place du point de vue des animaux, l'homme n'occupant dans le film qu'une place très périphérique. Sa principale utilité est de permettre de mesurer le temps qui passe. En effet si la forêt (que l'on voit apparaître à la fin de l'ère glaciaire) semble obéir à des principes immuables (et cycliques, d'où le titre), l'évolution de l'homme joue le rôle d'élément perturbateur. Ainsi sur 1h30 de film, près d'une heure est consacrée au paléolithique, considérée comme la période la plus harmonieuse de cohabitation entre l'homme et la nature. Cela se gâte dès le néolithique avec les premiers défrichages puis avec la construction des routes qui segmentent le territoire des animaux*. Si Jacques PERRIN montre qu'une faune se développe dans paysages ruraux façonnés par l'homme, il passe très rapidement sur la période industrielle en dépit de quelques allusions aux dégâts écologiques de la première guerre mondiale ou aux ravages des pesticides sur les abeilles. Si l'on attend de la pédagogie ou bien des informations exhaustives, ce documentaire où les commentaires sont réduits au strict minimum (comme dans les autres films de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud) ne pourra pas combler les attentes. En revanche, il est tout comme eux d'une grande poésie grâce notamment à des images d'une qualité exceptionnelle. Et il nous rappelle l'urgence à protéger ce monde qui avec le réchauffement climatique risque de disparaître de plusieurs régions françaises.

* Il est d'ailleurs intéressant d'établir un parallèle avec le sort réservé aux femmes. Dans le livre de Titiou Lecoq "Les grandes oubliées", celle-ci aboutit à la même conclusion que Perrin et Cluzaud dans "Les Saisons" en se basant sur les travaux de l'archéologue et préhistorien Jean-Paul Demoule: le Paléolithique (ère des chasseurs-cueilleurs plus ou moins nomades vivant dans la forêt et se partageant ses richesses) se caractérisait par une certaine égalité des sexes (les femmes chassaient aussi contrairement aux idées reçues) alors qu'avec le Néolithique apparaît la séparation homme-nature (les forêts ont désormais une lisière c'est à dire une frontière, là où commencent les champs et les premières villes) mais aussi la hiérarchie sociale (liée à la sédentarisation et à l'appropriation des terres) avec une explosion des inégalités et de la violence ce qui entraîne la relégation des femmes à l'arrière-plan au profit du culte du chef viril et guerrier.

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Océans

Publié le par Rosalie210

Jacques Perrin, Jacques Cluzaud (2009)

Océans

Après "Le Peuple migrateur" en 2001, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud se sont penchés sur la faune des océans, réalisant un documentaire selon les mêmes principes: des commentaires parcimonieux (tant mieux), laissant parler les images majoritairement sous-marines spectaculaires prises aux quatre coins du monde à l'aide de techniques et de caméras dernier cri alliant qualité de l'image, légèreté et maniabilité. Objectif, donner au spectateur un sentiment de proximité avec les 90 espèces filmées, parfois de façon inédite dans ce qui s'apparente à un ballet. Celui d'une vie grouillante, largement ignorée des hommes qui après avoir effleuré cet espace lors des Grandes découvertes lui inflige de profondes blessures, que ce soit au travers de la pollution ou bien de la surpêche industrielle (un passage insoutenable). Néanmoins, l'homme n'est pas seulement montré comme un prédateur. Les documentaristes montrent qu'une cohabitation pacifique est possible, y compris avec les requins (les aquariums aussi travaillent à dédiaboliser la bête). Du côté des animaux, on voit également beaucoup de scènes de prédation mais aussi de nombreuses scènes de coopération inter-espèces. Mais bien qu'inscrivant le film dans la problématique actuelle, les hommes sont délibérément poussés à la périphérie afin de faire partager comme dans "Le Peuple migrateur" une autre vision du monde qui balance entre espoir et inquiétude.

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Le Peuple migrateur

Publié le par Rosalie210

Jacques Perrin, Jacques Cluzaud, Michel Debats (2001)

Le Peuple migrateur

Le monde du point de vue des oiseaux migrateurs et non plus celui des humains, c'est ce que "Le Peuple migrateur" réussit à nous faire partager. Le défi technique permettant de les suivre dans les airs grâce à des caméras embarquées dans différents engins volants adaptés aux prises de vue recherchées accouche d'images splendides et immersives. On en oublierait presque (d'autant que les commentaires sont parcimonieux) que leur migration est une question de survie: se protéger du froid, se nourrir, se reproduire. Une scène darwinienne rappelle la dureté de ce mode d'existence qui ne tolère aucune faiblesse mais ce sont surtout les hommes qui les menacent, qu'ils soient fauchés en plein vol par des chasseurs, capturés et mis en cage ou bien piégés par un site industriel pollué se situant sur leur trajectoire. L'homme n'est pas toujours montré comme un prédateur (une vieille paysanne leur donne à manger par exemple) mais dans le fond, il est surtout périphérique dans le film qui adopte le ton d'une méditation contemplative qui ne recherche pas l'anthropomorphisme. On peut donc s'ennuyer devant le côté répétitif des images et l'absence d'intrigue à proprement parler. On peut aussi (cela a été mon cas) les trouver extrêmement poétiques et poignantes tant le documentaire fait ressortir la fragilité, la précarité de leur vie*. Ce qui renvoie à la nôtre, en dépit des croyances dérisoires de notre civilisation en béton armé (les oiseaux passent devant les tours du WTC, le film étant sorti l'année de leur destruction) Et, last but no least, la bande-son, très soignée culmine avec une magnifique chanson composée par Nick CAVE, "To be by your side".

* Ce film m'a d'ailleurs réconciliée avec les documentaires animaliers dont le côté édifiant m'insupportait lorsque j'étais enfant. Mais je ne suis pas étonnée car je pense qu'au-delà de la performance technologique, cela traduit assez bien la sensibilité de Jacques PERRIN.

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