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C'était demain (Time After Time)

Publié le par Rosalie210

Nicholas Meyer (1979)

C'était demain (Time After Time)

Plein de bonnes intentions au départ, le film de Nicholas Meyer s'avère décevant au final. Tout d'abord si la séquence d'ouverture très proche de celle de la machine à explorer le temps, le film de George Pal, est convaincante, la suite l'est beaucoup moins. H.G. Wells (joué par Malcolm McDowell) parti de Londres en 1893 se retrouve à San Francisco en 1979 alors que la machine de Wells ne voyage jamais dans l'espace mais seulement dans le temps. Le temps justement est implacable: 37 ans après le tournage du film, les séquences tournées à San Francisco apparaissent datées et sans vrai point de vue alors que cette ville était censée figurer la modernité à l'époque. Il en est de même avec Amy, la petite amie de H.G. Wells (jouée par Mary Steenburgen) qui ne cesse de clamer qu'elle est une femme moderne mais qui manque cruellement de substance. Néanmoins ce rôle a eu un impact positif pour elle. D'une part il lui a permis de rencontrer Malcolm McDowell avec qui elle s'est mariée peu de temps après, un mariage qui a duré une dizaine d'années. D'autre part il a donné à Zemeckis l'idée de l'engager pour un rôle similaire dans Retour vers le futur III.

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Retour vers le futur III (Back to the Future Part III)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (1990)

Retour vers le futur III (Back to the Future Part III)

Mon préféré de la trilogie qu'il conclut de la plus belle des manières. D'abord par l'hommage au western. Sergio Leone et Clint EASTWOOD se taillent la part du lion mais John Ford n'est pas oublié et il y a même des allusions aux westerns B des années 30-40 interprétés par Roy Rogers (la tenue clinquante de Marty avant qu'il ne la change pour le poncho de Blondin).

Mais le film n'est pas qu'un empilement d'hommages et de clins d'œil. Il est aussi un retour aux sources et un recommencement. Hill Valley se construit. Marty règle son "complexe mauviette" une fois pour toutes et déjoue le destin de raté entrevu dans le précédent film. Quant à Doc, il trouve enfin sa place quelque part et change lui aussi son destin. Emigrant temporel, il repart à zéro, se construit une nouvelle identité, s'intègre, rencontre l'amour et fonde une famille. Ultime coup de génie, la fin avec la locomotive steampunk est l'un des plus beaux hommages à Jules Verne et à H.G Wells que je connaisse. Zemeckis et Gale ne sont-ils pas eux aussi des visionnaires en avance sur leur temps? Et franchement qui peut se targuer d'avoir construit une trilogie d'une telle qualité et d'une telle constance d'un film à l'autre?


Chacun a son film préféré selon ses goûts et sa sensibilité mais objectivement, ils sont tous trois d'une grande richesse et se complètent de façon cohérente.

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Retour vers le futur II (Back to the Future Part II)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (1989)

Retour vers le futur II (Back to the Future Part II)

Des trois films de la trilogie, celui-ci a longtemps été celui que j'ai le moins aimé.  Trop compliqué à suivre, pas assez de romanesque et en dehors du retour en 1955 un environnement très laid, voire sordide. Mais avec le temps, j'ai compris que tout cela était nécessaire et aujourd'hui je l'apprécie autant que les autres.

L'incursion dans le futur sonne comme un avertissement pour Marty: s'il ne change pas, une vie de loser semblable en tous points à celle de ses parents l'attend en 2015. De même le 1985 alternatif où Biff règne en parrain mafieux sur Hell Valley souligne les dégâts de deux des idoles de la société actuelle: l'argent et la technologie. Enfin le retour dans le premier film en 1955 pour neutraliser Biff est un formidable terrain d'expérimentation cinématographique. Zemeckis a le goût de la mise en abîme et du cadre dans le cadre et il peut s'en donner à cœur joie! La fin annonce déjà la séparation de Marty et de Doc quand ce dernier est expédié dans le Far West où se déroule le dernier volet de la trilogie.

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Retour vers le futur (Back to the Future)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (1985)

Retour vers le futur (Back to the Future)

Welcome to Hill Valley, the perfect place to start your family's future! Mais en 1985, ce slogan résonne de façon bien ironique lorsqu'on découvre le quotidien des Mc Fly. Le portrait de cette famille de losers montre que le rêve américain a du plomb dans l'aile.  Heureusement le plus jeune des Mc Fly, Marty est un garçon rebelle qui compte bien changer l'histoire (la sienne et celle de sa famille). Il peut compter pour cela sur son meilleur ami qui n'est autre que le paria de la ville, l'excentrique docteur Emmett Brown. En effet celui-ci vient de mettre au point une formidable baguette magique: une machine à voyager dans le temps. Car lui aussi compter changer son destin. Après tout un vrai scientifique a plus d'un tour dans son sac!

Vu et revu d'abord au cinéma en 1985 puis en VHS et enfin en DVD, ce film (et ses deux suites tout aussi réussies) est un pur moment de bonheur. Et derrière l'apparente facilité, fluidité et évidence du scénario se cache beaucoup de travail et de difficultés: 4 ans d'écriture et près de 40 refus de la part des studios.

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La traversée du temps (Toki o kakeru shōjo)

Publié le par Rosalie210

Mamoru Hosoda (2007)

La traversée du temps (Toki o kakeru shōjo)

Comme Un jour sans fin, le film culte d'Harold Ramis sorti en 1993, La traversée du temps de Mamoru Hosoda explore le paradoxe temporel pour montrer la métamorphose de son héroïne adolescente vers l'âge adulte. Si dans le film de Ramis la répétition en boucle du jour de la marmotte finissait par faire grandir humainement son protagoniste, dans celui de Hosoda, la répétition du 13 juillet offre autant de variations sur les possibles destins qui s'ouvrent devant Makoto, lui permettant au final de tirer des leçons de son expérience et de grandir. Ces destins s'incarnent dans les nombreux carrefours qui ponctuent le film et dans le triangle amoureux qu'elle forme avec ses deux amis Chiaki et Kosuke. Véritable garçon manqué passant son temps à jouer au baseball avec ses deux "potes", la voilà soudain confrontée à la nécessité de se déterminer par rapport à chacun d'eux. Longtemps incapable de le faire, elle choisit la fuite, agissant sans réfléchir et enchaînant catastrophe sur catastrophe. Car le film rappelle que le passage est risqué. L'une des routes mène tout simplement à la mort, aussi bien la sienne que celle de ses amis. En effet si le film commence sur un ton léger et utilise abondamment le comique de répétition, il laisse entrevoir un arrière-plan tragique qui prend toute son ampleur dans la dernière partie du film. Alors c'est à la Jetée de Chris Marker et à ses amoureux "désyncronisés" que l'on pense d'autant que l'un d'entre eux vient d'un futur apocalyptique où toute beauté a disparu. 

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Jamais plus toujours

Publié le par Rosalie210

Yannick Bellon (1976)

Jamais plus toujours

A l'hôtel Drouot, dans la salle des ventes, Claire, une jeune femme triste déambule mélancoliquement au milieu des piles d'objets. Elle reconnaît ça et là ceux qui appartenaient à Agathe, son amie disparue. A l'inverse un fringant jeune couple vient acheter des meubles pour équiper l'appartement dans lequel ils viennent de s'installer. Ils arrêtent leur choix sur un paravent de miroirs qui appartenait justement à Agathe. Car sans le savoir ils partagent avec elle un goût pour le style japonisant. Claire achète également quelques objets témoignant de son passé commun avec Agathe. Elle retrouve à Drouot un ancien ami perdu de vue depuis dix ans Mathieu...

Ce film délicat et sensible est un joyau pour ceux qui aiment les univers contemplatifs, les réflexions nostalgiques sur le temps qui passe, l'éphémère de toute chose, la mémoire qui en conserve des traces et la mue perpétuelle de toute existence (sentiments, lieux, êtres et objets). Les lieux et les objets, omniprésents, sont des interfaces entre le passé, le présent et l'avenir et aussi entre les vivants et les morts. Historiquement et historiographiquement, le film est également important. Il témoigne des transformations de la ville de Paris et fait émerger l'histoire des mentalités, "celle où la vie d'un petit porteur d'eau a autant d'importance que celle de Louis XIII". L'historien Pierre Nora apporte d'ailleurs un éclairage passionnant sur le film dans les suppléments du DVD.

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Si tu tends l'oreille (Mimi o sumaseba)

Publié le par Rosalie210

Yoshifumi Kondo  (1995)

Si tu tends l'oreille (Mimi o sumaseba)

Un petit bijou plein de finesse hélas sorti directement en DVD en France. Il s'agit de l'unique film de Yoshifumi Kondo qui aurait du prendre la succession de Miyazaki s'il n'avait pas trouvé la mort peu après la sortie du film. Celui-ci est tout en délicatesse et sensibilité. Il dépeint par petites touches l'éveil d'une adolescente à l'amour et à elle-même. Il montre son quotidien morose (la banlieue dortoir de Tama, l'appartement exigu dans lequel elle vit)et comment par la lecture, les rencontres et l'écriture elle va peu à peu y échapper. A noter la première apparition du baron, le chat habillé en gentleman qui fera son retour dans le Royaume des chats (film très en dessous de celui-ci).

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La deuxième femme (Die Zweite Frau)

Publié le par Rosalie210

Hans Steinbichler (2008)

La deuxième femme (Die Zweite Frau)
Un téléfilm centré sur un trio: le fils Erwin, un vieux garçon introverti, sa mère envahissante qui a un contrôle absolu sur lui et la jeune Irina qui a bien du mal à briser ce couple et à trouver sa place.
 
La transformation d'Erwin est au coeur du film. Une fois libéré de l'emprise de sa mère, il se prend en main et en quelques jours, quelques semaines, il accomplit le parcours que d'autres mettent des années à effectuer. La scène la plus symbolique à cet égard est celle où il retourne en Roumanie à la fin du film pour ramener Irina en Allemagne. Cette fois, il s'y rend de son propre chef et non sous l'injonction de sa mère, il est au volant de son véhicule au lieu d'être dans la position du passager et surtout, il gagne son bras de fer avec la directrice de l'agence matrimoniale qui refuse de lui donner l'adresse d'Irina.
 
Ce dernier obstacle "maternel" surmonté, il peut enfin fonder une nouvelle famille avec Irina.
 
Irina est l'héroïne type de ce genre de film. Elle représente en apparence l'antithèse d'Erwin: elle est jeune, belle, moderne, émancipée, urbaine, délurée etc. Son couple avec Erwin ressemble à celui de la carpe et du lapin ou de la belle et de la bête. Ses failles se révèlent progressivement. Elle est soupçonnée de vouloir profiter d'Erwin ce qui est caractéristique du regard que les européens de l'ouest posent sur les immigré(e)s. Surtout elle cache son statut de mère célibataire qui la fragilise dans son entreprise. Tiraillée entre le désir de dire la vérité et la peur d'être rejetée, elle finit par s'enfuir mais Erwin la retrouve et l'oblige à se dévoiler ce qui rétablit l'équilibre entre eux.
 

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Les Garçons et Guillaume, à table!

Publié le par Rosalie210

Guillaume Gallienne (2013)

Les Garçons et Guillaume, à table!
Parce qu'il ne ressemble ni à son père ni à ses frères, virils et athlétiques, le petit Guillaume s'identifie à sa mère qui le fascine et qu'il parvient à incarner de façon si parfaite que tout le monde s'y laisse prendre. Mais à ce petit jeu, Guillaume finit par se perdre... Il se retrouve emprisonné dans les désirs de sa mère (ou ce qu'il croit être ses désirs, ceux-ci n'étant pas formulés clairement) et même son corps est absorbé par celui de sa génitrice (Guillaume jouant les deux rôles).

Le comportement efféminé du petit Guillaume renvoie à sa famille une image dérangeante. Alors elle préfère le cataloguer comme homosexuel dès son plus jeune âge et l'éloigner le plus possible de la maison. La confusion la plus totale règne dans la tête de Guillaume, objet de tous les fantasmes et de toutes les brimades.

Malgré tous ces boulets, Guillaume survit, grandit, avance, cahin-caha, et petit à petit, parvient à se construire et à affirmer ses propres choix, en rupture totale avec ceux des personnes qui "avaient choisi pour lui". Il peut alors enfin s'affirmer face à sa mère qui cesse enfin d'être "lui" (ou lui d'être "elle"). A tous points de vue, il devient acteur.
Les garçons et Guillaume à table est un film d'une incroyable richesse. Tel un millefeuille ou un artichaud, il contient de multiples niveaux de lecture, convoquant un panel très varié d'émotions et de réflexions.

Quelques pistes de réflexion autour de scènes-clés:
 
-La scène de la chambre, des toilettes et de la salle de bain.
Que fait ce petit garçon dans la chambre de sa mère? Pourquoi le lit maternel est-il si omniprésent (au point d'être le seul décor dans la pièce de théâtre)? Pourquoi n'y voit-on jamais le père? Un lit où la mère se prélasse en majesté et autour duquel gravite Guillaume (quand il ne cherche pas à s'asseoir dessus ou à entrer dedans). Cette mère qui ne ferme pas la porte quand elle va aux toilettes et ce père qui ne ferme pas la porte de la salle de bains quand il se promène les fesses à l'air.
Conséquences: la confusion règne. Confusion des rôles: la mère envahit la place de l'enfant et l'enfant est privé d'identité, simple miroir du narcissisme de sa mère. Confusion des genres. Guillaume qui est pourtant génétiquement un garçon est complètement vampirisé par sa mère au point d'en perdre toute identité masculine.
 
- La scène de la sévillane. Guillaume est envoyé en voyage linguistique en Espagne. Hébergé chez une certaine Paqui, il apprend à son contact à danser la sévillane avec le perfectionnisme qui le caractérise. Seulement ce qu'il ne sait pas, c'est que Paqui lui a appris la version féminine de la danse ce qui provoque l'hilarité de l'assistance. Lorsque Guillaume l'apprend, il est tout heureux de faire ce cadeau à sa mère qui selon lui a toujours voulu qu'il soit une fille.
Paqui est clairement un double de la mère de Guillaume. En lui apprenant à danser comme une fille, elle laisse entendre qu'elle le considère comme tel ce qui est exactement l'attitude de la mère de Guillaume lorsqu'elle lance des "ma chérie" ou des "garçons et Guillaume à table" à son fils.
NB: la référence à Almodovar est évidente dans toute cette séquence, ainsi qu'à celle du tango de Certains l'aiment chaud de Billy Wilder.

-Sissi. Persuadé qu'il est une fille déguisée en garçon, Guillaume s'imagine dans la peau de Sissi et sa mère dans celle de l'archiduchesse Sophie. Son père le découvre affublé d'une couette autour de la taille (pour la crinoline) et d'un pull sur la tête (pour les cheveux). Guillaume prétend qu'il a froid la nuit ce qui pousse son père à augmenter le chauffage.
Dans cette scène, le père apparaît comme l'intrus qui brise le duo fusionnel mère-fils et interrompt le "cinéma" de Guillaume. Néanmoins ce père est bien trop éloigné de son fils et trouble lui-même pour jouer correctement son rôle. D'autant que lui aussi ne considère pas Guillaume comme un véritable garçon.
 
-La scène de la piscine. C'est toujours dans la peau d'une fille que Guillaume part en pension dans un collège anglais. Cet environnement plus tolérant lui permet de s'épanouir et de tomber amoureux du beau Jérémy (beaucoup de références ici à Maurice de James Ivory). Mais celui-ci n'a d'yeux que pour Lizzie au grand désarroi de Guillaume qui lorsqu'il le découvre touche littéralement le fond.
Cette scène magnifique peut s'interpréter de plusieurs façons. Evidemment comme un chagrin d'amour qui fait perdre pied à Guillaume. Mais aussi comme un "retour dans l'utérus". Guillaume tombe en position fœtale et baigne dans le liquide amniotique. A nouveau, il est absorbé dans le corps (et dans l'âme) de sa mère. Encore pire, lorsqu'il veut sortir la tête de l'eau, l'un de ses frères la lui replonge comme s'il l'empêchait de (re)naître. Et pour couronner le tout, sa mère apparaît pour lui faire comprendre qu'elle ne le considère pas comme une fille mais comme un garçon qui aime les garçons (en contradiction avec ce que pourtant elle lui laisse entendre).
Guillaume est dévasté. Cet amour de midinette qu'il portait à Jérémy et qui était en réalité une demande d'affection et de tendresse (car Jérémy le consolait quand il se faisait humilier) se retrouve réduit par sa mère à du sexe. Lui qui croyait être dans la norme ("ta fille qui est attirée par un garçon, c'est on ne peut plus hétéro ça!") est renvoyé à une marge, une anormalité, une monstruosité de la nature.
 

-Les scènes de spa. Elles sont essentielles pour comprendre l'ambivalence sexuelle dans laquelle se débat Guillaume ainsi que les ravages de l'emprise que sa mère a sur son corps. La succession de deux scènes de spa, d'abord avec le masseur puis avec Ingeborg suggère l'ambivalence même si Guillaume semble plus émoustillé par Ingeborg (avant son lavement musclé!)
Mais surtout on a l'illustration ici de l'emprise que la mère a sur la sexualité de son fils. Guillaume s'avère passif et frigide car pour sa mère la sexualité se résume à "fermer les yeux" et à penser "à l'Angleterre". Conséquence n°1: Guillaume se retrouve coupé de toute la façade avant de son corps (la façade active) et n'a accès qu'à la façade arrière (la façade passive) autrement dit il est castré psychiquement. Conséquence n°2: l'accès au plaisir lui est interdit. Après un massage qui s'apparente à une séance de torture, il se retrouve en compagnie d'une femme brutale qui lui inflige un viol. Guillaume ressort de ces scènes brisé de partout.
 
-La scène de la boîte gay: Plus que jamais sous l'emprise de sa mère, Guillaume plonge dans ce milieu en théorie pour se chercher en réalité pour tenter de réaliser son désir à elle. Seulement le malentendu est total une fois de plus. Lui ce qu'il cherche c'est de l'amour, de la tendresse, de l'attention. Ce qu'on lui propose se réduit à du sexe et seulement à du sexe. Voilà pourquoi la boîte est dépeinte comme un lieu glauque et souterrain ainsi que l'appartement d'où Guillaume s'échappe in extremis.
 
- La scène du cavalier russe: Guillaume qui tente à nouveau d'avoir une expérience homosexuelle se retrouve face au membre proéminent d'un homme "monté comme un cheval". Et bien sûr, il panique ("j'ai eu beau essayer de penser à l'Angleterre, je n'y arrivais pas du tout") et sa mère intervient dans sa tête pour lui signifier que cette expérience est vouée à l'échec ("Tu as toujours eu peur des chevaux... ça ne peut pas marcher"). Néanmoins, il fait une prise de conscience, celle de sa peur de la virilité en général et de la sienne en particulier.
 
-La scène d'équitation. Scène de plénitude, elle permet à Guillaume de se "redresser à la verticale" (selon les mots même du réalisateur). En lâchant prise et en ne faisant plus qu'un avec sa monture, il apprivoise son corps ("l'animal qui est en lui") et entre enfin en communion avec lui-même. Son professeur apparaît comme un père bienveillant (tout comme l'un de ses psy) qui l'aide à accomplir ce cheminement par lequel en découvrant sa masculinité, il se sépare de sa mère.
 
-Amandine: L'heure de la délivrance a sonné. Enfin en possession de tous ses moyens, sûr de lui et épanoui Guillaume est prêt à rencontrer l'amour. Qui se présente sous la forme d'une jeune femme lors d'un dîner de filles où cette phrase salvatrice est prononcée "Les filles et Guillaume à table!" L'ambiance est à l'opposée des scènes précédentes. La scène a lieu sur les toits au soleil couchant. Elle est lyrique, lumineuse et douce. On touche le ciel après avoir côtoyé l'enfer.
Guillaume tombe amoureux de la jeune femme qu'il a rencontré à ce dîner. Celle-ci lui rend son amour et ils décident de se marier. Il affirme alors son choix devant sa mère pour qui cette hétérosexualité est un véritable séisme. En effet, l'emprise qu'elle avait sur lui avait pour but inconscient de l'empêcher d'avoir accès aux autres femmes. C'est à ce moment là que sa mère change de visage. Elle n'est plus incarnée par lui mais par une actrice. Le fils s'est émancipé et a enfin réussi à devenir un homme, sinon aux yeux de sa mère du moins vis à vis de lui-même.

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Cherchez Hortense

Publié le par Rosalie210

Pascal Bonitzer (2011)

Cherchez Hortense
Damien Hauer (Jean-Pierre Bacri) est professeur de civilisation chinoise. Sur l’insistance de sa femme Iva, metteur en scène de théâtre (Kristin Scott Thomas), il a accepté de rendre un service : parler à son père, président du conseil d’État (Claude Rich, hallucinant),du cas d’une certaine Zorica, menacée d’expulsion par la justice, et tenter de le convaincre d’intercéder en sa faveur auprès d’un homme de pouvoir qui travaille dans l’ombre et répond au nom d’Henri Hortense (d'où le titre du film).
Seulement, comme l’avoue Damien à sa bande de copains de bistrot, il n’a “de rapports simples avec personne”, et surtout pas avec son père, homme inaccessible, narcissique, séducteur et fier de l’être. Les choses vont donc mal se dérouler. Le père de Damien l’évite par tous les moyens, toutes les portes du conseil d’État s’avérant de merveilleux passages dérobés pour fuir les problèmes humains. Par manque de courage et pour plaire à sa femme, Damien va pourtant laisser croire que tout est en bonne voie. Mais il y a complication quand il se rend compte qu'Aurore, la jolie employée du restaurant qu’il fréquente quotidiennement (Isabelle Carré) a un rapport avec l’affaire.
Damien est un personnage dépressif qui semble avoir baissé les bras. Tout indique qu'il traîne sa vie comme un boulet. Une vie qu'il n'a pas vraiment choisie et qui derrière le paravent bourgeois s'avère faite de solitude et d'incommunicabilité que se soit avec sa femme, avec son fils ou encore avec son père.
 
Heureusement, il a en Damien un minuscule jardin secret qu'il ne révèle qu'à la fin et qui va le réconcilier avec la vie. Ce jardin secret est lié à son métier. Certes, il enseigne la civilisation chinoise aux entrepreneurs ce qui offre une façade compatible avec son statut social et le fait périr d'ennui.
Mais le lien qui existe entre la Chine et lui est bien plus profond, c'est la promesse d'un ailleurs, d'un autre horizon, d'un autre possible qui lui a été révélé lors d'un voyage quand il était très jeune.
Néanmoins cet autre possible reste à l'état latent pendant des dizaines d'années jusqu'à ce que Damien fasse une rencontre décisive, celle d'Aurore (dont le prénom, traduction du serbe Zorica, sonne comme une promesse de renouveau). Aurore est serbe mais symboliquement pour Damien, elle représente la Chine. Devant elle, Damien tombe le masque, devient vulnérable et fragile et partage ses sentiments les plus intimes (Jean-Pierre Bacri est absolument admirable).
 
Mais dans cet univers bourgeois conformiste et mortifère, Aurore n'a pas sa place. Elle est menacée d'expulsion car elle n'a pas de titre de séjour. Toutes les démarches de Damien pour la faire régulariser tournent court face à des hommes de pouvoir impitoyables qui symbolisent le père castrateur. Alors Damien n'a pas le choix: pour construire enfin son bonheur, il doit "tuer" le père, briser son couple en mettant à jour l'infidélité de sa femme et enfin s'engager auprès d'Aurore. La scène où Damien est arrêté parce qu'il refuse de montrer ses papiers montre bien ce basculement.
Le jaillissement des désirs refoulés irrigue la fin du film lorsque Damien et Aurore prennent un nouveau départ sous les yeux d'un vieux chinois, absolu contrepoint du père vaincu.
 

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