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Matador

Publié le par Rosalie210

Pedro Almodovar (1986)

Matador

"Matador" est le cinquième film de Pedro ALMODÓVAR que je considère comme un brouillon de son futur chef-d'oeuvre, "Parle avec elle" (2002). La tauromachie évidemment est au programme des deux films mais surtout les pulsions, passions et névroses qui tournent autour de cet "art de la mise à mort". Angel (Antonio BANDERAS), l'apprenti torero est le prototype de l'infirmier Benigno Martin dont les appétits sexuels sont muselés par l'emprise de leur mère toute-puissante (vivante ou non). Une relation fusionnelle qui n'est pas sans faire penser à celle de "Psychose" (1960). L'avocate Maria Cardenal est une version psychopathologique de Lydia Gonzales, une femme masculine qui met à mort ses amants comme s'il s'agissait de taureaux afin d'éprouver l'orgasme sur leur cadavre. Une sexualité nécrophile que l'on retrouve chez Diego, mentor d'Angel et ancien torero sorti de l'arène pour blessure. Lui aussi commet des crimes pour éprouver la jouissance sexuelle et lorsqu'il ne le fait pas, il demande à Eva son amante de feindre la mort. Le fait que Angel sous l'influence de son mentor tente en vain de violer Eva fait là encore penser à "Parle avec elle" (2002) où Marco tombait amoureux d'Alicia qui lorsqu'elle était en état de mort cérébrale avait été violée par Benigno (dont tout laisse à penser qu'il aurait été impuissant face à une jeune femme consciente et active). Dans les deux cas également, la femme sert de médiatrice entre deux hommes à la relation ambigüe. Si la sublimation par l'art total n'est pas encore au programme de "Matador" dont on sent la modestie du budget également dans les scènes évoquant la tauromachie, la mise en scène est déjà très esthétique avec des costumes flamboyants et des décors souvent circulaires qui évoquent bien évidemment l'arène. Par ailleurs comme dans "Femmes au bord de la crise de nerfs" (1988), Pedro ALMODÓVAR établit des parallèles entre ses héros et ceux des films hollywoodiens avec une citation du final de "Duel au soleil" (1946). Et si "Psychose" (1960) n'est pas cité, la première scène montre un Diego se masturbant devant d'horribles scènes de meurtre tirées notamment d'un film de Mario BAVA, "Six femmes pour l'assassin" (1964) qui a contribué à fixer les codes du giallo. L'épingle à cheveux de Maria fait par ailleurs penser à celle de l'héroïne de "Titane" (2020) qui s'inscrit ainsi dans une filiation sur la transidentité et les genres qui l'accompagnent.

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