Panique à Needle Park (The Panic in Needle Park)
Jerry Schatzberg (1971)
"Panique à needle park" est le film des véritables débuts de Al PACINO au cinéma. Même s'il était déjà apparu brièvement deux ans auparavant dans "Me, Natalie" de Fred COE, c'est le deuxième film de Jerry SCHATZBERG qui l'a révélé. Ex-photographe de mode reconverti dans un cinéma vériste dépeignant les âmes perdues de l'Amérique, Jerry SCHATZBERG est un cinéaste majeur du Nouvel Hollywood, ce mouvement cinématographique américain contestataire des années 70 qui déconstruit les genres et renverse les valeurs, mettant au centre du récit des marginaux face à des institutions en crise ou absentes. "Panique à needle park" est par ailleurs un film-matrice méconnu sur le thème du traitement de la drogue et des drogués à l'écran. On reconnaît en effet des scènes entières reprises par la suite dans des films aujourd'hui beaucoup plus célèbres sur le même thème comme "Trainspotting" (1996) (le bébé livré à lui-même au milieu des drogués), "Bad Lieutenant" (1992) (les injections intraveineuses en gros plan) ou "Pulp Fiction" (1994) (l'overdose). Mais si le réalisme documentaire du film se nourrit d'ellipses et d'une certaine improvisation qui fait penser à du John CASSAVETES, l'histoire du couple de paumés formé par Bobby (Al PACINO) et Helen (Kitty WINN) en rappelle d'autres appartenant à la même période: "Bonnie and Clyde" (1967) ou "La Balade sauvage" (1972) pour leur existence de hors-la-loi, "Macadam Cowboy" (1968) pour leur mode de vie blafard et crasseux dans les bas-fonds de la ville voire "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..." (1981) pour la déchéance de Helen qui en plongeant dans la drogue dure en raison d'une dépendance affective tout aussi toxique voit sa vie lui échapper. La parenthèse vite refermée du chiot à la campagne suffit à faire comprendre qu'il n'y a pas d'issue mais une boucle prison/hôpital/drogue toujours recommencée, jusqu'à la mort.
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