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Les Berkman se séparent (The Squid and the Whale)

Publié le par Rosalie210

Noah Baumbach (2006)

Les Berkman se séparent (The Squid and the Whale)

"Sexe, ego et nouvelle vague" aurait été un titre plus approprié que le plat "Les Berkman se séparent". En VO le titre est d'ailleurs plus intéressant, "Le calmar et la baleine", une allusion à la dernière scène du film dans laquelle Walt se retrouve au museum d'histoire naturelle en train d'observer les deux monstres des mers s'affronter, une allusion transparente à ses parents qui n'en finissent plus de se déchirer. Dans ce qu'un internaute a qualifié avec justesse de "Kramer contre Kramer réalisé par Woody Allen", on retrouve l'univers des bobos new-yorkais cher au cinéaste de "Manhattan" (1979) et l'un de ses acteurs des années 80, Jeff DANIELS mais avec une tonalité dépressive et au centre du jeu une famille en crise qui n'est pas sans rappeler les films de Wes ANDERSON dont Noah BAUMBACH a co-scénarisé "La Vie aquatique" (2003) (d'où peut-être le choix d'animaux marins pour symboliser le divorce). En effet, comme chez Wes ANDERSON, les membres de la famille Berkman vivent compartimentés et ne communiquent pas les uns avec les autres. S'y ajoute en prime une couche de ressentiment entre les parents qui se comportent de façon immature. En situation de rivalité sur le plan professionnel, ils le sont aussi vis à vis de leurs enfants dont ils se disputent la garde. A ce jeu là, le père surpasse largement son ex-femme (Laura LINNEY) qui rencontre le succès éditorial alors que lui n'y parvient plus. Il se venge alors de façon puérile en racontant à son fils aîné Walt les infidélités de celle-ci ("je suis une pauvre victime de cette méchante femme") et en débarquant à l'improviste chez elle sur le mode "j'ai besoin de mes enfants" (en se moquant complètement de ce qu'ils peuvent ressentir). Cette emprise sur Walt (Jesse EISENBERG) qui en vient à rejeter sa mère devient franchement malsaine lorsque le père s'immisce dans sa vie sentimentale en semant la zizanie entre lui et sa petite amie pour le jeter dans les bras de l'étudiante plus délurée (Anna PAQUIN) qu'il cherche lui-même à séduire. Une sorte de vengeance par procuration? Les dégâts les plus effrayants de cette inconséquence parentale se font sentir sur Frank dont le langage et le comportement sont en décalage avec son âge, comme s'il avait été expulsé prématurément de son enfance. Ainsi sous le vernis bobo intello bien-pensant bourré de références à la nouvelle vague perce une vraie histoire de maltraitance et c'est le fait d'adopter le point de vue des enfants (Noah BAUMBACH s'inspire de ses souvenirs personnels) qui fait l'intérêt du film.

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