Marriage Story
Noah Baumbach (2019)
C'est le "Blow up" que Laetitia MASSON a consacré à Adam DRIVER qui m'a donné envie de voir "Marriage Story". Car non seulement Adam DRIVER est capable d'humaniser n'importe quel salaud mais il est capable de faire en sorte qu'une femme ressente de l'empathie pour lui. Ce qui montre à quel point Noah BAUMBACH a eu du nez en l'engageant. Car dans cette chronique d'un divorce à l'américaine qui fait penser à la fois à "Kramer contre Kramer" (1979) et à "Annie Hall" (1977) (non seulement "Marriage Story" en reprend les enjeux, notamment au niveau géographique, le couple se déchirant entre New-York et Los Angeles mais on y retrouve dans des seconds rôles quelques acteurs fétiches du cinéaste comme Alan ALDA et Wallace SHAWN) il n'y a qu'une seule chose qui ressort: le sentiment d'un immense gâchis humain. Le patriarcat qui dans une vision superficielle semble contenter les hommes en leur donnant le pouvoir les broie au final autant qu'il broie les femmes. Ceux-ci ne voient pas que ce déséquilibre initial est le ver dans le fruit qui mine lentement mais sûrement tout bonheur durable, la rancoeur s'accumulant jusqu'à finir par tout détruire. Car ce sont les femmes qui demandent majoritairement la séparation, lassées de ce jeu de dupes qui relègue leurs besoins, désirs, aspirations au second plan au profit de ceux du conjoint qui ne se rend même pas compte du fait que ce qu'il croit être un désir commun n'est que le sien, le milieu du spectacle servant de miroir grossissant. De plus, au travers de l'avocate jouée par Laura DERN, l'inégalité de traitement entre l'image que doit donner le père qui a le droit d'être imparfait et la mère qui doit jouer le rôle de la vierge Marie car on ne lui pardonne aucune faiblesse est bien souligné. Le film, d'une grande finesse d'écriture et soutenu par une interprétation remarquable offre une vision si nuancée des personnages et est si près d'eux et de leurs émotions qu'on ne peut que compatir à leur situation et éprouver du dégoût pour les soubassements peu reluisants de l'institution du mariage occidental.
Commenter cet article