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L'homme de la plaine (The Man from Laramie)

Publié le par Rosalie210

Anthony Mann (1955)

L'homme de la plaine (The Man from Laramie)

Le dernier des cinq westerns réalisé par Anthony Mann avec James Stewart est le premier tourné en cinémascope. Il est aussi celui qui se rapproche le plus avec Winchester 73 de la tragédie shakespearienne. Ce qui peut expliquer la préférence de Mann issu du théâtre pour le premier et le dernier opus de son cycle. Il avoué à ce propos qu'il avait voulu faire une adaptation du roi Lear dans l'univers du western. Lear c'est le patriarche Alec Waggoman tout puissant propriétaire de la ville de Coronado. Mais cette puissance cache un drame intime, celle de sa descendance. D'un côté Dave son fils biologique, un véritable psychopathe au comportement incontrôlable. De l'autre Vic, son employé aux dents longues, sorte de fils adoptif, mal aimé en dépit de ses efforts pour se rendre indispensable. Enfin Will, son fils spirituel qui lui ressemble mais dont il est persuadé qu'il est venu à Coronado pour tuer Dave.

Malgré les grands espaces, le règlement de comptes familial a quelque chose d'un huis-clos étouffant. Vic a pour mission de surveiller Dave qui a pour obsession de détruire Will et de prouver qu'il est un homme aux yeux de son père. Comme dans les Atrides, tout ce petit monde s'entretue.

La notion de héros est donc particulièrement mise à mal. Stewart contribue simplement à accélérer un processus fatal qui de son propre aveu était en route bien avant son arrivée. Sa motivation qui est de venger son jeune frère tué par un fusil à répétition qu'un trafiquant a fourni aux Apaches devient l'occasion d'en détourner tous les codes. Il subit agression sur agression sans jamais les provoquer, la violence gratuite le dégoûte, il laisse la vie sauve au responsable de la mort de son frère, le duel avec le père tourne au fiasco ce dernier étant aveugle et Will blessé à la main. "La vengeance ne vous va pas" lui dit-on au début du film et la suite le prouve ce qui offre une variation intéressante sur un thème archi rebattu sans parler de la profondeur de caractère des protagonistes. L'homme de la plaine comme les autres films du cycle est un grand western introspectif qui offre une véracité documentaire sur le far west.

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