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Articles avec #kosminsky (peter) tag

Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights)

Publié le par Rosalie210

Peter Kosminsky (1992)

Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights)

Bien qu'il s'agisse d'un monument de la littérature difficile à adapter, "Les Hauts de Hurlevent" a connu de multiples transpositions à l'écran. Celle du britannique Peter KOSMINSKY, plus connu pour ses réalisations pour la télévision (dont le remarquable "Warriors : L'impossible mission") (1999) est un peu bancale. A son crédit on peut mettre la volonté méritoire d'adapter l'ensemble du roman et pas seulement la relation entre Catherine et Heathcliff, une belle photographie de paysages magnifiques, la musique de Ryuichi SAKAMOTO et l'interprétation habitée de Ralph FIENNES qui est très convaincant dans le rôle si complexe et ambivalent de Heathcliff. Mais le film souffre également de défauts qui le plombent. Il manque d'un véritable point de vue qui lui donnerait une personnalité. Tel quel, il est platement illustratif. Ensuite il a du mal à nous faire ressentir le passage du temps. Les personnages vieillissent peu voire pas du tout alors que l'histoire se déroule sur plusieurs générations. Certes, beaucoup de personnages meurent jeunes mais ce n'est pas le cas de tous si bien que lorsqu'on voit Juliette BINOCHE qui joue à la fois Catherine mère et Catherine fille devant Edgar (Simon SHEPHERD), on a bien du mal à différencier l'époux du père. Enfin, Juliette BINOCHE offre une interprétation assez puérile de Catherine. Ce n'est pas un personnage facile à saisir car il est lui aussi animé de mouvements contradictoires (peur/sécurité, cœur/vanité, passion/raison, sentiments/calculs etc.) néanmoins une chose est sûre, c'est qu'on ne ressent pas la passion dévastatrice qui est censée la relier à Heathcliff. On a plutôt affaire à une gamine agaçante et superficielle qui ne sait pas ce qu'elle veut. Si bien que sa gémellité avec Heathcliff n'a plus rien d'évident. Une Isabelle ADJANI capable de performances extrêmes et hallucinées aurait été plus appropriée. Ce n'est certainement pas par hasard qu'elle a interprété Emily Brontë dans le film "Les Soeurs Brontë" (1979) de André TÉCHINÉ. Tous ces défauts enlèvent à cette transposition la sauvagerie, la fièvre et le souffle du roman, au point qu'on ne ressent même pas l'apaisement du climat lorsque Heathcliff meurt. 

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Warriors: l'impossible mission (Warriors)

Publié le par Rosalie210

Peter Kosminski (1999)

Warriors: l'impossible mission (Warriors)

Inspiré de témoignages réels de soldats revenus traumatisés de l'enfer bosniaque, Warriors réalisé en 1999 pour la BBC est un téléfilm en 2 parties d'une force exceptionnelle, sorti depuis en DVD (et disponible également sur Youtube). C'est LA référence absolue sur la guerre ethnique qui déchira l'ex-Yougoslavie au début des années 90, l'équivalent d'un Voyage au bout de l'enfer dans les Balkans construit selon le triptyque avant/pendant/après. Le film suit le parcours de quatre jeunes britanniques dont la vie semble des plus ordinaires: ils vont en boîte, supportent leur équipe de foot favorite, s'apprêtent à convoler pour l'un d'entre eux. Mais en réalité, ces hommes ne sont pas si ordinaires. Tous sont des casques bleus de l'ONU en permission brusquement arrachés à leur vie quotidienne pour aller remplir une mission de "maintien de la paix" en Bosnie. Ils se retrouvent au coeur d'une guerre civile barbare entre serbes orthodoxes, croates catholiques et bosniaques musulmans (tous identiques sur le plan anthropologique, seule la religion liée à des facteurs historiques les différencie), une guerre à laquelle ils ne comprennent rien. Plus le film avance, plus il gagne en horreur et en complexité. On passe des expulsions et déportations aux massacres et aux charniers. Chaque village subit une épuration ethnique dont les principales victimes sont les bosniaques musulmans. Mais le plus grand traumatisme des soldats est lié à la nature de leur mandat: ils n'ont pas le droit d'intervenir dans le conflit (car ils ont un devoir de neutralité) et doivent donc assister aux tueries de civils sans pouvoir bouger le petit doigt pour pouvoir les sauver. Cette contradiction entre leurs élans humains (sans parler des liens affectifs qui se créent avec des habitants) et leur mission qui les contraint à l'impuissance les rend fous. Ce sont des hommes brisés, hantés qui rentrent chez eux. La deuxième partie explore longuement leur impossibilité à se réadapter à une vie normale, à reprendre leur vie d'avant comme si de rien n'était (d'autant qu'ils ne sont pas tous revenus vivants). Certains sont sidérés, d'autres font des cauchemars, d'autres se défoulent dans la violence ou ont des envies de suicide. Tous ont un profond sentiment de culpabilité. L'exploration des dégâts post-traumatiques montre que la guerre continue ses ravages bien après l'arrêt des combats. L'ONU semble être un rempart bien fragile face à la barbarie humaine et aux calculs politiques même si le constat est nuancé. La présence des soldats a attiré les médias, leurs témoignages recueillis auprès du tribunal pénal international a pu contribuer à l'arrestation des criminels et ils ont pu parfois adoucir le sort des populations déplacées, blessées...sans parler du fait que certains n'ont pas hésité à déplacer des civils pour leur sauver la vie en désobéissant à leur hiérarchie.

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