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Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana)

Publié le par Rosalie210

Pietro Germi (1961)

Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana)

J'avais oublié que je connaissais déjà "Divorce à l'italienne", le film le plus célèbre de Pietro GERMI puisque m'est revenu en mémoire la fin pendant que je le regardais. Une fin qui constitue le clou d'un film parfaitement maîtrisé de la première à la dernière image. Une comédie de moeurs satirique et cynique jouant avec un délicieux humour noir afin d'épingler l'hypocrisie d'une société rigide et arriérée (d'où la comparaison qui a été établie avec les comédies anglaises de la même époque qui s'en donnaient à coeur joie avec leur propre société corsetée). Peu de choses semblent avoir évolué en effet depuis que Roberto ROSSELLINI a montré dans "Stromboli" (1949) que l'obsession du mâle sicilien était d'être traité de "cornuto" (cocu) par ses congénères pour le simple fait de ne pas avoir réussi à cloîtrer sa femme étrangère. Pietro GERMI enfonce le clou au début des années 60 en montrant que le mariage est une prison dans laquelle s'engouffre la population parce que c'est la seule forme de sexualité autorisée par la religion catholique, les coutumes et les traditions qui parviennent encore à verrouiller la société. Une prison à perpétuité puisqu'au début des années 60 le divorce est interdit en Italie. En ce sens, on peut penser que le film de Pietro GERMI a contribué à faire évoluer la loi comme à la même époque dans un genre différent "La Victime" (1961) en Angleterre pour la dépénalisation de l'homosexualité.

Le film de Pietro GERMI se place du point de vue de son personnage principal, Ferdinando Cefalù (Marcello MASTROIANNI) issu de la vieille aristocratie italienne (autre signe de l'arriération de cette société) qui ne cesse d'échafauder des stratagèmes pour se débarrasser de son épouse, Rosalia qu'il ne peut plus souffrir. Non seulement on le comprend tant Rosalia est disgracieuse et insupportable mais on entre en connivence avec lui ce qui souligne à quel point le puritanisme religieux est pervers puisque loin de rendre les gens meilleurs, il donne des envies de meurtre en les privant de leur libre-arbitre. Les différents "scénarios" totalement amoraux imaginés par Ferdinando pour en finir avec son mariage sont juste désopilants en plus de lui redonner un pouvoir sur sa vie. Tel un cinéaste, il choisit parmi plusieurs candidats celui qui pourra faire "fauter" Rosalia et créé les conditions de leur rapprochement afin de pouvoir agir au moment propice avec le maximum de circonstances atténuantes. En effet, si l'Eglise diabolise la sexualité, elle ferme les yeux sur les crimes d'honneur, surtout s'ils sont commis par un homme envers sa femme adultère en raison de sa misogynie foncière mais aussi de celle des communautés qu'elle contrôle et pour qui l'honneur se lave dans le sang. La présence de la jeune, belle et innocente cousine (Stefania SANDRELLI dont la carrière a été lancée par le film) dont Ferdinando tombe amoureux sert de catalyseur. Mais on sent dès le départ qu'il s'agit d'un mirage ce que la fin vient confirmer. Marcello MASTROIANNI est drôlissime dans le rôle avec son impayable tic inspiré de Pietro GERMI lui-même. Enfin, on assiste avec une délectation particulière aux anathèmes de l'Eglise envers "La Dolce vita / La Douceur de vivre" (1960) sorti un an auparavant et qui est projeté dans le village où tout le monde feint de s'offusquer mais se rince l'oeil devant Anita EKBERG appelant un certain Marcello qui reste invisible à l'écran et pour cause... une mise en abyme réjouissante de plus.

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