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Pêcheur d'Islande

Publié le par Rosalie210

Jacques de Baroncelli (1924)

Pêcheur d'Islande

"Pêcheur d'Islande" que l'on peut voir actuellement dans une version restaurée est la troisième adaptation du roman de Pierre Loti. Il se distingue par sa beauté et son hétérogénéité. D'une part, il possède un fort aspect documentaire. Tourné sur les lieux décrits par Loti, dans les villages de Paimpol et de Ploubazlanec, il contient en son sein de véritables séquences documentaires sur la pêche à la morue ou sur une noce en Bretagne telles qu'elles se pratiquaient au début des années 1920. Au cimetière de Ploubazlanec, le mur des disparus en mer recense les noms des pêcheurs et des bateaux disparus lors de la pêche en Islande alors que les femmes de marin guettent le retour des bateaux autour d'un monument au nom éloquent, "la croix des veuves". Mais cet aspect documentaire est contrebalancé par une romance contrariée par l'appel des éléments et la différence de classe sociale. Un canevas mélodramatique que l'on reverra par la suite, à la sauce marseillaise dans "Marius" (1931) ou transposé à la montagne dans "Premier de cordée" (1943). "C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme", cela pourrait être la devise de Yann (Charles VANEL), rude marin qui en pince pour la délicate Gaud (Sandra MILOVANOFF) dont le visage de porcelaine contraste avec les figures burinées des figurants (des habitants locaux pour la plupart) mais n'ose pas lui demander sa main, ce dont elle souffre en silence. Même quand un revers de fortune (au sens propre) rend le mariage possible, la mer déchaînée plane comme une menace sur les amoureux. Enfin, le film possède quelques séquences hallucinatoires de toute beauté, notamment celle où "La Marie", le bateau de Yann croise un vaisseau-fantôme qui apporte les funestes nouvelles venues de la terre ferme.

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