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Les Vitelloni (I Vitelloni)

Publié le par Rosalie210

Federico Fellini (1953)

Les Vitelloni (I Vitelloni)

A mes yeux, les premiers films de Federico FELLINI sont les plus beaux. "Les Vitelloni", son troisième film (le deuxième si l'on exclut "Les Feux du music-hall") (1950) traduit en français par "les oisifs de province" mais qui signifie littéralement "Les vieux veaux" raconte l'histoire d'une bande de cinq hommes d'une trentaine d'années qui n'ont pas réussi à entrer dans l'âge adulte. Des "inutiles" (sous-titre du film) qui ne travaillent pas et vivent encore chez et de leurs parents, s'étonnant en retour d'être infantilisés par eux. Leur vie sans horizon est parfaitement résumée en un plan mélancolique où on les voit regarder la mer. Mais comme dans beaucoup de films de Federico FELLINI, il y a une part autobiographique. Ces jeunes gens sont moins des feignants que des rêveurs coincés dans une existence pour laquelle ils sont inadaptés. Alternant les plans vides suintant l'ennui et les séquences de fête ou de spectacle au rythme frénétique et à l'ambiance onirique qui annonce ses oeuvres à venir, le cinéaste ne se contente pas d'une chronique douce-amère et néoréaliste de ses losers, ne serait-ce que parce que ceux-ci planent ou jouent plutôt qu'ils ne s'engagent ou se révoltent. Il les creuse de l'intérieur au point que le film finit par adopter la forme d'un drôle de récit initiatique entre vrai et "Faux mouvement" (1975). Fausto (Franco FABRIZI), le chef de la bande, Don Juan lâche et menteur qui torpille par ses incartades répétées une vie d'adulte qui ressemble à un costume mal taillé pour lui finit par se racheter auprès de sa femme Sandra (Eleonora RUFFO) qui de son côté passe de la jeune oie blanche à la femme expérimentée et mûrie par les épreuves. Le frère de Sandra, Moraldo (Franco INTERLENGHI) qui est le plus jeune et le plus discret de la bande (et le vraisemblable double de Fellini) assiste à tous les événements en position d'observateur jusqu'au jour où il trouve le courage de quitter le nid. C'est une rencontre qui s'avère décisive, celle du jeune Guido (au prénom prédestiné), personnage d'adolescent cheminot éminemment chaplinesque. L'intellectuel Leopoldo (Leopoldo TRIESTE) voit ses espoirs de succès engloutis dans une nuit de terrible désillusion. Enfin, impossible d'oublier Alberto (Alberto SORDI) qui après une nuit de folie traîne misérablement son masque habillé en femme et voit sa soeur Olga (Claude FARELL) avoir plus de courage que lui en osant partir pour vivre son amour non conforme au grand jour.

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