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Deux Moi

Publié le par Rosalie210

Cédric Klapisch (2019)

Deux Moi

"Deux Moi" c'est "Chacun cherche son chat" (1995) remis à jour en version "2.0". En effet les deux films dressent le portraits de jeunes parisiens plus ou moins dépressifs (et égocentriques) en quête de l'âme sœur. Evidemment dans "Chacun cherche son chat", cela passait par des sorties nocturnes dans les bars du 11° arrondissement alors qu'en parallèle, Cédric Klaspisch faisait le portrait d'un quartier attachant et bigarré en pleine mutation sociologique. Dans "Deux Moi", les rencontres sont montrées comme virtuelles, du moins dans un premier temps. Il y a encore un peu de musique, de fumée de cigarette et même un chat blanc pour rappeler l'opus précédent de Klapisch mais en mode mineur. L'univers dépeint, celui du 18° en 2019 est beaucoup plus froid et désincarné que ne l'était le 11° en 1995 en dépit de l'îlot de chaleur que représente l'épicerie tenue par le personnage joué par Simon Abkarian. Les quelques traits d'humour du film proviennent de lui et de ses employés. Les remarques sur le bio par exemple où se téléscopent la vision des bobos et celle des immigrés où celles évoquant les salons de coiffure antillais tenus par des maliens (ou pour le massage thaï, par des chinois) rappelle le talent de Klapisch pour croquer le cosmopolitisme des métropoles mondiales. Mais cela ne suffit pas à animer un film tristounet qui se traîne sur un rythme mollasson. Le rapprochement des deux solitudes incarnées par Mélanie (Ana Girardot) et Rémy (François Civil) est plutôt lourdement souligné par la mise en scène alors que les dialogues sont eux parsemés de clichés gros comme une maison. La palme revient de ce point de vue à la psy jouée par Camille Cottin qui les enfile comme les perles d'un collier. On se demande d'ailleurs pourquoi Mélanie perd son temps à la payer alors qu'elle trouverait la même liste de phrases toutes faites dans un manuel de développement personnel à 25 euros. Mais bon, elle manque tellement de personnalité qu'il n'est guère étonnant qu'elle morde à tous les hameçons consuméristes de notre époque*. De toutes façons le parcours des personnages est tellement balisé que les quelques bons moments finissent par s'évanouir en fumée dans l'esprit du spectateur pour ne laisser place qu'à un vide intersidéral.

* Le psy de Rémy est tout aussi cliché mais comme son patient, il est plus taiseux et François Berléand arrive avec sa sobriété à s'en tirer à peu près.

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