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I Want to Go Home

Publié le par Rosalie210

Alain Resnais (1989)

I Want to Go Home

"I Want to Go Home" n'est pas le film le plus abouti de Alain Resnais. S'il comporte quelques moments vraiment réussis, l'ensemble, trop cérébral, a bien du mal à prendre vie et à intéresser. Les références culturelles abordées sont pointues ou pas assez mises en valeur et les personnages, caricaturaux (en dehors de celui de Micheline Presle qui parvient à tirer son épingle du jeu et à humaniser un peu ce grand raout qui fait un peu penser aux "101 nuits de Simon Cinéma"). Il n'en reste pas moins qu'on trouve dans ce film une bonne partie de l'ADN du cinéaste. "I Want to Go Home" se moque des snobs* et abolit la hiérarchie entre les arts en panachant le cinéma avec la bande dessinée comme il le fera également un peu plus tard avec "Smoking/No Smoking" ou dans un autre domaine avec "On connaît la chanson" (qui implicitement désavoue les préjugés d'un Gainsbourg complexé proclamant que la chanson est un "art mineur destiné aux mineures"). Ironiquement, le grand intellectuel parisien (joué par Depardieu) à qui Elsie l'américaine (Laura Benson) espère faire lire sa thèse sur Flaubert ne jure que par son père Joey (Adolph Green) dont Elsie a honte parce qu'il est auteur de comics et jamais sorti de son "bled" (Cleveland n'est pas New-York et Joey n'est pas Woody Allen comme cela est rappelé!). Celui-ci qui est en mal de reconnaissance doit de plus en venant en France se coltiner une culture et une langue qui lui sont étrangères. De petits interludes avec les personnages créés par Joey (en réalité par le cartooniste new-yorkais Jules Feiffer) viennent s'insérer dans l'histoire pour dialoguer avec Elsie un peu comme le chat Guillaume (représentation animale de Chris Marker) chez Varda. Alain Resnais en profite pour célébrer son amour de la BD (franco-belge et américaine) mais il ne tire pas tout le parti qu'il aurait pu d'un tel sujet. Le dessin animé américain (le cartoon Warner ou le long-métrage d'animation Disney) est par exemple évoqué au travers de dessins ou du bal costumé mais on est loin de la géniale fusion de "Qui veut la peau de Roger Rabbit?".

* Alain Resnais était fait pour collaborer avec le couple Bacri/Jaoui, grands pourfendeurs eux aussi de "l'esprit de chapelle" très présent dans les élites françaises. A l'époque de la sortie de "I Want to Go Home", le neuvième art et l'animation étaient encore considérés comme des expressions sous-culturelles réservées à un public de niche (les enfants ou au contraire les amateurs d'érotisme). La fiche Wikipédia du film qui évoque le fait que son échec soit imputable au fait qu' "on ne mélange pas impunément deux médiums aussi différents et en même temps concurrents comme le sont le cinéma et la bande dessinée" fait sourire quand on pense aux films Marvel, à ceux inspirés de Batman (jusqu'au récent "Joker") ou à l'étroite symbiose manga-anime.

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