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Toni Erdmann

Publié le par Rosalie210

Maren Ade (2016)

Toni Erdmann

Etonnant, ce Toni Erdmann qui évolue entre mélancolie quasi-dépressive et soudaines embardées burlesques totalement jouissives. Un burlesque qui m'a rappelé par certains côtés celui des frères Marx en raison de leur capacité à subvertir les rôles sociaux en démasquant par là-même leur vacuité. Dans le rôle du bouffon, un sacré personnage, Winfried (Peter SIMONISCHEK) qui dès la première séquence mystifie le facteur et le spectateur avec un récit farfelu et un dédoublement de personnalité. Par la suite, découvrant le mal-être de sa fille qui s'est enfermée dans un rôle d'exécutive woman chargée de préparer des plans de restructuration en Roumanie, il décide de surgir à l'improviste dans des déguisements désopilants pour l'entraîner dans des dialogues et des situations absurdes. Dans le rôle de Ines, Sandra HULLER excelle à traduire toute l'ambivalence de son personnage de freak control désincarné qui tente de mettre son père à distance tant elle en a honte mais s'effondre quand il fait semblant de partir. Ce double mouvement contradictoire donne tout son sel aux scènes où il la place dans des situations embarrassantes mais qui finissent par produire de petites (le rire) puis de grandes étincelles de complicité (le chant). A l'univers métallique, inhumain et hors-sol de l'entreprise auquel appartient Ines répondent les aventures incarnées que lui fait vivre Winfried qui noue le contact avec les roumains et entre dans leurs maisons. Jusqu'à la scène de l'anniversaire où Ines improvise son propre scénario et se libère littéralement d'une robe -d'une peau- dans laquelle elle était trop engoncée sous l'oeil bienveillant d'un énorme yéti. En dépit d'une durée trop longue qui se ressent par des baisses de rythme, le film par sa prise de recul salutaire interroge et bouscule nos perceptions et nos valeurs.

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