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Le Père noël a les yeux bleus (Les Mauvaises fréquentations)

Publié le par Rosalie210

Jean Eustache (1966)

Le Père noël a les yeux bleus (Les Mauvaises fréquentations)

En dépit de son titre, le film de Jean EUSTACHE n'est pas vraiment un film de noël. Si les fêtes de fin d'années sont bien évoquées, c'est plutôt sous leur versant désenchanté. En réalité, "Le père noël a les yeux bleus" est un prolongement de "Mes petites amoureuses (1974). Un segment hivernal, en noir et blanc et sous forme de court-métrage qui pourrait être le pivot central d'une trilogie autobiographique s'achevant sur "La Maman et la putain" (1973). C'est en effet déjà Jean-Pierre LEAUD qui joue le double du cinéaste, un jeune homme pauvre qui galère entre boulots précaires et petite délinquance, et traîne avec ses amis à la manière de "Les Vitelloni" (1953) aux quatre coins de la cité narbonnaise, filmé de manière documentaire (le film est dédié à Charles TRENET, autre natif du lieu). La mise en abyme de cette précarité financière est assez remarquable quand on pense que le film a été tourné avec des chutes de pellicule de "Masculin feminin" (1966) cédées par Jean-Luc GODARD. Comme dans ses autres films, cette souffrance sociale se traduit par une grande frustration vis à vis des filles qu'il convoite sans parvenir à les approcher ou alors si maladroitement qu'il se fait rabrouer. Il attribue ses échecs au costume, signe de statut social et se met en quête d'un travail afin de s'acheter un duffle-coat, le manteau alors à la mode. Mais c'est déguisé en père noël pour le compte d'un photographe qu'il découvre que les filles qui le snobaient se montrent beaucoup plus avenantes à son égard, l'autorisant à se montrer entreprenant. Seulement dès qu'il tombe le masque, elles le rejettent à nouveau. La scène finale où avec ses amis il s'éloigne dans la rue en concluant qu'il ne lui reste plus qu'à aller au bordel, leurs voix se perdant dans le lointain est d'une grande amertume.

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