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Les Accusés (The Accused)

Publié le par Rosalie210

Jonathan Kaplan (1987)

Les Accusés (The Accused)

"Les Accusés" réalisé en 1988 m'a fait penser à un film français plus ancien de dix ans "L'Amour viole" (1977) de Yannick BELLON. Parce que dans les deux cas, la scène du viol est éprouvante mais aussi parce qu'il s'agit d'un viol collectif et dans le cas de "Les Accusés", commis dans un lieu public bondé. De fait, "Les Accusés" met en lumière les mécanismes de la culture du viol. Le renversement des rôles pour commencer puisque le statut de victime est dénié à Sarah sous prétexte qu'elle avait bu, fumé du cannabis, portait une tenue sexy et avait aguiché le premier de ses violeurs. Bref "elle l'avait cherché", une expression lourde de sous-entendus patriarcaux: les femmes trop libres doivent être matées. A cette domination patriarcale se rajoute une domination sociale: Sarah est serveuse, vit dans une caravane et a même un casier. Tous ces éléments réunis poussent son avocate (Kelly McGILLIS) à suivre les conseils de son cabinet et à s'arranger avec celui qui défend les violeurs plutôt qu'à risquer un procès, en escamotant les faits au passage. Autre fil directeur du film, l'attitude des témoins de la scène, non seulement passifs mais complices pour la plupart, se comportant en voyeurs surexcités par le spectacle et en réclamant toujours plus. Le viol collectif relève de la psychologie des foules qui encourage le passage à l'acte et dans un contexte d'entre-soi masculin, il s'agit de montrer sa virilité aux autres et de renforcer la cohésion de son groupe, souvent homogène en terme d'âge et de classe. Ce sont ces pousse-au-crime qui sont finalement jugés et à travers eux, l'attitude de la société face au viol est interrogée. Ceux qui encouragent sont accusés mais ceux qui font semblant de ne rien voir ou ne font rien le sont aussi. Un seul témoin réagit en se faisant lanceur d'alerte mais il manque d'assurance, subit des pressions pour ne pas témoigner au procès et la valeur de sa parole est même mise en doute. Le film trouve le ton juste pour parler du problème et Jodie FOSTER n'a pas volé son Oscar, elle est phénoménale. A l'image de Clarisse, elle est fragile et forte à la fois, un petit bout de femme déterminée et parfois rageuse lorsqu'elle emboutit la voiture d'un des témoins qui la harcèle.

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