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El Perdido (The Last Sunset)

Publié le par Rosalie210

Robert Aldrich (1961)

El Perdido (The Last Sunset)

"El Perdido" est un western atypique, y compris dans la carrière de Robert ALDRICH. Scénarisé par Dalton TRUMBO et co-produit par Kirk DOUGLAS qui tient l'un des rôles principaux, le film a les apparences d'un western classique avec des thèmes archi-rebattus comme celui du convoyage de troupeau, du duel ou de la chasse à l'homme. Cependant, il s'en écarte en prenant l'allure d'une tragédie antique doublée d'un mélodrame flamboyant à la Douglas SIRK. Le fatum poursuit O'Malley (Kirk DOUGLAS), "lonesome cowboy" perdu dans le désert dont les efforts pour effacer ses erreurs passées et repartir à zéro se heurtent à une impasse existentielle nourrie de son incapacité à se connaître lui-même et donc à changer. La scène avec le chien en dit long sur le fait que son instinct meurtrier reste indompté et le rejet de Belle (Dorothy MALONE) son ancien amour qu'il a délaissé mais qu'il souhaite récupérer comme si elle n'avait pas évolué et comme si elle lui appartenait est sans appel. Quant à son transfert amoureux sur la fille de Belle, Missy (Carol LYNLEY) qu'il voit comme un nouveau départ, il ne fait que précipiter la tragédie. Le fatum pèse aussi de tout son poids sur le mari alcoolique et pathétique de Belle, John (joué par un étonnant Joseph COTTEN à contre-emploi) qui espère lui aussi échapper à son passé en refaisant sa vie en Californie. Quant au "troisième homme", le shérif qui attend son heure pour coffrer O'Malley et représente donc pour lui une épée de Damoclès, il est interprété par Rock HUDSON qui n'est pas pour rien dans l'ambiance "sirkienne" du film. Plus mature et plus lisse que les deux autres hommes, il a lui aussi un passé que l'on pourrait qualifier de "traumatique" et qui ne peut s'effacer que par le sacrifice de O'Malley. On le voit dans cette description, les personnages masculins du film sont moins des héros que des anti-héros et les seconds couteaux sont soit des mexicains qui servent de choeur, soit de sombres crapules qui se font impitoyablement corriger (dont Jack ELAM, future inoubliable trogne de l'ouverture de "Il était une fois dans l'Ouest") (1968). Par conséquent les femmes occupent une place plus importante que d'ordinaire dans les westerns et j'aime beaucoup la scène de la tempête de poussière qui symbolise le brouillage des repères. Le personnage de Belle est particulièrement fouillé et moderne, incarnant une force et une lucidité qui fait défaut à la plupart des personnages masculins. Dans la scène de la tempête où une brute tente de lui prendre les rênes et de l'abuser, elle s'en défait seule. Sa fille Missy est une adolescente qui s'éveille à la féminité et à l'amour ce qu'incarne la superbe scène de la robe jaune, véritable soleil (éphémère) dans la nuit.

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