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Meurtre dans un jardin anglais (The Draughtsman's Contract)

Publié le par Rosalie210

Peter Greenaway (1982)

Meurtre dans un jardin anglais (The Draughtsman's Contract)

Si on accepte le "contrat" (pour reprendre un terme clé du titre en VO et du film lui-même) que propose le réalisateur Peter GREENAWAY au spectateur, on ne peut qu'être comblé par un film raffiné jusqu'au bout de ses plumes et de ses pinceaux. Personnellement, je suis partagée entre fascination pour la splendeur esthétique que dégage "Meurtre dans un jardin anglais" (tant par sa musique que par la composition de ses cadres et sa photographie) et exaspération envers le refus de ce dernier d'aller au-delà d'une mise en scène mécanique au service d'un jeu social froid et abstrait dans lequel les personnages ne sont que des pions manipulés par de super calculateurs*. Alors certes, il s'agit d'une satire au vitriol de la haute bourgeoisie et de son obsession pour la propriété et le patrimoine mais de là a ôter toute vie au tableau comme s'échine à le faire Neville (Anthony HIGGINS, sans doute le double du réalisateur) il y a une marge et si humour il y a, il est si écrit, si métaphorique qu'il faudrait comme dans les opéras posséder le livret pour en saisir toutes les subtilités: cela rajoute un écran supplémentaire à un film qui en contient déjà beaucoup à la façon des poupées russes. Il est beaucoup question de fruits par exemple: prunes, grenades, ananas et toujours comme substituts au sexe ou à la mort. Mais dans ce jardin où tout est sous contrôle, même les éléments incongrus qui s'immiscent dans le paysage (vêtements perdus, échelle oubliée, animal abandonné) ont été disposés sciemment pour renvoyer à des actes qui restent largement hors-champ et que le spectateur est invité à élucider en tant que participant à ce grand jeu qu'est le film. Toute cette complexité est au service d'une histoire pourtant très simple que l'on retrouve dans une nouvelle de Maupassant, "L'Héritage" à ceci près que celui qui croit mener le jeu alias Neville est en réalité le dindon de la farce et qu'il finira mangé tout cru.

* Notamment Mrs Talmann interprétée par Anne LAMBERT, inoubliable beauté botticellienne du merveilleux film de Peter WEIR, "Pique-nique a Hanging Rock" (1975).

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