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Chien de la Casse

Publié le par Rosalie210

Jean-Baptiste Durand (2023)

Chien de la Casse

La jeunesse rurale en déshérence est décidément un thème porteur en ce moment pour de premiers longs-métrages. Peut-être justement parce que peu traité jusque là. Après avoir vu et apprécié en avant-première "Juniors" (2022) de Hugo P. THOMAS, le concert d'éloges public et critique recueilli par "Chien de la Casse" de Jean-Baptiste DURAND m'a donné envie de le découvrir. L'histoire se déroule dans un petit village médiéval d'Occitanie, théâtre qui ouvre le film et impose aux habitants sa géographie particulière. Les jeunes désoeuvrés y sont comme enfermés dans des logements confinés et un réseau labyrinthique de ruelles, n'ayant à leur disposition pour se retrouver que la petite placette du village. Seules les scènes se déroulant dans la vallée élargissent l'horizon, donnant au film des allures de western moderne. Surtout le film se focalise sur deux amis d'enfance et sur leur relation. C'est dans la richesse et la subtilité de ce double portrait et le talent des deux acteurs à interpréter Mirales et Dog que réside toute l'originalité du film. Si Anthony BAJON fait une fois de plus forte impression, Raphael QUENARD qui accède pour la première fois à un rôle de premier plan est une révélation. Je l'avais remarqué dans "Coupez !" (2021) où il montrait son potentiel comique mais dans le rôle de Mirales il accède à un rôle autrement plus complexe, tout en contradictions. Grande gueule volubile tendant à écraser les autres, dealeur de cannabis à la petite semaine, fringué à la va comme je te pousse et doté d'un accent traînant qui contraste violemment avec la richesse de son vocabulaire, c'est aussi un jeune homme immature et jaloux qui refoule sa véritable personnalité, que ce soit sa culture littéraire, sa sensibilité artistique, sa soif d'amour ou son attirance sexuelle envers son ami Dog. Ce dernier qui passe ses journées à glander et à jouer à la console tout en caressant l'idée d'intégrer l'armée est son contraire, taiseux, mal dégrossi et renfrogné, subissant sans broncher ou presque l'attitude abusive de son ami prêt à se plier en quatre pour le protéger mais capable aussi de l'humilier avec beaucoup de cruauté. Néanmoins une partie de ce comportement odieux s'explique par le fait qu'une fille, Elsa (Galatea BELLUGI) vient s'immiscer entre eux en séduisant Dog lequel cesse alors de jouer le "chien fidèle" de Miralès, au grand désarroi de celui-ci. D'ailleurs le "Chien de la casse" est aussi bien Dog que Miralès avec ses yeux de chien battu contemplant son ami se détacher de lui ou bien jouant avec son propre chien, Malabar (rien que ce surnom souligne à quel point Miralès n'a pas quitté l'enfance). Malabar dont le rôle, assez semblable à celui de Dobby, l'elfe de maison de Harry Potter dans le tome 7 permettra à Dog et de Miralès de sortir de leurs limbes respectives.

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