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Les enquêtes de l'inspecteur Wallander (Wallander)

Publié le par Rosalie210

Philip Martin (2008)

Les enquêtes de l'inspecteur Wallander (Wallander)

La Suède est une riche terre d'auteurs de polars ayant atteint une notoriété internationale. Parmi eux, Henning Mankell a écrit 12 romans policiers mettant en scène Kurt Wallander, inspecteur du commissariat d'Ystad, petite ville située dans le sud de la Suède. Ceux-ci ont été adapté plusieurs fois en série. Celle de la BBC, connue pour son travail de qualité compte quatre saisons de trois épisodes et est une adaptation de ces 12 récits, pas forcément dans l'ordre ce qui a nécessité des adaptations pour que l'évolution des personnages récurrents, à commencer par celle de Kurt Wallander reste cohérente.

Ce qui frappe dans ces récits, outre qu'ils mettent en lumière les aspects les plus sombres de la société suédoise (comme d'ailleurs dans les livres de nombre des homologues de Mankell, Stieg Larsson ou Camilla Läckberg par exemple), c'est l'incapacité de l'inspecteur à prendre la moindre distance émotionnelle sur les enquêtes qu'il mène. Se prenant de plein fouet la violence auquel il est confronté, Wallander s'immerge jusqu'au cou dans ses enquêtes et en ressort un peu plus abîmé chaque fois, comme s'il devait prendre sur lui toutes les souffrances du monde. Cette dimension sacrificielle est d'ailleurs explicite dans l'épisode 3 de la saison 3 "Avant le gel" où des fondamentalistes chrétiens ayant "péché" s'immolent pour racheter leurs fautes mais aussi celles d'autrui. Le sentiment de culpabilité dont il souffre est si profondément ancré en lui qu'il songe à démissionner de la police pour avoir tué un homme alors qu'il était en état de légitime défense et que l'homme en question représente un spécimen de ce que l'espèce humaine produit de pire. Par conséquent, Kurt Wallander (brillamment interprété par Kenneth BRANAGH) traîne péniblement sa silhouette alourdie solitaire et dépressive comme on porte une croix d'épisode en épisode alors que le générique mélancolique (dont la chanson, interprétée par Emily Barker est judicieusement intitulée "Nostalgia") fait ressortir la profondeur de son blues. En dépit de la variété des enquêtes, c'est l'immuabilité de sa vie qui reste en mémoire, du goût pour les lieux retirés du monde aux nombreux trajets en voiture d'un environnement rural omniprésent (lacs, champs, forêts) ou encore son style négligé et son manque total d'hygiène de vie. Un leitmotiv récurrent est celui où après s'être endormi le plus souvent tout habillé dans un fauteuil ou un canapé, l'inspecteur est brutalement réveillé par la sonnerie elle aussi immuable de son portable. Logique dans ses conditions que le bonheur auquel il aspire comme tout un chacun reste hors de sa portée, ses échecs amoureux se caractérisant là encore par leur répétition sans parler de ses relations difficiles avec son père et sa fille.

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