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Les Lumières de la ville (City Lights)

Publié le par Rosalie210

Charles Chaplin (1931)

Les Lumières de la ville (City Lights)

Un des plus beaux films de Chaplin dont le sujet principal pourrait être celui de la dualité humaine.

Depuis ses premiers courts-métrages à la Keystone, Chaplin a joué tantôt le rôle d'un Vagabond et tantôt celui d'un dandy ou celui d'un Vagabond qui voulait se faire passer pour un dandy. C'est sur cette imposture que repose l'intrigue des Lumières de la ville. Pour les beaux yeux aveugles de celle qu'il aime (Virginia Cherrill), un Vagabond (Charles CHAPLIN) se fait passer pour un prince charmant. Car le prince charmant que l'on vend à la jeune fille a toujours un beau cheval blanc (entendez par là une belle voiture) et des millions à foison. Alors le Vagabond devient ce que la jeune fille rêve qu'il soit parce que c'est aussi une partie de lui (ce que son costume et ses manières souligne d'ailleurs: " il faisait de son mieux pour avoir l'air d'un gentleman".)

A l'inverse il y a du Vagabond dans le personnage du dandy tel qu'il est interprété par Chaplin. Ce vagabondage s'exprime par l'ivresse qui fait sortir le personnage de ses rails et lui fait emprunter d'autres chemins. C'est exactement ce qui arrive au personnage schizophrène du millionnaire (Harry Myers) dans Les Lumières de la ville. Lorsqu'il est ivre, il reconnaît dans le Vagabond son frère, son jumeau. Lorsqu'il ne l'est pas, il ne se souvient même pas de son existence.

Enfin la jeune fille elle-même est duale selon qu'elle est aveugle ou non. Lorsqu'elle est aveugle, elle est aussi dans l'aveuglement puisqu'elle ne voit pas du tout la même histoire que nous. Mais sa vulnérabilité, sa naïveté et sa précarité nous touchent. Elle ressemble à un ange auréolé d'innocence. Lorsqu'elle recouvre la vue, la santé et la prospérité, elle reste aveuglée par son rêve chimérique et n'étant plus protégée par son aura d'innocence, son comportement nous apparaît odieux. Ce qui rehausse encore la beauté de la scène finale, l'une des plus belles de toute l'histoire du cinéma. L'une des plus énigmatiques aussi. Car la dualité est présente jusqu'au bout. Ce qui bouleverse tant la jeune fille peut être la déception, la dissipation de ses illusions. Mais cela peut être aussi la révélation d'une autre vision par delà les apparences, "On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux."

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