Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Elle et lui (Love Affair)

Publié le par Rosalie210

Léo McCarey (1939)

Elle et lui (Love Affair)

Léo McCarey est l'un des rares cinéastes à avoir fait un remake de l'un de ses propres films. Il s'agit de Love Affair (Elle et lui) qu'à la manière d'un Gus Van Sant il a décalqué plan par plan pour le technicoloriser en 1957 sous le nom d'An Affair to Remember (Elle et lui également en VF). Mais la version noir et blanc de 1939 est déjà un film totalement accompli. Il commence comme une screwball comédie avec la rencontre électrique sur un bateau entre Michel, un riche playboy et Terry, une jeune femme qui n'a pas sa langue dans sa poche. La mise en scène suggère la gémellité des deux personnages avec de nombreux effets de miroirs. Ce qui n'est au départ qu'un jeu de séduction se transforme complètement à la suite d'une séquence de 17 minutes devenue culte, celle de la visite chez la grand-mère de Michel lors d'une escale sur les hauteurs de Madère. Dans cet endroit magique, hors du temps le flirt léger se transforme en amour profond teinté de mysticisme. Parallèlement ces deux oisifs voient leurs talents artistiques respectifs s'exprimer au grand jour. En tous points cette séquence est celle de la "révélation" qui transforme la comédie en romance. Transfigurés, Michel et Terry revenus sur terre décident de se donner 6 mois pour changer de vie avant de se retrouver au sommet de l'Empire State building (choix d'un sommet, en souvenir de Madère). Mais Léo McCarey n'hésite pas à basculer dans le mélodrame en confrontant les amoureux à l'épreuve de la séparation, de la pauvreté et du handicap afin de tester la solidité de leur amour. Love Affair pratique donc avec aisance le mélange des genres, des lieux et des temporalités. Le récit est en effet à la fois très linéaire en apparence avec des repères temporels très marqués (8 jours 1/2 de traversée, 4h d'escale, 6 mois pour se retrouver, 6 mois supplémentaires de séparation) et en même temps il est cyclique, reliant passé, présent et futur par un système d'échos. La première apparition de Terry, filmée comme un portrait a lieu derrière un hublot ce qui annonce la plus belle peinture que réalisera Michel. De même lorsque Terry raconte à un petit garçon sur le point de faire une bêtise qu'elle est tombée et s'est cassé la jambe dans sa jeunesse elle pressent que cela risque de lui arriver de nouveau. Et l'idée de cycle trouve son accomplissement avec le remake de 1957 tout aussi réussi qui souligne l'universalité et l'intemporalité de cette histoire.

Commenter cet article