J'ai beaucoup tergiversé avant de regarder "Réparer les vivants" car j'ai une certaine phobie des images montrant des opérations chirurgicales et je n'ai donc pas pu regarder le passage très documenté de la transplantation cardiaque (comme il m'a toujours été impossible de regarder l'opération de "Les Yeux sans visage") (1960). Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié le caractère poétique du film qui donne une dimension spirituelle au don d'organes. L'introduction est magnifique, on est en lévitation avec Simon qui s'envole par la fenêtre sur son vélo avant de surfer, la caméra au ras des vagues. Cet aspect planant, zen ne disparaît jamais totalement du film. Une autre scène montre l'ascension de Simon, tout aussi aérienne vers la jeune fille qu'il aime. Le docteur Remige, chargé de la délicate mission de convaincre les parents de donner le coeur de leur enfant en état de mort cérébrale se ressource en écoutant sur son ordinateur pépier un chardonneret ce qui participe de cette atmosphère. Tout comme la douceur presque élégiaque émanant du personnage de Claire que ses problèmes cardiaques obligent à vivre à petit régime. Par ailleurs, le film se distingue par son casting et sa direction d'acteurs ce qui est une caractéristique du cinéma de Katell QUILLEVERE (tout comme l'inspiration romanesque). Certes, il y a trop de personnages, notamment dans le domaine médical ce qui ne permet pas de donner à tous le relief nécessaire. C'est un choix justifié par le fait que comme dans "Pupille" (2018), on rencontre les maillons d'une chaîne de solidarité appelés à disparaître dès que leur mission est accomplie. Mais certains tirent leur épingle du jeu mieux que d'autres. On retient particulièrement la détresse des parents de Simon (joués par Emmanuelle SEIGNER et Kool SHEN qui est inattendu et particulièrement remarquable), la douceur du personnage de Tahar RAHIM dans le rôle du docteur Remige à l'inverse de la prestation plus sèche et clinique de Bouli LANNERS et enfin une Anne DORVAL lumineuse aux antipodes des rôles joués pour Xavier DOLAN.
Après le "je est un autre" de Arthur Rimbaud, le "Je suis deux" prononcé par Manitas del Monte en route pour devenir Emilia Perez est à l'image d'un film à cheval sur plusieurs genres, certains considérés comme virils (le thriller, le film de gangsters, le film de procès) et d'autres, plus féminins ou queer (le mélo, la comédie musicale). L'identité ibérique du film coule de source car situer l'intrigue principalement au Mexique avec des actrices hispanophones participe du brouillage des repères du film et permet de jouer sur le clivage entre deux formes de "culture" nationale opposées: l'univers des cartels de la drogue d'un côté et celui des telenovelas de l'autre. L'actrice trans Karla Sofia GASCON en provient et en la choisissant, Jacques AUDIARD a franchi un Rubicon qui n'avait pas été souvent foulé par les cinéastes ayant pignon sur rue. Combien de polémiques sur des personnages trans joués par des acteurs ou des actrices qui ne l'étaient pas, à l'image des blackfaces d'autrefois. A chaque époque ses tabous à transgresser dans les sociétés occidentales productrices de la culture mondialisée. Pedro ALMODOVAR enfant de la Movida avait montré le chemin. En réalité "Emilia Perez" n'est pas le seul film de Jacques AUDIARD traitant d'un personnage déchiré par deux identités contraires. "De battre mon coeur s'est arrete" (2005) en parlait également, sans caractère transgressif mais avec une polarisation tout aussi extrême: d'un côté la sensibilité artistique, de l'autre le gangstérisme, le yang étant perçue comme la voie rédemptrice du yin. Mais si Cannes a primé toutes les actrices du film, c'est sans doute parce que choisir entre Karla Sofia GASCON (qui crève l'écran tant en Manitas qu'en Emilia et s'avère d'une humanité qui fait passer toutes les pilules) et Zoe SALDANA était impossible (les deux autres actrices primées ont leur moment de gloire mais sont tout de même en retrait). Car celle-ci impressionne tout autant dans le rôle de l'avocate, notamment dans les numéros musicaux et dansés. L'introduction montre qu'elle n'a pas de place dans le film de procès classique où les hommes se répartissent tous les rôles. Manitas va lui offrir sur un plateau un chemin de traverse par où elle pourra non seulement s'épanouir dans l'exercice de sa profession mais également dans sa vie personnelle. On peut regretter quand même un final revenant labourer un chemin bien balisé au lieu de s'enfoncer en territoire inconnu. La scène dans laquelle Emilia qui s'est racheté une virginité en fondant une ONG pour les familles de victimes du narcotrafic voit renaître en elle les pulsions sanguinaires de Manitas (qui passe par la transformation de sa voix, brillante idée) quand son ancienne famille est sur le point de lui échapper aurait pu donner lieu à une conclusion moins facile. Quitte à suivre les pas du génial "Annette" (2019) (l'influence opératique est identique, une expérience de cinéma total), autant aller jusqu'au bout! Mais ce qu'a osé Jacques AUDIARD en cassant les codes à la manière d'un Thomas Jolly est déjà suffisamment audacieux pour mériter un grand coup de chapeau!
Librement inspiré de la vie de Lenny Bruce, "Lenny" qui a été réalisé entre "Cabaret" (1972) et "Que le spectacle commence" (1979) n'est pas une comédie musicale. Néanmoins on y retrouve la centralité du monde du spectacle et le caractère jusqu'au-boutiste du personnage principal, véritable tête brûlée contestataire et libertaire dont le malheur est d'avoir émergé 10 ans trop tôt. Pionnier du stand-up moderne, Lenny Bruce a été le modèle avec Andy Kaufman (à qui Milos FORMAN a rendu hommage dans "Man on the Moon") (1999) d'humoristes "poil à gratter" comme Guy BEDOS et Pierre DESPROGES en France et Bob DYLAN lui a consacré une chanson-hommage. Remarquablement construit, le film commence par nous montrer un artiste qui se cherche et n'est pas particulièrement drôle avant de se produire dans des shows où il pulvérise le politiquement correct en abordant des sujets délicats (religion, racisme, sexualité) et en employant les mots qui fâchent pour déconstruire haine, préjugés et hypocrisies. Utilisant un noir et blanc travaillé (dû au chef opérateur de Clint EASTWOOD, Bruce SURTEES) et ponctué par les propos face caméra des acteurs jouant ses proches, le film revêt un aspect kaléidoscopique et morcelé de faux documentaire qui fait penser à du Woody ALLEN ou à "Citizen Kane" (1940). Mais on ne saura pas quel était l'origine de la colère qui poussait l'acteur à cette guerre contre l'Amérique puritaine, jalonné d'arrestations et de procès. Le caractère autodestructeur du personnage à la vie pleine d'excès et qui mourut d'une overdose à 40 ans dans une position de martyr de la liberté d'expression est bien mis en valeur, de même que sa judéité qui a aiguisé son esprit critique. Dustin HOFFMAN met beaucoup d'engagement dans le rôle, de même que Valerie PERRINE dans celui de sa femme.
"La Villa" est un Robert GUEDIGUIAN majeur. Il y a le cadre déjà, cette villa-restaurant construite dans une calanque (celle du grand Méjean) en contrebas d'un viaduc qui ressemble à une scène de théâtre. On est en hiver, le lieu est désert car presque totalement dévolu au tourisme. Mais une maison résiste encore et toujours à l'envahisseur. Elle n'abrite pas seulement une fratrie, celle formée par Angèle, Armand et Joseph réunis autour du patriarche qui à la suite d'une attaque mène une vie végétative. "La Villa" fait le bilan d'une génération vieillissante confrontée à un monde en transformation et à une jeunesse plus cynique (moins toutefois que dans "Gloria Mundi" (2018) qui reprend les mêmes ingrédients). Le film baigne dans la nostalgie avec un flashback puissant qui fait mesurer le travail de longue haleine que Robert GUEDIGUIAN mène sur le temps: on y voit le même trio d'acteurs (Ariane ASCARIDE, Gerard MEYLAN et Jean-Pierre DARROUSSIN) trente ans auparavant chahuter dans "Ki lo sa ?" (1985), l'un de ses films de jeunesse. La jeunesse enfuie, les illusions perdues s'accompagnent d'une atmosphère funèbre de fin d'un monde. C'est l'état léthargique de Maurice (Fred ULYSSE), le couple de vieux voisins et amis (joués par Jacques BOUDET et Genevieve MNICH) qui étranglé par les problèmes financiers décide d'en finir ou encore le fantôme de la petite Blanche, la fille d'Angèle, morte noyée à cause du relâchement de la vigilance de son grand-père. Mais le film possède aussi un côté lumineux qui fait sa force. La vie continue et l'espoir renaît, autrement. C'est le jeune pêcheur joué par Robinson STEVENIN qui courtise Angèle, les retrouvailles entre frères et soeur et surtout, l'accueil d'une fratrie d'enfants migrants fonctionnant en miroir qui symbolisent une descendance adoptive dont la famille est privée.
A l'occasion de la mort à l'âge de 94 ans de Gena ROWLANDS, Arte rediffuse le documentaire de Sabine CARBON daté de 2017. On remarque au passage le changement de titre, "l'actrice et muse par amour" étant devenue "l'indépendante au cinéma et dans la vie". Façon de souligner la difficulté de trouver les mots justes pour dépeindre une actrice du cinéma indépendant américain exceptionnelle dans des rôles de femmes fortes et passionnées, s'aventurant en territoire inconnu, celui des gouffres s'ouvrant sous les pieds de ses personnages de femme au foyer gagnée par la folie, d'actrice hantée par la peur de vieillir ou de guerrière tenant tête à la mafia. Mais si elle a fait quelques prestations remarquées chez Woody ALLEN ou Jim JARMUSCH, c'est sous la direction de John CASSAVETES qu'elle a obtenu ses rôles les plus marquants, comme s'ils étaient les deux facettes d'une même pièce. Le film a ainsi bien du mal à ne pas se faire vampiriser par John et reste assez en surface. Néanmoins il a le mérite de restituer la totalité de la carrière de Gena ROWLANDS et notamment, celle qui a suivi la mort de son mari. Le temps ne s'est pas arrêté et c'est avec un certain étonnement que l'on découvre la vieille dame qu'elle est devenue, toujours élégante et coquette, recevant les hommages tardifs qui lui avaient été refusés du fait de son choix de servir le cinéma indépendant mais on décèle aussi les premiers signes de la maladie qui allait finir par l'emporter ce qui provoque un certain pincement au coeur.
J'avais vu "Senso" une première fois il y a très longtemps et ce qui s'y racontait m'était passé au dessus de la tête. A l'occasion de sa ressortie au cinéma, je l'ai revu, sans pour autant véritablement accrocher. Luchino VISCONTI dont c'était le premier grand film historique dévoile un penchant pour la décadence, la décomposition, l'autodestruction qui parfois parvient à faire mouche grâce à son sens de la mise en scène opératique et au raffinement esthétique mais le duo formé par Alida VALLI et Farley GRANGER est plus médiocre que tragique. La comtesse symbolise le déclin de l'aristocratie et l'officier celui de l'Empire autrichien. Cela passe pour la comtesse par l'avilissement et la trahison de ses idéaux alors que l'officier qu'elle a dans la peau s'avère être une sorte de virus, lâche et vénal dont elle ne parvient à se débarrasser qu'au dernier degré de sa déchéance. Ce récit d'une passion aveugle et fatale se noue à l'opéra pendant une représentation du "Trouvère" de Verdi et alors que les patriotes italiens manifestent contre l'occupation autrichienne. Luchino VISCONTI relie destins individuels et histoire collective avec maestria. Dommage que ses personnages soient si plats et leurs échanges, si creux, suscitant agacement et ennui. Il fera beaucoup mieux avec "Les Damnes" (1969) en troquant la viennoiserie pour le film d'épouvante peuplé de monstres.
Immersion dans la jungle vietnamienne à la fin du conflit indochinois, "La 317° section", adaptation au cinéma du roman de Pierre SCHOENDOERFFER par lui-même est un film qui frappe par son réalisme quasi-documentaire mais aussi par son humanisme. Sans doute le meilleur film de guerre français à ce jour, en tout cas celui qui a eu le plus d'influence. L'expérience du réalisateur comme vétéran et reporter de guerre y est manifeste plus que celle de son imaginaire nourri de lectures de romans d'aventure. S'y ajoute l'influence de la Nouvelle Vague: le film est produit par Georges de BEAUREGARD et le chef opérateur n'est autre que Raoul COUTARD, lui-même vétéran de la guerre d'Indochine où il officiait comme photographe. On notera d'ailleurs le clin d'oeil à "A bout de souffle" (1960) dans le dialogue à la fin du film entre Torrens (Jacques PERRIN) qui dit en parlant de sa blessure "Ah c'est dégueulasse" et Willsdorf (Bruno CREMER) qui lui répond "Qu'est ce que ça veut dire dégueulasse, c'est la guerre". "La 317° section" dépeint l'évacuation sans issue d'une garnison isolée dans la jungle et la disparition progressive mais inexorable de ses membres. Au travers de l'amitié qui se noue progressivement entre le jeune et idéaliste lieutenant Torrens et l'expérimenté et pragmatique adjudant Willsdorf, un ancien malgré-nous qui enchaîne les conflits, Pierre SCHOENDOERFFER dépeint à hauteur d'homme la lente agonie d'une compagnie plongée en terrain hostile, la pluie, la boue, la dysenterie, la précarité du ravitaillement en vivres et de médicaments les traversées dangereuses des rivières, les embuscades dans une jungle qui semble ne pas avoir de fin tout comme la guerre. C'est d'autant plus réaliste que l'équipe du film s'est vraiment mise dans les conditions vécues par les personnage durant le tournage au Cambodge qui a dû être éprouvant.
Film quelque peu dual voire schizophrène, "La Vénus Blonde", cinquième des sept films du duo Josef von STERNBERG-Marlene DIETRICH a sans doute dérouté le public à sa sortie qui n'a pas accepté de voir l'actrice dans un rôle de ménagère ce qui peut expliquer son échec. Bien que les invraisemblances et facilités du scénario sautent aux yeux sans parler d'un happy end mièvre en forme d'ode à la famille américaine, le film s'avère étonnement moderne. On y voit Marlene DIETRICH chercher à échapper à l'emprise masculine qui soit la fige dans le rôle d'une icône inaccessible soit dans celui d'une bonne épouse et bonne mère. On est tantôt dans "Morocco" (1930) ou "L'Ange bleu" (1930) avec des numéros de cabaret où Marlène apparaît déguisée en homme ou en gorille (si, si!) et tantôt dans "Un week-end sur deux" (1990) avec la cavale qu'elle entreprend pour échapper à son mari qui veut lui enlever son fils au motif qu'elle a été infidèle. Mais qui peut résister à Cary GRANT même dans l'un de ses premiers rôles? Cela ne fait cependant pas oublier que son personnage de séducteur immensément riche achète les faveurs des femmes. Quant au mari joué par Herbert MARSHALL, il illustre bien l'ambivalence masculine "maman-putain" d'abord fasciné par l'apparition de la belle en naïade nue (on est encore dans la période pre-code) puis en chanteuse de cabaret un poil provocante avant d'exiger d'elle l'abandon de sa carrière pour se consacrer au foyer. Et lorsque sa santé ne lui permet plus d'assurer son entretien et qu'elle reprend son métier et sa liberté, il se mue en juge des bonnes moeurs, l'accusant d'être une mauvaise mère et la traquant ce qui l'accule à la misère. Mais en toutes circonstances, Marlene DIETRICH ne plie pas et réussit à conserver sa dignité.
"Ne Coupez pas!", l'original japonais du remake français de Michel HAZANAVICIUS, "Coupez !" (2021) trouve ses racines en Europe. La pièce de théâtre dont le film est l'adaptation, "Ghost in the box" de Ryoichi Wada s'inspire en effet d'une comédie musicale londonienne "Noises off" de Michael Frayn déclinée en France sous le titre "En sourdine les sardines" et au cinéma sous celui de "Bruit de coulisses" de Peter BOGDANOVICH, sorti directement en DVD en France. Néanmoins, question de culture et de forme, le vaudeville initial s'est transformé en comédie horrifique en arrivant au Japon. La mise en abyme en revanche reste la même, les coulisses devenant le making of du film.
En dépit de cette riche genèse, "Ne Coupez pas!" se présente à l'origine comme un simple film de fin d'études. Tourné en 8 jours par un étudiant en cinéma avec des élèves de l'école dramatique de Tokyo pour un budget dérisoire, il bénéficie d'un bouche à oreille enthousiaste qui le propulse au rang de phénomène au Japon, étend son parc d'exploitation à tout le pays et lui ouvre les portes d'une carrière internationale qui reste cependant confidentielle. Le remake réussi de Michel HAZANAVICIUS donne donc une seconde jeunesse au film japonais. En dépit d'une différence flagrante de budget, d'une réalisation globalement plus maîtrisée (ce qui aide à faire passer la pilule de la terrible première demi-heure, celle qui fait croire qu'on regarde un navet) et de blagues liées au décalage culturel qui ne peuvent évidemment pas exister dans le film original, les deux versions sont très proches avec d'ailleurs la présence de l'impayable Yoshiko Takehara dans le rôle de Mme Matsuda, la productrice. "Ne Coupez pas!" est un exercice de mise en abyme attachant et ludique qui proclame son amour du cinéma artisanal et des petites mains qui le fabriquent, oeuvrant tous dans une grande énergie collective pour parvenir à fabriquer une oeuvre coûte que coûte.
On connaît mieux les adaptations cinématographiques du célèbre roman de Choderlos de Laclos que les versions télévisuelles. Charles BRABANT, fondateur de la SCAM (société civile des auteurs multimédia) venu du théâtre et du cinéma fait partie des pionniers de l'ORTF qui considérait la télévision comme un terrain d'expérimentation permettant davantage de liberté d'expression que le cinéma, ce qu'elle était sans doute à cette époque. "Les liaisons dangereuses" a été réalisé pour la première chaîne en 1979 et mêle le roman à un épisode de la vie de son auteur, son emprisonnement durant la Terreur en 1793. Enfermé dans sa cellule de Picpus, il voit apparaître son personnage, Mme de Merteuil dont le visage a été ravagé par la petite vérole. Un dialogue s'engage alors entre eux, nourri d'extraits du roman, l'éclairant au jour des événements révolutionnaires ainsi que la vie de son auteur. Officier d'artillerie, Choderlos de Laclos était bridé dans sa carrière par ses origines d'anobli (donc de "parvenu") et un grand admirateur de Rousseau. Il était également féministe avant la lettre comme Beaumarchais. Tous ces éléments l'ont conduit à jouer un rôle actif dans la Révolution. On lui attribue notamment un rôle clé dans la marche des femmes sur Versailles en octobre 1789, dans la rédaction de la pétition à l'origine de la fusillade du Champ de Mars en 1791 et dans la bataille de Valmy en 1792. Ses opinions fluctuantes (jacobin, il se rallia au bonapartisme comme Noirtier dans "Le Comte de Monte-Cristo") lui valurent son emprisonnement en tant que suspect mais il réussit à être libéré en 1794. Le film est donc autant un portrait de Choderlos de Laclos qu'une adaptation de son roman. L'ensemble dégage beaucoup de théâtralité mais les acteurs sont remarquables, notamment Jean NEGRONI dans le rôle principal, Claude DEGLIAME dans celui de Mme de Merteuil et Jean-Pierre BOUVIER dans celui d'un Valmont plus sombre que dans les versions cinématographiques, véritable prédateur sexuel sans aucune ambiguïté ce qui donne à cette version datée de 1979 des accents modernes. Cécile de Volanges est violée avec pour conséquence une fausse couche montrée dans toute sa crudité et la séduction de Mme de Tourvel relève de la pure vanité sans une once d'amour.
"Etre critique, ce n'est pas donner son avis, c'est se construire comme sujet travers les films que l'on voit" (Emmanuel Burdeau)
"La cinéphilie est moins un rapport au cinéma qu'un rapport au monde à travers le cinéma" (Serge Daney)