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Articles avec #comedie burlesque tag

Sans filtre (Triangle of sadness)

Publié le par Rosalie210

Ruben Östlund (2022)

Sans filtre (Triangle of sadness)

Je n'avais pas eu envie de le voir à sa sortie, ni sur MyCanal. Mais difficile de se faire un avis sur une Palme d'or sans l'avoir vue alors j'ai profité de son passage sur Arte pour me faire une séance de rattrapage. Le film est divisé en trois parties inégales (ce que son titre en VO "Triangle of sadness" suggère d'ailleurs). La première (la note au restaurant) et la dernière (le Koh-Lanta sur l'île) sont trop longues et répétitives car il n'y a pas assez d'idées pour les nourrir. Ou disons que les idées qui sous-tendent ces parties (guerre des sexes et lutte des classes) sont illustrées de façon trop simpliste et désincarnée pour me convaincre. Entre les deux, se trouve cependant un morceau de choix, celui de la croisière qui bénéficie d'une mise en scène burlesque ciselée. La séquence du repas du commandant est un authentique morceau de bravoure qui tire son efficacité comique d'une chorégraphie parfaitement huilée. Dans le seul film de Ruben OSTLUND que j'avais vu avant, "Snow Therapy" (2014) ce que j'avais préféré c'était l'avalanche qui faisait tomber les masques de l'ordre social et familial bourgeois. La tempête de "Triangle of sadness" joue exactement le même rôle. Tel un croisement improbable de "Titanic" (1997) et de M. Creosote dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982) (dont Ruben OSTLUND s'est sûrement inspiré) on y voit un service "so british" tenter de rester imperturbable face aux éléments puis aux organismes des milliardaires qui se déchaînent. Dommage que Ruben OSTLUND ait chargé la barque avec là encore les discours (même avinés) du commandant américain marxiste et du milliardaire russe capitaliste façon "bonnet blanc, blanc bonnet" puis avec une attaque de pirates faisant exploser le bateau. Alors disons qu'il y a du savoir-faire et quelques moments hautement jouissifs mais tout cela est bien clinquant, manque absolument de subtilité et d'humanité et n'a absolument rien de subversif, bien au contraire. Ce n'est pas en utilisant les codes langagiers et culturels des élites, même pour s'en moquer qu'on va renverser la table. Bref ça ne dépasse pas le niveau d'un divertissement sophistiqué et régressif en même temps, au final inoffensif.

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Le Soupirant

Publié le par Rosalie210

Pierre Etaix (1962)

Le Soupirant

"Le Soupirant" est le premier long-métrage de Pierre ETAIX et l'un des plus beaux, avec "Yoyo" (1964). La quintessence du burlesque s'incarne dans le personnage du Pierrot lunaire inventé par Pierre ETAIX. Lunaire au sens propre d'ailleurs puisque sa chambre est recouverte, submergée même par la documentation qui se rapporte aux voyages stellaires. Au-delà du genre burlesque, la lune symbolise les rêveurs inadaptés au monde réel dans nombre de films, des personnages de Leos CARAX à Doc Brown dans "Retour vers le futur III" (1990) en passant par Baptiste dans "Les Enfants du paradis" (1945) disant "c'est mon pays la lune!" Dans "Le Soupirant", Pierre est tellement "dans la lune" qu'il n'entend pas un mot de ce que ses parents tentent de lui dire. L'incommunicabilité au sein de cette famille bourgeoise est d'ailleurs une source de gags désopilants, des bouchons d'oreille insonorisant de Pierre (j'aimerais bien avoir les mêmes!) à la jeune fille au pair qui ne parle pas un mot de français en passant par le subterfuge par lequel le père boit de l'alcool sous le nez de sa femme sans qu'elle ne s'en aperçoive (Pierre ETAIX n'était pas magicien pour rien!) Aussi quand Pierre se lance dans l'entreprise consistant à se trouver une femme, il ne sait évidemment pas s'y prendre et toutes ses tentatives sont un désastre, pour le plus grand plaisir du spectateur car chaque échec est évidemment une source de gags dont l'un des plus réussis repose également sur un tour de passe-passe avec un cigare et un rouge à lèvres. Mais comme Pierre agit non par conviction mais pour faire plaisir à ses parents, il retombe "dans la lune" mais cette fois, elle prend le visage d'une chanteuse inaccessible prénommée "Stella" dont il recouvre sa chambre: une obsession en a remplacé une autre. Pierre parviendra-t-il un jour plutôt que de vouloir décrocher la lune à redescendre sur terre? C'est tout l'enjeu de ce petit bijou de poésie burlesque.

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Zazie dans le métro

Publié le par Rosalie210

Louis Malle (1960)

Zazie dans le métro

J'étais curieuse de voir comment Louis MALLE avait réussi à adapter le roman de Raymond Queneau que j'ai lu pour la première fois cet été. Je pensais que ça allait donner une bouillie à l'écran. Et ce n'est pas totalement faux. Le style burlesque et cartoonesque qui caractérise "Zazie dans le métro" en version cinéma se prête davantage au court-métrage qu'au long-métrage car sur la longueur, l'hystérie générale devient lassante. C'est d'ailleurs pourquoi dans la génération de Louis MALLE, un Jacques TATI ou un Blake EDWARDS utilisaient le format long pour construire leurs gags sur la durée et pour les insérer dans une histoire pas forcément logique mais qui faisait sens. "Zazie dans le métro" au contraire se perd dans une succession de courses-poursuite sans queue ni tête. Le livre l'était aussi mais son objet, c'était le délire langagier qui présidait également aux "Exercices de style". La transposition au cinéma ne peut pas fournir d'équivalent, même si les mots de Queneau sont repris dans les dialogues. Si le début est plutôt séduisant avec un Philippe NOIRET jeune et charismatique et l'insolence lucide de la petite Catherine DEMONGEOT, la succession continue de séquences surréalistes inspirées manifestement du cinéma burlesque muet ou bien de Tex AVERY finit par devenir répétitive, ennuyeuse et le final "tarte à la crème" avec destruction du décor semble assez gratuit. Par contre, la séquence de la tour Eiffel est très bien mise en scène autour des questions gênantes (pour les adultes) de Zazie autour de la "sessualité" et m'a penser à du Jean COCTEAU (et à "Paris qui dort") (1925).

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Tant qu'on a la santé

Publié le par Rosalie210

Pierre Etaix (1965)

Tant qu'on a la santé

"Tant qu'on a la santé" est un long-métrage d'une heure qui se compose d'une suite de quatre courts-métrages d'une durée d'un quart d'heure chacun. C'était un choix délibéré de la part de Pierre ETAIX. il avait voulu s'adapter au mode de diffusion de l'époque. Les films étaient projetés en boucle (comme c'est le cas aujourd'hui dans les expositions) et les spectateurs pouvaient entrer et sortir quand ils le voulaient. Dans ces conditions, il lui a paru moins préjudiciable de diffuser un film composés de segments indépendants qu'un récit continu d'une heure trente comme "Yoyo" (1964) dont le succès avait été mitigé. Par ailleurs, le choix de ce format permet de revenir aux sources du cinéma burlesque.

Après un générique théâtral façon "Les Enfants du paradis" (1945) dans lequel les spectateurs râlent parce que le générique n'est pas au point, défilent successivement "Insomnie", "Le cinématographe", "Tant qu'on a la santé" et "Nous n'irons plus au bois". Le premier et le second jouent sur deux tableaux: celui de l'émetteur (livre et écran) et celui du récepteur (lecteur et spectateur). Le premier est une comédie horrifique où ce qui arrive au lecteur se répercute aussitôt dans le récit qu'il lit, à moins que ce ne soit l'inverse? En tout cas, Pierre ETAIX s'amuse beaucoup avec les codes du film de vampire façon "Nosferatu le vampire" (1922) et "Dracula" (1931). Dans le second, le spectateur qui entre dans la salle subit toutes sortes de mésaventures qui l'empêchent de profiter de la projection. Quand il y arrive enfin, c'est pour assister au défilé des réclames dans lesquelles Pierre ETAIX tire à boulets rouges sur la société de consommation. J'adore en particulier la mécanique comique imparable qui lui permet de démontrer l'inefficacité des produits ménagers! Transition parfaite avec le troisième film qui est une dénonciation humoristique du stress de la vie citadine durant les trente glorieuses: les oreilles et les poumons sont mis à rude épreuve mais tout le monde est incité à garder le sourire! Cette double contrainte tape dans le mille et la bande-son est une fois de plus brillantissime. Enfin le dernier segment joue sur le conflit d'usage entre un chasseur, un agriculteur et un couple de citadins venus pique-niquer à la campagne, chacun marchant sur les plates-bandes des autres.

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Yoyo

Publié le par Rosalie210

Pierre Etaix (1964)

Yoyo

Enfin je découvre le chef-d'oeuvre de Pierre ETAIX dont j'ignorais à peu près tout. Mais le film, un bijou de poésie burlesque suffit à lui seul à faire son portrait. Dès les premières séquences, il se place dans le sillage de Jacques TATI dont il a été l'assistant. On reconnaît un héritage commun aux deux hommes dans l'utilisation des bruitages dans la première partie muette et dans la critique burlesque de la société des trente glorieuses dans la seconde partie. Yoyo ou Hulot sont les avatars français des années 60 des Charlot, Malec, Frigo ou Harold du slapstick américain muet (auxquels on peut rajouter ceux du parlant: Laurel et Hardy, les Marx Brothers, Groucho étant d'ailleurs cité à plusieurs reprises) mais il y a spécifiquement dans Yoyo une touche d'élégance aristocratique qui rappelle fortement Max LINDER qui fut leur ancêtre à tous. Cette prouesse d'avoir réussi à créer un personnage-somme qui réunit tous ceux qui l'ont précédé s'accompagne d'un croisement fécond avec sa passion du cirque qui tout autant que son talent de dessinateur le rapproche de Federico FELLINI. "Yoyo" a été réalisé avant "Les Clowns" (1971) auquel il a participé mais dans un passage du film, la troupe de Yoyo arrive dans un lieu où figure une affiche annonçant le spectacle de Zampano et de Gelsomina alias les personnages de "La Strada" (1954). Mais la spécificité de "Yoyo" par rapport à tous ces modèles revendiqués est de s'inscrire dans les événements de la grande histoire sur deux générations, des années vingt aux trente glorieuses. Ainsi que de construire le père et le fils sur une contradiction qui structure tout le film. Contradiction entre la vie de châtelain et celle de saltimbanque, entre nomadisme et sédentarité, entre responsabilités et libertés. Les allers-retours d'un pôle à l'autre de ces deux choix de vie opposés relèvent d'un dilemme très humain que l'on retrouve aussi bien dans le western que dans le road-movie sans parler d'un gag d'effeuillage de chaussure qui semble tout droit sorti de "Gilda" (1945)!

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Bugsy Malone

Publié le par Rosalie210

Alan Parker (1976)

Bugsy Malone

Le concept du premier film de Alan PARKER est génial: faire jouer les juniors dans la cour des grands. Enfin presque, car pour revêtir les habits des films de gangsters de l'entre-deux-guerres tels que "Le Petit Cesar" (1930) ou "Scarface" (1931), il a fallu faire quelques adaptations. Les bootleggers et speakeasy trafiquent et servent des sirops "on the rocks", les automobiles sont des voiturettes à pédale impeccablement customisées, les armes sont celles du cinéma burlesque: tartes à la crème pour le gang de Fat Sam et lanceurs de petits suisse maquillés en mitraillettes pour celui de Dan le Dandy. L'acquisition de ces armes plus élaborées est d'ailleurs l'objectif du gang de Fat Sam. Les garçons jouent les truands, les flics ou les artistes de speakeasy et les filles sont danseuses ou chanteuses. Tout ce petit monde est plus vrai que nature dans un univers classieux reconstitué à la perfection, au point que si ce n'étaient les visages juvéniles et les tailles miniature, l'illusion serait parfaite. Le résultat est délicieusement parodique, le sexe et la violence étant ramenés à un jeu d'enfants dans lequel il s'agit d'être le plus fort ou la plus belle. L'aspect burlesque du film nous ramène à l'époque du muet (on voit d'ailleurs le tournage d'un film selon les techniques de cette époque tout à fait comme dans "Babylon") (2021) mais aussi à Billy WILDER et à "Certains l'aiment chaud" (1959) ou encore à Blake EDWARDS (plus particulièrement à la séquence tarte à la crème de "La Grande course autour du monde") (1965). Quant à l'aspect comédie musicale, elle évoque le futur "Cotton Club" (1984). La BO de Paul WILLIAMS ("Phantom of the Paradise") (1974) est somptueuse et addictive. Enfin si la plupart des enfants-acteurs sont ensuite retournés à l'anonymat, Jodie FOSTER âgée de 13 ans brille dans l'un des rôles principaux, l'année même où elle deviendra une star avec "Taxi Driver". (1976)

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La Princesse aux Huîtres (Die Austernprinzessin)

Publié le par Rosalie210

Ernst Lubitsch (1919)

La Princesse aux Huîtres (Die Austernprinzessin)

Brillant! On s'attend à un film de jeunesse de Ernst LUBITSCH compte tenu de la date de sa réalisation (1919 soit dans l'après première guerre mondiale bien que sa tonalité annonce déjà les années folles) et on se retrouve face à un petit bijou satirique et burlesque qui témoigne d'une maîtrise parfaite de l'outil cinéma. "La princesse aux huîtres" aurait pu s'appeler "la folle journée" bien que le film évoque davantage Marivaux que Beaumarchais. Encore que l'épidémie de Fox-Trot qui met sans dessus-dessous la hiérarchie sociale évoque aussi le deuxième. Sur le plan chorégraphique et rythmique, le film est une merveille d'horlogerie suisse (bien que Ernst LUBITSCH soit allemand ^^). On voit une armée de domestiques se démener tel un corps de ballet pour servir le roi des huîtres et sa capricieuse fille Ossi qui piquée au vif par le mariage d'une concurrente avec un lord (la fille du roi du cirage, cela sent la parodie des magnats américains de l'acier et du pétrole à plein nez!) veut convoler sur-le-champ en justes noces avec un prince. Sinon, elle casse tout sous le regard indifférent de son père que rien n'impressionne. Mais le promis, non content d'être criblé de dettes, envoie son homme de main jouer son rôle sans savoir qu'il va lui aussi finir par se retrouver embarqué dans la danse. Car le film de Ernst LUBITSCH, concentré d'énergie pousse la science du dérèglement à son paroxysme tout en la maîtrisant parfaitement. Les personnages semblent montés sur ressorts et se déplacent avec une grâce folle, tourbillonnant au son d'un orchestre hystérique (mené par Curt BOIS alors tout jeune, lui que j'ai découvert sous les traits d'un vieillard dans "Les Ailes du desir") (1987). Même sans musique, les personnages semblent se déplacer selon un canevas chorégraphié, que ce soit en cercle ou en ligne, seuls, en duo ou au sein d'un groupe. Sans parler de l'alcool qui coule à flots et n'est pas pour rien dans le vaste délire collectif qui nous est donné à voir (alcool et peut-être plus mais on n'en saura rien). Délire alimenté par des quiproquos menant tout droit à la chambre à coucher. Car on reconnaît la Lubitsch touch, mélange d'élégance et de grivoiserie à ces plans suggérant une caméra qui regarde par le trou de la serrure ce qu'il se passe dans le lit d'Ossi. Car c'est la seule chose qui finalement intéresse son blasé de père. Un film qui donne la pêche et met de bonne humeur!

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Tombe les filles et tais-toi (Play it again, Sam)

Publié le par Rosalie210

Herbert Ross (1972)

Tombe les filles et tais-toi (Play it again, Sam)

Pris isolément, j'ai trouvé que "Tombe les filles et tais-toi" avait plutôt mal vieilli. L'aspect théâtral sans doute puisque le film (réalisé par Herbert ROSS) est l'adaptation de la pièce de Woody ALLEN, "Play it again, Sam" (1972). Mais aussi le jeu burlesque de Woody ALLEN, tellement outrancier qu'il n'en est même plus drôle. Ou alors ce sont les filles qu'on lui présente qui sont inexistantes, en tout cas il manque quelque chose pour que la sauce prenne. Sauf évidemment quand il est mis en présence de Diane KEATON. Leur duo est une évidence et tous les passages où ils jouent ensemble préfigurent "Annie Hall" (1977) d'autant que Diane KEATON y arbore le même look. Car si on remet le film dans le contexte de la filmographie de Woody ALLEN, on réalise combien celui-ci est un brouillon de ses futurs chefs-d'oeuvre. Sa cinéphilie irrigue tout le film au même niveau que ses névroses. Le titre est un hommage à "Casablanca" (1942), l'archétype du cinéma de l'âge d'or hollywoodien. L'introduction où Allan Felix (le personnage de fiction joué par Woody ALLEN) regarde fasciné la scène finale du film de Michael CURTIZ au cinéma, avant que Humphrey BOGART ne s'incarne à ses côtés pour lui donner des conseils de drague rappelle forcément "La Rose pourpre du Caire" (1985), seuls les genres y sont différents. Et le final où la réalité rejoint la fiction, Woody ALLEN et Diane KEATON endossant les rôles de Humphrey BOGART et Ingrid BERGMAN à l'aéroport revient dans "Meurtre mysterieux a Manhattan" (1992), à ceci près que les deux acteurs sont dans le final d'un autre film de l'âge d'or des studios hollywoodien à l'ambiance exotique, "La Dame de Shanghai" (1947) de Orson WELLES.

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Toni Erdmann

Publié le par Rosalie210

Maren Ade (2016)

Toni Erdmann

Etonnant, ce Toni Erdmann qui évolue entre mélancolie quasi-dépressive et soudaines embardées burlesques totalement jouissives. Un burlesque qui m'a rappelé par certains côtés celui des frères Marx en raison de leur capacité à subvertir les rôles sociaux en démasquant par là-même leur vacuité. Dans le rôle du bouffon, un sacré personnage, Winfried (Peter SIMONISCHEK) qui dès la première séquence mystifie le facteur et le spectateur avec un récit farfelu et un dédoublement de personnalité. Par la suite, découvrant le mal-être de sa fille qui s'est enfermée dans un rôle d'exécutive woman chargée de préparer des plans de restructuration en Roumanie, il décide de surgir à l'improviste dans des déguisements désopilants pour l'entraîner dans des dialogues et des situations absurdes. Dans le rôle de Ines, Sandra HULLER excelle à traduire toute l'ambivalence de son personnage de freak control désincarné qui tente de mettre son père à distance tant elle en a honte mais s'effondre quand il fait semblant de partir. Ce double mouvement contradictoire donne tout son sel aux scènes où il la place dans des situations embarrassantes mais qui finissent par produire de petites (le rire) puis de grandes étincelles de complicité (le chant). A l'univers métallique, inhumain et hors-sol de l'entreprise auquel appartient Ines répondent les aventures incarnées que lui fait vivre Winfried qui noue le contact avec les roumains et entre dans leurs maisons. Jusqu'à la scène de l'anniversaire où Ines improvise son propre scénario et se libère littéralement d'une robe -d'une peau- dans laquelle elle était trop engoncée sous l'oeil bienveillant d'un énorme yéti. En dépit d'une durée trop longue qui se ressent par des baisses de rythme, le film par sa prise de recul salutaire interroge et bouscule nos perceptions et nos valeurs.

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Laurel et Hardy conscrits (The Flying Deuces)

Publié le par Rosalie210

A. Edward SUTHERLAND (1939)

Laurel et Hardy conscrits (The Flying Deuces)

je ne rate jamais l'occasion de regarder un Laurel et Hardy quand Arte en propose, souvent au moment des fêtes de noël. Disons-le tout net, "Laurel et Hardy conscrits" est surtout une curiosité. Un film pas drôle car pâtissant d'une réalisation très plate là où le burlesque pour fonctionner a besoin de rythme, un scénario famélique, des gags répétitifs et éculés qui tombent souvent à plat eux aussi. Les une heure et des poussières que dure le film semblent bien longuettes. Pourtant celui-ci n'est pas complètement dénué d'intérêt. Si question comique, on est aux fraises, le thème récurrent de la séparation et de la mort du duo intrigue et finit par jeter un voile de mélancolie sur l'ensemble. Dès le début de l'histoire, Hardy veut se marier ce qui sous-entend de quitter son ami. Apprenant que la jeune fille est déjà prise, il veut se suicider. Par la suite, les deux amis sont condamnés à mort et lors de leur évasion rocambolesque, ont un accident d'avion qui s'avère fatal à Hardy. Laurel se retrouve alors lors d'un plan saisissant seul avec son baluchon, vagabond solitaire comme celui de Charles CHAPLIN. Même si une pirouette finale surréaliste remet le film sur les rails du cartoon plutôt que du réalisme, cet hommage n'est certainement pas fortuit. Car plus tôt dans le récit, Laurel rend un autre hommage à un acteur burlesque qui se métamorphosait en artiste lyrique et mélancolique à l'intérieur de ses films: Harpo MARX, transformant son lit en harpe et reprenant à l'identique ses gestes lorsqu'il en jouait. Enfin comment interpréter la petite phrase que Hardy prononce au début du film et qui était prononcée par Greta GARBO dans "Grand hotel" (1931): "I want to be alone"?

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