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Articles avec #aventure tag

La flûte enchantée (The Magic Flute - Das Vermächtnis der Zauberflöte)

Publié le par Rosalie210

Florian Sigl (2022)

La flûte enchantée (The Magic Flute - Das Vermächtnis der Zauberflöte)

Après la version suédoise de Ingmar BERGMAN et celle, britannique de Kenneth BRANAGH, voici une nouvelle adaptation à la sauce blockbuster US du dernier opéra de Mozart. En effet bien que le réalisateur soit allemand, le vrai maître d'oeuvre est le producteur Roland EMMERICH. Les références sont transparentes: un univers copié sur celui de Harry Potter avec un train pour rejoindre une école sélect au milieu des montagnes et un portail vers un monde magique, un héros au nom, Tim Walker qui résonne comme un certain Luke Skywalker, un directeur d'école qui est joué par F. Murray ABRAHAM alias Salieri dans le chef d'oeuvre que Milos FORMAN a consacré à Mozart etc. L'objectif est clairement de toucher les jeunes générations tout en recherchant l'approbation des parents. Le résultat n'est pas désagréable mais il donne quand même l'impression d'un collage entre deux histoires qui n'ont guère de rapport l'une avec l'autre. D'un côté un teen movie tout ce qu'il y a de plus convenu (le directeur peau de vache, le bon copain, la brute de service, la jolie fille prédestinée à devenir la petite amie...), de l'autre, l'opéra de Mozart en version diluée et abrégée forcément dont on peine à saisir la teneur ésotérique et le message progressiste. La franc-maçonnerie est évoquée mais bien peu exploitée (hormis autour de la symbolique du chiffre 3). Ce qui n'arrange rien dans la version que Arte propose, c'est que le film n'existe qu'en version française avec des textes chantés en français (ou en anglais). La version allemande n'est en effet pas sous-titrée. Anecdotique.

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Rio Lobo

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1970)

Rio Lobo

Arte a eu bien raison de programmer le dernier film de Howard HAWKS pour les fêtes de fin d'année. "Rio Lobo" est le mal-aimé de la trilogie de westerns en couleur que le réalisateur a tourné avec John WAYNE et a souffert de la comparaison avec "El Dorado" (1965) et surtout "Rio Bravo" (1959), sommet du western et de la filmographie de Howard HAWKS. Pourtant, le plaisir est là. Celui de se lover dans un univers familier et chaleureux dont "Rio Lobo" offre une déclinaison peut-être en mode mineur mais savoureuse en compagnie du Duke, certes vieillissant et bedonnant mais qui fait office comme le dit l'un des personnages féminins du film (il y en a trois!) d'excellente "bouillotte". Ce n'est pas le seul trait d'auto-dérision qui nous régale, outre le qualificatif de "bébé baleine" relatif à son embonpoint il doit subir également un charcutage chez le dentiste parce qu'il serait un "trop mauvais acteur" (une façon intelligente de répondre à ses détracteurs). A ses côtés, l'ami fidèle et ancien adversaire (Jorge RIVERO), son jeune adjoint (joué par le fils de Robert MITCHUM) et un vieux briscard pittoresque râleur et amateur d'alcool. Non plus Walter BRENNAN mais Jack ELAM dont la gueule mal rasée et l'oeil à moitié fermé est resté célèbre pour l'ouverture de "Il était une fois dans l'Ouest" (1968). A ce "men's club" hétéroclite et retranché devant se défendre contre des ennemis plus nombreux et plus forts, il faut ajouter les trois jeunes femmes du film, au physique trop mannequin pour s'intégrer harmonieusement dans le western mais qui sont partie prenante du récit, maniant la gâchette et prenant les coups au lieu de regarder passer les trains. Il y a quelques longueurs mais aussi d'excellents morceaux de bravoure comme l'attaque du train par les sudistes au début du film. "Rio Lobo" a beau restituer toute la saveur de l'univers hawksien, le magnifique générique mélancolique à la guitare sèche nous rappelle que c'est son film-testament, son chant du cygne.

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De grandes espérances (Great Expectations)

Publié le par Rosalie210

Brian Kirk (2011)

De grandes espérances (Great Expectations)

C'est noël et ses nombreux rituels. Parmi ceux que j'aime, la diffusion de séries de la BBC adaptées de classique de la littérature et toujours gage de qualité. La preuve encore avec "Les Grandes espérances" de Charles Dickens déclinées sur trois épisodes de 54 minutes chacun. L'emballage est particulièrement soigné avec une attention toute particulière aux décors, costumes et maquillages de Miss Havisham (Gillian ANDERSON) et de son château qui tombe réellement en poussière au fil des épisodes. Il moisit, pourrit sur pied tout en dégageant un certain charme gothique et macabre, noyé dans la brume comme le veut le roman original. Le noircissement de la robe de mariée que porte perpétuellement Miss Havisham et sa mise de plus en plus négligée la font passer du statut de reine des neiges un peu givrée à celui de zombie. Ce personnage et ce lieu, centre de gravité du film a d'ailleurs sans nul doute inspiré le très beau générique où l'on assiste à l'éclosion d'un papillon blanc qui s'obscurcit jusqu'au noir intégral. L'autre aspect très réussi de la série est son scénario qui met l'accent sur les problèmes identitaires des personnages et leurs obscures filiations. A commencer par Pip (Douglas BOOTH), balloté entre deux mondes et qui en aspirant à rejoindre la haute par amour pour une étoile inaccessible risque de se brûler les ailes. Cela peut également être un autre sens du papillon noir qui se serait calciné au contact de Miss Havisham et de sa protégée, Estella (Vanessa KIRBY). Un coeur aveuglé par la honte sociale et donc injuste. Mais Estella, manipulée depuis l'enfance par une marâtre qui l'utilise comme un outil de vengeance n'est pas mieux lotie: elle se retrouve prisonnière dans une cage aux fauves qui menace de la dévorer. Au passage, je souligne l'élégance de la mise en scène à ce moment-là qui déplace la violence sur un cheval (tout en la suggérant pour sa maîtresse) et fait de celui-ci le protagoniste de la délivrance de l'héroïne. La nature est en effet montrée comme salvatrice face à une société toxique: l'une des scènes les plus inspirées de la série montrent Pip et Estella s'embrasser au milieu d'une rivière, les gambettes en contact avec l'eau et le sol. La plupart des seconds rôles sont soignés même si quelques uns sont un peu survolés. Petit bémol sur l'interprétation de Douglas BOOTH, un peu lisse.

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Sans filtre (Triangle of sadness)

Publié le par Rosalie210

Ruben Östlund (2022)

Sans filtre (Triangle of sadness)

Je n'avais pas eu envie de le voir à sa sortie, ni sur MyCanal. Mais difficile de se faire un avis sur une Palme d'or sans l'avoir vue alors j'ai profité de son passage sur Arte pour me faire une séance de rattrapage. Le film est divisé en trois parties inégales (ce que son titre en VO "Triangle of sadness" suggère d'ailleurs). La première (la note au restaurant) et la dernière (le Koh-Lanta sur l'île) sont trop longues et répétitives car il n'y a pas assez d'idées pour les nourrir. Ou disons que les idées qui sous-tendent ces parties (guerre des sexes et lutte des classes) sont illustrées de façon trop simpliste et désincarnée pour me convaincre. Entre les deux, se trouve cependant un morceau de choix, celui de la croisière qui bénéficie d'une mise en scène burlesque ciselée. La séquence du repas du commandant est un authentique morceau de bravoure qui tire son efficacité comique d'une chorégraphie parfaitement huilée. Dans le seul film de Ruben OSTLUND que j'avais vu avant, "Snow Therapy" (2014) ce que j'avais préféré c'était l'avalanche qui faisait tomber les masques de l'ordre social et familial bourgeois. La tempête de "Triangle of sadness" joue exactement le même rôle. Tel un croisement improbable de "Titanic" (1997) et de M. Creosote dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982) (dont Ruben OSTLUND s'est sûrement inspiré) on y voit un service "so british" tenter de rester imperturbable face aux éléments puis aux organismes des milliardaires qui se déchaînent. Dommage que Ruben OSTLUND ait chargé la barque avec là encore les discours (même avinés) du commandant américain marxiste et du milliardaire russe capitaliste façon "bonnet blanc, blanc bonnet" puis avec une attaque de pirates faisant exploser le bateau. Alors disons qu'il y a du savoir-faire et quelques moments hautement jouissifs mais tout cela est bien clinquant, manque absolument de subtilité et d'humanité et n'a absolument rien de subversif, bien au contraire. Ce n'est pas en utilisant les codes langagiers et culturels des élites, même pour s'en moquer qu'on va renverser la table. Bref ça ne dépasse pas le niveau d'un divertissement sophistiqué et régressif en même temps, au final inoffensif.

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La Chimère (La Chimera)

Publié le par Rosalie210

Alice Rohrwacher (2023)

La Chimère (La Chimera)

J'ai beaucoup aimé ce film qui est le premier que je regarde de Alice ROHRWACHER. Le personnage principal, Arthur (Josh O'CONNOR) avec son air désemparé et ses incongrus vêtements blancs (alors qu'il passe beaucoup de temps sous terre) semble ne pas appartenir à ce monde. De fait il y a un décalage énorme entre ses dons surnaturels lui permettant de mettre au jour des trésors archéologiques dans son village situé au bord de la mer Tyrrhénienne et son statut de paria condamné à la marginalité et à l'exclusion. Son désarroi face à la cupidité de ses semblables qui n'hésitent pas à vandaliser les oeuvres pour mieux les voler alors que lui aime juste les admirer en fait une figure sacrificielle qui arrive au bout d'une chaîne d'exploitation. Mais le film de Alice ROHRWACHER s'il contient une part de critique sociale est en même temps poétique, joyeux, coloré, rempli de personnages pittoresques. Il est impossible de ne pas penser à l'univers de Federico FELLINI, plus précisément celui des oisifs de province de "Les Vitelloni" (1953) et celui des arnaqueurs de "Il Bidone" (1955) creusant de fausses tombes avec des trésors de pacotille pour abuser les villageois. On peut aussi y voir l'influence de Pier Paolo PASOLINI, Arthur (qui est joué par un anglais et défini comme tel) faisant penser à l'ange joué par Terence STAMP dans "Theoreme" (1968). De même que l'ouverture des tombes fait ressurgir le passé étrusque de l'Italie, l'âge d'or du cinéma italien s'invite aussi au travers de la présence de Isabella ROSSELLINI dans le rôle d'une matriarche mystérieuse. Tout aussi mystérieuse, sa fille disparue apparaît dans les rêves de Arthur qui parvient à la rejoindre. Dans quel monde? La est toute la question.

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Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles)

Publié le par Rosalie210

Terence Fisher (1959)

Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles)

Tout ce que je connais de la Hammer, c'est un extrait de l'un de ses "Dracula" avec Christopher LEE. Quant à Peter CUSHING il est pour moi associé à l'épisode 4 de Star Wars (et à "Rogue One: A Star Wars Story" (2016) où il est ressuscité par la grâce des effets spéciaux), question de génération. Je ne suis pas non plus une spécialiste de l'univers de Sherlock Holmes, que ce soient les romans ou leurs adaptations. Je ne connais que le film de Billy WILDER dans lequel Christopher LEE jouait Mycroft, le frère de Sherlock et la série transposant le mythe dans un univers contemporain. Ce qui m'a frappé donc dans cette adaptation, c'est d'abord son style gothique flamboyant. Les couleurs, la lumière, l'atmosphère, les costumes m'ont fait immédiatement penser à "Les Contrebandiers de Moonfleet" (1955) qui lui est contemporain. Un style repris de nos jours par Tim BURTON: lande désolée nageant dans le brouillard, manoir lugubre, pleine lune, hurlements lointains, éclairs et tonnerre, ruines etc. C'est pourquoi la version du célèbre roman de Conan Doyle par Terence FISHER fait moins penser à un polar qu'à une aventure fantastique, cousine britannique des films américains de Roger CORMAN. D'ailleurs, les deux réalisateurs ont également dirigé des acteurs indissociables du genre: Vincent PRICE pour Roger CORMAN, Christopher LEE associé à Peter CUSHING pour Terence FISHER. Encore que dans "Le chien des Baskerville" le premier ne joue pas le rôle d'un monstre mais du dernier descendant légitime d'une famille en proie à une malédiction. C'est elle que combat Sherlock, joué par un Peter CUSHING qui impressionne avec son visage émacié et son regard presque dément. Le tout s'accorde avec une mise en scène représentant la violence de manière stylisée mais hautement suggestive: la scène de la tarentule, jouant sur l'effet de suspense est encore aujourd'hui assez éprouvante à regarder (sauf si on aime ces araignées), de même la scène d'ouverture impressionne par la brutalité des rapports de classe et de genre.

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Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau

Publié le par Rosalie210

Gints Zilbalodis (2024)

Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau

Hayao MIYAZAKI n'en finit pas de faire des petits. En témoigne ce très beau film qui s'inspire de ses oeuvres post-apocalyptiques et plus précisément de sa série "Conan, le fils du futur" (1978). Autre inspiration majeure, celle de Alfonso CUARON, notamment dans l'art de faire monter la tension à l'intérieur de plans-séquence. Enfin, l'influence du jeu vidéo est manifeste dans le caractère immersif du film avec une caméra qui rase le sol dans les courses-poursuite, plonge avec le chat ou vole avec les oiseaux. Cependant, les choix de Gints ZILBALODIS sont bien plus radicaux que ceux dont on a l'habitude dans ce type de récit. C'est à une expérience de désanthropisation qu'il nous convie, tant sur la forme que dans le fond. Non seulement les hommes sont totalement absents du film, sinon par les traces qu'ils ont laissé mais celui-ci refuse toute forme d'anthropomorphisme et est donc dépourvu de dialogues. Les héros de l'histoire sont des animaux au comportement réaliste qui tentent de survivre à une brusque montée des eaux, thème d'une brûlante actualité. Le film raconte ainsi la cohabitation forcée à bord d'une barque de fortune entre un chat solitaire, un capybara paresseux, un lémurien collectionneur d'objets qui brillent, un chien labrador séparé de sa meute et un échassier estropié et rejeté par les siens. Leur périple, semé d'embûches suscite des émotions mélangées. La nature est dépeinte comme à la fois merveilleuse et terrifiante, notamment dans l'imprévisibilité et la puissance dévastatrice de ses manifestations alors que l'anthropocène en ruines continue à marquer les paysages et invite à la contemplation et à la rêverie. Quant aux animaux, ils doivent s'adapter pour survivre c'est à dire apprendre à vivre ensemble alors qu'ils appartiennent à des espèces différentes (ce qui remet en question les idées reçues sur la prétendue "loi de la jungle" au profit d'une solidarité qui n'est pas sans rappeler l'arche de Noé), acquérir des compétences pour conduire le bateau et apprivoiser leur environnement ce qui renvoie au titre du film. On remarque également que le réalisateur a voulu effacer les repères spatiaux-temporels. Les ruines, monumentales, sont difficilement datables (on pense autant à l'antiquité grecque qu'à des temples asiatiques) et les animaux viennent d'horizons divers.

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L'Aventure, c'est l'aventure

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1972)

L'Aventure, c'est l'aventure

Tout d'abord, une remarque: j'ignorais que Claude LELOUCH avait réalisé une multitude de scopitones dans les années 60. Cela explique la présence de Johnny HALLYDAY dans "L'aventure, c'est l'aventure" (assez méconnaissable pour moi qui ne l'ai connu que vieux) comme celle de Gilbert BECAUD dans "Toute une vie" (1974) avec des passages chantés un peu ringards. Par ailleurs, "L'aventure, c'est l'aventure" est un étrange film qui aurait pu s'appeler pour citer le personnage de Charles DENNER "la clarté dans la confusion". Le scénario est complètement foutraque, ça part dans tous les sens, la deuxième partie du film est laborieuse malgré le rebondissement final. Film de gangsters décalé, parodique, "l'aventure, c'est l'aventure" est un buddy movie humoristique façon "Tintin chez les Picaros", "frères Dalton" ou "pieds nickelés" avec un fort accent burlesque voire cartoon. D'ailleurs le film, devenu culte a été lui-même adapté en BD. Une scène qui l'illustre parfaitement est celle où les flics interrogent le personnage de Lino VENTURA à l'entrée d'un aéroport. On pense à l'expression de Henri Bergson à propos du rire quand on le voit répéter les mêmes gestes (reprendre sa serviette, claquer la porte de la voiture) avec une précision toute mécanique. Et ce jusqu'à ce que la une d'un journal vienne lui clouer le bec. Mais évidemment la scène la plus célèbre du film est celle de la plage, quand les cinq hommes se pavanent devant de jolies filles avec des attitudes ridicules calquées sur la démarche de dragueur de Aldo MACCIONE (à qui j'ai trouvé des airs de Robert De NIRO). Bref c'est un film d'acteurs un peu trop léger et désinvolte en dépit de moments vraiment amusants et réussis.

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Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Publié le par Rosalie210

John Sturges  (1960)

Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Je n'avais jamais vu "Les sept mercenaires", contrairement au film original, "Les 7 samourais" (1954) de Akira KUROSAWA, grand pourvoyeur de scénarios de blockbusters américains malgré lui*. J'ai trouvé le film historiquement instructif, car Eli WALLACH, Charles BRONSON et James COBURN s'illustreront quelques années plus tard dans les westerns novateurs de Sergio LEONE** qui les feront tous trois passer à la postérité. Cela fait d'autant plus ressortir les conventions du film de John STURGES, non réaliste au possible. Beaucoup ont ironisé sur les invraisemblances du scénario, notamment le fait que le chef des brigands raccompagne gentiment les mercenaires jusqu'à la sortie du village où il leur rend leurs armes, mais on peut en dire autant des trois enfants mexicains qui accompagnent Bernardo (le personnage de Charles BRONSON) sur les lieux des fusillades sans récolter une seule égratignure ou encore de la grotesque infiltration de Chico (d'autant que l'acteur, Horst BUCHHOLZ brille plus pour sa belle gueule que pour sa finesse de jeu) dans le camp des bandits qui finissent par ne plus être pris au sérieux. Cette théâtralisation outrancière des enjeux est complètement assumée ce que souligne également le choix de parer les villageois de vêtements d'un blanc éclatant en plein Far West, sans parler des ponchos pimpants, des barbes bien taillées ou des visages imberbes à des années lumières de la crasse et de la sueur des trognes des films de Sergio LEONE.

"Les sept mercenaires", est donc un film efficace, qui bénéficie d'un casting de haut vol (en plus des trois futurs acteurs "léoniens", les deux chefs de bande joués par Yul BRYNNER et Steve McQUEEN sont fort charismatiques) et d'une musique accrocheuse mais dont le résultat est plutôt lisse et convenu. S'y ébauche une réflexion existentielle intéressante sur le statut du "poor lonesome cowboy" sans racines ni attaches mais la réponse apportée à la fin du film est également on ne peut plus conventionnelle (se fixer, se marier etc.)


* Pour rappel, Georges LUCAS a avoué s'être fortement inspiré de "La Forteresse cachee" (1958) pour l'épisode IV de sa saga intergalactique.

** Dont le premier western, "Pour une poignee de dollars" (1964) est lui-même inspiré d'un film de Akira KUROSAWA, "Yojimbo" (1960).

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La Divine Croisière

Publié le par Rosalie210

Julien Duvivier (1928)

La Divine Croisière

Comme tant d'autres films muets, "La Divine Croisière" fut considéré comme perdu durant des décennies et amputé quasiment de moitié après une première jugée désastreuse. Cependant une copie quasi-complète du film parvint jusqu'à nous. Puissant et déconcertant à la fois, "La Divine Croisière" est un film inclassable qui évoque le cinéma de Fritz LANG, Frank BORZAGE, Sergei EISENSTEIN, Abel GANCE ou encore Ingmar BERGMAN bien plus que celui de son réalisateur, Julien DUVIVIER. C'est peut-être l'envie d'expérimenter qui l'a poussé sur cette voie inhabituelle et hybride tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, l'aspect documentaire, celui de la vie et des rites d'un petit village breton côtoie des fulgurances quasi fantastiques et des emballements (celui des éléments et des foules) alternant rapidement plans d'ensembles et gros plans, comme dans "Le Cuirasse Potemkine" (1925). Sur le fond, on est au croisement du réalisme social avec au centre du récit un conflit entre un armateur et ses employés, du film de mutinerie, de la robinsonnade et enfin du surnaturel à connotation religieuse. Cette hybridité se retrouve jusque dans l'attelage hétéroclite parti à la rescousse de l'équipage de la Cordillière porté disparu. A bord du "Maris Stella" ("L'Etoile des mers"), on retrouve outre les marins, un curé, un petit garçon embarqué clandestinement et une femme, Simone Ferjac, guidé comme Jeanne d'Arc par une apparition divine. A l'opposé de cette équipée mystique, l'équipage de la Cordillière a perdu le nord en se laissant entraîner par une crapule, Mareuil qui a neutralisé le capitaine, Jacques de Saint-Ermont, lequel n'est autre que celui que Simone aime: amour et foi se mêlent comme chez Frank BORZAGE pour faire des miracles! L'ambiance fiévreuse du film tient en haleine et procure son lot de moments forts tels que le meurtre commis par Mareuil, l'assaut de la demeure de l'armateur par les gens du village, la fiesta alcoolisée sur le pont qui aboutit au naufrage, l'incendie sur l'île déserte ou encore l'enlisement de Mareuil dans les sables mouvants. Un film aussi puissant et habité qu'une toile du Caravage.

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