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Articles avec #documentaire tag

John Cassavetes par Thierry Jousse

Publié le par Rosalie210

Camille Clavel (2024)

John Cassavetes par Thierry Jousse

Documentaire brillant sur le cinéma de John CASSAVETES par Thierry JOUSSE. Pour mémoire, cet ancien rédacteur en chef de "Les Cahiers du cinéma" et grand mélomane a consacré un ouvrage de référence à John CASSAVETES et une émission de la série "Blow up" sur Arte. Il est reçu dans une salle de montage par Camille CLAVEL et tous deux évoquent six films de John CASSAVETES soit la moitié de sa filmographie: "Une femme sous influence" (1974), "Shadows" (1958), "Faces" (1968), "Meurtre d'un bookmaker chinois" (1976), "Gloria" (1980) et "Love Streams - Torrents d'amour" (1983). Mon seul regret n'est pas celui que déplore Jacques MORICE dans Télérama, à savoir l'absence d'extraits, remplacés par des photogrammes mais le fait que le film ne dure pas plus longtemps ce qui aurait permis de rajouter deux ou trois analyses supplémentaires, notamment de "Minnie and Moskowitz" (1971) "Husbands" (1970) et "Opening Night" (1977) qui manquent à l'appel. Mais tel quel, le documentaire est déjà passionnant, c'est bien simple, au bout de cinq minutes, je m'étais emparée d'un carnet et je prenais des notes tellement ce que dit Thierry JOUSSE résonne avec ma propre expérience du cinéma de John CASSAVETES. A commencer par cette "nudité existentielle" qu'il parvenait à obtenir en filmant ses acteurs en gros plan et qui transperçait l'écran, et ce dès "Shadows" (1958). Le seul cinéaste qui m'a procuré des émotions comparables avec ses "visages-paysages", c'est Chris MARKER dans "La Jetee" (1963). Autre aspect majeur de ses films bien évoqué qui les ont toujours rendus haletants à mes yeux (je me souviens encore de mes doigts crispés sur le siège de la salle qui projetait "Opening Night") (1977), c'est la manière dont il filme en plan-séquence des scènes qui semblent prises en temps réel et dont il est impossible de deviner à l'avance quelle tournure elles vont prendre, même s'il y introduit dedans souvent un malaise laissant entendre que cela peut dégénérer. Enfin, à partir de "Meurtre d'un bookmaker chinois" (1976), il introduit dans son cinéma une dimension irréelle, fantomatique (celui de Myrtle jeune, celui de Gloria etc.) qui exprime ce qu'il se passe dans la tête de ses personnages, de même qu'il parvient grâce à la sensualité de son cinéma à faire ressentir la circulation d'affects pourtant invisibles. Quant à Gena ROWLANDS lorsqu'il dit qu'elle se situe au-delà du jeu, qu'elle n'imite personne alors que le rôle de Mabel se prêterait à la performance, cela m'a fait sourire tant cela me paraît être une évidence. Et c'est pourquoi tant d'actrices qui ont tenté justement de l'imiter s'y sont cassé les dents.

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Sandra Hüller-Anatomie d'une anti-star (Sandra Hüllers Geheimnis)

Publié le par Rosalie210

Antje Harries (2025)

Sandra Hüller-Anatomie d'une anti-star (Sandra Hüllers Geheimnis)

Sandra HULLER s'est fait connaître à l'international avec "Toni Erdmann" (2016) et a reçu la consécration avec "Anatomie d'une chute" (2022) et "La Zone d'interet" (2021) tous deux multi-primés à Cannes, aux César et aux Oscar. En France, elle est l'actrice allemande en activité la plus connue et la première depuis Romy SCHNEIDER à avoir reçu le César de la meilleure actrice. Pourtant on sait finalement peu de choses sur elle. Ce documentaire de facture très classique a le mérite de nous en apprendre plus. On y découvre notamment qu'elle a grandi en RDA (elle avait 11 ans lors de la chute du mur) ce qui explique son attitude détachée pour ne pas dire son désintérêt vis à vis du star-system et des valeurs qui l'accompagnent (individualisme, compétition, culte de la célébrité). Autre aspect intéressant du film, il évoque longuement sa carrière théâtrale, son milieu naturel qui est plus proche de sa manière d'envisager son métier. Nombre de grands acteurs allemands ayant brillé dans le cinéma d'auteur venaient du théâtre et il apparaît que celui-ci est à la source de la puissance de son jeu et fait rayonner sa personnalité complexe à la fois énigmatique et anticonformiste. Toutes les interventions de l'actrice expliquant l'approche de ses rôles sont pertinentes et pourraient faire l'objet d'une master class. Sandra HULLER m'a fait penser à Gena ROWLANDS par l'intensité de son jeu, sa façon de se donner corps et âme dans ses rôles et son désintérêt vis à vis de son image qui lui permet d'aller explorer un registre étendu.

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Madame Hofmann

Publié le par Rosalie210

Sébastien Lifshitz (2024)

Madame Hofmann

"Madame Hofmann", portrait d'une infirmière responsable d'une unité de soins palliatifs sur le point de prendre sa retraite est une fois de plus l'illustration de ce qui est à mes yeux la qualité première des documentaires de Sebastien LIFSHITZ: sa capacité à rendre compte du réel qui chez moi provoque une identification aux protagonistes alors même qu'ils sont a priori éloignés de ma vie. Notamment par le sens accordé à des détails intimistes qui respirent l'authenticité. Je pense à l'attention portée à la mère de Sylvie Hofmann, elle aussi ancienne infirmière, elle aussi prédisposée au cancer, un personnage haut en couleurs mais qui m'a tout de même rappelé ma propre mère par l'âge, les origines mais aussi par des photos anciennes, l'une, prise à l'école absolument identique à celle qui existe dans notre propre album de famille et l'autre, où elle porte un tablier identique à celui qui a accompagné mon enfance. Ce sont également des photos anciennes qui ont été à l'origine de l'idée de Sebastien LIFSHITZ d'écrire l'histoire de "Les Invisibles" (2012). Le film agit également comme une piqûre de rappel, ce temps pas si lointain où, confinés pour cause de Covid-19, nous applaudissions tous les soirs le personnel soignant, celui-là même qui est si malmené à l'hôpital public sur fond de restrictions budgétaires, de sous-effectif chronique et de choix idéologiques allant à l'encontre de l'intérêt général. C'est aussi dans l'articulation entre un portrait individuel et un contexte politico-social que Sebastien LIFSHITZ montre toute sa subtilité, à rebours des gros sabots de "La Fracture" (2020) par exemple. Par ailleurs, la qualité du lien qui se tisse entre le réalisateur et celle dont il dresse le portrait (alors qu'il ne la connaissait pas avant le tournage) fait qu'elle ouvre son coeur, évoquant des thèmes peu traités au cinéma comme l'angoisse face à la retraite alors même qu'elle cumule des ennuis de santé liés au surmenage ou l'impact psychologique consistant à travailler au contact quotidien de la mort (abordé en ce qui concerne les vétérans de guerre mais pas pour les soignants comme s'il s'agissait d'un tabou).

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Personne n'y comprend rien

Publié le par Rosalie210

Yannick Kergoat (2025)

Personne n'y comprend rien

Le nouveau documentaire de Yannick KERGOAT, co-réalisateur de "Les Nouveaux chiens de garde" (2011) reprend pour titre les propos de Nicolas Sarkozy tenus en 2023 dans le Figaro "Les Français sont bien en peine de résumer ce que l'on me reproche. Personne n'y comprend rien." Chiche! Le documentaire, d'utilité publique, se donne pour mission de rendre lisible l'affaire Sarkozy-Kadhafi dont le procès vient de s'ouvrir en établissant les faits, rien que les faits à partir des dizaines d'articles du journal Mediapart qui a révélé l'affaire puis l'a étayée sur une période de près de quinze ans à partir de sources soigneusement vérifiées (aspect méthodologique sur lequel insiste le documentaire qui est aussi une démonstration pédagogique du travail du journalisme d'investigation). Les nombreux procès intentés à Médiapart et perdus par les protagonistes de l'affaire sont également édifiants d'autant que, c'est bien connu, Sarkozy ne porte guère dans son coeur les contre-pouvoirs, tout particulièrement la Justice. Les journalistes-enquêteurs sont les principaux narrateurs avec l'appui de quelques témoins tels que François Molins, l'ancien procureur de la République du tribunal de grande instance de Paris ou la soeur de l'une des victimes du crash de l'avion UTA 772. Une fois de plus, la duplicité du fonctionnement de la République française est révélée au grand jour grâce à ses liens très spéciaux avec un régime africain. Alors que l'on pensait la "Françafrique" révolue avec la fin de la guerre froide, le film nous prouve la vitalité des réseaux occultes et notamment de la diplomatie parallèle, dominée par des hommes tels que l'homme d'affaires Ziad Takieddine qui a joué un rôle d'intermédiaire dans l'affaire Karachi puis dans celle du financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Dans cette affaire de corruption d'une démocratie par une dictature, le spectateur oscille entre fous rires (les propos de Nicolas Sarkozy qui surjoue la respectabilité outragée contredits par les pièces à conviction, les retournements de veste de Ziad Takieddine dont on nous explique les dessous) et effroi. La proximité entre le monde politique et une partie des médias qui était le sujet de "Les Nouveaux chiens de garde" (2011) est épinglée une fois de plus, l'implication de "Paris-Match" dans la fausse rétractation de Ziad Takieddine étant avérée (et le fait que Nicolas Sarkozy siège au conseil d'administration du groupe Lagardère, propriétaire du média jusqu'en 2024 n'est certainement pas une coïncidence). On constate également que les ravages de la corruption entravent tous les maillons du fonctionnement de nos démocraties, jusqu'au niveau international avec la rocambolesque exfiltration de Béchir Salah (interlocuteur privilégié dans la relation franco-libyenne après la victoire de Sarkozy en 2007 et qui a participé aux tractations du financement de sa campagne) par la France en 2012 pour le soustraire au mandat d'arrêt d'Interpol. La guerre menée par une coalition dominée par la France en Libye sous égide de l'ONU dans le contexte des printemps arabes en 2011 est ainsi éclairée par une logique cachée de destruction de preuves et de neutralisation de témoins gênants.

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David Lynch, une énigme à Hollywood

Publié le par Rosalie210

Stéphane Ghez (2025)

David Lynch, une énigme à Hollywood

Un documentaire riche en forme d'enquête qui aborde en une heure l'art de David LYNCH, non seulement sa carrière cinématographique mais aussi son oeuvre d'artiste plasticien et ses sources d'inspiration picturales, rappelant qu'il a commencé par les beaux-arts puis par l'animation avant de se lancer dans le cinéma. L'exposition que lui a consacré en 2007 la fondation Cartier est d'ailleurs évoquée. Les films et la série "Mysteres a Twin Peaks" (1990) sont abordés de manière chronologique et ponctués d'interventions de spécialistes et de son entourage, notamment ses acteurs les plus emblématiques: Kyle MacLACHLAN, Laura DERN, Isabella ROSSELLINI ou Naomi WATTS. La chambre rouge de Twin Peaks occupe une place centrale dans le film, réunissant nombre de symboles de la filmographie du cinéaste (rose, boîte et clé bleue notamment) quand le restaurant favori de David LYNCH ne sert pas une oreille en guise de repas à Kyle MacLACHLAN, allusion à "Blue Velvet" (1986). La récurrence de l'esthétique années 50, période de l'enfance de David LYNCH mais aussi de l'apogée de "l'American way of life" est couplée avec l'exploration du "dark side" de cette même Amérique. On remarque que les violences faites aux femmes y occupent une grande place, y compris dans des aspects tabous à l'époque comme l'inceste. Gros bémol cependant: je ne m'explique pas l'absence totale de "Une histoire vraie" (1999) alors que toutes ses autres oeuvres sont évoquées, sans exception. Parce qu'il n'y a pas d'énigme à résoudre dans "The Straight Story" (1999)? Justement, quelle est la place de ce film solaire dénué a priori de mystère et de surréalisme dans l'imaginaire du cinéaste? En confiant à David LYNCH le rôle de John FORD dans "The Fabelmans" (2021), Steven SPIELBERG a en partie donné la réponse.

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Lynch/Oz

Publié le par Rosalie210

Alexandre O. Philippe (2022)

Lynch/Oz

Contrairement à une idée reçue, une source essentielle de l'inspiration de David LYNCH lui vient de la culture populaire de son enfance et plus précisément du film de Victor FLEMING, "Le Magicien d'Oz" (1938) adapté du roman de Frank Baum. Film qui l'obsède au point d'avoir déclaré qu'il y pensait tous les jours (et pas qu'en se rasant!) C'est tout à fait revendiqué dans "Sailor & Lula" (1990) qui en constitue une relecture rock and roll/ trash mâtinée de "Roméo et Juliette". Mais c'est le cas aussi dans ses autres films, de manière plus allusive. De "Une histoire vraie" (1999) qui déroule sa simplicité, sa linéarité et sa lenteur à l'alambiqué "Lost Highway" (1997), on suit pourtant toujours la même route de briques jaunes avec ou sans chaussures rouges quand on ne s'y appelle pas Dorothy ou quand on ne se retrouve pas devant un épais rideau en forme de frontière. Ce que démontre ce brillant et passionnant documentaire qui va d'ailleurs bien au-delà de la seule filmographie du réalisateur de "Elephant Man" (1980). C'est à une véritable dissection du cinéma hollywoodien que se livrent les six cinéastes et critiques qui interviennent aux cours des six chapitres qui explorent en profondeur le monomythe théorisé par Joseph Campbell. Sans remonter jusqu'à "L'Odyssée", socle commun de toute la culture occidentale, les histoires fédératrices de la culture américaine sont montrées comme se comptant sur les doigts d'une main: "Le Magicien d'Oz" (1938) et "La Vie est belle" (1946), les deux films entretenant de nombreux points communs dont celui de passer régulièrement à la télévision et ainsi de se transmettre de génération en génération. L'utilisation du split-screen met en évidence les liens tant sur la forme que sur le fond que le film de Victor FLEMING entretient avec celui de Frank CAPRA mais aussi avec une multitude d'autres univers de cinéastes allant des frères Joel COEN et Ethan COEN à Steven SPIELBERG, de Francis Ford COPPOLA à Stanley KUBRICK, de Georges LUCAS à John FORD, c'est un monde de conteurs qui se dévoile innervés par les mêmes schémas, les mêmes symboles (rappelant tout ce que le personnel doit au collectif, l'individu au milieu dans lequel il a grandi) et même si la forme de certains de ses films peut dérouter, David LYNCH fait bien partie de ce monde de conteurs, explorant ce qui se cache derrière la surface des choses, la plupart du temps dans leurs facettes cauchemardesques avant de rentrer (ou pas) à la maison. En visionnant ce documentaire stimulant et enrichissant, me sont venues aux oreilles des phrases telles que "Let's go home Debbie" ("La Prisonniere du desert") (1956), "J'aimerais payer la facture et rentrer chez moi" ("Fisher King") (1991) ou "Téléphone, maison" ("E.T. L'extra-terrestre") (1982).

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John Wayne, l'Amérique à tout prix

Publié le par Rosalie210

Jean-Baptiste Perétié (2018)

John Wayne, l'Amérique à tout prix

Documentaire critique différent de ceux auxquels on est habitués, "John Wayne, l'Amérique à tout prix" aurait pu s'appeler "Comment Marion Morrison est devenu John Wayne, l'incarnation de l'Amérique réac?" La thèse sur laquelle repose toute la démonstration du documentaire est la suivante: il ne s'est jamais remis de la seconde guerre mondiale. Non pas celle qu'il a faite mais celle qu'il n'a pas faite. En effet après avoir galéré des années dans le cinéma de série B, la carrière de John WAYNE décolle avec "La Chevauchee fantastique" (1939). Mais voilà que l'attaque de Pearl Harbour obligent les USA à entrer en guerre. Les stars confirmées s'engagent. John WAYNE tergiverse et choisit finalement de rester à Hollywood. Un choix payant au niveau de sa carrière mais qui le plonge ensuite dans un profond sentiment de culpabilité. John FORD qu'il appelle "Pappy" parce qu'il considère qu'il lui doit tout le couvre en effet de honte. Alors John WAYNE se spécialise dans les rôles de cow-boy ou de soldat conservateurs et ultra-patriotiques, parfois pour le meilleur dans "La Prisonniere du desert" (1956) mais souvent pour le pire comme dans "Les Berets verts" (1968). Parallèlement, il tente de réparer sa "faute" en s'engageant dans la guerre froide. Mais c'est pour assister le maccarthysme en dénonçant les communistes d'Hollywood: pas très glorieux. Dans les années 60, sa croisade réac en pleine guerre du Vietnam devient carrément pathétique tant il apparaît comme un dinosaure complètement déconnecté de son époque. Il devient la parfaite caricature du beauf sexiste, raciste, homophobe, multipliant les déclarations à l'emporte pièce jusqu'à ce que la maladie ne l'emporte. Jusqu'au bout, John WAYNE apparaît comme un costume XXL cachant un type déphasé, incertain, jouant les patrons tout en étant sous la coupe sévère de l'éternel paternel de substitution John FORD, se faisant appeler "le Duke" pour mieux cacher le fait de porter un prénom féminin et mort d'un cancer provoqué au moins en partie par les retombées radioactives mal contrôlées d'une armée américaine qu'il vénérait tant.

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Directed by Blake Edwards

Publié le par Rosalie210

Gérard Goldman (2021)

Directed by Blake Edwards

Intéressant décryptage de la filmographie de Blake EDWARDS par des spécialistes du septième art qui soulignent son mélange de sophistication et de trivialité, de même que son talent pour marier le vaudeville et le slapstick. Le "gag à combustion lente" dont il s'est fait une spécialité est analysé notamment à travers "La Party" (1968), bijou de satire sociale et burlesque et sommet de sa collaboration avec Peter SELLERS (sa principale "muse" avec Julie ANDREWS). Mais on parle aussi beaucoup de "Diamants sur canape" (1961), la musique de Henry MANCINI, son compositeur attitré et l'art de camoufler une histoire de prostitution sous des airs de comédie romantique. Car les intervenants évoquent la parenté évidente du cinéaste avec Billy WILDER (alcoolisme, grivoiserie, travestissement, satire du monde hollywoodien et jusqu'à un plan d'ascenseur quasi-identique) mais aussi avec Robert ZEMECKIS notamment dans "La Mort vous va si bien" (1992). Blake EDWARDS a inventé des personnages devenus en effet des stars du cartoon, à commencer par la panthère rose dont une peluche se promène dans les décors du documentaire, mais aussi les "Les Fous du volant" (1968) dérivés de "La Grande course autour du monde" (1965). Mais Blake EDWARDS n'était pas qu'un prince de la comédie et l'un des meilleurs réalisateurs burlesque du parlant, il s'est également essayé à d'autres genres, du western ("Deux hommes dans l'Ouest") (1971) au thriller ("Experiment in Terror" (1962) qui a influencé David LYNCH pour "Twin Peaks") et au drame avec "Le Jour du vin et des roses" (1962) qui évoque l'addiction à l'alcool dont il a souffert. Un autre de ses tourments majeurs concerne l'identité sexuelle. Le mâle alpha y est particulièrement malmené, ses pulsions le menant dans une incertitude proprement vertigineuse comme dans "Victor Victoria" (1982) ("un homme amoureux d'une femme se faisant passer pour un homme qui interprète des rôles de femme") quand il n'est pas obligé de se réincarner "Dans la peau d'une blonde" (1991).

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Miyazaki, l'esprit de la nature

Publié le par Rosalie210

Léo Favier (2024)

Miyazaki, l'esprit de la nature

Avec un tel titre, je le sentais bien ce documentaire et je n'ai pas été déçue! Léo Favier a fait un travail remarquable d'approfondissement qui met en lumière les contradictions du maître japonais de l'animation, jamais aussi bien retranscrites que dans "Princesse Mononoke". Le film qui lui a ouvert les portes de l'Occident et qu'il considère lui-même comme un tournant dans sa carrière (c'est après ce film qu'il envisage pour la première fois de prendre sa retraite, mainte fois repoussée depuis) est le premier où il ne cherche pas à résoudre le conflit entre nature et culture, montrant tour à tour les facettes lumineuses et sombres de chacune et laissant ensuite chacun, y compris lui-même face à ses propres questionnements. Hayao Miyazaki mêle en effet dans chacun de ses films son expérience hantée de la guerre (il est né en 1941 et ses premiers souvenirs sont liés aux bombardements) et sa fascination pour les engins volants militaires aux connexions ancestrales entre humains et esprits de la nature issus du shintoïsme rural. Le documentaire met en relief le fait que tous ses films ont été réalisé dans un contexte de catastrophe naturelle et/ou humaine, passée, présente ou même à venir. Par exemple, "Porco Rosso" durant la guerre de Yougoslavie et le bombardement de Dubrovnik situé au bord de l'Adriatique, sur les lieux-même de son film. "Princesse Mononoke" dans la foulée du tremblement de terre de Kobé ainsi que l'attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo. Ou "Ponyo sur la falaise", trois ans avant le tsunami ayant provoqué la catastrophe de Fukushima. Hayao Miyakazi se place ainsi à la fois dans le passé, le présent et le futur de nos sociétés, quand nos descendants (des enfants en qui il place son espoir) devront composer avec le monde post-apocalyptique issu de la guerre des "sept jours de feu" (Nausicaa) ou des grands bouleversements climatiques (Ponyo) ou encore du consumérisme effréné (Chihiro). L'intervention de Toshio Suzuki (producteur du studio Ghibli) et de l'anthropologue Philippe Descola (spécialiste des relations entre humains et non-humains qui a contribué à changer le mot "nature" pour le mot "vivant") soulignent comment la vision shintoïste du monde dans laquelle l'homme est un écosystème comme un autre, animé du même souffle que tout ce qui l'environne s'oppose à la vision occidentale d'un homme se plaçant en dehors et au-dessus de la nature pour chercher à la dominer et à l'exploiter jusqu'à ce qu'à force de regarder ailleurs, il ne tombe avec la branche qu'il a scié. Une porte ouverte à la remise en cause des fondements de notre propre civilisation, que ce soit le cartésianisme ou le capitalisme qui semblent aujourd'hui plus que jamais nous mener vers une impasse.

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Jacques Demy, le rose et le noir

Publié le par Rosalie210

Florence Platarets (2023)

Jacques Demy, le rose et le noir

Documentaire retraçant la vie et la carrière de Jacques DEMY, le film de Florence PLATARETS et de son scénariste Frederic BONNAUD a pour principal atout la richesse de ses images d'archives dont certaines paraît-il sont inédites. Il faut dire que le film est produit par les enfants de Jacques DEMY et Agnes VARDA qui sont les dépositaires de l'héritage du couple de cinéastes. Beaucoup d'interviews d'époque du principal intéressé et de quelques uns de ses acteurs et actrices, Catherine DENEUVE, Jean MARAIS ou Marie-France PISIER. Mais une restitution chronologique, scolaire, qui ne propose pas de point de vue et se contente de jouer les chambres d'enregistrement. Il aurait été tellement plus intéressant d'avoir un plan thématique faisant ressortir les obsessions de Jacques DEMY mais aussi analysant les raisons de ses succès puis de ses échecs. Car le rose et le noir, ce n'est pas seulement l'amertume et la noirceur logées au coeur de ses films les plus féériques et joyeux, c'est une carrière dont on connaît les grands classiques des années 60 mais qui s'étiole après "Peau d'ane" (1970) faute de parvenir à se renouveler. Jacques DEMY est montré comme un homme intègre mais idéaliste, intransigeant et hors-sol ce qui le conduit à des impasses comme ses films produit à l'étranger et longtemps non distribués en France ou sa rupture avec le public français qui ne comprend plus ses films. Il n'est pas mentionné par exemple que le four de "Model shop" (1968) qui ne correspondait pas aux attentes des producteurs américains lui a fermé définitivement la possibilité d'une carrière aux USA en dépit d'une nouvelle tentative dix ans plus tard. Une catastrophe car c'était le seul pays qui aurait eu les moyens de lui permettre de réaliser ses rêves de grandeur. Ou le fait que des projets comme "Une chambre en ville" (1982) ou "Trois places pour le 26" (1988) sont restés dans les placards plusieurs dizaines d'années et n'ont pu se faire que grâce à la victoire de Mitterrand (pour le premier) et à Claude BERRI (pour le second). Mais ils n'ont pas évolué d'un iota ce qui en fait d'étranges objets un peu démodés avec par exemple un Yves MONTAND devenu trop âgé pour le rôle. Au moins a-t-on droit au cassage en règle de Francis HUSTER qu'il ne put empêcher de chanter dans "Parking" (1985) ce qui aboutit à un massacre! Notons enfin, contrairement à ce qui est annoncé des impasses, notamment sur la plupart de ses courts-métrages, son travail d'assistant auprès de Paul GRIMAULT ou son téléfilm, "La naissance du jour" (1980) consacré à Colette.

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