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Articles avec #teen-movie tag

Les Roseaux sauvages

Publié le par Rosalie210

André Téchiné (1994)

Les Roseaux sauvages

Mon film préféré de Andre TECHINE est aussi celui dans lequel il a glissé le plus de souvenirs personnels. Pourtant, à la base il s'agissait d'une commande d'Arte qui souhaitait produire une collection de neuf téléfilms sur l'adolescence intitulée "Tous les garçons et les filles de leur âge". Parmi eux, trois finissent par sortir au cinéma en version longue dont celui de Andre TECHINE qui reçoit le prix Louis Delluc et quatre César.

Les qualités du film sont nombreuses: il fait souffler un vent de fraîcheur sur le cinéma français en révélant une nouvelle génération d'acteurs dont Elodie BOUCHEZ, il évoque avec une grande sensibilité le passage à l'âge adulte dans le contexte dans lequel Andre TECHINE l'a vécu, celui de la fin de la guerre d'Algérie dans le sud-ouest de la France avec le retour des pieds-noirs. La mort qui rôde autour des jeunes appelés et le désir bouillonnant des adolescents se mêlent harmonieusement. Le film est à la fois lumineux et douloureux. Lumineux car de nombreuses scènes ont été tournées en pleine nature et exaltent ce désir adolescent en pleine éclosion qui fait fi des clivages politiques, sociaux et même de façon éphémère de l'orientation sexuelle. Douloureux aussi car ces mêmes adolescents sont tourmentés par le contexte historique et politique qui les impactent plus ou moins directement (le frère appelé de l'un, l'appartenance de la mère de l'autre au PCF, la présence en classe d'un jeune pied-noir ombrageux et révolté) mais aussi par leur sexualité. Le personnage de François (Gael MOREL) qui peut être vu comme un double du réalisateur découvre son homosexualité à une époque où elle était taboue. Le poids de sa différence, Andre TECHINE nous le fait ressentir à travers la scène du mariage campagnard et ses chansons paillardes, le père agriculteur qui se méprend sur la nature de sa relation avec son âme soeur, Maïté (Elodie BOUCHEZ) son rapport à la littérature et au cinéma en décalage avec son environnement, ses relations avec le garçon fruste qu'il désire, Serge (Stephane RIDEAU) ou enfin, sa tentative de trouver un interlocuteur en la personne d'un adulte homosexuel dont la bouche cousue et le regard plein de désarroi en disent plus long que tous les discours. Pourtant François est le personnage le plus libre de tous et au vu des scènes finales, son influence sur l'évolution du rapport de Maïté à son corps, à ses désirs et au reste du monde semble déterminante. Leurs partenaires, en dehors de quelques parenthèses enchantées dont la plus frappante est celle de la fin sont rattrapés par le poids de leur héritage familial et se soumettent à cette fatalité en mettant leur individualité de côté.

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La flûte enchantée (The Magic Flute - Das Vermächtnis der Zauberflöte)

Publié le par Rosalie210

Florian Sigl (2022)

La flûte enchantée (The Magic Flute - Das Vermächtnis der Zauberflöte)

Après la version suédoise de Ingmar BERGMAN et celle, britannique de Kenneth BRANAGH, voici une nouvelle adaptation à la sauce blockbuster US du dernier opéra de Mozart. En effet bien que le réalisateur soit allemand, le vrai maître d'oeuvre est le producteur Roland EMMERICH. Les références sont transparentes: un univers copié sur celui de Harry Potter avec un train pour rejoindre une école sélect au milieu des montagnes et un portail vers un monde magique, un héros au nom, Tim Walker qui résonne comme un certain Luke Skywalker, un directeur d'école qui est joué par F. Murray ABRAHAM alias Salieri dans le chef d'oeuvre que Milos FORMAN a consacré à Mozart etc. L'objectif est clairement de toucher les jeunes générations tout en recherchant l'approbation des parents. Le résultat n'est pas désagréable mais il donne quand même l'impression d'un collage entre deux histoires qui n'ont guère de rapport l'une avec l'autre. D'un côté un teen movie tout ce qu'il y a de plus convenu (le directeur peau de vache, le bon copain, la brute de service, la jolie fille prédestinée à devenir la petite amie...), de l'autre, l'opéra de Mozart en version diluée et abrégée forcément dont on peine à saisir la teneur ésotérique et le message progressiste. La franc-maçonnerie est évoquée mais bien peu exploitée (hormis autour de la symbolique du chiffre 3). Ce qui n'arrange rien dans la version que Arte propose, c'est que le film n'existe qu'en version française avec des textes chantés en français (ou en anglais). La version allemande n'est en effet pas sous-titrée. Anecdotique.

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Deep End

Publié le par Rosalie210

Jerzy Skolimowski (1970)

Deep End

"Deep end" est le troisième côté d'un triangle dont les deux autres seraient "Blow-up" (1966) et "Repulsion" (1965). Leurs points communs? Se situer au coeur du swinging London alors qu'ils ont été réalisés par des cinéastes étrangers (dont deux polonais en exil) et pas toujours en Angleterre (la piscine de "Deep End" se trouve à Munich). Qu'à cela ne tienne! Il y a une atmosphère dans "Deep End" qui capte le spectateur. Cela tient beaucoup à l'unité de lieu, cette piscine décrépite et glauque mais aux couleurs pop éclatantes que l'on retrouve également dans l'East end où se déroule les lieux annexes de l'histoire qui semblent n'être qu'une extension des obsessions du héros. Celui-ci est un adolescent de 15 ans qui en franchissant le seuil de l'établissement pour son premier travail tombe dans une fosse aux serpents dont il ne parvient pas à s'extraire. Le film de Jerzy SKOLIMOWSKI peuplé de fantasmes inassouvis (plutôt crades) est par ailleurs hanté par le proxénétisme et la prostitution. Mike (John MOULDER-BROWN) devient le toy boy de vieilles rombières en mal de sensations fortes alors qu'il développe une obsession pour sa collègue plus âgée, Susan (Jane ASHER) qui s'amuse à souffler le chaud et le froid avec lui. Il faut dire que Susan est insaisissable, jouant de ses charmes auprès de plusieurs hommes et arrondissant ses fins de mois dans un club de strip-tease. Mais celui auquel elle est fiancée est surtout riche et Mike apprend donc que pour l'attirer dans ses filets, "diamonds are a girl's best friend". La marchandisation du sexe et des corps va de pair avec la transformation de Susan en femme-objet par Mike. Celui n'est en effet pas du tout un héros positif, développant pour la jeune femme une fétichisation malsaine qui le fait se frotter contre son image et poursuivre son ombre lors d'une séquence particulièrement marquante dans laquelle il erre dans le quartier de Soho entre le club chic et donc inaccessible où elle s'amuse avec son amant et le food-truck où il s'empiffre de hot-dogs (une symbolique pas très fine). Le tout sur une bande son très recherchée allant de Cat Stevens au groupe Can. Logiquement, le désir mortifère culmine dans la scène finale.

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Yurt

Publié le par Rosalie210

Nehir Tuna (2023)

Yurt

L'affrontement idéologique entre islamisme et laïcité auprès de la jeunesse des pays déchirés entre plusieurs identités a quitté depuis peu les reportages d'actualité et les documentaires pour s'inviter dans la fiction. Pas vraiment en France où pourtant ce sont les contradictions entre les injonctions familiales et communautaires d'un côté et celles de l'école laïque de l'autre qui sont à l'origine des "pétages de plomb" de jeunes radicalisés comme l'a démontré dans ses livres et conférences la politologue Anne-Clémentine Larroque. Mais la Belgique a offert un éclairage saisissant avec "Amal, Un esprit libre" (2023) et également la Turquie à travers "Yurt" qui évoque la situation du pays à la fin des années 90 tiraillé entre l'héritage laïc du kémalisme et l'islamisme d'Erdogan. Le film est centré sur Ahmet, un adolescent de 14 ans issu d'un milieu privilégié. Il est inscrit dans un lycée privé mixte, élitiste et nationaliste dans lequel il apprend l'anglais et les chants à la gloire d'Atatürk mais son père, récemment converti à un islam rigoriste l'a mis en pension dans un Yurt c'est à dire un pensionnat religieux fréquenté par des garçons d'origine modeste. La propagande ne s'y limite pas aux discours mais passe par toutes sortes de brimades dont Ahmet fait les frais parce qu'il apparaît comme un intrus: riche parmi les pauvres et rebelle parmi les soumis. Il est victime de brimades aussi dans son lycée friqué, pas très bienveillant envers sa double vie. C'est ainsi que le film enrichit son approche. Il ne se contente pas de placer Ahmet au coeur d'un affrontement idéologique, il se retrouve également pris insidieusement dans une lutte des classes qui recoupe ses propres questionnements identitaires. En effet, Ahmet est avant tout un adolescent en construction dont la quête d'émancipation se heurte à l'autoritarisme du père et à l'obscurantisme du Yurt. Mais aucune répression ne peut empêcher la puberté et ses manifestations physiques alors que Ahmet connaît ses premiers émois amoureux et sexuels auprès d'une fille de sa classe du lycée privé mais aussi auprès de Hakan, l'un des pensionnaires du Yurt. Cette partition est un peu trop systématique et schématique (c'est peut-être le résultat d'un premier film plein comme un oeuf), néanmoins le moment où le film bascule du noir et blanc à la couleur quand Ahmet semble enfin prendre la tangente pour suivre ses propres désirs au lieu de ceux du père et de la société est superbe: une bouffée de liberté qui n'est pas sans rappeler "Mommy" (2014) de Xavier DOLAN.

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L'Amour Ouf

Publié le par Rosalie210

Gilles Lellouche (2024)

L'Amour Ouf

Je n'avais pas très envie d'aller voir "L'Amour Ouf" et je n'ai pas vraiment aimé le résultat. Certes, il y a d'excellentes idées de mise en scène, une photographie qui décoiffe, une envie de cinéma XXL à l'américaine qui n'est pas fréquente dans le cinéma français, une interprétation qui "déchire", surtout de la part des deux jeunes acteurs Mallory WANECQUE et Malik FRIKAH qui peuvent légitimement espérer rafler un prix révélation lors de la prochaine cérémonie des César car ils portent la moitié du film sur leurs épaules. Adele EXARCHOPOULOS et Vincent LACOSTE sont également excellents (en revanche je trouve le jeu de Francois CIVIL trop limité). Oui mais le résultat ne m'a pas convaincu. C'est trop: trop long, trop tape-à-l'oeil, trop m'as-tu vu, trop kitsch avec certains plans frôlant le grotesque (le coeur et le chewing-gum qui battent, le baiser sur fond de coucher de soleil cliché à mort). Et ce n'est pas assez à la fois parce que Gilles LELLOUCHE veut faire une sorte de cinéma total qui brasse un peu tous les genres (drame romantique, teen movie, film de gangsters, comédie musicale, film de procès, film social, comédie "buddy movie" avec Raphael QUENARD et Jean-Pascal ZADI...) mais n'arrive pas bien à les amalgamer et surtout à les creuser. Dans certains films, les contraires s'attirent et s'enrichissent mutuellement mais dans celui-ci, c'est comme s'ils se repoussaient. Peut-être parce que cela manque de dialogues un tant soit peu consistants. On a donc au final une maîtrise insuffisante et un manque de profondeur criant.

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If....

Publié le par Rosalie210

Lindsay Anderson (1968)

If....

Les spectateurs étrangers ayant en tête l'univers de "Harry Potter" à l'évocation d'un collège anglais avec ses vénérables portraits, ses boiseries, ses uniformes et ses préfets risquent de déchanter. Car c'est plutôt à un camp de concentration dissimulé sous une architecture gothique que ressemble "If....", véritable brûlot contestataire typique de l'esprit de mai 1968. Le réalisateur, Lindsay ANDERSON s'est inspiré d'un film beaucoup plus ancien, celui de Jean VIGO, "Zero de conduite" (1933) traversé par le même souffle libertaire et onirique à l'intérieur d'un système moins éducatif que répressif et carcéral. Les élèves subissent à longueur de journée un lavage de cerveau destinés à en faire de futurs bons petits soldats au service de la sainte trinité du système: l'école, l'église et l'armée. Les représentants de ces trois institutions se contentent cependant d'asséner leurs discours de propagande, laissant leurs hommes de main, les "whips" le soin de faire régner la discipline. Ceux-ci, recrutés parmi les élèves de dernière année ne sont rien d'autre que des kapos fliquant les autres élèves avec sadisme et abusant de leur pouvoir pour satisfaire leurs désirs les plus troubles, même si ceux-ci ne sont que suggérés (on est pas chez Pier Paolo PASOLINI). Un élève leur résiste particulièrement, Michael Travis alias Malcolm McDOWELL qui faisait avec ce film une entrée remarquée au cinéma. Tellement remarquée que Stanley KUBRICK allait lui donner peu après le rôle principal de "Orange mecanique" (1971). Dans "If...." il incarne déjà par sa seule présence magnétique, sa nonchalance et son rictus goguenard une jeunesse de plus en plus remontée à bloc au fur et à mesure que les brimades s'accumulent. Plus le film avance et moins on arrive à distinguer le réel du rêve, tant le film est traversé de fulgurances, certaines en noir et blanc ce qui est plus ou moins accidentel mais accentue le sentiment d'étrangeté d'un film que l'on croit longtemps intemporel jusqu'au final explosif qui semble inéluctable.

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Réparer les vivants

Publié le par Rosalie210

Katell Quillévéré (2016)

Réparer les vivants

J'ai beaucoup tergiversé avant de regarder "Réparer les vivants" car j'ai une certaine phobie des images montrant des opérations chirurgicales et je n'ai donc pas pu regarder le passage très documenté de la transplantation cardiaque (comme il m'a toujours été impossible de regarder l'opération de "Les Yeux sans visage") (1960). Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié le caractère poétique du film qui donne une dimension spirituelle au don d'organes. L'introduction est magnifique, on est en lévitation avec Simon qui s'envole par la fenêtre sur son vélo avant de surfer, la caméra au ras des vagues. Cet aspect planant, zen ne disparaît jamais totalement du film. Une autre scène montre l'ascension de Simon, tout aussi aérienne vers la jeune fille qu'il aime. Le docteur Remige, chargé de la délicate mission de convaincre les parents de donner le coeur de leur enfant en état de mort cérébrale se ressource en écoutant sur son ordinateur pépier un chardonneret ce qui participe de cette atmosphère. Tout comme la douceur presque élégiaque émanant du personnage de Claire que ses problèmes cardiaques obligent à vivre à petit régime. Par ailleurs, le film se distingue par son casting et sa direction d'acteurs ce qui est une caractéristique du cinéma de Katell QUILLEVERE (tout comme l'inspiration romanesque). Certes, il y a trop de personnages, notamment dans le domaine médical ce qui ne permet pas de donner à tous le relief nécessaire. C'est un choix justifié par le fait que comme dans "Pupille" (2018), on rencontre les maillons d'une chaîne de solidarité appelés à disparaître dès que leur mission est accomplie. Mais certains tirent leur épingle du jeu mieux que d'autres. On retient particulièrement la détresse des parents de Simon (joués par Emmanuelle SEIGNER et Kool SHEN qui est inattendu et particulièrement remarquable), la douceur du personnage de Tahar RAHIM dans le rôle du docteur Remige à l'inverse de la prestation plus sèche et clinique de Bouli LANNERS et enfin une Anne DORVAL lumineuse aux antipodes des rôles joués pour Xavier DOLAN.

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Club zéro

Publié le par Rosalie210

Jessica Hausner (2023)

Club zéro

"Club Zéro" m'a fait penser par le milieu friqué et mortifère dépeint et son style froid, distancié, épuré et satirique au seul film de Ruben OSTLUND que j'ai vu, "Snow Therapy" (2014). Les questions soulevées sont pourtant pertinentes mais la manière dont elles sont traitées interroge. En effet ce n'est pas parce que Miss Novak (Mia WASIKOWSKA) est une gourou sectaire que Jessica HAUSNER doit coller à ce point à sa vision du monde dénuée de vie et d'affect. Tel quel, c'est le film qui est dénué de vie et d'affect, montrant une bande de jeunes embrigadés par leur prof, laquelle après une première phase d'hameçonnage autour de la "nutrition consciente" et de toutes les questions légitimes relatives à l'écologie ou de la santé que l'on peut se poser autour tombe le masque et leur propose de ne plus manger du tout. Malgré le maquillage verdâtre censé montrer les dégâts du jeûne prolongé, on peine à croire une seule seconde que ces adolescents sont véritablement anorexiques et il en va de même pour leur prof dont on ne sait rien, au-delà de sa logorrhée verbale, même pas comment elle mange lorsqu'elle ne se met plus en scène. Parce que la duplicité du personnage ne fait guère de doute mais la satire est paresseuse, se réduisant à une tisane commercialisée avec sa bobine sur l'emballage. Bref, le film est désincarné, abstrait et superficiel, n'utilisant le sujet que comme un prétexte à de pathétiques provocations et à un esthétisme léché, évitant soigneusement de se confronter à la maladie et à la mort en jouant la carte du conte moral. Les parents dépassés tout comme le personnel de l'établissement sont des éléments du décor parfaitement assortis à leurs intérieurs design ou cosy mais on est pas chez Jacques DEMY, hélas. "Club zéro", oui, zéro émotions.

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Diabolo menthe

Publié le par Rosalie210

Diane Kurys (1977)

Diabolo menthe

Du film-culte de Diane KURYS vu à l'adolescence, il ne me restait à peu près rien. Aussi, le revoir a été pour moi comme le découvrir pour la première fois. Une fois de plus, le contexte est essentiel pour comprendre ce film dont l'histoire est ancrée au début des années 60, époque de l'adolescence de la réalisatrice mais qui a été réalisé à la fin des années 70. Les deux époques se répondent subtilement puisqu'à travers le portrait très autobiographique d'Anne (Eleonore KLARWEIN), de sa soeur et de leurs copines de lycée, Diane KURYS dépeint une génération tiraillée entre la société française traditionnelle gaullienne extrêmement corsetée et un ardent désir d'émancipation et de liberté. Le point de vue féminin donne évidemment à cette question qui concernait l'ensemble de la jeunesse des années 60 une saveur particulière. Il y avait encore peu de réalisatrices à l'époque où Diane KURYS a réalisé son premier long-métrage et celui-ci est devenu le premier teen-movie français. Bien plus que "Les Quatre cents coups" (1959) qui ne possède pas de dimension générationnelle, sans doute parce qu'en 1959, l'adolescent comme "classe d'âge" avec ses goûts et ses désirs propres n'avait pas encore été inventé. C'est la société de consommation et l'allongement de la durée des études qui ont façonné en France cette nouvelle catégorie sociale, née avec le journal "Salut les copains" au début des années 60. Les marqueurs de la culture adolescente sont partout dans le film de Diane KURYS, yé-yé et rock affichés sur les murs ou émanant des tourne-disques et radios portatives. Et puis les photos de vacances à la mer et au ski qui rappellent que ces années-là voient l'avènement du tourisme de masse. Mais "Diabolo Menthe", c'est aussi le poids du patriarcat et des moeurs puritaines. Un lycée qui ressemble à une caserne, la non-mixité, les blouses uniformes, un personnel enseignant de cheftaines psychorigides pour la plupart pouvant aller jusqu'au sadisme (la prof de dessin), une mère certes aimante mais fliquant ses filles sur leurs horaires de sortie ou leur tenue vestimentaire, le divorce alors exceptionnel et stigmatisant, les comportements masculins déplacés etc. Dans cet univers carcéral fait d'interdictions tant sur le plan sexuel que politique, les quelques coups d'éclat marquent les esprits, que ce soit le chahut dans les cours d'une prof de maths sans autorité jouée par Dominique LAVANANT, les badges vendus par Frédérique (Odile MICHEL), le discours de Pascale (Corinne DACLA) sur les événements du métro Charonne encouragée par la prof d'histoire que l'on devine communiste ou encore la fugue de Muriel (Marie Veronique MAURIN) criant "merde, merde, merde" dans la cour du lycée avec le même caractère exutoire que les "fuck you" hurlés par une iranienne à la face du monde dans "Critical Zone" (2023)

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Mes petites amoureuses

Publié le par Rosalie210

Jean Eustache (1974)

Mes petites amoureuses

"Mes petites amoureuses" (d'après le poème de Arthur Rimbaud qui a incarné à lui seul l'adolescence rebelle bien avant Jean-Pierre LEAUD) aurait dû être un tremplin pour son réalisateur, Jean EUSTACHE comme l'avait été "Les Quatre cents coups" (1959) pour Francois TRUFFAUT. Mais cela ne fut pas le cas. Sans doute parce que le ton du film était trop âpre, trop amer bien que détaché. On y voit un jeune garçon de treize-quatorze ans qui sans doute renvoie au réalisateur étant donné que le film a une forte résonance autobiographique faire l'apprentissage de la vie sous l'angle des désillusions. Ce qui m'a frappé, c'est le contraste entre la vitalité et les aspirations de Daniel et les déceptions que la vie lui réserve. Le film s'ouvre pourtant sur de belles promesses. Daniel a été déclaré apte pour le collège, il ressent ses premiers émois, il a des amis et une grand-mère bienveillante jouée par la merveilleuse Jacqueline DUFRANNE que j'ai tant aimé chez Maurice PIALAT (lequel vient d'ailleurs jouer une petite scène dans le film). Hélas pour lui, sa mère le ramène chez elle à Narbonne où elle vit avec un ouvrier espagnol mutique sans avoir rien à lui offrir sinon de la promiscuité, de l'indifférence et de l'aigreur. Elle lui coupe les ailes en le mettant en apprentissage chez un mécanicien qui ne pense qu'à l'exploiter ce qui transforme Daniel en tire-au-flanc. En amour ce n'est pas mieux, ses initiatives maladroites se heurtent à une société encore très pudibonde et il en est réduit la plupart du temps à jouer les voyeurs. Le seul refuge de Daniel est le cinéma, le rêve à défaut d'une vie réelle mais décevante. Ce qui n'empêche pas d'apprécier la beauté de la photographie, les paysages solaires et bucoliques et 1001 détails de la vie d'autrefois saisis avec réalisme.

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