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Articles avec #comedie dramatique tag

L'Enfant du carnaval

Publié le par Rosalie210

Ivan Mosjoukine (1921)

L'Enfant du carnaval

"L'Enfant du carnaval" maintenant disponible sur la plateforme HENRI de la Cinémathèque fait partie des films qui ont permis au public français de découvrir au début des années vingt Ivan MOSJOUKINE. Acteur russe exilé en France après la révolution de 1917, Ivan MOSJOUKINE a réalisé deux films pour les studios Albatros: celui-ci et "Le Brasier ardent" (1923). Ce déraciné est ensuite parti aux USA puis est revenu en Europe, d'abord en Allemagne puis de nouveau en France où il a terminé sa carrière notamment en jouant dans le remake parlant de "L'Enfant du carnaval" (1934) réalisé cette fois par Alexandre VOLKOFF.

"L'Enfant du carnaval" qui a été souvent comparé au beaucoup plus célèbre "Le Gosse" (1921) de Charles CHAPLIN*, notamment parce que les deux films sont sortis à quelques mois d'intervalle, abordent des thématiques proches et ont pour figure principale un acteur-réalisateur d'origine immigrée est cependant une oeuvre au ton singulier, naviguant entre comédie et mélodrame avec une fin poignante "à la russe". Le charisme de Ivan MOSJOUKINE y est incandescent et son jeu moderne, sensible et expressif m'a fascinée dès les premières secondes. Il incarne dans le film un aristocrate immature, noceur invétéré qui va voir sa vie bouleversée lorsqu'il trouve un bébé abandonné sur le pas de sa porte. Le comique burlesque lié à sa vie de fêtard cède alors la place à des émotions de plus en plus profondes au contact de ce bébé et de sa mère en détresse qui refait surface en prenant l'identité de sa nurse. A signaler également une superbe photographie de Fedote BOURGASOFF, notamment lors d'un plan en ombres chinoises d'une farandole de noceurs sur la promenade des Anglais qui n'est pas sans faire penser à celle qui clôt "Le Septieme sceau" (1957) de Ingmar BERGMAN.

* Preuve de cette célébrité mondiale, le personnage du vagabond apparaît sur l'un des chars du carnaval de Nice dans le film.

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Dans la peau de Blanche Houellebecq

Publié le par Rosalie210

Guillaume Nicloux (2024)

Dans la peau de Blanche Houellebecq

Guillaume NICLOUX me paraît être un réalisateur éclectique. En effet ses deux derniers films, "Sarah Bernhardt, La Divine" (2024) et "Dans la peau de Blanche Houellebecq" sont très différents, à part peut-être l'excentricité de leur tête d'affiche. Encore qu'il semble dormir debout le Michel HOUELLEBECQ dans le film. Les diverses substances qu'il s'injecte et la langueur des îles n'expliquent pas tout ^^. Heureusement, il cohabite à l'insu de son plein gré durant les 2/3 du film avec une Blanche GARDIN (elle aussi dans son propre rôle) dont le prénom est en soi tout un programme dans le contexte guadeloupéen. L'apparition dès les cinq premières minutes de film de Jean-Pascal ZADI qui prolonge son personnage en quête de rôle de "Tout simplement noir" (2019) (mockumentaire auquel j'ai beaucoup pensé) auprès d'un Gaspard NOE (dans son propre rôle également) prêt à embaucher Michel HOUELLEBECQ dans son prochain film "pas très catholique" donne le ton. Ca va tirer à boulets rouges sur les séquelles du colonialisme avec une galerie de locaux bien décidés à en découdre avec le sulfureux duo symbole de la "blanchité métropolitaine". Alors certes, ça part dans tous les sens mais il y a quand même pas mal de dialogues et de situations qui font mouche. Le gag de Jean-Pascal ZADI neveu de Francoise LEBRUN rappelle "l'albinos de la famille" de "Le Havre" (2011), les tresses africaines de Luc, l'assistant juif de Houellebecq deviennent sujet de polémique avant l'inévitable concurrence victimaire à la DIEUDONNE et tout le film est dans cette tonalité là. Michel HOUELLEBECQ en dépit de son état de zombie joue assez bien la carte de l'autodérision alors que Blanche GARDIN qui en prend aussi pour son grade devient sans jeu de mots son ange gardien ce qui ne manque pas de sel quand on connaît sa personnalité et ses opinions.

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Viens je t'emmène

Publié le par Rosalie210

Alain Guiraudie (2020)

Viens je t'emmène

"Viens je t'emmène" (2020) est un petit cru de la part de Alain GUIRAUDIE. Cela ressemble presque à une comédie de boulevard (avec mari jaloux et amant collant), la crudité sexuelle et l'onirisme en plus. Comme toujours chez Alain GUIRAUDIE, le désir danse avec la mort sans que l'on sache où il nous mène mais la sauce a du mal à prendre. Les craintes suscitées par le jeune Sélim, hormis dans un rêve ont tout du pétard mouillé tant l'attitude du jeune homme ne concorde pas avec les événements terroristes dépeints à l'image. Jamais il ne fait peur et jamais il ne suscite le trouble. En le recueillant, Médéric prend un risque donc limité d'autant que la plupart des voisins de l'immeuble pensent comme lui, le seul qui râle s'avérant hypocrite. Le film tourne donc à la farce burlesque avec la prostituée-mariée-battue et contente quinquagénaire jouée par Noemie LVOVSKY qui gueule de laisir dans tous les coins, la frustration permanente de Médéric qui ne parvient jamais à "conclure" avant qu'une sonnerie retentisse ou ses filatures qui se heurtent à un "surmoi" du genre flic intrusif ou bande de jeunes menaçants (en réalité de petits dealers). C'est marrant mais ça ne va pas très loin, sans doute parce que le style du réalisateur ne fonctionne pas aussi bien dans un contexte réaliste et qu'il se perd un peu dans toutes les directions.

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Mystères à Twin Peaks (Twin Peaks)

Publié le par Rosalie210

David Lynch et Mark Frost (1990/1991)

Mystères à Twin Peaks (Twin Peaks)

La mort de David LYNCH dont j'aimais l'univers et les documentaires qui ont été diffusés à cette occasion ont été à l'origine de ma résolution de regarder enfin les deux saisons de la série "Mystère à Twin Peaks" ce que je voulais faire depuis des années comme un rendez-vous longtemps attendu et maintes fois reporté. Son visionnage a eu un impact sur mon activité onirique (parce que l'ayant regardée sur près de dix jours sans chercher à connaître la suite, j'ai eu le temps d'en rêver, littéralement et de m'en souvenir au réveil), ravivé ma mémoire du temps où j'étais téléphage, stimulé mes neurones. J'ai eu envie d'écrire ce qu'elle m'inspirait sous forme d'abécédaire concocté par mes soins n'ayant aucune prétention à l'exhaustivité. Ne les ayant pas encore regardés, il n'inclut ni le film, ni la troisième saison tournée 26 ans après.

A comme ARBRES: ils font partie des leitmotivs qui conduisent le spectateur vers une autre dimension que celle des plateaux-théâtres statiques codifiés des séries. Les plans sur leur frémissement (autant que la musique de Angelo BADALAMENTI) est un appel vers les forces obscures de la forêt qui sous-tendent toute la série selon un dualisme comparable à "Blue Velvet" (1986).

B comme BUCHE: Morceau de tronc d'arbre portatif ne quittant jamais les bras de Margaret, lui permettant de se connecter à son troisième oeil ^^.

C comme CORRUPTION: Elle est endémique dans toute la série comme une gangrène qui ressurgit même au sein d'une entité maléfique repentie ayant essayé de l'arrêter en se coupant le bras ^^.

D comme DUALITE: Elle est au coeur de la série. La ville bien nommée "Twin Peaks" est à la fois un cocon protecteur de l'american way of life et la poubelle où se déverse le refoulé du puritanisme américain (drogue, prostitution, corruption, proxénétisme etc.) Les personnages sont eux-mêmes bipolarisés, dédoublés qu'ils aillent du lumineux vers le sombre ou du sombre vers le lumineux, certains se retrouvant coincés entre leurs deux facettes opposées d'où un nombre impressionnant de chocs, traumatismes, comas et autres coups de folie dans la série.

E comme EPICURIEN: Un aspect très important de la philosophie de vie du personnage principal, Dale Cooper (Kyle MacLACHLAN). Cela commence par le petit cadeau qu'il se fait à lui-même chaque jour en savourant une gorgée de café, un beignet ou une part de tarte à la cerise (variante du livre de Philippe Delerm "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" qui a été tant cité au moment de la sortie de "Le Fabuleux destin d'Amelie Poulain" (2001)) et cela se termine plus profondément par l'absence de crainte face à la mort qu'il affronte dans un état proche des limbes au début de la saison 2: "ce n'est pas si terrible tant qu'on peut empêcher la peur d'envahir son esprit".

Attention spoiler (ne pas lire si pas vu la fin):

Cela rend d'autant plus terrible la tasse de café solidifié, imbuvable du dernier épisode dans lequel son psychisme s'écroule quand il est possédé à son tour par le mal.



F comme FRONTIERE: Twin Peaks est une ville-frontière, celle qui sépare les USA du Canada mais il s'agit d'une frontière dans de nombreux autres domaines: entre la ville et la forêt, les vivants et les morts, le rêve et la réalité, les dieux et les hommes, les cieux et les souterrains, la sagesse et la folie, le jour et la nuit.

G comme GEANT: Esprit messager qui apparaît dans les visions de Dale Cooper dans les moments critiques pour essayer de le guider.

H comme HIBOUX: Ces créatures de la nuit sont intimement liées à la forêt et aux forces obscures. Ce sont de puissants esprits messagers voire des guides spirituels. Le fait que Dale Cooper n'aime pas les oiseaux et ne sache donc pas décrypter leurs messages ("les hiboux ne sont pas ce qu'ils semblent être") agit comme un présage funeste de son destin.

I comme INNOCENCE: Quête ou état commun à de nombreux personnages et qui se manifeste de multiples manières: l'innocence de l'idiot, la tentative de se refaire une virginité en devenant bon ou en fréquentant un homme bon, le fait de retomber en enfance, la claustration volontaire pour se protéger du mal ou de la corruption. Cela peut être traité en mode comique ou tragique.

J comme Judy Garland: Le major Briggs, un des personnages les plus mystiques de la série, bien caché sous ses habits militaires comme Dale Cooper sous son costume d'enquêteur du FBI a pour prénom Garland (cela ne s'invente pas) et sous substance psychotrope croit qu'on l'appelle "Judy Garland". Mais ce qui m'a le plus touché dans la série faisant référence à l'actrice et à l'oeuvre fétiche de David LYNCH, "Le Magicien d'Oz" (1938), c'est le sauvetage par Dale Cooper de Audrey Horne, séquestrée et droguée dans le bordel "Jack n'a qu'un oeil". J'ai eu la certitude à ce moment-là qu'il s'agissait de la projection du désir de David LYNCH d'arracher Judy GARLAND adolescente à l'enfer de la drogue administrée par les corrupteurs hollywoodiens. D'ailleurs "Blue Velvet" (1986) présente un schéma similaire avec un personnage féminin prénommé Dorothy (cela ne s'invente pas non plus) qu'un jeune homme (déjà joué par Kyle MacLACHLAN) veut arracher au monde des ténèbres, prenant le risque de se faire contaminer lui aussi.

K comme Kubrick: Les moments les plus angoissants de la série m'ont ramené à mes toutes premières sensations devant la bande-annonce de "Shining" (1980). Lents travellings flippants, moquette aux motifs géométriques de la salle d'attente de la loge noire et surtout, plan cauchemardesque de "Bob" surgissant depuis l'arrière-plan du salon pour sauter à la gorge de Maddy (dont la caméra épouse le point de vue). Le sang de "Shining" sortant de l'ascenseur pour envahir le cadre m'avait fait le même effet. Il y a aussi bien sûr les esprits maléfiques en quête de possession d'êtres vulnérables à la peur et cet hôtel du grand nord qui est le théâtre d'une grande partie de l'intrigue dont on ne sait pas s'il a été construit sur un cimetière indien mais dont le terrain a été volé aux indigènes (avant que les descendants des colons ne s'entretuent ou ne s'arnaquent pour les posséder comme on le voit dans la série). Les messages extra-terrestre font penser quant à eux à "2001 : l'odyssee de l'espace" (1968).

L comme LUNE: Leitmotiv de la série que l'on peut rattacher aux arbres, au monde de la nuit, forces obscures, cosmiques mais qui fait aussi figure de repère (comme les feux tricolores) dans un monde où le temps semble s'écouler de façon cyclique plutôt que linéaire. On s'aperçoit en effet que le temps ne semble pas avancer dans la série, parfois même il recule avec tous ces personnages ramenés au stade bébé-enfant-adolescent ou bien n'existe plus dans la loge où les esprits parlent à l'envers.

M comme MIROIR: Lié à la dualité. La première image de la série tout comme la dernière (de la deuxième saison) montre un personnage face à son miroir et lie ainsi les destins de Josie (personnage dévoré par le mal sous un visage d'ange) et de Dale Cooper (ange dont la tranquillité d'esprit cache une faille par où celui-ci peut pénétrer). Entre les deux, l'assassin de Laura Palmer aura eu largement le temps de nous montrer son visage diabolique de l'autre côté de ce même miroir. James Baldwin avait essayé en son temps de tendre un miroir à la société américaine WASP se mirant sous les traits de Doris DAY ou de Gary COOPER tout en projetant ses pulsions indésirables sur les afro-américains.

N comme NAIN: Celui qui danse dans les rêves et visions de Dale Cooper s'avère être un esprit de la loge. Un Munchkin échappé de "Le Magicien d'Oz" (1938)? Eux aussi comme Judy GARLAND avaient leur propre dualité: personnages merveilleux dans la fiction, acteurs infernaux en réalité comme le révèle notamment le documentaire "Lynch/Oz" (2022), sans doute pour se venger de leur infériorisation (notamment salariale).

O comme OTNI: objet télévisuel non identifié. "Twin Peaks" est à l'image de son contenu, une série duale. D'un côté, elle se rattache à des genres bien identifiables pour les spectateurs de télévision afin qu'ils mordent à l'hameçon comme le polar ou le soap opéra. Je me suis ainsi souvenue d'un rebondissement identique que j'avais vu dans "Santa Barbara" (1984), un personnage féminin soi-disant mort mais revenant sous un déguisement et une fausse identité. De l'autre, elle les déglingue afin d'essayer de les entraîner en territoire inconnu. Ainsi les personnages sont à la fois stéréotypés et décalés puisqu'ils ont tous des manies ou des infirmités qui les rendent tantôt drôles, tantôt mystérieux et parfois terrifiants quand on découvre "la face cachée de la lune".

P comme PEUR: La porte d'entrée du mal dans l'esprit humain. Cela m'a fait penser à "La peur dévore l'âme", la pièce de Rainer Werner FASSBINDER qui a servi de base au scénario de "Tous les autres s'appellent Ali" (1973) où cette phrase est prononcée par le personnage principal.

Q comme QUALITE: Alors que la saison 1 et les premiers épisodes de la saison 2 sont d'une qualité exceptionnelle, la série connaît ensuite un véritable trou d'air avant la claque que représente le dernier épisode. Le critique Victor Inisan explique cette brusque baisse de qualité par l'effacement de David LYNCH de la mise en scène après avoir cédé aux demandes du public et aux pressions de la chaîne qui diffusait la série en révélant le nom de l'assassin dès le 14ème épisode. On touche du doigt la contradiction inhérente à la culture télévisuelle grand public: celle-ci réclame du plaisir immédiat alors que les dimensions plus subtiles et plus profondes prennent du temps avant d'être comprises et appréciées à leur juste valeur. Et "Twin Peaks" est une série qui se caractérise par sa lenteur justement. Heureusement, David LYNCH est revenu pour réaliser le dernier épisode de la saison 2, un coup d'éclat vis à vis de tous ceux qui ne voulaient voir en "Twin Peaks" qu'une simple série policière ou un soap opera.

R comme RIDEAUX: Les rideaux sont la forêt de l'âme et m'ont fait penser à mon peintre préféré, René Magritte. Les rideaux rouges de "Twin Peaks" cachent ainsi bien autre chose qu'une scène de théâtre et ce même si "Twin Peaks" comporte sa/ses séquences scéniques chantées et/ou dansées.

S comme SATURNE: Le portail de la loge noire s'ouvre lorsque Saturne entre en conjonction avec Jupiter. Logique, ce sont deux planètes portant des noms de divinités romaines symbolisant "le mal que les hommes font". Jupiter symbolise la toute-puissance patriarcale alors que Saturne est la romanisation de Cronos, le Dieu qui a mangé ses propres enfants. "Twin Peaks" est une série révolutionnaire en ce qu'elle se place du point de vue des gens qui souffrent avec une forte empathie pour les femmes et des jeunes filles dont Laura Palmer est la quintessence ainsi que pour les hommes exprimant leur masculinité d'une manière autre que prédatrice. Quant aux prédateurs, ils sont à un moment ou à un autre frappés par le destin et ramenés à leur condition première d'être en souffrance.

T comme TIBET: Un autre aspect très important de la philosophie de vie de Dale Cooper est sa fascination pour le bouddhisme tibétain. Elle m'a ramené à mon premier contact avec cette spiritualité, "Tintin au Tibet" qui m'avait fasciné et dont toute l'enquête est fondée sur un rêve/une vision qui confine à la télépathie ou au chamanisme. Si "Tintin" est la seule BD franco-belge à laquelle j'ai accroché dans mon enfance, c'était notamment à cause de l'amitié entre Tintin/Hergé et Tchang qui l'ouvrait sur d'autres horizons qui allaient bien au-delà du simple feuilleton d'aventures exotiques.

U comme UNIVERS: "Twin Peaks" est un univers complet et cohérent qui brasse diverses mythologies allant de la légende arthurienne au seigneur des anneaux.

V comme VENUS: Les statues de Vénus de la loge noire peuvent représenter les femmes objets de désirs et pétrifiées par la mort par opposition aux planètes symboles de masculinité toxique qui l'ouvrent et aux esprits maléfiques qui la peuplent.

W comme WEST SIDE STORY: "Twin Peaks" est traversé de références au cinéma américain et particulièrement à la comédie musicale, bien que le terme convienne mal à "West Side Story" (1960) qui est un drame. Deux acteurs de "Twin Peaks" proviennent du film de Robert WISE et Jerome ROBBINS: Richard BEYMER alias Tony qui joue le rôle de Benjamin Horne, un homme d'affaires peu recommandable de prime abord et Russ TAMBLYN alias Riff, le meilleur ami de Tony qui joue le docteur Jacoby, un psychiatre complètement perché qui lors d'un moment savoureux vient tenter de soigner la régression au stade infantile de Benjamin Horne.

X comme X-FILES: Parce que Si "Twin Peaks" a absorbé de multiples références, elle est à son tour devenue une source d'inspiration pour d'autres, à commencer par "X-Files". Les agents Scully et Mulder sont des émanations de Dale Cooper et du major Briggs. La filiation est présente jusque dans le casting. David DUCHOVNY joue un rôle savoureux dans "Twin Peaks" alors que Don DAVIS alias le major Briggs joue de façon très logique le père de Dana Scully (Gillian ANDERSON).

Y comme YIN/YANG: Parce que l'univers de "Twin Peaks" est basé sur un savant équilibre entre les dualités qui régissent l'univers et que celles-ci donnent lieu parfois à de savoureux rebondissements. Par exemple lorsqu'un nouveau personnage de prédateur/gangster/mâle alpha apparaît tel que Jean Renault qui veut détruire Dale Cooper survient dans le même épisode Denise Bryson (alias David DUCHOVNY) agent du FBI transgenre qui vient enquêter sur les accusations contre Dale Cooper et qui est évidemment l'antidote à Jean Renault. Cependant dans le tout dernier épisode, ce principe d'équilibre se rompt.

Z comme ZEMECKIS: Il y a une parenté évidente entre les deux cinéastes, mise en valeur par le documentaire "Lynch/Oz" (2022). "Twin Peaks" ressemble au "Hill Valley" des années cinquante du premier "Retour vers le futur" (1985). Cet aspect vintage se retrouve dans les lieux, les personnages, les situations et même les programmes TV! Cependant si Robert ZEMECKIS est critique vis à vis de ce prétendu âge d'or de l'American way of life dont il montre les travers (la psychose nucléaire par exemple) et les promesses non tenues, David LYNCH est carrément horrifique, faisant surgir des coins les plus sombres les pires monstres. Autre point commun, l'attirance pour les outre-mondes. Le major Briggs à l'écoute des messages extra-terrestre m'a fait penser au personnage de Jodie FOSTER dans "Contact". (1997)

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Drôle de couple (The Odd Couple)

Publié le par Rosalie210

Gene Saks (1968)

Drôle de couple (The Odd Couple)

Jack LEMMON et Walter MATTHAU ont tourné dix films ensemble dont trois sous la direction de Billy WILDER. En 2001, le New-York Times a souligné qu'ils avaient formé l'un des couples de cinéma les plus réussis d'Hollywood, sans doute le meilleur duo comique depuis Laurel et Hardy. Ils ont contribué à façonner le genre du buddy movie: une camaraderie entre deux hommes aux tempéraments opposés qui s'adorent mais se querellent tout le temps. C'est exactement la recette de "Drôle de couple" qui ne fait pas mystère avec un tel titre de son sujet. Cela a été souligné, c'est l'adaptation d'une pièce de théâtre et même s'il y a des réparties amusantes et pleines d'esprit, Gene SAKS n'est pas aussi inspiré au niveau de la mise en scène que Billy WILDER dans "Speciale premiere" (1974) tiré également d'un succès de Broadway. Le démarrage du film est laborieux là où il aurait fallu une entame incisive et la mise en scène est trop plan-plan. La mécanique comique fonctionne néanmoins grâce à l'alchimie parfaite entre les deux acteurs dont les personnages ont les pires difficultés à cohabiter dans le même appartement, l'un étant négligeant, bordélique et goguenard et l'autre pleurnichard, angoissé et fée du logis maniaque. Cerise sur le gâteau, alors que les buddies movies glorifient l'amitié virile et laissent les femmes en hors-champ, la scène avec les soeurs Pigeon (Carole SHELLEY et Monica EVANS) est sans doute l'une des plus drôles du film, celles-ci déjouant les codes de la séduction pour partir dans des directions inattendues.

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Marcello Mio

Publié le par Rosalie210

Christophe Honoré (2023)

Marcello Mio

Rêverie autour du mythe de Marcello MASTROIANNI réincarné par sa fille Chiara MASTROIANNI, "Marcello Mio" aurait pu être un beau film. Mais il sonne creux. Il s'agit d'un cinéma de niche qui ne parlera qu'à ceux qui connaissent sur le bout des doigts la filmographie de l'acteur italien. Les autres se sentiront exclus de cette suite de scénettes pour initiés quelque peu prétentieuses et bourrées de références collées les unes aux autres sans véritable souci de continuité. On ne voit pas très bien où Christophe HONORE veut en venir tellement ça part dans tous les sens. L'impression dominante est qu'il a voulu se faire plaisir en superposant une imagerie gay/transgenre sur une icône du cinéma à qui on avait collé une image de "latin lover". Il n'y avait pas besoin de le faire façon "Jean-Paul Gaultier". Marcello MASTROIANNI était autrement plus troublant que les militaires que la caméra gourmande de Christophe HONORE passe en revue endormis dans des poses alanguies et cela vaut aussi pour les reconstitutions des films dans lesquels il a joué: ils font plus que pâle figure avec l'original. Et s'il est plaisant de revoir Stefania SANDRELLI, on se passerait bien de l'autofiction narcissique autour des membres starifiés de la famille du défunt n'ayant pas de rapport direct avec lui (Melvil POUPAUD et Benjamin BIOLAY) ou ne représentant qu'une petite période de sa vie (Catherine DENEUVE). Ce n'est pas la seule faute de goût dans le film. Faire pousser la chansonnette à des acteurs ou actrices ayant une voix de crécelle donne envie de se boucher les oreilles. Et la scène où Catherine DENEUVE se montre grossière face au nouveau propriétaire de l'appartement où elle a vécu, sans raison apparente, donne du showbiz une image odieuse.

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Les Acteurs

Publié le par Rosalie210

Bertrand Blier (2000)

Les Acteurs

Le gratin du cinéma français du début des années 2000 se télescope sous la houlette de Bertrand BLIER dans ce qui peut apparaître comme une mise en abyme du métier, pleine d'ironie, de situations absurdes, de moments profondément émouvants aussi. C'est une déclaration d'amour aux acteurs, ceux qui étaient présents en 2000 sur le tournage et ceux qui étaient déjà partis, comme Lino VENTURA, Jean GABIN, Patrick DEWAERE, Marcello MASTROIANNI, tous ceux évoqués par Alain DELON ou les pères respectifs de Claude BRASSEUR et de Bertrand BLIER qui conversent avec leurs fils depuis l'au-delà. Depuis, cette impression de voir des revenants s'est renforcée, les deux-tiers du casting ayant depuis passé l'arme à gauche dont les deux fistons. Et si le panel représenté dans le film est à 95% masculin, la séquence la plus émouvante de toutes est celle dans laquelle Maria SCHNEIDER vient jouer une scène et remercie Bertrand BLIER de lui avoir offert ce moment. Evidemment par l'une de ces pirouettes dont il avait le secret, ce grand pudique qu'était Bertrand BLIER envoie aussitôt un nouvel olibrius (Michel SERRAULT) faire le pitre pour "empêcher le film de tourner à la guimauve" et il est vrai qu'on ne compte plus les séquences délirantes. Le "pot d'eau chaude" après lequel court Jean-Pierre MARIELLE durant tout le film et le fait douter de sa capacité à être entendu, Josiane BALASKO qui se fait passer pour Andre DUSSOLLIER façon René Magritte ("Ceci n'est pas une pipe"), Michael LONSDALE collant aux basques de Andre DUSSOLLIER (le vrai) etc. Tout participe de l'impression d'être dans une dimension parallèle, un rêve dans lequel les identités vacillent (l'allusion aux secrets inavouables de Michel PICCOLI) exprimant doutes et angoisses autour du vieillissement, de l'oubli et de la mort (obsession du Bertrand BLIER). En dépit d'un petit passage à vide sur la fin (la séquence Jean-Paul BELMONDO, Michel GALABRU et Albert DUPONTEL), on ne garde en tête que le meilleur dont des dialogues, plein de jeux de mots étincelants.

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Hors du temps

Publié le par Rosalie210

Olivier Assayas (2024)

Hors du temps

Mais qu'est-ce qui m'a pris de regarder ce film? Sans doute l'affiche et les images bucoliques de la vallée de Chevreuse, un lieu que j'aime beaucoup et la présence de Nora HAMZAWI au générique que j'ai vu il y a tout juste une semaine à l'Olympia. Et puis il y a un film de Olivier ASSAYAS que j'ai beaucoup aimé, "Clean" (2004). Mais celui-là qui aurait été parfait pour un film de famille aurait dû rester dans leur cercle privé. Il ne présente strictement aucun intérêt cinématographique. Il n'y a ni recherche formelle, ni travail d'écriture, ni volonté de créer des personnages. Il s'agit juste d'une chronique fictionnalisée paresseuse de la vie du réalisateur, de son frère et de leurs compagnes durant le confinement dans leur maison de famille au milieu d'un vaste parc avec cours de tennis. Les entendre s'apitoyer sur leurs petits problèmes de logistique et de couple ou bien se gargariser de références culturelles érudites auxquelles le commun des mortels n'a pas accès finit par rendre ces gens déconnectés du réel pénibles et le film en lui-même ennuyeux. Ca m'a rappelé des situations vécues dans lequel des intellectuels imbus d'eux-mêmes monopolisaient la conversation pour s'écouter parler et écraser les autres de leur snobisme. De toutes manière, les signaux "film de classe fait par et pour les bobos" clignotent à chaque instant. Chaque phrase, chaque situation est une caricature que ce soit Etienne (Vincent MACAIGNE, double du réalisateur) qui a rendez-vous en visio avec son psy ou Morgane (Nine D'URSO) qui mange bio et sans gluten entre deux séances de yoga sur zoom ou un podcast sur les derniers jours de la vie de Auguste Renoir. Tout cela sans le moindre humour, le moindre recul. Les seuls moments que j'ai trouvé intéressants, c'est quand la voix (hélas poussive) du vrai Olivier ASSAYAS se souvient avec nostalgie de son enfance dans cette maison. Cela aurait pu donner un tout autre film. Tel quel, il apparaît ainsi que les gens qui le peuplent sont non seulement "hors du temps" mais "hors sol", ne parlant qu'à eux-mêmes. Je tremble pour eux à la perspective de la prochaine crise, celle qui nous privera de carburant, d'accès internet, d'électricité (et accessoirement de caméra-miroir): mais comment feront-ils? ^^.

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Buffet froid

Publié le par Rosalie210

Bertrand Blier (1979)

Buffet froid

"Buffet froid" que je n'avais jamais vu m'a fait l'effet d'une pièce de théâtre de l'absurde dans un univers cauchemardesque, mi "Alphaville (une étrange aventure de Lemmy Caution)", mi "Orange mécanique": le nôtre. Celui d'une urbanisation tentaculaire à l'architecture inhumaine qui inspirait des dystopies à la chaîne au début des années 70.  "C'est ce béton qui me rend fou" hurle le personnage joué par Jean Carmet, un étrangleur de femmes mais tous les personnages sont à l'avenant. Des êtres paumés, sans attaches, anesthésiés, pour lesquels rien n'a d'importance. Des rôles si désincarnés (celui du mari chômeur, du flic et de l'assassin) qu'ils en deviennent interchangeables. Des âmes errantes dans des tunnels glauques, des immeubles de cités sinistres ou des paysages froids et désolés. Et pourtant, malgré cette désespérance généralisée, le film scintille d'humour non sensique. Bertrand Blier met notamment dans la bouche de son père, Bernard des mots savoureux à la Michel Audiard du genre "Ca sent le tabac et quand ça sent le tabac, ça veut dire que ça va bientôt sentir le roussi" ou bien "C'est une tour interdite aux musiciens, une tour sans gammes et sans arpèges". Autrement dit, ni création, ni émotions. Impossible de monter dans les tours: une voiture qui ne démarre pas, un homme qui refuse d'enlever son manteau, même pour dormir, des oiseaux qui ne chantent plus, la nuit, les néons ou un jour blafard et humide. Et pour finir en beauté et boucler la boucle du surréalisme un "ange exterminateur" alias Carole Bouquet sorti tout droit de "Cet obscur objet du désir". L'influence de "Buffet froid" m'a paru manifeste dans "Au Poste" de Quentin Dupieux qui se déroule dans le même quartier de la Défense et qui est aussi l'un de ses hommages les plus appuyés à Luis Bunuel.

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La Fracture

Publié le par Rosalie210

Catherine Corsini (2021)

La Fracture

Ce n'est pas parce que "La Fracture" rend compte d'une crise aigue de la société française à travers son hôpital public qu'il fallait sombrer à ce point dans l'excès hystérique et la caricature. Cet aspect "too much" se retrouve partout: des urgences saturées, en sous-effectif, assiégées par une altercation entre gilets jaunes et forces de l'ordre qui se déroule à ses grilles et se conclue par un lancer des grenades lacrymogènes dont les émanations envahissent les bâtiments, des plafonds qui tombent en lambeaux, des médicaments qui manquent, des gens qui hurlent partout, une prise d'otage et tout ça en même temps bien sûr... n'en jetez plus! D'autant que si on veut traquer les incohérences, ce n'est pas très compliqué de les trouver. Le mari de Kim l'infirmière qui débarque avec son bébé malade alors que l'hôpital est censé être en état de siège par exemple. Ou le lancer de gaz lacrymogène dans l'enceinte de l'hôpital (n'importe quoi!) Que la répression des manifestations des Gilets jaunes ait été excessive, c'est manifeste et cela constitue un authentique scandale. Que l'hôpital public, sous-doté en moyens matériels et humains s'enfonce dans des crises à répétition est un problème de société majeur. Mais il est indécent de comparer avec la destruction d'hôpitaux situés dans de véritables zones de guerre du genre Gaza. Surtout, la où le bât blesse le plus selon moi, c'est d'avoir mis l'accent sur des personnages aussi simplistes, tête-à-claques qui en plus ne sont pas crédibles pour deux sous. J'en ai très vite eu par-dessus la tête de voir le personnage de Valeria BRUNI-TEDESCHI insupportable d'égocentrisme chouiner et hurler sur sa petite amie au milieu de toute cette détresse humaine. D'ailleurs, que fait elle à cet endroit, n'a-t-elle pas les moyens vu sa catégorie socio-professionnelle de se payer une clinique privée? Bien qu'en terme de décibels, elle soit bien concurrencée par Yann, le personnage de Pio MARMAI auquel on ne croit pas une seconde en prolo revendicatif et buté. La nullité des dialogues, affligeants de manichéisme n'aide pas, c'est certain. Même un personnage beaucoup plus en retrait mais bien plus intéressant, celui d'une manifestante qui n'a cessé de minimiser sa douleur est obligée d'expliquer par A + B combien elle était pacifique et combien l'agression qu'elle a subi de la police était injustifiée. Ne valait-il pas mieux le montrer plutôt que les stupides provocations de Yann narguant les CRS qui passe son temps à jouer les rebelles en se regardant filmer? Bref, ça ne fait pas dans la dentelle et c'est pénible à voir.

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