Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mamma Mia!

Publié le par Rosalie210

Phyllida Lloyd (2008)

Mamma Mia!

A condition de renoncer à toute prétention cinéphilique et d'assumer son côté kitsch et mièvre (ce que je n'avais pas fait la première fois que je l'avais vu), "Mamma Mia!" permet de passer un bon moment. L'histoire n'est qu'un prétexte à enchaîner les tubes entraînants d'Abba, si nombreux qu'ils permettent de remplir le cahier des charges d'un film de près de deux heures. Dans les années 80 j'écoutais en boucle la comédie musicale "Abbacadabra" où officiaient entre autre le regretté Daniel Balavoine, Plastic Bertrand et … Clémentine Autain (comme quoi tous les chemins mènent à la politique ^^). J'étais donc parée à toute éventualité ^^. Ensuite il y a le casting prestigieux qui y va à fond, quitte à être ridicule, autant l'assumer. Du coup cela devient de l'autodérision et c'est sympathique de voir tous ces quinquagénaires jouer les djeun's et pousser la chansonnette en ne se prenant jamais au sérieux (ce qui est une preuve d'intelligence!). Côté femmes, on a Meryl Streep qui a l'air de s'éclater tout comme ses deux copines, Christine Baranski et Julie Walters (la Molly Weasley de la saga Harry Potter). Côté hommes on a Pierce Brosnan (qui nous casse tout de même un peu les oreilles, le chant n'est pas son fort  mais ça finit par être drôle à la longue ^^) et Colin Firth qui s'autoparodie avec jubilation. Pourquoi ne pas faire la fête en si bonne compagnie? On aurait tort de s'en priver ^^.

Voir les commentaires

La Légende de Mor'du (The Legend of Mor'du)

Publié le par Rosalie210

Brian Larsen (2012)

La Légende de Mor'du (The Legend of Mor'du)

Complémentaire du film "Rebelle", "La Légende de Mor'du" réussit l'exploit de tirer encore vers le bas un long-métrage que je considère comme l'un des moins intéressants (et personnels surtout) du studio à la lampe. Personne n'est dupe, la réalisation du court-métrage est bâclée et semble relever davantage du recyclage de story board que d'un film d'animation. Quant à l'histoire, elle enfonce le clou du message rétrograde de "Rebelle": quatre frères dont un méchant qui, mécontent de ne pas hériter de la totalité du royaume bascule dans la haine fratricide et y entraîne le royaume avec lui. On peut résumer ainsi la moralité destinée à l'édification des jeunes: "Employer la force n'entraîne que des malheurs, voyez ce qui arrive quand on choisit de poursuivre un but égoïste plutôt que de réparer les liens familiaux. Suivez plutôt l'exemple de Mérida". Bref on nage en pleine leçon moralisatrice Disney bien infantilisante à une époque où-celui ci exerçait une telle emprise sur le studio Pixar qu'il avait racheté qu'il menaçait jusqu'à son identité et sa créativité pour en tirer un maximum de bénéfices à court-terme (ce qui passait notamment par le "consensus mou"). Heureusement des pépites comme "Vice-Versa" ou "Coco" réalisées récemment ont démontré que les studios Pixar n'avaient pas dit leur dernier mot et heureusement car il s'agit d'un vivier créatif parmi les plus stimulants de ces trente dernières années.

Voir les commentaires

QG de soirée (Party Central)

Publié le par Rosalie210

Kelsey Mann (2014)

QG de soirée (Party Central)

L'idée de "Party Central" devait à l'origine être incluse dans le film "Monstres Academy" mais finalement elle devint un court-métrage à part entière projeté juste avant "Operation Muppets" de Disney (un détail éloquent qui souligne à quel point dans la première moitié des années 2010 les studios Pixar étaient menacés dans leur identité par l'influence de la firme Disney, une influence se faisant ressentir à plusieurs niveaux: scénarios convenus de "Rebelle" ou "Le Voyage d'Arlo", multiplication des suites et des produits dérivés jusqu'à l'overdose comme pour "Cars" etc.). Réalisé par Kelsey Mann, l'un des scénaristes de "Monstres Academy" il combine l'univers estudiantin du film avec le franchissement des portails de "Monstres et Cie" pour un résultat inventif de bout en bout, très amusant et parfaitement rythmé (et que je trouve meilleur que "Monstres Academy" lui-même!). Les Oozmaa Kappa organisent une fête d'intégration pour Bob et Sulli mais personne ne vient. Ces derniers montent alors un plan pour "transférer" ni vu ni connu les étudiants partis faire la fête dans un endroit branché jusque dans leur salon à l'aide de deux portails et de divers stratagèmes pour les attirer. L'espace entre les deux portails donnant sur une chambre parentale, les réactions de ces derniers aux incursions de plus en plus bruyantes des monstres constituent un élément comique majeur du film. Ils finissent par être replongés en enfance quand les monstres étaient sous leur lit.

Voir les commentaires

Les 500 miles 1/2 de Radiator Springs (The Radiator Springs 500 1/2)

Publié le par Rosalie210

Rob Gibbs et Scott Morse (2014)

Les 500 miles 1/2 de Radiator Springs (The Radiator Springs 500 1/2)

Quatrième épisode de la quatrième saison des "Cars Toon" sous-titrée "Les Contes de Radiator Springs", ce court-métrage de six minutes nous offre une course tout-terrain entre Flash McQueen et quatre voitures Baja hors-la-loi dans un univers de western spaghetti. Il s'agit de défendre l'honneur du fondateur de la ville, Stanley dont les voitures Baja se sont moquées. La touche humoristique est assurée par Martin qui avec ses directives peu claires les envoie dans un itinéraire bis qui n'est pas de tout repos et offre quelques moments assez drôles grâce au montage alterné (qui montre le décalage entre le vrai parcours de la course et le parcours parallèle suivi par les coureurs). Ainsi sans le vouloir, Martin donne une bonne leçon à l'hubris des voitures Baja (qui sert également de piqure de rappel à Flash McQueen qui au début de "Cars 1" partageait leur mentalité arrogante). C'est donc un court-métrage certes léger mais divertissant et moins bête que "Cars 2". 

Voir les commentaires

La Mégère apprivoisée

Publié le par Rosalie210

Franco Zeffirelli (1967)

La Mégère apprivoisée

Le principal défaut de cette adaptation de la pièce de Shakespeare est son absence de point de vue.  Franco Zeffirelli est un cinéaste très conventionnel qui semble illustrer plutôt que proposer une vision du patrimoine littéraire qu'il adapte. Par conséquent le film est très impersonnel ce qui est dommageable car ce qu'il en ressort au final, c'est un ringardisme absolu dans la manière d'aborder les rapports hommes-femmes comme une lutte de pouvoir dans laquelle l'homme, mû par l'appât du gain et l'orgueil doit mater la femme colérique (une émotion considérée comme indésirable dont l'éradication justifie la maltraitance et donne du crédit à ce que l'on appelle aujourd'hui la culture du viol). Cette vision misogyne et mercantile des rapports amoureux flatte les pires instincts de ceux qui n'envisagent les relations humaines qu'en terme de rapports de force*. Reste le plaisir pour l'œil de regarder des costumes vraiment magnifiques et les prises de bec entre Elizabeth Taylor et Richard Burton qui en font des tonnes au point que le film est limite un documentaire sur leur relation mouvementée ^^^^. Inutile de préciser que les personnages secondaires sont parfaitement inexistants, le film se focalisant sur ces deux monstres sacrés qui "bouffent la caméra" dès qu'ils apparaissent à l'écran.

* Je n'apprécie pas non plus les versions "féministes" de la pièce qui font de Catherine une Lady Macbeth comique. C'est le rapport de forces en lui-même qui est problématique, le fait d'envisager une relation en terme de dominant/dominé.

Voir les commentaires

Les 101 Nuits de Simon Cinema

Publié le par Rosalie210

Agnès Varda (1995)

Les 101 Nuits de Simon Cinema

Hommage au centenaire du septième art (surtout français et américain mais avec des incursions dans le cinéma italien et japonais), "Les 101 Nuits" est un assez ahurissant catalogue de références et de cameos en forme de who's who. Tout le ban et l'arrière-ban du cinéma français accompagné de quelques stars américaines est convoqué au chevet de Simon Cinéma (Michel Piccoli), un très riche vieux monsieur croulant mythomane censé personnifier le cinéma qui vit dans un château à St-Rémy les Chevreuse (bien relié par le RER B à la rue Daguerre où vivait Agnès Varda depuis les années 50) avec sa domesticité dont un majordome qui rappelle un certain Erich von Stroheim. Si l'approche éclatée et surréaliste (avec des clins d'oeil appuyés à Luis Bunuel) amuse au départ, si le film contient son lot de moments savoureux, son étirement sur 1h41 finit par lasser tant le procédé fondé sur une accumulation-collection de vignettes décousues paraît répétitif et vain. Les stars sont là en tant que signes et symboles, parfois au sens littéral (les frères Lumière sont représentés entourés d'ampoules!) et le film se voulant en surface festif et ludique, les analyses filmiques sont forcément ultra-survolées même si ça fait toujours plaisir de revoir ou d'évoquer des moments iconiques comme le plan-séquence inaugural de "La Soif du mal", le match des séducteurs Michel Piccoli versus Marcello Mastroianni via la comparaison entre les scènes de baignoire tirées des films "Le Mépris" et "Huit 1/2", celui des plus belles morts à l'écran de Gérard Depardieu ou la scène finale de "King-Kong".  Et puis, Agnès Varda ne pouvait évidemment pas le savoir en 1995 mais le choix de donner le rôle de la cinéphile censé entretenir la mémoire de Simon Cinéma à Julie Gayet et de l'apparier de façon gémellaire (ils ont le même prénom à l'écran) à son fils, Mathieu Demy qui joue le réalisateur d'un premier film ne peut que faire sourire étant donné que Julie Gayet est aujourd'hui systématiquement associée à un autre genre d'acteur ^^^^. Plus gênant, leur jeu consternant (celui de Julie Gayet personnifie le cliché de la "blonde idiote" alors qu'elle est censée être une intellectuelle ah ah ah) et leur malhonnêteté (ils veulent s'emparer de l'héritage de Simon Cinéma en lui présentant un faux héritier) donne une vision assez nihiliste de l'avenir du cinéma, hanté comme toujours chez Varda par la figure de la grande faucheuse (laquelle prend les traits de Romane Bohringer). Cette finalement pas si joyeuse féérie pour initiés-érudits (contradiction inhérente à Agnès Varda) qui sombre parfois dans le ridicule (Des pointures comme Alain Delon, Jean-Paul Belmondo ou Robert de Niro ne sont franchement pas bien servis) aurait mérité d'être plus structurée et moins inégale.

Voir les commentaires

Rex, le roi de la fête (Partysaurus Rex)

Publié le par Rosalie210

Mark Walsh (2012)

Rex, le roi de la fête (Partysaurus Rex)

"Rex, le roi de la fête" est le troisième court-métrage de la série "Toy Story Toons" après "Vacances à Hawaï" et "Mini Buzz". Il apporte un éclairage original et sympathique sur un sujet jusqu'ici non traité par la série: les jouets de bain qui n'existent qu'un quart d'heure par jour, lorsque leur propriétaire les utilise pour égayer le moment qu'elle passe dans la baignoire. Mais sans eau, ils ne peuvent plus se mouvoir et rongent leur frein. Du moins jusqu'à ce que Bonnie ait l'idée d'emmener Rex dans le bain avec eux. Celui-ci est esseulé car les autres jouets l'accusent de se comporter en rabat-joie. Il a donc l'idée de mettre ses nouveaux copains dans sa poche en leur faisant plaisir, quitte à se montrer trop complaisant avec eux et à ne plus contrôler la situation. L'idée très drôle du court-métrage est de transformer le bain en rave-party (inspirée des fêtes d'Ibiza) avec musique techno (composée par Brian Transeau) et lumière noire. On y croit grâce à la maîtrise technique du studio et les moyens employés pour y parvenir sont très astucieux (bain moussant, jouets lumineux, passoire, robot musical etc.) Rex joue les DJ et est rapidement dépassé par le processus qu'il a enclenché, la baignoire se déréglant au fur et à mesure que le niveau d'eau et de mousse monte en puissance à l'image de l'intensité de la fête.

Voir les commentaires

Lava

Publié le par Rosalie210

James Ford Murphy (2015)

Lava

"Lava" relève davantage dans son style de Disney que de Pixar. D'abord parce qu'il s'agit d'un court-métrage musical (alors que la plupart des Pixar sont dépourvus de paroles et donc a fortiori de chansons), ensuite parce que l'histoire, très convenue tourne autour de cette brûlante question: un jour ma princesse viendra-t-elle? En attendant ce jour radieux, le volcan s'érode jusqu'à disparaître au fond de l'océan juste au moment où sa dulcinée jaillit hors des flots. La même chanson (bien niaise et martelée pendant 7 minutes non stop) suffit à réunir "Uku" et "Lele", le jeu de mots pas très fin est à l'image du court-métrage lui-même. Heureusement l'aspect visuel du film assez paradisiaque rattrape un peu son intrigue convenue et sa chanson répétitive qui casse des oreilles. Mais ce n'était pas vraiment le court-métrage qui convenait le mieux pour introduire 'Vice-Versa" qui lui était profondément novateur tant dans son intrigue que sur le plan formel. 

Voir les commentaires

Jane Eyre

Publié le par Rosalie210

Julian Aymes (1983)

Jane Eyre

Il existe au moins une vingtaine d'adaptations de "Jane Eyre", le chef d'oeuvre de Charlotte Brontë mais bien peu s'avèrent satisfaisantes tant le roman est riche et tant les protagonistes principaux sont complexes. L'avantage de la mini-série sur le long-métrage de cinéma, c'est que sa longueur permet d'adapter la totalité du roman. Or il n'y a aucune scène superflue dans "Jane Eyre" ce qui explique, du moins en partie que je ne trouve aucune adaptation en long-métrage satisfaisante parmi toutes celles que j'ai vue (j'aime beaucoup celle de Stevenson mais c'est pour des raisons extérieures à "Jane Eyre", à savoir mon admiration pour le cinéma de Orson Welles, la musique de Bernard Hermann etc.) La mini-série s'avère être le format idéal pour adapter correctement le roman, à condition d'en avoir compris l'esprit. Or c'est ce qui manque cruellement dans cette adaptation de Julian Aymes pour la BBC terriblement datée tant sur le plan formel que sur celui du contenu. 

Cette version bien que britannique m'a replongée au cœur des séries historiques cheap réalisées pour la télévision française dans les années 80 du type "Le Gerfaut" ou "La Comtesse de Charny" avec des décors de carton-pâte, une mise en scène théâtrale étriquée (très peu de scènes sont tournées en extérieur) et une image vidéo assez laide. D'autre part, l'adaptation du roman y est platement littérale ce qui veut dire qu'elle passe à côté de ce que Charlotte Brontë nous fait ressentir, de ce qu'elle nous dit entre les lignes à défaut de pouvoir le dire explicitement. On a donc des dialogues fidèles à la virgule près à ceux du roman mais qui ne sont pas incarnés et donc sonnent faux. Et ce d'autant plus que l'interprétation pose aussi problème. En effet dans "Jane Eyre" il y a au moins trois personnages qu'il ne faut pas rater sous peine de rater l'adaptation: Jane, Rochester et l'entité formée par Jane et Rochester ^^. Or le casting ne fonctionne pas pour la bonne et simple raison que Timothy Dalton écrase complètement sa partenaire, Zelah Clarke. Celle-ci qui arbore un perpétuel air de chien battu apparaît comme une petite chose fragile, larmoyante, contrite et triste à mourir. Elle semble tétanisée par son partenaire qui la domine de bout en bout. Inutile de préciser que c'est un contresens total par rapport au personnage de Jane Eyre, fausse fragile, vraie force de la nature qui recherche et obtient une relation d'égal à égal, fondée sur une alchimie naturelle qui échappe à tous les jeux de pouvoir. Timothy Dalton a aussi sa part de responsabilité dans cet échec. Certes, ce n'est pas sa faute si les directeurs de casting ne lui ont pas trouvé une partenaire à la hauteur de son charisme animal (^^) mais il donne une interprétation bien trop simpliste (et outrée) de Rochester. Pour exprimer les ambivalences du personnage, il n'a pas trouvé mieux que d'alterner des scènes où il malmène Jane et des scènes où il lui ouvre son cœur sans aucun rapport entre elles, comme s'il était schizophrène. S'il est vrai que le comportement instable de Rochester fait longtemps souffrir Jane dans le roman, jamais elle ne tremble devant lui, ayant conscience de sa force. Et surtout, jamais il ne la rejette brutalement comme il le fait dans la mini-série, y compris à la fin où (ajout venu d'on ne sait où) il ne veut brusquement plus de ce qu'il prend pour de "la pitié" et la met aussitôt au bord des larmes. De quoi casser l'ambiance et réfrigérer n'importe quel cœur. C'est un contresens total par rapport à la fin du roman où ils sont si heureux d'être ensemble qu'ils sont complètement désinhibés. Les émotions et les gestes qui les accompagnent circulent alors librement entre eux (ce qui d'ailleurs allait à l'encontre des convenances et avait choqué à l'époque). A travers ces poussées d'autoritarisme inventées de toutes pièces, on sent le besoin de bien marquer les territoires du masculin et du féminin ou plutôt des stéréotypes associés à chaque genre, histoire de rassurer ceux qui auraient peur de perdre le contrôle et de se laisser "absorber" dans le monde féminin de Charlotte Brontë. Pitoyable. 

 

Voir les commentaires

Les Créatures

Publié le par Rosalie210

Agnès Varda (1966)

Les Créatures

"Les Créatures" est l'un des films les plus expérimentaux et les plus méconnus de Agnès Varda, proche par certains aspects (l'utilisation d'écrans de couleur, la critique sous-jacente des effets délétères du patriarcat) de son précédent opus "Le Bonheur". Il fait beaucoup penser à deux films alors encore à venir de Alain Resnais "Je T'aime, je T'aime" pour l'utilisation (ici fantasmée par le biais de l'écriture) d'une technologie intrusive sur les cerveaux humains et pour un montage fantasque épousant la psyché humaine et "L'Amour à mort" pour l'utilisation de la musique contemporaine et l'alternance de plans côté pile et de plans côté face. Agnès Varda s'est beaucoup inspiré du docteur Mabuse de Fritz Lang et de la partie d'échecs du "Septième Sceau" de Ingmar Bergman tout en taclant ses petits camarades (tous masculins) de la Nouvelle vague.

Sur le plan de l'histoire, "Les Créatures" ne montre pas une société progressiste, bien au contraire, la manière dont il dépeint les relations humaines (hommes-femmes notamment) est la plus inquiétante qui soit. Agnès Varda adopte le point de vue de l'écrivain Edgard Piccoli (alias Michel Piccoli) qui a une vision paranoïaque du monde. Il vit retranché dans un fort comme s'il était assiégé et prête aux gens qu'il croise durant son séjour sur l'île de Noirmoutier des vies et des intentions (couchées ensuite sur papier) qui sont systématiquement négatives. Comme le dit Le Monde " Les amoureux se querellent, presque tous les couples se défont, les petites filles sont sournoises, les mœurs bizarres et les gens vulgaires, frivoles, vindicatifs, aigris, menteurs, violents, méchants." La seule personne qui échappe à cette misanthropie est sa femme Mylène (Catherine Deneuve) qui par contraste est un ange de pureté et pour cause! Elle vit cloîtrée dans leur forteresse, elle est muette (voire invalide au vu du nombre de fois où son mari la porte) et passe l'essentiel de son temps à attendre la naissance de leur enfant, habillée et coiffée comme une poupée. Bref la femme-objet idéale sur laquelle l'homme peut projeter ses fantasmes de domination totalitaire (fantasmes qui s'incarnent dans le personnage du savant fou qui contrôle à l'aide d'une machine ses "créatures", mot qui donne son titre au film). D'ailleurs le seul moment où Mylène manifeste une quelconque volonté propre, c'est au début, quand elle a encore sa voix. Elle demande à Edgar de rouler moins vite. Evidemment il ne l'écoute pas (cela constituerait une limite à sa liberté, le pauvre chéri) et c'est l'accident. C'est pourquoi j'ai pensé durant tout le film que Mylène était en fait morte et qu'elle n'existait que dans l'imagination de son mari qui pouvait ainsi la plier à tous ses désirs. Comme dans "Le Bonheur", il faut donc un certain travail de réflexion pour percevoir ce qu'il y a de profondément féminicide dans leur couple. Le gigantesque crabe qui se dresse plusieurs fois entre eux le laisse parfaitement deviner.

Voir les commentaires

1 2 3 > >>