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Entre choix et destin: Les voyages dans le temps comme accomplissement de soi dans la trilogie Retour vers le futur (1985, 1989, 1990) Page 1

Publié par Rosalie210

Préambule

La nuit où la foudre s'abattit sur Hill Valley

La nuit où la foudre s'abattit sur Hill Valley

"Les plus grands rois (...) prisent les fous plus que les sages austères."
Erasme, Eloge de la folie, XXXVI

Préambule

J'ai toujours pris les comédies au sérieux, au point de les préférer bien souvent aux drames. L'humour et le rire sont de formidables moyens de faire passer les messages les plus subversifs. Parmi les films que je préfère, les comédies sont omniprésentes. J'aime tout particulièrement ces chefs-d'oeuvre que sont L'Extravagant M. Deeds de Frank Capra, La Garçonnière de Billy Wilder, Docteur Folamour de Stanley Kubrick, Soupe au Canard de Léo Mc Carey (le meilleur film des Marx Brothers) sans parler de Brazil de Terry Gilliam qui s'apparente aussi à une comédie par certains de ses aspects. Parmi ces films, plusieurs ont eu une influence majeure sur les auteurs de RVLF, Robert Zemeckis et Bob Gale comme le prouve l'un de leurs premiers scénarios adapté au cinéma, 1941.

L'extravagant M. Deeds comme tous les Capra délivre un message profondément humaniste. La question de la normalité et celle de l'exploitation de l'homme par l'homme y sont centrales.  Le docteur Emmett Brown tout comme Forrest Gump  sont des personnages capriens ce qui créé dans le premier cas un mélange détonnant avec le docteur Folamour, autre inspiration majeure de Zemeckis.

L'extravagant M. Deeds comme tous les Capra délivre un message profondément humaniste. La question de la normalité et celle de l'exploitation de l'homme par l'homme y sont centrales. Le docteur Emmett Brown tout comme Forrest Gump sont des personnages capriens ce qui créé dans le premier cas un mélange détonnant avec le docteur Folamour, autre inspiration majeure de Zemeckis.

Docteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe de Stanley Kubrick. Via les armes (de la bombe nucléaire aux colt en passant par les fusées) les véhicules et leurs ancêtres, les chevaux ou via la main comme substitut phallique, la question de la virilité est absolument centrale dans la trilogie RVLF et la référence à Folamour y est explicite de plus d'une façon.

Docteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe de Stanley Kubrick. Via les armes (de la bombe nucléaire aux colt en passant par les fusées) les véhicules et leurs ancêtres, les chevaux ou via la main comme substitut phallique, la question de la virilité est absolument centrale dans la trilogie RVLF et la référence à Folamour y est explicite de plus d'une façon.

1941 est le quatrième film de Spielberg et l'un des premiers scénarios du tandem Zemeckis-Gale adapté au cinéma. Ceux-ci venaient tout juste de quitter l'université. Film maudit devenu culte avec le temps, 1941 est une comédie burlesque anarchisante qui comme les premiers films des Marx Brothers  met en pièce le décor et tourne en dérision l'armée et la famille (au grand dam de John Wayne qui traitera le film "d'anti-patriotique"). 1941 fait ressortir les thèmes et motifs favoris du duo qui sont alors dans la provocation: antimilitarisme, goût pour la subversion, attirance pour les personnages complètement cinglés, allusions sexuelles permanentes (mention spéciale à l'actrice des "Dents de la mer" embrochée non cette fois par un requin mais par un périscope sans parler de la nymphomane obs

1941 est le quatrième film de Spielberg et l'un des premiers scénarios du tandem Zemeckis-Gale adapté au cinéma. Ceux-ci venaient tout juste de quitter l'université. Film maudit devenu culte avec le temps, 1941 est une comédie burlesque anarchisante qui comme les premiers films des Marx Brothers met en pièce le décor et tourne en dérision l'armée et la famille (au grand dam de John Wayne qui traitera le film "d'anti-patriotique"). 1941 fait ressortir les thèmes et motifs favoris du duo qui sont alors dans la provocation: antimilitarisme, goût pour la subversion, attirance pour les personnages complètement cinglés, allusions sexuelles permanentes (mention spéciale à l'actrice des "Dents de la mer" embrochée non cette fois par un requin mais par un périscope sans parler de la nymphomane obs

Bien qu'à la croisée de plusieurs genres RVLF s'inscrit dans le registre de la comédie. Mais à la différence de toutes celles que j'ai cité, elle souffre encore aujourd'hui de son étiquette de divertissement populaire. Tout au plus a-t-elle gagné avec le temps le statut "d'oeuvre culte" (il faut bien trouver une explication facile au fait que trente ans après elle reste dans le coeur de toute une génération alors que tant de films "auteurisant" sont tombés depuis longtemps dans les limbes de l'oubli). Quant à son réalisateur, Robert Zemeckis, il est lui aussi largement sous-estimé (les critiques en sont encore à débattre pour savoir s'il est un auteur ou un simple "faiseur", pffff!) Ce jugement condescendant explique au moins en partie qu'aucune analyse approfondie n'ait été menée à ce jour sur les films de Zemeckis.

Nos sociétés pleines de certitudes, de suffisance et d'arrogance auraient pourtant bien besoin d'écouter ses fous et autres idiots. Car si le bouffon a pour premier rôle d'amuser il en a un second, celui de révéler, de tendre un miroir grotesque qui est aussi un facteur de progrès (ou de blocage selon que la société veut ou non s'y contempler). Or tout, absolument tout dans Retour vers le futur fait sens, il faut juste faire l'effort de décoder son langage subliminal.

Jan Matejko, portrait de Stanczyk. Fou des rois de Pologne au XVI° siècle, Stanczyk est le premier à prendre conscience de la tragédie qui se joue (la lettre sur la table annonce l'invasion du pays par les russes.) Et il réfléchit au moyen de l'annoncer au roi et à ses invités qui continuent à s'amuser à l'arrière-plan. Le fou est en réalité toujours plus lucide que ceux qu'il est chargé de divertir. Et ce portrait montre aussi l'humanité du personnage derrière sa fonction.

Jan Matejko, portrait de Stanczyk. Fou des rois de Pologne au XVI° siècle, Stanczyk est le premier à prendre conscience de la tragédie qui se joue (la lettre sur la table annonce l'invasion du pays par les russes.) Et il réfléchit au moyen de l'annoncer au roi et à ses invités qui continuent à s'amuser à l'arrière-plan. Le fou est en réalité toujours plus lucide que ceux qu'il est chargé de divertir. Et ce portrait montre aussi l'humanité du personnage derrière sa fonction.

J'ai analysé la trilogie au sens large c'est à dire en incluant toutes les versions existantes des trois scénarios (qui se complètent), les scènes coupées, les éléments des décors et de la mise en scène et les commentaires oraux de ses deux créateurs, Robert Zemeckis et son co-scénariste Bob Gale. En effet tous ces éléments apportent énormément d'éclairages à un univers qui fonctionne beaucoup sous forme d'allusions. Comme la plupart des autres films de Zemeckis, RVLF possède plusieurs niveaux de lecture et sa simplicité apparente cache des personnages et des questionnements complexes.