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Rio Lobo

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1970)

Rio Lobo

Arte a eu bien raison de programmer le dernier film de Howard HAWKS pour les fêtes de fin d'année. "Rio Lobo" est le mal-aimé de la trilogie de westerns en couleur que le réalisateur a tourné avec John WAYNE et a souffert de la comparaison avec "El Dorado" (1965) et surtout "Rio Bravo" (1959), sommet du western et de la filmographie de Howard HAWKS. Pourtant, le plaisir est là. Celui de se lover dans un univers familier et chaleureux dont "Rio Lobo" offre une déclinaison peut-être en mode mineur mais savoureuse en compagnie du Duke, certes vieillissant et bedonnant mais qui fait office comme le dit l'un des personnages féminins du film (il y en a trois!) d'excellente "bouillotte". Ce n'est pas le seul trait d'auto-dérision qui nous régale, outre le qualificatif de "bébé baleine" relatif à son embonpoint il doit subir également un charcutage chez le dentiste parce qu'il serait un "trop mauvais acteur" (une façon intelligente de répondre à ses détracteurs). A ses côtés, l'ami fidèle et ancien adversaire (Jorge RIVERO), son jeune adjoint (joué par le fils de Robert MITCHUM) et un vieux briscard pittoresque râleur et amateur d'alcool. Non plus Walter BRENNAN mais Jack ELAM dont la gueule mal rasée et l'oeil à moitié fermé est resté célèbre pour l'ouverture de "Il était une fois dans l'Ouest" (1968). A ce "men's club" hétéroclite et retranché devant se défendre contre des ennemis plus nombreux et plus forts, il faut ajouter les trois jeunes femmes du film, au physique trop mannequin pour s'intégrer harmonieusement dans le western mais qui sont partie prenante du récit, maniant la gâchette et prenant les coups au lieu de regarder passer les trains. Il y a quelques longueurs mais aussi d'excellents morceaux de bravoure comme l'attaque du train par les sudistes au début du film. "Rio Lobo" a beau restituer toute la saveur de l'univers hawksien, le magnifique générique mélancolique à la guitare sèche nous rappelle que c'est son film-testament, son chant du cygne.

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Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Publié le par Rosalie210

John Sturges  (1960)

Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Je n'avais jamais vu "Les sept mercenaires", contrairement au film original, "Les 7 samourais" (1954) de Akira KUROSAWA, grand pourvoyeur de scénarios de blockbusters américains malgré lui*. J'ai trouvé le film historiquement instructif, car Eli WALLACH, Charles BRONSON et James COBURN s'illustreront quelques années plus tard dans les westerns novateurs de Sergio LEONE** qui les feront tous trois passer à la postérité. Cela fait d'autant plus ressortir les conventions du film de John STURGES, non réaliste au possible. Beaucoup ont ironisé sur les invraisemblances du scénario, notamment le fait que le chef des brigands raccompagne gentiment les mercenaires jusqu'à la sortie du village où il leur rend leurs armes, mais on peut en dire autant des trois enfants mexicains qui accompagnent Bernardo (le personnage de Charles BRONSON) sur les lieux des fusillades sans récolter une seule égratignure ou encore de la grotesque infiltration de Chico (d'autant que l'acteur, Horst BUCHHOLZ brille plus pour sa belle gueule que pour sa finesse de jeu) dans le camp des bandits qui finissent par ne plus être pris au sérieux. Cette théâtralisation outrancière des enjeux est complètement assumée ce que souligne également le choix de parer les villageois de vêtements d'un blanc éclatant en plein Far West, sans parler des ponchos pimpants, des barbes bien taillées ou des visages imberbes à des années lumières de la crasse et de la sueur des trognes des films de Sergio LEONE.

"Les sept mercenaires", est donc un film efficace, qui bénéficie d'un casting de haut vol (en plus des trois futurs acteurs "léoniens", les deux chefs de bande joués par Yul BRYNNER et Steve McQUEEN sont fort charismatiques) et d'une musique accrocheuse mais dont le résultat est plutôt lisse et convenu. S'y ébauche une réflexion existentielle intéressante sur le statut du "poor lonesome cowboy" sans racines ni attaches mais la réponse apportée à la fin du film est également on ne peut plus conventionnelle (se fixer, se marier etc.)


* Pour rappel, Georges LUCAS a avoué s'être fortement inspiré de "La Forteresse cachee" (1958) pour l'épisode IV de sa saga intergalactique.

** Dont le premier western, "Pour une poignee de dollars" (1964) est lui-même inspiré d'un film de Akira KUROSAWA, "Yojimbo" (1960).

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De battre mon coeur s'est arrêté

Publié le par Rosalie210

Jacques Audiard (2005)

De battre mon coeur s'est arrêté

La musique adoucit-elle vraiment les moeurs? Il est permis d'en douter en visionnant le quatrième film de Jacques AUDIARD qui bien avant "Emilia Perez" (2024) s'essayait à alterner les genres. "De battre mon coeur s'est arrêté" est le remake d'un film américain scorsesien, "Melodie pour un tueur" (1978) réalisé par James TOBACK avec Harvey KEITEL dans un rôle lui allant comme un gant (et ce bien avant "La Lecon de piano) (1993). Dans le film français, c'est Romain DURIS qui joue le rôle de Tom, englué dans une vie de combines et de violence qui ne le satisfait pas et dont il s'évade par la musique. Ce faisant, il tente d'échapper à l'emprise de son père qui l'utilise pour recouvrir ses créances par la méthode forte, lui-même n'étant plus en mesure de s'imposer dans le milieu d'escrocs qu'il fréquente. Ce père déchu et condamné fait figure d'anti-modèle pour Tom, mais il est néanmoins pris entre sa loyauté envers lui et le désir de suivre les pas de sa mère décédée qui était pianiste de concert. On se demande bien quel a été le ciment de cet étrange couple si dissemblable. On peut d'ailleurs contester le fait que l'art soit rattaché aux femmes et l'argent (facile) aux hommes (tout comme la beauté et la violence). La réalité est évidemment bien plus complexe. L'art n'échappe pas aux enjeux de pouvoir et d'argent et reste largement dominé par les hommes. Toujours est-il que Tom cristallise son désir d'évasion (et également ses besoins de beauté, de rédemption, d'idéal...) sur le piano et se met à le travailler avec acharnement dans le but de passer une audition en compagnie d'une immigrée chinoise ne parlant pas français, histoire de lui couper la chique autant que les poings. Le problème est qu'il ne rompt pas pour autant avec ses activités de marchand de biens aux méthodes peu scrupuleuses ni avec "l'honneur" familial qui lui commande de venger son père. Tom se prend donc les pieds dans des contradictions insurmontables à force de ne pas vouloir choisir. Un problème d'adolescent attardé qui n'est pas complètement résolu à la fin du film, même si Tom a eu l'intelligence de s'effacer au profit de sa professeure, bien plus prête que lui à intégrer le milieu des concertistes français. Le premier acte mature et autonome de sa vie d'adulte?

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Bugsy Malone

Publié le par Rosalie210

Alan Parker (1976)

Bugsy Malone

Le concept du premier film de Alan PARKER est génial: faire jouer les juniors dans la cour des grands. Enfin presque, car pour revêtir les habits des films de gangsters de l'entre-deux-guerres tels que "Le Petit Cesar" (1930) ou "Scarface" (1931), il a fallu faire quelques adaptations. Les bootleggers et speakeasy trafiquent et servent des sirops "on the rocks", les automobiles sont des voiturettes à pédale impeccablement customisées, les armes sont celles du cinéma burlesque: tartes à la crème pour le gang de Fat Sam et lanceurs de petits suisse maquillés en mitraillettes pour celui de Dan le Dandy. L'acquisition de ces armes plus élaborées est d'ailleurs l'objectif du gang de Fat Sam. Les garçons jouent les truands, les flics ou les artistes de speakeasy et les filles sont danseuses ou chanteuses. Tout ce petit monde est plus vrai que nature dans un univers classieux reconstitué à la perfection, au point que si ce n'étaient les visages juvéniles et les tailles miniature, l'illusion serait parfaite. Le résultat est délicieusement parodique, le sexe et la violence étant ramenés à un jeu d'enfants dans lequel il s'agit d'être le plus fort ou la plus belle. L'aspect burlesque du film nous ramène à l'époque du muet (on voit d'ailleurs le tournage d'un film selon les techniques de cette époque tout à fait comme dans "Babylon") (2021) mais aussi à Billy WILDER et à "Certains l'aiment chaud" (1959) ou encore à Blake EDWARDS (plus particulièrement à la séquence tarte à la crème de "La Grande course autour du monde") (1965). Quant à l'aspect comédie musicale, elle évoque le futur "Cotton Club" (1984). La BO de Paul WILLIAMS ("Phantom of the Paradise") (1974) est somptueuse et addictive. Enfin si la plupart des enfants-acteurs sont ensuite retournés à l'anonymat, Jodie FOSTER âgée de 13 ans brille dans l'un des rôles principaux, l'année même où elle deviendra une star avec "Taxi Driver". (1976)

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Les 12 salopards (The Dirty Dozen)

Publié le par Rosalie210

Robert Aldrich (1967)

Les 12 salopards (The Dirty Dozen)

Ils sont 12 comme les apôtres du Christ, 12 candidats au suicide, prêts à mourir en martyrs de la grande Alliance contre le nazisme. Ils vont jusqu'à communier la veille de leur sacrifice en une scène de repas qui rappelle la Cène. Ces références spirituelles contrastent cependant violemment avec les objectifs guerriers, les méthodes employées et la nature des recrues, un ramassis de crapules condamnées à mort ou à de lourdes peines et qui sous la houlette d'un officier lui-même fâché avec les règlements (Lee MARVIN) va se transformer en commando opérationnel. Cet échantillon d'humanité majoritairement composé d'idiots et de psychopathes que le major Reisman doit mater et souder à la fois tourne en dérision l'armée et ses chefs, aussi malmenés que chez Stanley KUBRICK. Et en même temps se fait jour aussi un certain réalisme. La démythification de l'héroïsme patriotique permet d'évoquer l'anomie des périodes de guerre où des prisonniers de droit commun ont pu servir de supplétifs aux armées régulières. Le cas le plus connu étant celui des Kapos chargés par les nazis d'encadrer la main d'oeuvre des camps de concentration. Mais surtout, le film est une charge virulente contre l'Amérique WASP. L'un des salopards est un afro-américain qui a tué pour ne pas être lynché mais le motif de légitime défense lui a été refusé ce qui sous-entend une partialité de la justice américaine. Surtout, les acteurs choisis pour les rôles des salopards étaient eux-mêmes pour la plupart d'origine étrangère et cantonnés à des rôles d'arrière-plan, voire même pour certains, débutants (Jim Brown était footballeur, Trini López chanteur). Tous n'ont pas tirés profit d'être ainsi projetés dans la lumière, mais pour certains, le film a été un tremplin. C'est particulièrement vrai pour Charles BRONSON qui a enchaîné ensuite avec le rôle qui l'a immortalisé, celui d'Harmonica dans "Il etait une fois dans l'Ouest" (1968). Il est assez jouissif d'ailleurs dans le film de voir le major Reisman contraint de s'appuyer sur lui lors de leur opération d'infiltration du château nazi, le personnage de Charles BRONSON étant le seul à parler allemand (je soupçonne Quentin TARANTINO d'avoir repris cette idée comme d'autres dans "Inglourious Basterds") (2009). Autre exemple, John CASSAVETES dont la carrière d'acteur servait à financer ses projets de films indépendants, en l'occurence à cette époque "Faces" (1968). Enfin, on peut citer dans le rôle du pire de tous les salopards Telly SAVALAS qui n'était pas encore devenu l'inspecteur Kojak et dans celui de l'idiot du village, le canadien Donald SUTHERLAND qui allait voir ensuite sa carrière décoller dans les années 70.

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Terminator 2: Le Jugement dernier (Terminator 2: Judgement Day)

Publié le par Rosalie210

James Cameron (1991)

Terminator 2: Le Jugement dernier (Terminator 2: Judgement Day)

Le premier "Terminator" était déjà une réussite qui allait bien-au delà de son genre initial de blockbuster d'action et de science-fiction pour proposer un récit à la résonance universelle plongeant dans les grandes angoisses collectives de l'humanité. James CAMERON a élaboré une suite qui reprend le même canevas mais en change les paramètres. Le canevas, rappelons-le, c'est le syndrome de Frankenstein de la créature qui se retourne contre son créateur, le paradoxe du grand-père consistant à remonter le temps pour éliminer à la racine une engeance ennemie et le paradoxe de l'écrivain consistant également à remonter le temps pour expliquer à une personne des actes ou des événements qu'elle n'a pas encore commis ou connus. James CAMERON élargit ce concept dans son deuxième film qui forme une boucle temporelle avec le premier. En effet on y découvre que ce sont les restes du robot T-800 détruits par Sarah Connor (Linda HAMILTON) à la fin du premier Terminator qui ont servi de base à la mise au point de l'IA ayant déclenché l'apocalypse nucléaire, puis la guerre des machines contre la résistance humaine. Par conséquent cet effet de boucle temporelle ne peut qu'entraîner la répétition du même schéma de transposition d'une guerre du futur dans le passé: l'envoi d'un second Terminator plus élaboré que le premier (un T-1000) pour détruire John Connor avant qu'il ne devienne adulte et par effet miroir, d'un protecteur chargé de contrecarrer ses desseins par John Connor lui-même. La différence avec le premier film, c'est qu'au lieu d'envoyer son propre père, John Connor envoie un robot, plus précisément le T-800 reprogrammé. Ce qui s'avère être un coup de maître, tant sur le plan scénaristique que sur le plan humain. Sur le plan scénaristique car le T-800 n'est pas seulement chargé d'éliminer le T-1000, il a également pour mission de détruire toute trace de son passage, tant dans le premier film que dans le second, bref de s'anéantir lui-même. Une problématique que traitait également la saga "Retour vers le futur" aboutissant logiquement à la destruction de la DeLorean. Mais James CAMERON nimbe ce scénario d'humanité. Le T-800 reprogrammé dans une mission d'autodestruction mais aussi de protection peut de son propre aveu évoluer au contact des humains -ce que permet sa nature de cyborg- et plus le film avance, plus il gagne en humanité au contact de John enfant (Edward FURLONG). Leurs dialogues se rapprochent de nombre d'oeuvres où les robots se posent des questions sur leur propre nature. Et à l'inverse Sarah Connor remarque qu'il représente un père de substitution plus efficace que tous les humains à qui elle a tenté de donner ce rôle: troublant. Pour Arnold SCHWARZENEGGER, c'est l'occasion d'endosser un rôle de personnage positif (même si habilement le doute plane un certain temps sur son rôle exact), émouvant et drôle avec des répliques devenues cultes comme le "hasta la vista baby". Enfin on ne peut pas évoquer cet opus sans parler de la performance technologique incroyable attachée au T-1000 (Robert PATRICK). Incroyable parce qu'au service encore une fois du récit et complètement en harmonie avec l'univers cameronien. Le T-1000 fait de métal liquide et qui ressemble à l'état brut à une boule de mercure est un incroyable métamorphe qui peut changer de forme comme d'état (solide ou liquide) à sa guise. Seules les températures extrêmes peuvent avoir raison de lui et encore, à condition de l'y maintenir. L'obsession cameronienne pour l'eau trouve dans ce film l'une de ses expressions les plus achevées et les plus marquantes.

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Terminator

Publié le par Rosalie210

James Cameron (1984)

Terminator

Contrairement au deuxième film dont j'ai un souvenir très précis, je n'étais pas sûre d'avoir déjà vu le premier "Terminator". Il faut dire que celui-ci a été si souvent cité, parodié, recopié qu'il est impossible de ne pas avoir été imprégné de sa mythologie. Laquelle remonte aux origines de l'humanité si l'on considère que les robots sont des avatars de la créature du docteur Frankenstein, lui-même qualifié de Prométhée moderne. On remarque également que comme son contemporain "Blade Runner" (1982), le film se situe dans un contexte post-apocalyptique et comme un autre de ses contemporains, "Retour vers le futur" (1985), il traite du voyage dans le temps. Autant de thèmes classiques de la science-fiction que James CAMERON s'approprie pour en donner une vision personnelle. L'exposition qui lui est consacrée à la Cinémathèque montre la reproduction d'un dessin de sa composition issu d'une de ses visions cauchemardesques dans lequel on voit le robot réduit à son ossature mécanique surgir au milieu des flammes. En effet la progression de l'intrigue s'accompagne de la révélation progressive de la véritable nature du Terminator, d'abord androïde d'apparence humaine mais sans émotions, puis cyborg révélant par endroits sa structure métallique sous une fine couche de tissus organiques, puis robot réduit à cette structure et enfin, amas de ferraille encore capable de poursuivre sa proie. C'est que la métamorphose est au coeur du travail de James CAMERON ce qui se poursuivra avec le métamorphe tout de métal liquide de "Terminator 2 : Le Jugement dernier" (1991). De plus le scénario de "Terminator" a d'importants points communs avec celui de "Titanic" (1997). Les deux films ont pour personnage principal une héroïne en proie à un monstre d'acier qui veut la broyer. Monstre dont la dimension métaphorique ne doit pas échapper à un oeil averti (l'Apocalypse dans "Terminator", le système de castes et la première guerre mondiale dans "Titanic"). Elle reçoit alors l'aide d'un chevalier servant sorti du néant qui se sacrifie pour qu'elle puisse accomplir son destin et changer le futur. Les gros muscles et la mâchoire carrée de Arnold SCHWARZENEGGER ne doivent pas faire oublier qu'il n'est dans le film qu'une machine à tuer et que c'est Sarah Connor (Linda HAMILTON) qui connaît l'évolution la plus saisissante. De jeune femme ordinaire qui galère dans son boulot de serveuse, on la voit sous l'effet de la situation extraordinaire dans laquelle elle se retrouve plongée révéler son vrai caractère, celui d'une guerrière qui peu à peu s'émancipe de l'homme venu à son secours et trouve l'issue par elle-même. Les films de James CAMERON bouleversent la hiérarchie de genre à laquelle nous sommes habitués en mettant la femme au premier plan et en faisant de l'homme son adjuvant, l'ennemi à abattre n'étant lui pas de nature humaine.

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Les Tribulations d'un chinois en Chine

Publié le par Rosalie210

Philippe de Broca (1965)

Les Tribulations d'un chinois en Chine

Philippe de BROCA a voulu prolonger le succès de "L'Homme de Rio" (1964) avec "L'homme de Hong-Kong" mais "Les Tribulations d'un chinois en Chine" (1965) librement adapté du roman de Jules Verne ne parvient pas à la cheville de son prédécesseur. Le démarrage est particulièrement poussif et par la suite, en dépit de quelques moments amusants, le film, rempli comme un oeuf et brouillon ne parvient jamais à trouver un rythme de croisière satisfaisant. Pour ne rien arranger, Jean-Paul BELMONDO qui est en roue libre cabotine tant qu'il peut et c'est d'ailleurs cette caricature qui a ensuite été pastichée et parodiée par les humoristes au point de recouvrir son véritable talent d'acteur. D'autres sont sous-exploités, je pense particulièrement à Maria PACOME et à Jess HAHN qui passent une grande partie du film assis sur un fauteuil à attendre que ça se passe. Mais au moins ils ont droit à une scène d'action où l'on retrouve fugacement le talent du réalisateur. L'actrice qui joue leur fille, Valerie LAGRANGE reste une vraie potiche du début à la fin. Et Ursula ANDRESS est une fausse bonne idée, elle ne parvient pas à s'imposer autrement que l'actrice ayant joué dans "James Bond 007 contre Dr. No" (1962). Le seul acteur qui réussit à faire une composition savoureuse, bien qu'un peu répétitive est Jean ROCHEFORT dans le rôle d'un Passepartout guindé jusque dans les situations les plus extrêmes.

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Dune: deuxième partie (Dune: part two)

Publié le par Rosalie210

Denis Villeneuve (2024)

Dune: deuxième partie (Dune: part two)

J'ai préféré cette suite au premier volet. Malgré le fait que je n'ai pas lu les romans d'origine et que je n'ai même pas pris la peine de me replonger dans l'histoire avant d'aller voir le film, je n'ai eu aucun problème à comprendre l'intrigue et ses enjeux. Cela est à mettre au crédit de Denis VILLENEUVE et de ses co-scénaristes qui ont fait un travail d'adaptation conséquent pour être lisibles sans simplifier à outrance. Car adapter "Dune" aujourd'hui s'avère extrêmement pertinent. Les thématiques soulevées par Frank Herbert m'ont plus que jamais frappées par leur brûlante actualité: le fondamentalisme et le transhumanisme, les rivalités géopolitiques entre puissances politiques et religieuses pour le pouvoir et les ressources, la guerre asymétrique entre un Empire aux caractéristiques très occidentales (les Atréides faisant penser à la civilisation gréco-romaine et les Harkonnen aux russes ou aux nazis) et un peuple indigène qui ressemble comme deux gouttes d'eau aux Touareg qui font partie du peuple berbère, que leur langue appelle les "imazighen" c'est à dire les hommes libres ce qui en anglais se dit "free men" d'où vient leur nom dans Dune, "Fremen". A travers le mode de vie de ce peuple qui a appris à survivre dans le désert en recyclant la plus petite trace d'humidité et en transformant les éléments hostiles (vers géants, tempêtes) en atouts, c'est une autre manière d'être au monde qui est mise en lumière où l'homme vivrait en harmonie avec la nature plutôt que de chercher à la dominer ou à l'exploiter. L'écologie est centrale dans "Dune" car elle est intimement reliée à cette question du pouvoir et du contrôle alors que dans nos gouvernements occidentaux, elle est marginalisée en tant qu'entrave au désir de pouvoir et de jouissance sans limite qui anime cette civilisation.

Force est de constater que tous les thèmes sont traités avec limpidité dans un récit initiatique par ailleurs classique qui montre Paul Atréides passer du statut de jeune homme innocent à celui de valeureux combattant puis endosser les responsabilités d'héritier et de Messie. Si Timothee CHALAMET m'a paru trop lisse (il faut dire que son rôle est tellement archétypal qu'il est difficile à réinventer), les images superbes confèrent un véritable souffle à l'ensemble comme celle des chevauchées sur les vers géants ou le combat d'arène en noir et blanc des Harkonnen à l'image de leur univers. Bref, "Dune" est un blockbuster intelligent et très recherché esthétiquement comme le sont également dans un autre genre les films de Christopher NOLAN.

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Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1999)

Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

En revoyant ce deuxième opus quasiment à la suite du premier, je n'ai pu m'empêcher de les comparer. J'ai trouvé globalement le personnage d'Austin Powers moins flamboyant, moins drôle, peut-être est-ce dû à l'obsession de la perte de son "mojo" qui revient toutes les trois secondes dans ses dialogues et forme une intrigue pour laquelle on ne se passionne guère. Il y a également un certain nombre de redites, de la femme-robot (également présente dans le troisième volet de la trilogie) à l'agent du docteur D'enfer tentant d'assassiner Austin Powers en boîte de nuit et se prenant un retour de boomerang ainsi que le personnage de Mustafa (Will FERRELL) qui n'en finit plus de commenter sa souffrance hors-champ alors qu'il est censé être plus que mort. Néanmoins, ces réserves ne sont que relatives tant le film est un festival de trouvailles burlesques plus réjouissantes les unes que les autres. Citons entre autre une séquence cartoon du meilleur effet, les références à Star Wars, à Bruce LEE, à Esther Williams et à "Le Dictateur" (1939), le montage jouant sur les synonymes du mot "pénis" dans des scénettes variées elles aussi souvent référencées, un jeu d'ombres chinoises salace très développé et très drôle, la mise en abyme du SLN au travers du Jerry SPRINGER show et l'introduction du génial personnage de Mini-moi. Autre point fort, l'esthétique pop et psychédélique avec entre autre un pastiche des sérigraphies de Andy WARHOL est encore plus travaillée si possible que dans le premier volet qui était déjà bien flashy. Mais ce qui m'a le plus enthousiasmée dans ce deuxième volet, c'est la triple performance de Mike MYERS qui joue Austin, le Dr. D'Enfer et un nouveau personnage, Gras double qui n'est pas sans rappeler le Mr. Creosote des Monty Python dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982). En effet, dès, "Austin Powers" (1997), les allusions à "Docteur Folamour" (1964) m'avaient sauté aux yeux mais c'est encore plus évident ici où la triple performance de l'acteur rappelle celles de Peter SELLERS dans le film de Stanley KUBRICK (dont "Full Metal Jacket" (1987) fait également l'objet d'un pastiche désopilant).

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