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Fanfan la Tulipe

Publié le par Rosalie210

Christian-Jaque (1951)

Fanfan la Tulipe

J'ai dû voir "Fanfan la tulipe" quand j'étais très jeune mais il ne m'avait guère marquée. En le revoyant, je comprends pourquoi. C'est un film de cape et d'épée mené certes tambour battant mais d'une vacuité totale. Cette frivolité assumée en fait un pur divertissement familial qui dans les années cinquante a permis aux français de s'évader et a contribué à construire à l'étranger l'image de la France comme paradis du libertinage. Pour ma part, la seule chose qui tient aujourd'hui la route dans ce film, c'est le charme des interprètes. Gerard PHILIPE cabotine mais son charisme est indéniable et il donne de sa personne dans les scènes d'action, ouvrant la voie à d'autres "jeunes premiers" français amateurs d'escrime tels que Jean MARAIS, Alain DELON (dans "La Tulipe noire" (1964) du même Christian JAQUE) ou bien sûr, Jean-Paul BELMONDO. Gina LOLLOBRIGIDA est piquante même si la caméra lorgne lourdement sur ses généreux attributs plastiques. Enfin on a droit à une galerie de seconds rôles plaisants à voir. Je pense particulièrement à Noel ROQUEVERT, à Genevieve PAGE dans le rôle de la Pompadour et à Marcel HERRAND, éternel Lacenaire de "Les Enfants du paradis" (1945), ici dans le rôle d'un Louis XV porté comme tous les personnages sur la gaudriole.

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Nous avons gagné ce soir (The Set-Up)

Publié le par Rosalie210

Robert Wise (1948)

Nous avons gagné ce soir (The Set-Up)

Vu dans le cadre de l'ouverture de la rétrospective consacrée à Robert WISE à la Cinémathèque, une démonstration magistrale de mise en scène qui tient le spectateur en haleine. Donnant l'impression d'être tourné en temps réel et faisant ainsi figure de premier chef d'oeuvre du genre avant des classiques comme "Le Train sifflera trois fois" (1951), ce film court mais dense contient en son sein une séquence d'anthologie, celle du combat de boxe opposant le vétéran Bill Thompson (Robert RYAN dont le passé de boxeur joue à plein dans la crédibilité qu'il donne à son personnage) au jeune Tiger Nelson (Hal FIEBERLING). Faisant démonstration de sa science du montage, Robert WISE alterne les plans larges et rapprochés du ring dans lequel Bill Thompson joue son honneur avec ceux d'une arène surchauffée par des spectateurs-voyeurs alléchés par l'odeur du sang, filmés au plus près et de plus en plus pris par le spectacle ce qui fait monter la mayonnaise avec une redoutable efficacité. Mais le prologue et l'épilogue ne sont pas en reste. Le prologue dans les vestiaires laissant la salle hors-champ a un très fort pouvoir de suggestion comme si Bill Thompson attendait son tour pour l'échafaud* puisqu'il est considéré comme fini et qu'il est trahi à son insu par son entraîneur qui fait un deal avec la mafia pour truquer le match et emporter la mise. L'épilogue est quant à lui est cruel et plein d'ironie: le pays de l'Oncle Sam vend du rêve (l'enseigne "Dreamland" accolée à la salle de boxe) mais est montré comme une jungle corrompue dans laquelle l'intégrité se paie au prix fort.

"Nous avons gagné ce soir" est donc l'un des meilleurs si ce n'est le meilleur film de boxe jamais réalisé. Il a inspiré Martin SCORSESE pour "Raging Bull" (1980) et à l'évidence Quentin TARANTINO pour le personnage de boxeur joué par Bruce WILLIS dans "Pulp Fiction" (1994). Il était temps que l'oeuvre de Robert WISE soit reconnue à sa juste valeur d'autant que de l'aveu même de la Cinémathèque, elle a été moins bien conservée que celle de réalisateurs plus prestigieux.

* L'errance nocturne et angoissée de l'épouse de Bill, jouée par Audrey TOTTER fait d'ailleurs penser au premier film de Louis MALLE qui s'intitule justement "Ascenseur pour l'echafaud" (1957).

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La Tulipe noire

Publié le par Rosalie210

Christian-Jacque (1964)

La Tulipe noire

C'est par l'animation japonaise que j'ai découvert "La Tulipe noire". Le film de CHRISTIAN-JAQUE a été en effet l'un des plus gros succès français au box-office mondial et a contribué à faire de Alain DELON un "Dieu vivant" au Japon. Aussi il m'a paru assez évident que le personnage du Masque noir qui possède un double dans le manga "La Rose de Versailles" (1973) était inspiré de l'intrigue du film avant que la série animée "La Tulipe noire" en 1975 ne fasse la synthèse entre le manga de Riyoko Ikeda et le film de Christian JACQUE.

Pour le reste "La Tulipe noire" qui emprunte son titre à un roman de Alexandre Dumas mais n'a strictement rien à voir avec lui appartient à un genre de films de cape et d'épée bâtis autour d'une star très à la mode dans les années 50 et 60. Le parallèle avec "Cartouche" (1962) saute aux yeux, Jean-Paul BELMONDO étant l'autre grande vedette de cette génération à cette époque et on pense aussi évidemment à "Fanfan la Tulipe" (1951) réalisé une décennie plus tôt déjà par Christian JAQUE avec Gerard PHILIPE. On peut également mettre dans cette catégorie les films de Andre HUNEBELLE avec Jean MARAIS comme "Le Capitan" (1960). Les exemples ne manquent pas!

"Fanfan la tulipe" est un divertissement sans prétention, pas le plus flamboyant dans le genre (les américains ont fait beaucoup mieux) mais sympathique avec des effets spéciaux réussis (l'incrustation indétectable des deux Delon sur la même image). Les versions japonaises ont fait de la Tulipe noire une sorte de Robin des bois alors que le personnage de Alain DELON est dual avec un Guillaume cynique face à un Julien naïf et idéaliste qui finit par se substituer à lui, la morale est sauve! Quant à la double identité, aristocrate et voleur masqué, elle fait penser à Zorro (créé en 1919 et popularisé au cinéma par Douglas FAIRBANKS), à Batman (apparu en 1939) mais aussi à Arsène Lupin (le film avec Robert LAMOUREUX sorti en 1957).

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Mickey 17

Publié le par Rosalie210

Bong Joon-ho (2025)

Mickey 17

Un excellent sujet traité toutefois de façon trop légère pour qu'il puisse développer tout son potentiel. "Mickey 17" se laisse regarder car la mise en scène virtuose de BONG Joon-ho est plaisante. Mais hélas, elle s'éparpille dans toutes les directions et le ton uniformément cartoonesque du film transforme ce qui est tout de même à la base une sombre dystopie en une bouffonnerie. Le personnage de Mickey 17 (Robert PATTINSON) qui est une version 2.0 de l'esclave, taillable et corvéable pour l'éternité puisqu'il peut être recyclé à l'infini ressemble plus à un lapin crétin qu'à un forçat ou à un cobaye. Les questions éthiques soulevées par l'exploitation de son être par la "science sans conscience" sont aussi vite expédiées que sa conscience politique est proche de zéro. La preuve, sa principale préoccupation quelle que soit sa version consiste à s'envoyer en l'air avec Nasha ce qui limite la compassion que le spectateur peut avoir vis à vis de ses morts répétées dans d'atroces souffrances. Cette superficialité généralisée empêche également les deux versions en activité de Mickey (le gentil soumis et le macho rebelle) de s'opposer de façon véritablement pertinente. Les autres personnages sont à l'avenant, le summum étant atteint par le ridicule dictateur Marshall (joué par Mark RUFFALO) qui s'inspire à l'évidence des aspects les plus grotesques de la personnalité de Trump. Quant à la fable écologique, anticolonialiste et antispéciste, elle sent un peu le réchauffé. BONG Joon-ho est une fois de plus après "Okja" (2016) allé chercher son inspiration chez Hayao MIYAZAKI en reprenant sous le nom de Rampeurs les Omus de "Nausicaa de la vallee du vent" (1984). Mais la comparaison ne tourne vraiment pas à l'avantage du blockbuster de BONG Joon-ho, divertissant mais inoffensif.

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Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre der zorn Gottes)

Publié le par Rosalie210

Werner Herzog (1972)

Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre der zorn Gottes)

Quand la nature façonne un film et dicte son scénario, cela donne cet extraordinaire film qu'est "Aguirre, la colère de Dieu", librement inspiré de faits historiques réels*. Un film que l'on peut résumer en un affrontement entre un chef ivre de toute-puissance, d'or et de sang et une nature écrasante dans laquelle lui et ses hommes sont ravalés à l'état d'insectes. De la première scène à flanc de montagne où serpente une interminable colonie de soldats espagnols et d'esclaves indiens avançant péniblement dans la boue comme des fourmis à la dernière sur un radeau qui prend l'eau envahi par des cohortes de petits singes, le film prend l'allure d'une fable pleine d'ironie sur la vanité humaine. Celle de prétendus conquistadors réduits à l'état d'épaves subissant un environnement hostile qui décide à leur place exactement comme les incidents réels liés à l'imprévisibilité de la nature ont infléchi la trajectoire du film, tels ces impressionnants rapides qui ont pris au piège l'un des radeaux ou la brusque montée des eaux qui a emporté une partie du matériel du tournage. Cette primauté donnée à la nature ainsi que l'escamotage systématique des scènes d'action par le montage donnent une image d'impuissance qui fait méditer sur le mythe de l'Eldorado qui aurait été créé pour que la soif d'or insatiable des espagnols les entraîne vers leur propre perte, pas seulement individuelle mais civilisationnelle (c'est, je le crois la raison de la présence de femmes à bord en tenue de cour contre toute vraisemblance historique ainsi que le fantasme incestueux d'Aguirre). Klaus Kinski, acteur complètement habité par la folie incarne à merveille l'ego surdimensionné et ridicule de leur chef, Aguirre qui fait tirer au canon sur des ennemis invisibles qui l'assaillent de tous côtés en prétendant que le monde est à lui alors que son pauvre radeau se délite sous ses pieds. 10 ans plus tard, le duo infernal formé par Werner Herzog et son acteur "fétiche" avec lequel il entretenait des rapports houleux allait accoucher d'un autre chef-d'oeuvre de démesure dans la jungle, "Fitzcarraldo".

* De l’histoire d’Aguirre telle qu’elle s’est déroulée, seule l’expédition pour trouver l’Eldorado, le nom des personnages principaux, la rébellion contre Pedro de Ursúa et le sécession de la couronne d’Espagne sont attestés, le vrai Aguirre a survécu à la jungle, a descendu tout l’Amazone jusqu’à son embouchure, a remonté l’Atlantique jusqu’au Venezuela actuel où il s’est emparé de l’île Margarita avant que l’Espagne réagisse, incite les troupes d’Aguirre à faire défection, capture le conquistador et le supplicie. 

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Rio Lobo

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1970)

Rio Lobo

Arte a eu bien raison de programmer le dernier film de Howard HAWKS pour les fêtes de fin d'année. "Rio Lobo" est le mal-aimé de la trilogie de westerns en couleur que le réalisateur a tourné avec John WAYNE et a souffert de la comparaison avec "El Dorado" (1965) et surtout "Rio Bravo" (1959), sommet du western et de la filmographie de Howard HAWKS. Pourtant, le plaisir est là. Celui de se lover dans un univers familier et chaleureux dont "Rio Lobo" offre une déclinaison peut-être en mode mineur mais savoureuse en compagnie du Duke, certes vieillissant et bedonnant mais qui fait office comme le dit l'un des personnages féminins du film (il y en a trois!) d'excellente "bouillotte". Ce n'est pas le seul trait d'auto-dérision qui nous régale, outre le qualificatif de "bébé baleine" relatif à son embonpoint il doit subir également un charcutage chez le dentiste parce qu'il serait un "trop mauvais acteur" (une façon intelligente de répondre à ses détracteurs). A ses côtés, l'ami fidèle et ancien adversaire (Jorge RIVERO), son jeune adjoint (joué par le fils de Robert MITCHUM) et un vieux briscard pittoresque râleur et amateur d'alcool. Non plus Walter BRENNAN mais Jack ELAM dont la gueule mal rasée et l'oeil à moitié fermé est resté célèbre pour l'ouverture de "Il était une fois dans l'Ouest" (1968). A ce "men's club" hétéroclite et retranché devant se défendre contre des ennemis plus nombreux et plus forts, il faut ajouter les trois jeunes femmes du film, au physique trop mannequin pour s'intégrer harmonieusement dans le western mais qui sont partie prenante du récit, maniant la gâchette et prenant les coups au lieu de regarder passer les trains. Il y a quelques longueurs mais aussi d'excellents morceaux de bravoure comme l'attaque du train par les sudistes au début du film. "Rio Lobo" a beau restituer toute la saveur de l'univers hawksien, le magnifique générique mélancolique à la guitare sèche nous rappelle que c'est son film-testament, son chant du cygne.

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Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Publié le par Rosalie210

John Sturges  (1960)

Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Je n'avais jamais vu "Les sept mercenaires", contrairement au film original, "Les 7 samourais" (1954) de Akira KUROSAWA, grand pourvoyeur de scénarios de blockbusters américains malgré lui*. J'ai trouvé le film historiquement instructif, car Eli WALLACH, Charles BRONSON et James COBURN s'illustreront quelques années plus tard dans les westerns novateurs de Sergio LEONE** qui les feront tous trois passer à la postérité. Cela fait d'autant plus ressortir les conventions du film de John STURGES, non réaliste au possible. Beaucoup ont ironisé sur les invraisemblances du scénario, notamment le fait que le chef des brigands raccompagne gentiment les mercenaires jusqu'à la sortie du village où il leur rend leurs armes, mais on peut en dire autant des trois enfants mexicains qui accompagnent Bernardo (le personnage de Charles BRONSON) sur les lieux des fusillades sans récolter une seule égratignure ou encore de la grotesque infiltration de Chico (d'autant que l'acteur, Horst BUCHHOLZ brille plus pour sa belle gueule que pour sa finesse de jeu) dans le camp des bandits qui finissent par ne plus être pris au sérieux. Cette théâtralisation outrancière des enjeux est complètement assumée ce que souligne également le choix de parer les villageois de vêtements d'un blanc éclatant en plein Far West, sans parler des ponchos pimpants, des barbes bien taillées ou des visages imberbes à des années lumières de la crasse et de la sueur des trognes des films de Sergio LEONE.

"Les sept mercenaires", est donc un film efficace, qui bénéficie d'un casting de haut vol (en plus des trois futurs acteurs "léoniens", les deux chefs de bande joués par Yul BRYNNER et Steve McQUEEN sont fort charismatiques) et d'une musique accrocheuse mais dont le résultat est plutôt lisse et convenu. S'y ébauche une réflexion existentielle intéressante sur le statut du "poor lonesome cowboy" sans racines ni attaches mais la réponse apportée à la fin du film est également on ne peut plus conventionnelle (se fixer, se marier etc.)


* Pour rappel, Georges LUCAS a avoué s'être fortement inspiré de "La Forteresse cachee" (1958) pour l'épisode IV de sa saga intergalactique.

** Dont le premier western, "Pour une poignee de dollars" (1964) est lui-même inspiré d'un film de Akira KUROSAWA, "Yojimbo" (1960).

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De battre mon coeur s'est arrêté

Publié le par Rosalie210

Jacques Audiard (2005)

De battre mon coeur s'est arrêté

La musique adoucit-elle vraiment les moeurs? Il est permis d'en douter en visionnant le quatrième film de Jacques AUDIARD qui bien avant "Emilia Perez" (2024) s'essayait à alterner les genres. "De battre mon coeur s'est arrêté" est le remake d'un film américain scorsesien, "Melodie pour un tueur" (1978) réalisé par James TOBACK avec Harvey KEITEL dans un rôle lui allant comme un gant (et ce bien avant "La Lecon de piano) (1993). Dans le film français, c'est Romain DURIS qui joue le rôle de Tom, englué dans une vie de combines et de violence qui ne le satisfait pas et dont il s'évade par la musique. Ce faisant, il tente d'échapper à l'emprise de son père qui l'utilise pour recouvrir ses créances par la méthode forte, lui-même n'étant plus en mesure de s'imposer dans le milieu d'escrocs qu'il fréquente. Ce père déchu et condamné fait figure d'anti-modèle pour Tom, mais il est néanmoins pris entre sa loyauté envers lui et le désir de suivre les pas de sa mère décédée qui était pianiste de concert. On se demande bien quel a été le ciment de cet étrange couple si dissemblable. On peut d'ailleurs contester le fait que l'art soit rattaché aux femmes et l'argent (facile) aux hommes (tout comme la beauté et la violence). La réalité est évidemment bien plus complexe. L'art n'échappe pas aux enjeux de pouvoir et d'argent et reste largement dominé par les hommes. Toujours est-il que Tom cristallise son désir d'évasion (et également ses besoins de beauté, de rédemption, d'idéal...) sur le piano et se met à le travailler avec acharnement dans le but de passer une audition en compagnie d'une immigrée chinoise ne parlant pas français, histoire de lui couper la chique autant que les poings. Le problème est qu'il ne rompt pas pour autant avec ses activités de marchand de biens aux méthodes peu scrupuleuses ni avec "l'honneur" familial qui lui commande de venger son père. Tom se prend donc les pieds dans des contradictions insurmontables à force de ne pas vouloir choisir. Un problème d'adolescent attardé qui n'est pas complètement résolu à la fin du film, même si Tom a eu l'intelligence de s'effacer au profit de sa professeure, bien plus prête que lui à intégrer le milieu des concertistes français. Le premier acte mature et autonome de sa vie d'adulte?

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Bugsy Malone

Publié le par Rosalie210

Alan Parker (1976)

Bugsy Malone

Le concept du premier film de Alan PARKER est génial: faire jouer les juniors dans la cour des grands. Enfin presque, car pour revêtir les habits des films de gangsters de l'entre-deux-guerres tels que "Le Petit Cesar" (1930) ou "Scarface" (1931), il a fallu faire quelques adaptations. Les bootleggers et speakeasy trafiquent et servent des sirops "on the rocks", les automobiles sont des voiturettes à pédale impeccablement customisées, les armes sont celles du cinéma burlesque: tartes à la crème pour le gang de Fat Sam et lanceurs de petits suisse maquillés en mitraillettes pour celui de Dan le Dandy. L'acquisition de ces armes plus élaborées est d'ailleurs l'objectif du gang de Fat Sam. Les garçons jouent les truands, les flics ou les artistes de speakeasy et les filles sont danseuses ou chanteuses. Tout ce petit monde est plus vrai que nature dans un univers classieux reconstitué à la perfection, au point que si ce n'étaient les visages juvéniles et les tailles miniature, l'illusion serait parfaite. Le résultat est délicieusement parodique, le sexe et la violence étant ramenés à un jeu d'enfants dans lequel il s'agit d'être le plus fort ou la plus belle. L'aspect burlesque du film nous ramène à l'époque du muet (on voit d'ailleurs le tournage d'un film selon les techniques de cette époque tout à fait comme dans "Babylon") (2021) mais aussi à Billy WILDER et à "Certains l'aiment chaud" (1959) ou encore à Blake EDWARDS (plus particulièrement à la séquence tarte à la crème de "La Grande course autour du monde") (1965). Quant à l'aspect comédie musicale, elle évoque le futur "Cotton Club" (1984). La BO de Paul WILLIAMS ("Phantom of the Paradise") (1974) est somptueuse et addictive. Enfin si la plupart des enfants-acteurs sont ensuite retournés à l'anonymat, Jodie FOSTER âgée de 13 ans brille dans l'un des rôles principaux, l'année même où elle deviendra une star avec "Taxi Driver". (1976)

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Les 12 salopards (The Dirty Dozen)

Publié le par Rosalie210

Robert Aldrich (1967)

Les 12 salopards (The Dirty Dozen)

Ils sont 12 comme les apôtres du Christ, 12 candidats au suicide, prêts à mourir en martyrs de la grande Alliance contre le nazisme. Ils vont jusqu'à communier la veille de leur sacrifice en une scène de repas qui rappelle la Cène. Ces références spirituelles contrastent cependant violemment avec les objectifs guerriers, les méthodes employées et la nature des recrues, un ramassis de crapules condamnées à mort ou à de lourdes peines et qui sous la houlette d'un officier lui-même fâché avec les règlements (Lee MARVIN) va se transformer en commando opérationnel. Cet échantillon d'humanité majoritairement composé d'idiots et de psychopathes que le major Reisman doit mater et souder à la fois tourne en dérision l'armée et ses chefs, aussi malmenés que chez Stanley KUBRICK. Et en même temps se fait jour aussi un certain réalisme. La démythification de l'héroïsme patriotique permet d'évoquer l'anomie des périodes de guerre où des prisonniers de droit commun ont pu servir de supplétifs aux armées régulières. Le cas le plus connu étant celui des Kapos chargés par les nazis d'encadrer la main d'oeuvre des camps de concentration. Mais surtout, le film est une charge virulente contre l'Amérique WASP. L'un des salopards est un afro-américain qui a tué pour ne pas être lynché mais le motif de légitime défense lui a été refusé ce qui sous-entend une partialité de la justice américaine. Surtout, les acteurs choisis pour les rôles des salopards étaient eux-mêmes pour la plupart d'origine étrangère et cantonnés à des rôles d'arrière-plan, voire même pour certains, débutants (Jim Brown était footballeur, Trini López chanteur). Tous n'ont pas tirés profit d'être ainsi projetés dans la lumière, mais pour certains, le film a été un tremplin. C'est particulièrement vrai pour Charles BRONSON qui a enchaîné ensuite avec le rôle qui l'a immortalisé, celui d'Harmonica dans "Il etait une fois dans l'Ouest" (1968). Il est assez jouissif d'ailleurs dans le film de voir le major Reisman contraint de s'appuyer sur lui lors de leur opération d'infiltration du château nazi, le personnage de Charles BRONSON étant le seul à parler allemand (je soupçonne Quentin TARANTINO d'avoir repris cette idée comme d'autres dans "Inglourious Basterds") (2009). Autre exemple, John CASSAVETES dont la carrière d'acteur servait à financer ses projets de films indépendants, en l'occurence à cette époque "Faces" (1968). Enfin, on peut citer dans le rôle du pire de tous les salopards Telly SAVALAS qui n'était pas encore devenu l'inspecteur Kojak et dans celui de l'idiot du village, le canadien Donald SUTHERLAND qui allait voir ensuite sa carrière décoller dans les années 70.

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