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Articles avec #cinema italien tag

Pompei, Sotto le Nuvole

Publié le par Rosalie210

Gianfranco Rosi (2025)

Pompei, Sotto le Nuvole

Poème visuel, "Sotto le Nuvole" ("Sous les nuages" en référence à la citation de Jean COCTEAU "Le Vésuve fabrique tous les nuages du monde") est le dernier film d'un documentariste italien réputé, Gianfranco ROSI. Pour mémoire, "Sacro Gra" (2013) a obtenu le lion d'or à Venise, premier long-métrage documentaire a être couronné par le festival alors que "Fuocoammare, Par-dela Lampedusa" (2016) a quant à lui remporté l'Ours d'or à Berlin. "Pompei, Sotto le Nuvole", troisième volet de cette trilogie documentaire consacrée à la vie quotidienne en Italie a également été primé à Venise. Néanmoins si sur le plan visuel, le film est un diamant noir, son contenu est hélas nébuleux. Grosso modo on suit des fragments de vie de napolitains ordinaires mais aussi d'archéologues, scientifiques, pompiers, forces de l'ordre, marins... L'intention du réalisateur apparaît assez clairement: relier le passé et le présent, le sous-sol à la surface, l'immergé et l'émergé, le temps à l'espace, le ciel et la terre etc. Le problème est que tout cela n'apparaît que sous la forme de fragments répétitifs: des gens qui appellent les secours à la moindre secousse, des autorités qui explorent les tunnels par où sont passés les pilleurs de tombe, une salle de cinéma abandonnée qui projette des films en rapport avec le sujet (dont "Voyage en Italie") (1954), des professionnels en plein travail de fouilles ou d'inventaire, les paysages fumant des pentes du volcan, un enseignant faisant du soutien scolaire, des marins syriens déchargeant des céréales ukrainiennes dans le port (ce qui permet évidemment de glisser des allusions à l'actualité)... tout cela a sans doute été pensé comme un système de rimes censées entrer en résonances les unes avec les autres pour créer le sentiment au final d'une unité spatio-temporelle avec le symbole de la voie ferrée de la baie de Naples, la Circumvesuviana. Seulement cette construction est non seulement redondante mais abstraite. Les humains sont peu présents et quand ils le sont, ils sont réduits à leur fonction. Certains rapprochements comme la tragédie de Pompei et la guerre en Ukraine semblent pour le moins forcés. Bref le film est une belle cathédrale mais un peu vide à l'intérieur.

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Voyage en Italie (Viaggio in Italia)

Publié le par Rosalie210

Roberti Rossellini (1954)

Voyage en Italie (Viaggio in Italia)

Incontestablement un film-phare sur l'incommunicabilité, avant que ce terme n'échoit à Michelangelo ANTONIONI (dont l'oeuvre ne se résume pas à cet aspect d'ailleurs). Dans "Voyage en Italie", le déracinement au coeur d'une terre étrangère dont le couple de bourgeois britanniques ne comprennent ni la langue, ni les moeurs, ni même la cuisine (certainement plus gustative que la leur!) devient la métaphore de l'incapacité de chacun à fendre l'armure de l'autre. C'est comme cela que j'ai compris l'émotion très vive qui s'empare d'eux lorsqu'ils regardent l'exhumation à Pompei de deux formes humaines enlacées moulées dans du plâtre. Elle prépare celle dans laquelle, pris au coeur d'une procession populaire qui les entraîne loin l'un de l'autre comme un courant marin, ils parviennent enfin à se rejoindre, à s'étreindre et à s'avouer leurs sentiments enfin en communion avec la foule qui les entoure. Mais pour en arriver là, quel chemin de croix! Rien de tel que ce film pour démontrer les ravages des non-dits et des mécanismes de défense. George SANDERS est le choix idéal pour le rôle masculin, lui qui de film en film a incarné des séducteurs se drapant dans un bouclier de cynisme et de sarcasmes peu propice au développement d'une relation amoureuse harmonieuse. Face à lui, une Ingrid BERGMAN jouant une épouse profondément blessée par son attitude mais elle aussi murée dans le silence, préférant proférer ses reproches en se parlant à elle-même qu'en face de lui. Pas étonnant que ce couple dévitalisé n'ait rien à se dire, rien à partager et souffre en voyant l'autre plus heureux et plus ouvert en compagnie de tierces personnes. D'ailleurs on découvre que cette stratégie d'évitement de l'intimité est ancienne. L'isolement de chacun est également soulignée par leurs errances respectives, l'une du côté des catacombes et du Vésuve avec en tête un ancien amour mais qui ne croise que des squelettes et une terre stérile (comme l'est son mariage), l'autre à Capri à la recherche d'une aventure qui n'aura finalement pas lieu.

On voit donc également où se situe la modernité du film pour l'époque: dans l'importance donnée à la trajectoire physique, corporelle des personnages et à leur environnement géographique, culturel et social plutôt que dans l'introspection psychique. Nul doute que cette approche a inspiré Jean-Luc GODARD pour "Le Mepris" (1963) qui raconte l'histoire de la rupture d'un couple sous le soleil de Capri: "Capri, c'est fini et dire que c'était la ville de mon premier amour".

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La peur (La paura)

Publié le par Rosalie210

Roberto Rossellini (1954)

La peur (La paura)

Un film étouffant, tranchant, d'une froideur clinique qui s'apparente à une dissection des rapports conjugaux, l'amant étant relégué à la marge du film, contrairement à d'autres versions comme celle de Viktor TOURJANSKY. En revanche l'ex de l'amant payée par le mari pour faire chanter sa femme occupe une place prépondérante. Celle-ci, harcelée, acculée par un mari qui joue avec elle comme avec les cobayes de son laboratoire d'entreprise pharmaceutique finit par rechercher un ultime échappatoire dans la mort. Ingrid BERGMAN se retrouve pour la énième fois dans la peau d'une épouse victime d'un mari qui veut la détruire. Les fautes morales de son personnage (infidélité, mensonge) ne justifient pas la torture psychologique qu'elle subit. On retrouve ce déséquilibre au niveau de leurs enfants dans une scène éloquente où la petite fille frustrée par son cadeau cache celui de son frère et est punie par son père avant d'obtenir son pardon. Néanmoins cette version se singularise par son absence d'émotions. Le mari affiche un masque froid en toutes circonstances, la maître-chanteuse également sauf à la fin et même la victime réagit avec une froide détermination (la voix de Ingrid BERGMAN prend par moments des accents de couperet) qui l'éloigne quelque peu de l'esprit de la nouvelle de Stefan Zweig. Si ce film est le moins connu de la collaboration entre Roberto ROSSELLINI et Ingrid BERGMAN c'est qu'on sent qu'elle a tourné au vinaigre et qu'elle sent désormais le sapin. De fait ce sera le dernier film qu'ils tourneront ensemble et leur relation prendra également fin. Et ce n'est pas le ridicule happy end en contradiction avec le reste du film y qui changera quoi que ce soit.

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Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio)

Publié le par Rosalie210

Mauro Bolognini (1960)

Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio)

Revu "Le Bel Antonio" que j'avais acheté en DVD à l'époque où je regardais de nombreux films avec Marcello MASTROIANNI. Cette fois, la disponibilité du film sur les plateformes est liée au récent décès de Claudia CARDINALE. Bien que le rôle de Barbara Puglisi soit fort ingrat à porter, il permet déjà alors qu'elle débutait au cinéma d'admirer son extraordinaire beauté. Mauro BOLOGNINI qui fait partie de l'âge d'or du cinéma italien est assez méconnu chez nous. Pourtant, ce film très noir est assez remarquable. On y ressent par tous les pores de la peau une insupportable pression sociale de tous les instants qui accable le personnage d'Antonio, présenté par ses parents comme un Don Juan alors que nous savons depuis la première scène qu'il est fragile, dépressif et impuissant. Il fallait oser traiter d'un tel sujet à l'époque mais quand on sait que le scénario est de Pier Paolo PASOLINI et que Marcello MASTROIANNI qui ne supportait pas l'étiquette de "Latin Lover" qu'on lui avait collée à la suite de la "La Dolce vita" (1960) faisait tout pour casser son image, on comprend mieux l'existence d'un tel film. Un conte cruel, impitoyable vis à vis d'une société sicilienne hypocrite voire schizophrène alliant pudibonderie et patriarcat et vénérant par dessus tout les comportements sexuels "virils", c'est à dire fondés sur la conquête et la possession d'un maximum de corps de femmes, divisées en deux catégories bien marquées, les "saintes" et les "putains". Le scénario tord particulièrement le cou aux premières, incarnées par le personnage de Barbara qui passe en un éclair d'oie blanche à femme vénale à vendre au plus offrant. L'Eglise est particulièrement montrée du doigt, elle qui condamne le "péché de chair", proclame le mariage indissoluble mais n'hésite pas à l'annuler s'il n'a pas été "consommé" pour permettre une union plus "lucrative" (à tous les sens du terme). De toutes manière, du mariage jusqu'aux enterrements, tout est montré comme un spectacle où chacun exhibe ses signes de réussite (sexuelle et matérielle, l'argent ayant également une grande importance dans les stratégies matrimoniales) ou bien médit sur les autres. Dans ce cirque d'apparences, seul Antonio paraît authentique, c'est pourquoi il souffre et semble condamné à souffrir, même une fois les sacro-saintes apparences sauvées car il est prisonnier du rôle social qu'il doit jouer, sa dépression lui ôtant l'énergie qui lui aurait été nécessaire pour se révolter.

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Amore

Publié le par Rosalie210

Roberto Rossellini (1947)

Amore

Un double "one woman show" de Anna MAGNANI dans ce qui est présenté comme le cadeau d'adieu que lui a fait Roberto ROSSELLINI avant de s'envoler pour d'autres yeux, ceux de Ingrid BERGMAN.

Contrairement à beaucoup, je préfère à titre personnel le second volet, "Le Miracle", l'adaptation d'un roman espagnol par Roberto ROSSELLINI et celui qui était à l'époque son assistant, Federico FELLINI, véritable couteau suisse puisqu'il joue en prime le berger qui abuse de la crédulité d'une bergère isolée dans la montagne (jouée par Anna M évidemment) en se faisant passer pour Saint-Joseph. Mais avec ses boucles blondes et sa jarre de vin prête à l'emploi (la GHB de l'époque), il fait plutôt penser à un certain Bacchus offrant à la naïve créature un aller direct pour le paradis. Laquelle se retrouvant quelques semaines plus tard avec un polichinelle dans le tiroir tente de faire croire à la fiction qu'elle s'est racontée à elle-même: elle serait rien de moins que la nouvelle immaculée conception. Mais les villageois mieux dessalés (ou plus hypocrites) ne l'entendent pas de cette oreille: la soi-disant nouvelle vierge Marie n'est à leurs yeux qu'une pécheresse qui mérite le châtiment d'une humiliation publique. C'est donc loin de la communauté et au bout d'un interminable chemin de croix, accompagnée seulement par sa chèvre (les animaux domestiques, on le sait ne jugent pas et c'est une des raisons pour lesquelles on aime leur compagnie) que Nannina atteint la grâce divine, loin de la bassesse des hommes. Bien qu'imprégné de religiosité, il y a de la tragédie antique dans ce récit (ce qui explique sans doute que j'ai pensé à Bacchus. D'autres ont pensé à "Sans toit ni loi" (1985) ce qui est tout à fait pertinent) se déroulant dans sa majeure partie dans de somptueux paysages montagnards.

Le premier volet, "La Voix humaine" est issu d'une pièce de théâtre en un acte de Jean COCTEAU qui a fait l'objet d'une récente adaptation par Pedro ALMODOVAR avec Tilda SWINTON dans le rôle principal. Je devrais dire unique puisqu'il s'agit d'un huis-clos centré sur le monologue d'une femme qui vient de se faire larguer et qui pour ne pas sombrer, se raccroche à la voix de son ex au téléphone comme à une bouée de sauvetage. Je n'aime pas ce texte (30 minutes de variations sur l'air de "ne me quitte pas", c'est long) mais force est de reconnaître qu'il met en valeur Anna MAGNANI dont la prestation est extraordinaire.

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Le Guépard (Il Gattopardo)

Publié le par Rosalie210

Luchino Visconti (1963)

Le Guépard (Il Gattopardo)

Fastueuse fresque historique de près de trois heures racontant l'unification italienne et le triomphe de la bourgeoisie du point de vue d'un grand aristocrate sicilien, "Le Guépard" n'est pas parfait, sans doute trop long et trop chargé mais comporte son lot de fulgurances. La première scène du film m'a semblé particulièrement réussie. Elle montre le rituel religieux sans doute ancestral auquel s'adonne la famille Salina perturbé par l'irruption d'un soldat qui meurt dans leur jardin. Un événement d'abord suggéré hors-champ par des cris et des clameurs que tente de couvrir la voix du prêtre et l'impassibilité du patriarche mais qui finit par envahir l'image. Tout est dit en une scène: vouloir nier le vent de l'histoire (c'est à dire du changement) qui souffle aux fenêtres et fait s'envoler les rideaux est une entreprise vouée à l'échec. La deuxième réussite du film est l'écriture du personnage du prince Salina et son interprétation par un impérial Burt LANCASTER (brillant transformiste du cinéma particulièrement à l'aise dans les rôles d'autorité). A l'inverse de nombre d'aristocrates européens (anglais notamment), il s'avère être un prince éclairé et pragmatique qui fait des compromis avec le nouveau monde pour assurer l'avenir de son clan ce que résume bien l'une des phrases clés du film "Il faut que tout change pour que rien ne change". Sa décision de marier son fougueux neveu Tancrède (Alain DELON) à la fille du maire de la résidence d'été des Salina plutôt qu'à sa propre fille Concetta en est l'illustration la plus éclatante avec celle de se rallier à l'unité italienne. A l'endogamie porteuse de déclin (tant sur le plan génétique que sur celui des finances, deux aspects évoqués par Salina), il préfère la richesse et le sang neuf. C'est pourquoi le choix de Claudia CARDINALE qui incarne Angelica est particulièrement pertinent. La scène où elle éclate de rire lors d'un repas met bien en valeur sa fraicheur et son naturel par contraste avec une assemblée qui semble composée de morts-vivants. Cependant, le prince Salina apparaît aussi comme un homme en fin de course, hanté par la mort et mélancolique du monde qu'il a perdu, celui qui advient étant montré comme particulièrement vulgaire (la fameuse phrase évoquant les lions et les guépards remplacés par des chacals et des hyènes, une comparaison discutable évidemment, liée à la personnalité de Luchino VISCONTI mais que l'on retrouve chez d'autres cinéastes italiens alors que la France n'a pas cette nostalgie de l'Ancien Régime et pour cause).

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Allégorie citadine

Publié le par Rosalie210

Alice Rohrwacher, JR (2024)

Allégorie citadine

Adaptation en court-métrage du spectacle "Chiroptera" par la réalisatrice italienne Alice ROHRWACHER. "Chiroptera" a été créé en novembre 2023 sur la façade de l'opéra Garnier en travaux recouverte d'une immense fresque représentant l'allégorie de la caverne de Platon, puis dans un second temps, transformée en échafaudage en forme de grille sur lequel ont évolué 153 danseurs pour une performance gratuite de 20 minutes dans lequel ceux-ci figuraient les chauve-souris de la caverne. On voit des extraits de ce spectacle dans le film qui réunit le réalisateur français Leos CARAX, l'artiste plasticien JR (auteur de la fresque et de la scénographie du spectacle) et l'ex-membre de Daft Punk Thomas BANGALTER (compositeur de la musique et de la bande sonore du spectacle). Qu'apporte de plus le court-métrage? Rien au niveau du propos plutôt lourd et abscons. Heureusement, le point de vue adopté est pour l'essentiel celui d'un enfant de 7 ans dont la mère (jouée par Lyna KHOUDRI) va passer une audition pour danser dans "Chiroptera". Et lorsque mis dans le secret par le metteur en scène (Leos CARAX), il s'échappe de la caverne, c'est pour entrer dans une autre dimension, révélant les oeuvres d'art en trompe-l'oeil sous les "défense d'afficher" et se transformant lui-même en figure animée en deux dimensions et en noir et blanc. On reconnaît bien l'art de JR, celui-là même qui illuminait les maisons de "Visages, villages". (2017)

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Le Bal (Ballando, Ballando)

Publié le par Rosalie210

Ettore Scola (1983)

Le Bal (Ballando, Ballando)

La filmographie de Ettore SCOLA est remplie de films confrontant petite et grande histoire. Grande histoire évoquée généralement de façon indirecte, soit à travers le cinéma ("Nous nous sommes tant aimes") (1974), soit par la bande-son en hors-champ ("Une journee particuliere" (1977), "La Famille") (1987). "Le Bal" est une variante originale de ce dispositif, réussissant à nous faire traverser un demi-siècle d'histoire, de 1936 à 1983 sans bouger du dancing art-déco parisien qui constitue le décor unique du film par le biais de la musique, de la danse, des costumes et éléments du décor. Ettore SCOLA adapte en effet une pièce créée en 1981 par la troupe du théâtre du Campagnol (qui reprennent leurs rôles dans le film). Mais il ajoute sa pierre à l'édifice avec des moyens proprement cinématographiques: la bande-son, les lumières, la photographie et puis bien sûr la musique. "Le Bal" constitue en effet l'unique collaboration entre Ettore SCOLA et Vladimir COSMA qui a réalisée la bande originale. Celle-ci est la clé de voûte de l'édifice. Vladimir Cosma a composé des chansons et en a arrangé d'autres préexistantes et ce sont elles le meilleur commentaire puisque le film est dépourvu de dialogues. Les acteurs-danseurs sont tous remarquables, parvenant à créer des personnalités expressives à partir de leurs postures et de leurs gestuelle. La dancing est tantôt le support de bals musette populaires comme en 1936 où l'on fête la victoire du Front populaire, tantôt le théâtre de danses de salon plus guindées avant que le disco ne fasse éclater les codes. La présence d'un ou plusieurs personnages typés aide à caractériser l'époque: un sosie (très crédible) de Jean GABIN s'invite au milieu de "La Belle équipe" (1936) avant de refaire un come-back 20 ans plus tard en inspecteur bedonnant. Un officier allemand (joué par Jean-Francois PERRIER alias M. Interligator dans "Delicatessen") (1990) tente par l'intermédiaire de son sous-fifre collabo de s'attirer les bonnes grâces des danseuses françaises avant d'être remplacé par des GI et du Coca-Cola puis par des appelés en Algérie alors qu'une ratonnade éclate dans les toilettes. Les blousons noirs sont remplacés par les rebelles de mai 68. Tout change pour que rien ne change alors que seules les photos accrochées au mur à la fin de chaque séquence témoignent du passage du temps.

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La Chimère (La Chimera)

Publié le par Rosalie210

Alice Rohrwacher (2023)

La Chimère (La Chimera)

J'ai beaucoup aimé ce film qui est le premier que je regarde de Alice ROHRWACHER. Le personnage principal, Arthur (Josh O'CONNOR) avec son air désemparé et ses incongrus vêtements blancs (alors qu'il passe beaucoup de temps sous terre) semble ne pas appartenir à ce monde. De fait il y a un décalage énorme entre ses dons surnaturels lui permettant de mettre au jour des trésors archéologiques dans son village situé au bord de la mer Tyrrhénienne et son statut de paria condamné à la marginalité et à l'exclusion. Son désarroi face à la cupidité de ses semblables qui n'hésitent pas à vandaliser les oeuvres pour mieux les voler alors que lui aime juste les admirer en fait une figure sacrificielle qui arrive au bout d'une chaîne d'exploitation. Mais le film de Alice ROHRWACHER s'il contient une part de critique sociale est en même temps poétique, joyeux, coloré, rempli de personnages pittoresques. Il est impossible de ne pas penser à l'univers de Federico FELLINI, plus précisément celui des oisifs de province de "Les Vitelloni" (1953) et celui des arnaqueurs de "Il Bidone" (1955) creusant de fausses tombes avec des trésors de pacotille pour abuser les villageois. On peut aussi y voir l'influence de Pier Paolo PASOLINI, Arthur (qui est joué par un anglais et défini comme tel) faisant penser à l'ange joué par Terence STAMP dans "Theoreme" (1968). De même que l'ouverture des tombes fait ressurgir le passé étrusque de l'Italie, l'âge d'or du cinéma italien s'invite aussi au travers de la présence de Isabella ROSSELLINI dans le rôle d'une matriarche mystérieuse. Tout aussi mystérieuse, sa fille disparue apparaît dans les rêves de Arthur qui parvient à la rejoindre. Dans quel monde? La est toute la question.

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Fais de beaux rêves (Fai Bei Sogni)

Publié le par Rosalie210

Marco Bellochio (2015)

Fais de beaux rêves (Fai Bei Sogni)

"Fais de beaux rêves" est l'adaptation d'un roman de Massimo Gramellini tournant autour du secret de famille par Marco BELLOCCHIO qui y injecte ses propres thèmes. L'histoire est celle de Massimo (Valerio MASTANDREA) qui ne parvient pas à faire le deuil de sa mère, morte brusquement quand il avait 9 ans après lui avaoir dit "fais de beaux rêves" parce que son entourage occulte la raison de son décès. On soustrait le journal de sa vue quand il vient souhaiter la bonne année, on lui fournit des explications qu'il sent mensongères. Il grandit et se construit adulte autour de ce trou noir dans son existence qui l'empêche de profiter pleinement du présent. Marco BELLOCCHIO règle une fois de plus ses comptes avec la religion, ses conventions et ses tabous. La vérité, elle, transparaît au travers de la figure de Belphégor que regardaient Massimo et sa mère et dont une séquence clé revient hanter ce dernier adulte. Et également au travers de la doctoresse (jouée par Berenice BEJO) qui apaise les attaques de panique de Massimo et lui redonne le goût de vivre: la scène de danse de la fin fait écho à celle du début avec la mère et l'utilisation de la musique est globalement très judicieuse (on entend même à un moment la version de "Colchique dans les prés" de Dorothée!) Néanmoins la narration est inutilement éclatée et alourdie par des séquences gênantes, telle celle de Sarajevo quand Massimo reporter de guerre observe son partenaire photographe placer un enfant devant le cadavre de sa mère ou encore la scène du courrier des lecteurs où il étale son passé en réponse à une lettre de haine d'un fils envers sa mère, ou encore le passage avec Emmanuelle DEVOS.

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