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Articles avec #court-metrage tag

C'est pas moi

Publié le par Rosalie210

Leos Carax (2024)

C'est pas moi

Autoportrait sensoriel de Leos CARAX façon puzzle à un instant T adoptant un style collage de mots, de couleurs, de sons et d'images à la Jean-Luc GODARD, "C'est pas moi" est un drôle de labyrinthe expérimental, traversé de fulgurances. Il faut parfois un peu s'accrocher mais il y a des récurrences qui permettent quand même d'en savoir plus sur celui qui se cache derrière des lunettes noires. Encore un point commun avec Jean-Luc GODARD dont on entend d'ailleurs la voix, la référence est totalement assumée. Mais JJG n'est pas le seul à planer sur le film, Leos CARAX s'amuse avec le vrai et le faux pour glisser des images antagonistes (celles du nazisme notamment) pour mieux parfois en glisser des vraies, notamment un superbe cliché de lui, jeune (et sans lunettes) en compagnie de Leo FERRE (ils auraient un singe en commun que cela ne m'étonnerait pas ^^). Chez Carax, Je est double et l'on peut aussi entendre dans cette expression "Je hais double". J'en veux pour preuve le passage qui m'a le plus scotchée, un portrait extrêmement bien vu façon "Docteur Jekyll et Mister Hyde" de Roman POLANSKI, à la fois victime et bourreau. On retrouve ce dédoublement à travers d'autres alter ego comme Guillaume DEPARDIEU qui incarne à jamais la flamboyance de sa jeunesse rebelle et indomptable et Adam DRIVER dans le rôle de sa part la plus sombre et tourmentée, notamment dans le rapport à la paternité. Mais bien entendu, le double n°1 de Leos CARAX, c'est Denis LAVANT que l'on revoit à tous les âges et sous tous les déguisements au fil des extraits revisités de la courte filmographie du cinéaste, jusqu'au passage truculent dans lequel Leos CARAX chemine aux côtés de M. Merde, son émanation punk et anar toujours prête à sortir de sa boîte (ou plutôt de son égout). Le monde de Leos CARAX est celui de la nuit, aussi, parmi les nombreux extraits de films du cinéma premier qui parsèment le court-métrage, le début de "L'Aurore" (1927) de F.W. MURNAU semble tomber sous le sens! Mieux vaut cependant connaître et apprécier Leos CARAX pour apprécier ce court-métrage déroutant mais génial.

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Allégorie citadine

Publié le par Rosalie210

Alice Rohrwacher, JR (2024)

Allégorie citadine

Adaptation en court-métrage du spectacle "Chiroptera" par la réalisatrice italienne Alice ROHRWACHER. "Chiroptera" a été créé en novembre 2023 sur la façade de l'opéra Garnier en travaux recouverte d'une immense fresque représentant l'allégorie de la caverne de Platon, puis dans un second temps, transformée en échafaudage en forme de grille sur lequel ont évolué 153 danseurs pour une performance gratuite de 20 minutes dans lequel ceux-ci figuraient les chauve-souris de la caverne. On voit des extraits de ce spectacle dans le film qui réunit le réalisateur français Leos CARAX, l'artiste plasticien JR (auteur de la fresque et de la scénographie du spectacle) et l'ex-membre de Daft Punk Thomas BANGALTER (compositeur de la musique et de la bande sonore du spectacle). Qu'apporte de plus le court-métrage? Rien au niveau du propos plutôt lourd et abscons. Heureusement, le point de vue adopté est pour l'essentiel celui d'un enfant de 7 ans dont la mère (jouée par Lyna KHOUDRI) va passer une audition pour danser dans "Chiroptera". Et lorsque mis dans le secret par le metteur en scène (Leos CARAX), il s'échappe de la caverne, c'est pour entrer dans une autre dimension, révélant les oeuvres d'art en trompe-l'oeil sous les "défense d'afficher" et se transformant lui-même en figure animée en deux dimensions et en noir et blanc. On reconnaît bien l'art de JR, celui-là même qui illuminait les maisons de "Visages, villages". (2017)

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Promène-toi donc tout nu!

Publié le par Rosalie210

Emmanuel Mouret (1999)

Promène-toi donc tout nu!

Un homme, trois femmes, combien de possibilités? Film de fin d'études de Emmanuel MOURET qui avait déjà réalisé trois courts-métrages pendant son cursus à la Fémis, "Promène-toi donc tout nu" est un moyen métrage qui fait beaucoup mais alors vraiment beaucoup penser à du Eric ROHMER, celui de "La Collectionneuse" (1967) ou du "Conte d'ete" (1996). L'histoire se déroule à Marseille, la ville d'où est originaire Emmanuel MOURET et raconte une jeu amoureux entre un jeune homme immature (Emmanuel MOURET), sa petite amie qui souhaite qu'il s'engage et lui pose un ultimatum en ce sens et deux filles pas farouches (une amie et "l'amie de son amie" ^^) qui jouent à pile ou face pour qu'il teste l'une d'entre elles avant qu'il ne se décide. Au menu: des jeunes gens en vacances au bord de la mer ou dans des villas désertées, les jeux de l'amour et du hasard, un ton décalé et ludique, des dialogues et des situations à la fois libertins (et parfois vulgaires) et candides, une mise en abyme (Clément est le narrateur de l'histoire et certaines des phrases qu'il emploie sont ensuite récitées par les personnages ce qui renvoie au fait qu'il est interprété par le réalisateur), des filles (Constance et Liberté ah ah ah!) qui mènent le jeu autour d'un garçon qui le subit jusqu'à ce qu'il finisse par se prendre en main. Au final, on a un assez joli conte initiatique, pas impérissable mais annonciateur de la suite de sa carrière.

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Mon amoureux

Publié le par Rosalie210

Daniel Metge (2011)

Mon amoureux

Un court-métrage lumineux qui aborde un sujet tabou: la sexualité des personnes handicapées placées en institution. Dans celle où vivent Lorie et Romain, "Les Eglantines", les relations sexuelles sont interdites. Du moins, officiellement. Les pensionnaires souhaitant passer outre sont obligés de se cacher là où ils peuvent*. C'est pourquoi dans une scène à la fois drôle et dérangeante, Lorie et Romain se font surprendre dans les toilettes publiques par une usagère outrée parce qu'ils pensent que c'est là où cela se passe. Comme souvent en pareil cas, c'est la personne-ressource qui leur vient en aide. Laquelle n'est autre que la soeur de Lorie, Estelle (jouée par Salomé STEVENIN) qui les emmène au vert mais doit tout de même beaucoup prendre sur elle pour qu'ils arrivent à "conclure". Drôle et dérangeant à la fois, le film l'est à plusieurs occasions car à l'image des personnages il est sans filtre social. Idéal pour aborder nombre de thèmes frontalement comme celui de la contraception ou de la masturbation. Mais surtout moyen de soulever de vraies questions de société sur l'espace accordé aux handicapés pour vivre une relation intime et la place que doivent occuper leurs proches en pareil cas.

* L'actualité révèle également que de nombreux abus sexuels sont commis dans certaines de ces institutions.

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Oasis

Publié le par Rosalie210

Justine Martin (2022)

Oasis

Court-métrage québécois sensible et lumineux sur la fin de l'enfance lors d'un dernier été vécu comme un moment suspendu avant le retour au temps du réel, à la manière de "Tomboy" (2010). Tout fait penser dans ce film justement titré "Oasis" à une bulle d'insouciance avec les activités estivales en pleine nature, baignades, pédalo, pêche, camping, vélo, paddle etc. Le temps suspendu, c'est aussi le skatepark qui ouvre et ferme le court-métrage (on pense forcément un peu à Gus van SANT). Mais c'est aussi dans ce lieu que se profile la séparation des deux frères jumeaux de 14 ans Raphaël et Rémi que la réalisatrice connaît pour les avoir gardé quand ils étaient petits. En effet contrairement aux scènes dans les bois, celles qui se déroulent dans le skatepark forment un petit théâtre social qui souligne le décalage entre les deux frères. Le premier en train d'entrer dans l'adolescence, entouré de son groupe de skateurs et le second resté dans l'enfance en raison de son handicap, assis à l'écart occupé à gonfler des ballons et à les modeler. Comme souvent en pareil cas, celui des frères ou des soeurs qui n'est pas handicapé est appelé à jouer le rôle de protecteur et d'aidant. Dans le contexte du film de Justine MARTIN, ce rôle est mis à mal par le désir de s'intégrer au groupe et de grandir. C'est en naviguant entre ces différents pôles (temps suspendu/temps réel, nature/culture, fusion/séparation etc.) que le film trouve son centre de gravité.

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Guang

Publié le par Rosalie210

Quek Shio Chuan (2011)

Guang

Parmi la dizaine de courts-métrages que j'ai pu voir dans le cadre d'un cycle consacré à l'autisme au cinéma, "Guang" a été mon préféré à égalité avec "Ya Basta" (2010). Le réalisateur malaisien de "Guang", Quek Shio Chuan a d'ailleurs sept ans après réalisé un long-métrage à partir de ce court-métrage comme l'ont fait par exemple Fanny LIATARD et Jeremy TROUILH avec "Gagarine" (2020). L'histoire de "Guang" est lumineuse. Elle raconte l'histoire de deux frères (celui du réalisateur étant lui-même autiste) dont le plus âgé est autiste. Son cadet lui met la pression pour qu'il trouve un emploi et l'aide à partager les frais du quotidien. Mais Wen Guang ne parvient pas à suivre le chemin qu'a balisé son frère pour lui tant il a en tête autre chose. Cet autre chose qui est une obsession autistique c'est de trouver un verre émettant un son bien particulier pour enrichir sa collection. Si bien qu'au lieu d'aller à son entretien d'embauche, le voilà en train de fouiller les poubelles à la recherche de la perle rare. On comprend la colère de son frère quand il apprend comment Wen Guang a saboté ses efforts. Mais c'est sans compter sur la chute du film, d'une beauté renversante. L'une des plus belles façons de montrer que ce n'est pas celui que l'on croit qui est le plus limité dans sa vie.

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Ya Basta

Publié le par Rosalie210

Gustave Kervern et Sébastien Rost (2010)

Ya Basta

11 minutes de pure jubilation, ce "Ya Basta" est un bijou de construction dramatique, de loufoquerie et de causticité autant qu'un défi humain qui se reflète d'ailleurs dans le scénario: réunir autour d'un projet commun et de sa réalisation à toutes les étapes une équipe de professionnels du cinéma et de jeunes adultes handicapés pensionnaires à l'Esat (établissement et service d'aide par le travail) de Quincampoix. Mais le résultat, particulièrement drôle et inventif force l'admiration. Cette réinvention originale du film de casse à la "Ocean's Eleven" (2001) semble avoir été tourné à Groland ce qui n'est guère surprenant quand on voit que Gustave KERVERN est l'un de ses maîtres d'oeuvres au scénario et à la réalisation (en plus de jouer un petit rôle dans le film). On retrouve également au casting des acteurs proches de Gustave KERVERN ou engagés comme Stephanie PILLONCA, Yolande MOREAU, Jean-Pierre DARROUSSIN ou Augustin LEGRAND. Sans parler des tubes du groupe Zebda qui scandent le film. Par-delà son humour ravageur, le film appelle à changer de regard sur les handicapés, interroge leur place dans la société et constitue une critique féroce contre le productivisme avec notamment une réinvention du flicage de la "pause pipi" qui décoiffe!

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La grande extase du sculpteur sur bois Steiner (Die groBe Ekstase des Bildschnitzers Steiner)

Publié le par Rosalie210

Werner Herzog (1974)

La grande extase du sculpteur sur bois Steiner (Die groBe Ekstase des Bildschnitzers Steiner)

Était-ce une époque propice aux titres à rallonge remplis de questionnements existentiels pour ce qui était alors la nouvelle génération de cinéastes allemands nés de la seconde guerre mondiale? Toujours est-il qu'après "L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty" (1971) de Wim WENDERS vint "La grande extase du sculpteur sur bois Steiner" (1974) de son compatriote Werner HERZOG. De sculpture sur bois, il n'en sera guère question dans ce documentaire dont le sujet central est le saut à skis dont le dénommé Walter Steiner fut un champion au brillant palmarès* survolant c'est le cas de le dire tous les autres participants. Lui-même passionné par ce sport Werner HERZOG en fait une métaphore de sa vision du cinéma. Je connais peu la filmographie de Werner HERZOG mais tout de même assez pour y voir une quête philosophique et spirituelle du dépassement qui s'accorde parfaitement avec le sujet du film mais aussi avec son traitement. Là encore, comme son compatriote, Wim WENDERS, Herzog filme le vol comme un état de grâce absolu. Il en fait un moment qui échappe aux lois terrestres grâce au pouvoir que possède le cinéma de distordre le temps. Celui-ci plus que jamais suspend son vol avec de superbes ralentis d'éternité avant le moment inévitable de la chute qui marque le retour au réel. Un réel qui ramène au contexte dans lequel a été réalisé le film, celui des compétitions sportives servant d'exutoire aux peuples captifs du rideau de fer, ici la Yougoslavie de Tito qui organisait les championnats du monde en 1972 à Planica (aujourd'hui en Slovénie). Comme le cinéma, le sport est tiraillé entre son pouvoir émancipateur et son instrumentalisation à des fins politiques (distraire les masses, faire la propagande du régime). Comme à l'époque des gladiateurs, peuple et organisateurs en quête de frissons et de records tentent de pousser au-delà des limites un champion hors-normes animé par le désir mystique de fusion avec l'univers, quitte à mettre sa vie en danger.

* Il fut deux fois champion du monde de vol à skis en 1972 donc mais aussi en 1977 et vice-champion olympique à Sapporo en 1972.

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Les Misères de l'aiguille

Publié le par Rosalie210

Armand Guerra, Raphaël Clamour (1913)

Les Misères de l'aiguille

Misères de l'aiguille ou mystères de l'aiguille? Il est bien difficile de suivre ce film de 1913. Celui-ci est privé d'intertitres, l'image est très dégradée au point d'être parfois aux deux-tiers illisible. Pour ne rien arranger, la fin du film est parasitée par des images venues d'un autre film qui n'a strictement rien à voir. En plus de ces problèmes que l'on peut qualifier de techniques, le peu d'informations que l'on arrive à saisir relève du plus lourd pathos avec une héroïne sur qui les malheurs pleuvent: on la voit rechercher du travail, se faire agresser sexuellement par un alias de Harvey Weinstein qui la renvoie quand elle le repousse puis s'échiner à la tâche à domicile pendant que son mari se meurt. Après avoir déposé au clou ses maigres biens, elle reçoit une mauvaise nouvelle (sans doute l'annonce de son expulsion) qui l'amène au bord du suicide. Heureusement une miraculeuse coopérative ouvrière vient la sauver. Car c'est l'objectif final du film (issu lui même d'une coopérative d'artistes venus du théâtre et du music-hall), faire la propagande d'une oeuvre sociale de charité. Bref rien d'intéressant sinon que l'héroïne, Louise est jouée par MUSIDORA dont c'était la première apparition à l'écran, le film étant réalisé par l'un de ses partenaires au théâtre du Châtelet, Raphael CLAMOUR.

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Comment devenir cinéaste sans se prendre la tête

Publié le par Rosalie210

Jacques Rozier (1995)

Comment devenir cinéaste sans se prendre la tête

Un film dont le titre commence par "Comment" est parfois -mais pas toujours- une promesse comico-satirique. Exemple "Comment j'ai appris a surmonter ma peur et a aimer Ariel Sharon" (1997) ou dans le même genre "Docteur Folamour, ou : Comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe" ou encore "Comment reussir... quand on est con et pleurnichard" (1974), les exemples ne manquent pas. "Comment devenir cinéaste sans se prendre la tête" est un court-métrage malicieux et délicieux dans lequel Jacques ROZIER fredonne sa petite musique bien à lui, celle d'un cinéaste ne se prenant pas au sérieux et qui s'est toujours moqué des hiérarchies et des cases. Anticonformiste, "casseur de codes" dirait-on aujourd'hui, ses films sont plein de fraîcheur, d'humour et de fantaisie. On retrouve cette légèreté, cette liberté de ton dans ce modeste court-métrage hilarant volontairement réalisé comme une sitcom bas de gamme qui se compose de deux parties. Dans la première qui se déroule dans un appartement parisien, un couple de bourgeois (joués par Marie LENOIR et Henri GUYBET) tente de dissuader leur fille Agathe de se lancer dans ce métier "pas sérieux". Manque de bol, le technicien qu'ils ont recruté pour la raisonner (Roger TRAPP) est un amoureux du septième art qu'il traite avec le plus grand sérieux puisqu'il évoque le concours de la Fémis qu'il compare à Polytechnique ou Centrale. Les bourgeois en sont pour leur frais sous l'oeil rigolard de leur ami qui n'est autre que Roland TOPOR. Dans la deuxième partie, en bon passeur qu'il est, le technicien présente Agathe à Jean-Christophe AVERTY (dans son propre rôle) qui est en train de réaliser une émission de télévision. Un débat s'engage sur les mérites comparés du cinéma et de la télévision sous l'oeil de Agathe qui ne perd pas une miette de la "leçon". Car elle représente la nouvelle génération de cinéastes en herbe qui veut "changer les choses". Jacques ROZIER anticipe la féminisation de la profession et rappelle que faire du cinéma, ce n'est pas d'abord une question de technique ou de moyens mais de talent et de désir, voire un besoin vital!

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