Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #spielberg (steven) tag

Pentagon Papers (The Post)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2017)

Pentagon Papers (The Post)

Lors du ciné-club accompagnant la projection de "West Side Story" (1960) à la Cinémathèque, le remake réalisé par Steven SPIELBERG en 2019 a été évoqué. Frederic BONNAUD qui prétend ne pas l'avoir vu a dit que Steven SPIELBERG aimait bien comprendre de l'intérieur le fonctionnement des films ce que l'on ressent particulièrement bien sur "Ready Player One" (2018) qui nous projette à l'intérieur de "Shining" (1980). Je pense que c'est une démarche assez similaire qui l'a conduit à réaliser "Pentagon Papers" qui se pose en digne héritier de "Les Hommes du President" (1976), même si les faits décrits se déroulent un an avant. Même époque, même journal, un scandale d'État impliquant l'administration américaine, un bras de fer entre le président Nixon et la presse d'investigation. Les similitudes sautent aux yeux et en citant directement le film de Alan J. PAKULA dans les dernières minutes jusqu'à reprendre les mêmes cadrages, Spielberg ne cache pas ce qu'il doit au film de Alan J. PAKULA. Mais il choisit un traitement différent.

Le film de Alan J. PAKULA était contemporain de son sujet, qu'il traitait en quelque sorte "à chaud" en détaillant avec réalisme et souci du détail les méthodes de travail des journalistes d'investigation. Celui de Spielberg, réalisé plus de 40 ans après est une oeuvre historique qui raconte la genèse du Washington Post comme contre-pouvoir en mettant l'accent sur le rôle pionnier du rédacteur en chef, Ben Bradlee (joué par Jason ROBARDS dans le film de Alan J. PAKULA et par Tom HANKS dans celui de Steven SPIELBERG) et surtout sur la prise de risque considérable de la propriétaire du Washington Post, Katharine Graham surnommée "Kay" (jouée par Meryl STREEP). La grande Histoire, écrite par des vainqueurs dont on ne connaît que trop le profil a effacé les femmes comme elle a invisibilisé les minorités. "Pentagon Papers" remet les pendules à l'heure avec le portrait magistral de cette "fille de" et "épouse de", programmée pour remplir un rôle décoratif et cirer les pompes des puissants et que les circonstances vont pousser à prendre les rênes. Le plan où suite à la victoire de la presse à la Cour Suprême, Kay descend l'escalier sous les applaudissements nourris d'un public exclusivement féminin contraste avec le reste du film où elle apparaît systématiquement isolée dans un monde phallocrate qui lui conteste sa place. Kay comme la plupart des femmes a d'ailleurs intégré ce paramètre dans son logiciel et semble toujours douter de sa légitimité. C'est bien entendu tout l'enjeu du film et Spielberg n'hésite pas à mettre dans la bouche de la femme de Ben Bradlee, une ménagère effacée conforme aux standards de l'époque les mots qu'il pense et qui vont ouvrir les yeux à celui-ci: "Kay est à un poste qu'elle ne pensait jamais occuper. Plein de gens pensent qu'elle ne devrait pas l'occuper. Quand on te dit sans cesse que tu n'es pas à la hauteur, que ton opinion compte moins, quand tu es transparente, qu'à leurs yeux, tu n'existes pas, que tu vis ça depuis toujours, c'est dur de ne pas penser que c'est vrai. Alors prendre cette décision, risquer sa fortune et l'entreprise à laquelle elle a consacré sa vie, je trouve ça courageux."

Voir les commentaires

Les Dents de la mer (Jaws)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1975)

Les Dents de la mer (Jaws)

Il y a des films que l'on croit avoir vu parce qu'ils sont tellement cultes qu'ils sont cités, repris, déclinés partout et tout le temps (dernier exemple en date de "sharksploitation", "En eaux (tres) troubles" (2023) avec Jason STATHAM). L'avantage est qu'ils entretiennent la flamme, l'inconvénient est qu'ils finissent par brouiller le souvenir du film original, quand ils ne se substituent pas à lui. Steven SPIELBERG s'est lui-même autocité cinq ans après la sortie de "Les Dents de la mer" en reprenant sa scène d'ouverture pour "1941" (1979) actant le succès de son troisième film, tourné pour neuf millions de dollars mais qui en a rapporté cinq cent millions.

Car par bien des aspects, "Les Dents de la mer" se situe à la croisée des chemins: film de genre et film d'auteur, film de série B hérité de Roger CORMAN et acte de naissance du blockbuster, film du nouvel Hollywood et suite logique des "Universal Monsters" (à qui Robert ZEMECKIS prédit un bel avenir dans "Retour vers le futur II" (1989) et son "Jaws 19"!) "Les Dents de la mer" c'est tout cela à la fois. Cela donne un film très riche dont l'intelligence de la mise en scène saute aux yeux à chaque instant et se substitue aux effets spéciaux défaillants. Les requins mécaniques n'étant pas optimaux, ils apparaissent le moins possible et sont remplacés par la caméra qui adopte leur point de vue, la musique mythique de John WILLIAMS qui fait monter la tension quand il le faut ou bien des métonymies visuelles à commencer par le titre du film!

Mais ce qui fait de "Les Dents de la mer" un chef-d'oeuvre et pas simplement le résultat d'un habile savoir-faire est que son histoire possède plusieurs niveaux de lecture. L'affiche le montre d'ailleurs avec sa nageuse en surface et sous les eaux son énorme requin. Là, on n'est plus dans la métonymie mais dans la métaphore. Le personnage principal Brody (Roy SCHEIDER) traîne un passé traumatique avec l'eau qu'il ne peut exorciser qu'en affrontant le monstre des mers en "Duel" (1971) ^^ comme le capitaine Achab face à Moby Dick. Son comparse dur à cuire et fonceur, Quint (Robert SHAW) est un rescapé de la seconde guerre mondiale sur qui plane l'ombre de la bombe nucléaire d'Hiroshima. Hooper enfin (Richard DREYFUSS) est le scientifique rationnel qui s'avère néanmoins impuissant à dompter la bête. Laquelle à force d'abstraction finit par incarner toutes les angoisses humaines. Dans sa première partie, "Les Dents de la mer" contient une satire toujours actuelle du tourisme balnéaire de masse où les baigneurs oscillent entre déni et psychose alors que le maire pense surtout à sauver la saison estivale quitte à dénicher des "faits alternatifs" pour expliquer les "accidents" qui se produisent. Bien plus que le requin qui obéit à ses instincts naturels, le semeur de mort, c'est lui et ses semblables que l'on a pu voir à l'oeuvre lors de catastrophes bien réelles comme la tempête Xynthia il y a treize ans.

Voir les commentaires

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2007)

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull)

Je n'avais jamais eu envie de voir le quatrième épisode des aventures d'Indiana Jones bien qu'il ait fait couler beaucoup d'encre, plutôt négativement. Au final, sans atteindre la dimension mythique du premier ou l'intensité du troisième, c'est un film qui se regarde avec plaisir, même s'il est trop bavard et un peu longuet. Le poids des ans se fait ressentir et il est difficile d'anticiper le vieillissement des effets spéciaux numériques qui sont très présents dans le film. Mais la scène d'ouverture est tout aussi brillante que celle des opus précédents et nous plonge en immersion dans les années cinquante ou plutôt dans l'immense cinémathèque consacrée à cette période. Steven SPIELBERG et George LUCAS voulaient conserver l'aspect "série B" de leur saga en mixant l'aventure dans la jungle à la manière des aventures de Bob Morane avec les histoires de science-fiction souvent à connotation paranoïaque dans un contexte de guerre froide. Alors ils s'en donnent à coeur joie, parfois en s'auto-citant, de "American Graffiti" (1973) à "E.T. L'extra-terrestre" (1982) en passant par "Rencontres du troisième type" (1977) ou en citant les amis avec l'allusion à la première version du scénario de "Retour vers le futur" (1985) dans lequel la machine à voyager dans le temps fonctionnant à l'énergie nucléaire était un réfrigérateur. D'ailleurs le film de Robert ZEMECKIS transportait le héros dans les années cinquante et citait "L'Invasion des profanateurs de sépultures" (1956) également mentionné dans le film de Steven SPIELBERG. Quant à la cité maya construite par des aliens, elle aussi constitue un thème important de l'ufologie des années cinquante, soixante et soixante-dix dont on trouve l'héritage dans ce qui est un de mes souvenirs d'enfance "Les Mystérieuses cités d'or" (1983). Donc, respect vis à vis de tout ce travail d'assimilation et de restitution qui est d'une grande cohérence tout comme d'ailleurs l'autre aspect majeur du film, la saga familiale, amorcée dans le deuxième, affirmée dans le troisième et pleinement exploitée dans le quatrième. Steven SPIELBERG et George LUCAS sont tout autant mythologues que cinéastes et Harrison FORD est loin d'avoir rendu son dernier soupir. Même s'il doit faire équipe avec un petit jeune aux faux airs de James DEAN et de Marlon BRANDO joué par Shia LaBEOUF, aucun ancien, vivant ou non n'est oublié que ce soit Karen ALLEN (Marion Ravenwood), Sean CONNERY (Henry Jones senior) ou Denholm ELLIOTT (Marcus Brody) remplacé par Jim BROADBENT dans le rôle du doyen de l'institut où enseigne encore Indiana Jones qui lui aussi a vu sa retraite repoussée puisqu'il doit reprendre du service cette année pour un cinquième volet.

Voir les commentaires

Indiana Jones et la dernière croisade (Indiana Jones and the last crusade)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1989)

Indiana Jones et la dernière croisade (Indiana Jones and the last crusade)

Deux Jones pour le prix d'un dans cette dernière croisade au rythme échevelé, aux rebondissements incessants et aux ressorts comiques imparables. Ce troisième volet d'Indiana Jones est aussi pour moi le meilleur car le  plus personnel de Steven SPIELBERG. On retrouve ainsi les ennemis absolus, les nazis à la recherche d'un nouvel objet sacré, le saint graal dont ils espèrent s'emparer pour obtenir la toute-puissance. S'y superpose une histoire familiale qui était maladroitement esquissée dans "Indiana Jones et le temple maudit" (1984) mais qui trouve dans cet opus une expression magistrale. D'abord en la personne de River PHOENIX dans le rôle d'Indiana adolescent lors une scène d'ouverture d'anthologie qui n'est autre que la Genèse du personnage (son chapeau, son fouet, sa cicatrice, sa phobie des serpents et... sa relation difficile avec son père). Ensuite avec Sean CONNERY qui forme un duo irrésistible avec Harrison FORD en père indigne qui concurrence son fils aussi bien sur le plan scientifique que dans le domaine des conquêtes féminines. De toutes manières, cette confusion des rôles est entretenue par le fait qu'ils ont le même prénom. D'où le surnom "Indiana" auquel le père préfère "junior" pour se placer en position de supériorité, alors qu'il agit comme un vieux gamin. La première scène où ils jouent ensemble donne le ton, Henry Jones se souciant davantage du vase qu'il a cassé en frappant par erreur Indiana que de l'état de santé de celui-ci. Le saint graal devient alors la quête du lien père-fils qui n'a jamais pu s'établir jusque là. Et bien que l'on reste toujours dans une atmosphère légère et bondissante, c'est le film qui des trois ressemble le moins à une BD. On est plus proche du style James Bond (Sean Connery oblige!) avec un fort caractère parodique qui sera repris plus tard par Michel Hazanavicius pour ses OSS 117. 

Voir les commentaires

Indiana Jones et le temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1984)

Indiana Jones et le temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom)

La suite des aventures de "Indiana Jones" est en réalité ce que le jargon hollywoodien appelle aujourd'hui une préquelle. L'histoire se déroule en effet en 1935 soit un an avant "Les Aventuriers de l'arche perdue" ce qui permet en réalité de ne pas avoir les mains liées par un scénario préexistant et rapproche encore plus la saga des serials, cartoons et autres comics dont elle s'inspire avec une succession de morceaux de bravoure ébouriffants. L'introduction est aussi magistrale que celle du premier opus avec ses hommages simultanés aux comédies musicales et aux films de gangsters des années 30, une ambiance très "Lotus bleu", un clin d'oeil à "Star Wars" (le club s'appelle "Obi Wan"!), un autre à James Bond et encore une autre à "19413 (1979) (le gong qui se détache comme le faisait la grande roue) et cette incroyable mise en scène où les personnages courent après un diamant et un antidote qui ne cessent de se dérober au moment où ils vont les attraper: un véritable ballet! Il en annonce un autre, celui de la course-poursuite en wagonnet qui fait de ce "Temple maudit" un film "rollercoaster" qui sera ensuite décliné à Disneyland (tout comme Star Wars). S'y ajoute la scène du pont suspendu qui est également spectaculaire.

Cependant, des trois Indiana Jones que j'ai vu, c'est celui que j'aime le moins. Autant "L'Empire contre-attaque" (1980) réussit à avoir des accents de tragédie shakespearienne (merci Akira KUROSAWA!) autant les pérégrinations souterraines de Indiana Jones et de ses amis m'ont paru relever du grand guignol bien plus que d'une descente aux enfers (les effets spéciaux vieillis n'arrangent rien). Et si Willy Scott (Kate CAPSHAW) en chanteuse de cabaret perdue dans la jungle façon "la ferme célébrités" ou confrontée à des plats exotiques peu ragoûtants ou encore assaillie de bestioles plus que jamais "Ford Boyard" est drôle au début, sa mue est ratée: elle devient tout simplement une potiche lambda pendue au cou de son aventurier préféré. Dommage car on reconnaît à travers le trio du film une ébauche de la famille dysfonctionnelle chère à Steven SPIELBERG avec un père immature voire défaillant qui annonce la relation père-fils de "Indiana Jones et la dernière croisade" (1989). Il y a même un petit côté "Joueur de flûte de Hamelin" dans le film en ce sens que Indiana Jones à la recherche d'un artefact magico-mystique doit choisir entre ses réflexes d'archéologue occidental pilleur de trésor et sa promesse de le rendre aux villageois à qui il a été dérobé, leur permettant par là même de retrouver leurs enfants eux aussi volés, donc leur avenir.

Voir les commentaires

Les Aventuriers de l'Arche perdue (Raiders Of The Lost Ark)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1980)

Les Aventuriers de l'Arche perdue (Raiders Of The Lost Ark)

J'avais sept ou huit ans quand j'ai vu "les Aventuriers de l'Arche perdue" (1980) pour la première fois dont la fin m'avait terrifiée à l'époque! Mais cette touche d'horreur ne doit pas occulter que Indy est l'héritier de toute une série d'oeuvres l'ayant précédé et d'un genre qu'il a contribué à relancer. Principalement des BD et des films de série B mais aussi l'aventure avec un grand A incarnée par le film de John HUSTON "Le Trésor de la Sierra Madre" (1947), le look de Harrison FORD s'inspirant de celui de Humphrey BOGART. Ou encore la comédie de Philippe de BROCA, "L'Homme de Rio" (1964) qui s'inspire des aventures de Tintin ce qui explique la parenté entre le célèbre reporter belge (que ne connaissait pas à l'époque Steven SPIELBERG, il s'est rattrapé depuis) et l'archéologue intrépide. Mais des références ne font pas un film, encore moins un film culte à l'origine d'une saga mythique. Alors forcément, "Les Aventuriers de l'arche perdue" innove aussi. Avec d'abord un héros d'un nouveau genre, certes très physique mais également intellectuel, même si ce n'est pas son érudition qui semble fasciner ses étudiantes. Surtout Indy est cool et attachant, vulnérable et plein d'autodérision en harmonie avec ce que dégage Harrison FORD (et dont on sent qu'il a fait école avec "À la poursuite du Diamant vert" (1984), "Allan Quatermain et les mines du roi Salomon" (1985), Bruce WILLIS pour la saga "Die Hard" ou encore bien sûr les OSS 117 de Michel HAZANAVICIUS entre Le Caire et Rio et ses nazis d'opérette). Et le film est à l'unisson. Un rythme haletant, ponctué de morceaux de bravoure qui préfigurent "Ford Boyard", ses mygales et ses serpents, ses coffres et "La Boule" ^^ mais laissant des espaces pour la comédie comme le célèbre gag improvisé du pistolet tueur de sabre dicté par un épisode de dysenterie qui obligeait Harrison FORD à boucler la prise entre deux passages au toilettes. Enfin on ne peut pas faire l'impasse sur la partition mythique de John WILLIAMS qui est à l'aventure ce que celle de "Star Wars" est à la science-fiction.

Voir les commentaires

The Fabelmans

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2022)

The Fabelmans

Avec "The Fabelmans" (équivalent patronymique de "Spielberg", la fable ayant remplacé la pièce de théâtre), Steven SPIELBERG a réussi la fusion entre le cinéma et l'intime et nous gratifie d'une recréation de ses jeunes années via le prisme du septième art pour lequel le jeune Samuel Fabelman (Gabriel LABELLE) s'avère particulièrement doué. Mais ce don est montré comme ambivalent, son oncle l'a prévenu en ce sens "ça va te déchirer". C'est déjà le cas dans l'introduction où Samuel enfant s'initie au maniement d'une caméra pour filmer le déraillement d'un train électrique et ainsi, conjurer sa peur du premier film qu'il a vu "Sous le plus grand chapiteau du monde" (1953). On peut y voir aussi un clin d'oeil aux origines du cinéma, quand "L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat" (1896) effrayait les spectateurs qui croyaient que le train fonçait réellement sur eux. Perçu comme art de l'illusion, le cinéma s'avère cependant pour Samuel être exactement l'inverse, le médium de la connaissance qui l'expose prématurément à découvrir la vérité sur sa famille. Nul doute que la séquence dans laquelle il effectue le montage d'un film de vacances pour faire plaisir à ses parents restera dans les annales. Il en offre en effet deux versions: l'une, consensuelle, pour son père et l'autre, plus dérangeante, pour sa mère. Car en visionnant les rushes, il découvre à l'arrière-plan, les images d'un secret de famille qu'il n'aurait pas dû voir (le changement de couleur de ses yeux serait dû à cette révélation). Cette scène-clé fait penser à celles de "Blow-up" (1966) et "Blow Out" (1981) à ceci près qu'il ne s'agit pas de découvrir un crime mais la vérité sur sa mère (Michelle WILLIAMS), pianiste douée mais qui a dû se contenter d'en faire un "hobby" pour reprendre l'expression du père (Paul DANO) afin de le suivre avec ses enfants au gré de ses promotions. Une vie de femme au foyer pour laquelle elle n'est guère faite (sa phobie de la vaisselle en témoigne), qui la plonge dans la mélancolie (pour ne pas dire la dépression) et qu'elle ne supporte que grâce à l'adultère, du moins tant que celui-ci est possible. Quand il ne l'est plus, c'est le divorce. Autre traumatisme que Samuel parvient à transcender par son art: l'antisémitisme. En filmant l'athlète aryen qui le persécute à la manière de Leni RIEFENSTAHL dans "Les Dieux du stade" (1937), il parvient à le désarmer. Enfin, la boucle est bouclée quand Samuel fait la rencontre du "plus grand cinéaste de tous les temps" qui en fait est présent en filigrane depuis le début du film, notamment quand Samuel tourne avec ses amis scouts des séquences de westerns: John Ford. Interprété (savoureusement) par David LYNCH, celui-ci dispense une leçon de cinéma au jeune Samuel dont le vieux Spielberg saura se souvenir en recadrant son plan vers de nouveaux horizons ^^.

Voir les commentaires

Les Blues Brothers (The Blues Brothers)

Publié le par Rosalie210

John Landis (1980)

Les Blues Brothers (The Blues Brothers)

Je cherchais à voir ce film depuis très longtemps. "1941" (1979) le quatrième film complètement déjanté de Steven SPIELBERG avec déjà le tandem John BELUSHI et Dan AYKROYD m'avais mis l'eau à la bouche (Steven SPIELBERG fait d'ailleurs une petite apparition sur "The Blues Brothers") ainsi que "S.O.S. fantômes" (1984) qui réunissait cette fois un trio Dan AYKROYD, Bill MURRAY et Harold RAMIS, tous issus comme John Belushi de la pépinière à talents comiques du Saturday Night Live. Car c'est sur ses planches que le groupe "The Blues Brothers" a fait ses gammes (et trouvé son dress code à la "Reservoir Dogs") (1992) avant d'être adapté à l'écran. Le fait de ne l'avoir vu qu'aujourd'hui m'amène à le rapprocher de "ELVIS" (2020) dont d'ailleurs l'un des titres est interprété dans le film "Jailhouse rock". Elvis avait osé à une époque où la ségrégation était la norme franchir les barrières raciales (et de genre aussi) en pénétrant dans l'espace sacré de la soul and rythm and blues music par sa communion avec les afro-américains. Jake et Elwood Blues n'agissent pas autrement. Ils se retrouvent chargés d'une mission divine après avoir été éveillés par le pape de la soul, James BROWN chantant "Can you see the light" dans une église (la matrice des musiques afro-américaines). Littéralement possédés par l'esprit de la soul, les frères se mettent en quête des musiciens de leur groupe (soit les vrais musiciens réunis par Dan Aykroyd et John Belushi durant leurs prestations au sein du SNL), croisant au passage d'autres poids lourds du genre musical (Aretha FRANKLIN, Ray CHARLES, Cab CALLOWAY, John Lee Hooker etc.) à une époque où certes la ségrégation n'existe plus officiellement mais où il faudra attendre Michael JACKSON pour que MTV (née en 1981) programme des artistes noirs. D'ailleurs l'aspect transgressif du choix des brothers est souligné dans la scène du bar country où ils se retrouvent hués par les rednecks du coin ce qui ne les empêche pas de continuer à "envoyer du bois". Leurs autres ennemis sont sans surprise les néo-nazis (qui eux ne jurent que par Wagner), un groupe de country à qui ils ont volé la vedette et les forces de maintien de l'ordre. Les formidables bluesmen Belushi et Aykroyd, artistes complets se transforment alors en Laurel et Hardy pour leur infliger le traitement burlesque qu'ils méritent lors de scènes cartoonesques assez jouissives impliquant également une ex-fiancée (Carrie FISHER). "The Blues Brothers" n'a pas volé son statut de film culte et est bien plus qu'une simple comédie musicale, touchant à ce qui est selon moi l'essence de l'art, lequel n'a que faire des frontières.

Voir les commentaires

Arrête-moi si tu peux (Catch Me If You Can)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2002)

Arrête-moi si tu peux (Catch Me If You Can)

Un adolescent à l'orée de l'âge adulte, grand lecteur de comics découvre que ses talents de faussaire et de comédien lui ouvrent les portes d'une société crédule où l'habit fait le moine. Mais contrairement à Peter Parker pour qui "un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités", Frank Abagnale Jr. (qui a réellement existé, son histoire servant de base au film) s'enferme dans un monde de faux-semblants. Il ne touche plus terre (littéralement) jusqu'à ce qu'un véritable adulte, certes un peu empoté mais qui lui ne vit pas dans l'illusion l'y ramène. Le bondissant, léger et cartoonesque générique de "Arrête-moi si tu peux" fait immédiatement penser à Indiana Jones ou à Tintin (sur lequel Spielberg a réalisé un film en 2011), évoquant la comédie policière et d'aventures en mode BD. Le ton est cependant un peu plus grave avec l'histoire de cet adolescent délinquant qui fuit ses problèmes dans l'ivresse d'une vie de mensonges comme d'autres sombreraient dans l'alcool ou la drogue. En dépit de sa forme légère, élégante et pétillante, le fond n'est finalement pas si différent de "Moi, Christiane F." avec un père défaillant (joué par un excellent Christopher Walken) et un foyer éclaté. La symbolique des fêtes de noël a une grande importance dans le film, elle retourne l'illusion contre son protagoniste principal en soulignant cruellement sa solitude et son exclusion. Le policier du FBI qui est la seule personne à s'intéresser à lui et dont le comportement est un rappel à la loi fait donc office de seul (re)père de substitution. Leonardo DiCaprio était alors au sommet de son talent dans ce type de rôle que son vieillissement lui a ensuite interdit et Tom Hanks est l'acteur parfait pour incarner l'humanisme spielbergien.

Voir les commentaires

West Side Story

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2021)

West Side Story

Mon premier mouvement en découvrant la bande annonce a été "oh non!" suivi de "ah d'accord!" en voyant le nom de Spielberg s'afficher à l'écran. Parce qu'il s'agit d'un géant du cinéma mondial et que je lui ai accordé depuis longtemps ma confiance. De plus ceux qui lui font un procès en légitimité naviguent en pleine confusion. Celle qui existe entre l'avalanche de remake de films populaires classiques ou cultes dont les finalités sont exclusivement commerciales (l'exemple type étant la réédition en version live des films d'animation Disney mais les exemples sont légion, y compris dans le répertoire de Spielberg avec les Jurassic World*) et une démarche consistant à proposer sa propre version d'une oeuvre qui a été créée pour les planches de Broadway. On ne reproche pas aux metteurs en scène du spectacle vivant de proposer leur vision d'une oeuvre qui a déjà connu des milliers d'adaptations différentes. Et pour cause, ces propositions ne peuvent rester qu'éphémères (même captées, elles sont conçues pour être jouées en direct et perdent leur essence). Le film de Spielberg est une adaptation cinématographique du matériau d'origine, c'est à dire du livret de Arthur Laurents incluant les titres composés par Léonard Bernstein pour la musique et Stephen Sondheim pour les paroles et mis en scène et chorégraphié par Jerome Robbins. L'argument est lui-même inspirée par la pièce de Shakespeare "Roméo et Juliette".

Cette mise au point faite, saluons la réussite de cette nouvelle version qui n'efface pas celle de 1961 mais lui apporte un regard moderne, soixante ans après. En effet si "West Side Story" est une oeuvre intemporelle, c'est aussi une histoire qui a des résonances actuelles et ce sont ces enjeux contemporains que Steven Spielberg met en valeur. On sent l'implication du cinéaste dès les premières secondes: mêmes vues aériennes suivies d'une vertigineuse plongée, sauf que ce que montre Spielberg est un champ de ruines comme si l'on survolait un territoire en guerre. Or c'est exactement de cela dont il est question: une guerre de territoire. Avec une ligne de front bien nette. Mais ce n'est pas celle que l'on croit. Ce que Spielberg inscrit dans la géographie, c'est la guerre sociale et non la guerre ethnique. Car ce qui ressort beaucoup plus dans sa version c'est la réduction de l'espace vital des Jets et des Sharks au fur et à mesure que la gentrification de leur quartier progresse. Car leur véritable ennemi est invisible mais dans la version de Spielberg il est personnifié par des machines (comme dans "La Guerre des mondes"), celles qui détruisent leur habitat pour y construire à la place des logements neufs réservés aux WASP (white anglo-saxons protestants) aisés. Les divisions intestines du "trou à rats" qu'ils sont en train de raser servent donc leurs intérêts. Elle est même provoquée par eux, exactement comme lorsqu'on affame une population pour ensuite faire en sorte qu'elle s'entretue pour un bout de pain. La hauteur de vue de Spielberg montre que les Jets et les Sharks sont manipulés et n'ont pas leur destin en main. Il va donc bien au-delà ce que qui a été ressassé dans toutes les critiques, à savoir la mise en valeur de la seule communauté portoricaine, même si elle est bien réelle de par l'origine des acteurs et l'importante place de la langue espagnole qui est la deuxième langue la plus parlée aux USA. Jets et Sharks sont également victimes et la fusion de leurs couleurs respectives va au-delà de la simple histoire d'amour de Tony et Maria, elle raconte une destinée commune, liée au malheur d'être pauvre aux USA, bref d'être un "loser" dans un pays qui ne les tolère pas. Cela donne du relief à nombre de chansons telles que "America", "Gee, Officer Krupke" ou "Somewhere", cette dernière étant chanté par Rita Moreno qui fait le lien entre les deux films tout en personnifiant la mémoire du quartier en démolition (son magasin est symboliquement situé sur la ligne de front). Est-ce un hasard? Ariana DeBose dans le rôle d'Anita est magistrale. La révélation du film pour moi. Elle éclipse largement Rachel Zegler qui ne parvient pas à se hisser à la hauteur de Natalie Wood qui était une actrice exceptionnelle. Quant à Ansel Elgort dans le rôle de Tony, il est assez fade comme l'était son prédécesseur. 

 

* Je mets à part les auto-remake qui existent depuis l'origine du cinéma et sont liés à la volonté d'intégrer une révolution technologique (parlant, couleur, numérique) ou des moyens plus importants dans un film, bref d'amplifier sa puissance pour atteindre un plus large et plus jeune auditoire, pas seulement pour des raisons commerciales mais pour le rendre plus pérenne. 

Voir les commentaires

1 2 3 > >>