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Articles avec #fantastique tag

Better Man

Publié le par Rosalie210

Michael Gracey (2025)

Better Man

"Gainsbourg (Vie heroique)" (2009) (que j'aimerais bien revoir d'ailleurs) montrait dans plusieurs séquences comment l'auteur-compositeur-interprète se voyait, sa tête étant remplacée par un chou ou par une marionnette artisanale un peu grotesque accentuant les proéminences de son nez et de ses oreilles. Il faut dire que l'homme était croqué par un réalisateur également dessinateur de BD. "Better Man" qui est consacré au parcours agité d'un autre auteur-compositeur-interprète, Robbie WILLIAMS le représente sous la forme d'un chimpanzé numérique tout au long du film. Une manière de souligner son sentiment d'inadaptation, notamment dans les situations de groupe (les autres personnages étant tous humains) et de contourner la problématique de la ressemblance du comédien avec son modèle. C'est aussi un moyen de représenter les démons qui le poursuivent. A chaque fois qu'il croit enfin s'en sortir, les visages simiesques correspondant aux moments les moins glorieux de sa vie, de ses débuts dans un boys band dans lequel il se sentait exposé comme une bête de foire à ses excès "sexe, drogue et pop-rock and roll" reviennent le narguer. Autre caractéristique du film, il s'agit d'une comédie musicale dans laquelle les tubes du chanteur sont utilisés pour illustrer les moments importants de sa vie. Celle-ci est racontée de façon chronologique, de ce point de vue, on est dans une narration parfaitement balisée. J'ai apprécié l'énergie dégagée par les morceaux chantés et dansés ainsi que leur esthétique. Certains sont très réussis, comme "Rock DJ" qui se déroule sur Regent Street et donne un cachet british à un film dont tous les codes sont pourtant ceux du blockbuster américain ou "She's the one" qui ressemble à un ballet féérique. J'aime les chansons de Robbie WILLIAMS dont j'ai apprécié de découvrir les paroles sous-titrées en français. Néanmoins le film épouse un rythme survolté (trop selon moi) et n'évite pas le pathos. Ainsi le final vendu comme émouvant m'a surtout paru politiquement correct et profondément gênant.

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Bird

Publié le par Rosalie210

Andréa Arnold (2025)

Bird

Belle proposition de cinéma pour cette cinquième réalisation de Andrea ARNOLD qui cherche l'équilibre entre récit d'émancipation adolescente, âpre réalisme social des laissés-pour-compte et désir éperdu de s'échapper dans l'art et la nature. Jamais le bestiaire de son film n'aura été si bien rempli: chien, chevaux, papillons, crapaud, insectes divers tatoués sur le corps du père (qui s'appelle lui-même Bug) mais surtout oiseaux, passion de l'héroïne, Bailey (Nykiya Adams, l'une de ces non-professionnelles à la forte présence dont Andrea ARNOLD a le secret) dont le quotidien oscille entre rage et désespoir. On peine à croire qu'elle n'a que douze ans, on lui en donne facilement quinze voire seize. Il faut dire qu'elle est confrontée à des problèmes qui ne sont pas de son âge et contre lesquels elle ne peut opposer que son imaginaire et son téléphone portable qui lui sert à filmer le monde. Ses parents que l'on découvre tour à tour sont deux paumés qui l'ont eu alors qu'ils étaient adolescents et qui ne semblent pas avoir beaucoup gagné en maturité depuis. Le père (Barry KEOGHAN) qui ressemble à un gamin vit d'expédients (plutôt comiques avec son crapaud cracheur de bave hallucinogène!) dans un squat et bien que de nature aimante, il est trop autocentré pour véritablement s'occuper de sa fille et du demi-frère de celle-ci qui s'apprête à reproduire le même modèle. La mère enchaîne les relations toxiques et vit avec les trois petits demi-frères et soeurs de Bailey dans une colocation jonchée de détritus avec un petit ami extrêmement violent. "Bird" est néanmoins une histoire de métamorphose et de résilience. Malgré tout ce que sa vie a de plombant, Bailey qui ressemble au début du film a un petit hérisson plein de piquants devient progressivement une belle jeune fille qui s'ouvre à la vie en puisant des motifs d'espérer dans son environnement. Les tags se transforment en autant de messages d'encouragement et la nature amie lui envoie un drôle d'allié, sorte de vagabond à la nature hybride qui semble tout droit échappé de "Le Regne animal" (2022) et qui est joué par l'acteur fétiche de Christian PETZOLD, Franz ROGOWSKI. Même si son intégration dans l'histoire souffre de quelques maladresses d'écriture, ce personnage d'homme-enfant (à l'image de son père) est une bouffée d'air frais qui apporte à l'héroïne l'aide dont elle a besoin pour grandir.

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Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers)

Publié le par Rosalie210

Andrew Haigh (2023)

Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers)

La bande-annonce, censée donner envie d'aller voir un film m'avait plutôt fait fuir. Ca avait l'air trop mélo, trop chromo et noyé dans une bande-son abrutissante. Si le film n'évite effectivement pas ces écueils (oui, c'est racoleur et assumé comme tel), il est plus subtil qu'il en a l'air. Il faut dire qu'il s'agit de l'adaptation (la deuxième) d'un roman japonais, "Strangers" de Taichi Yamada. Cette influence, on la ressent au travers des fantômes qui obsèdent Adam (Andrew SCOTT que j'avais beaucoup aimé dans "Pride") (2014). Ils l'obsèdent tellement que sa vie présente est un désert. Pourtant, une autre solitude vient à lui. Cela m'a fait penser un bref instant à "Une journee particuliere" (1977), ces deux solitaires exclus de la vie qui se croisent dans un immeuble vide. Mais Adam ferme sa porte à Harry (Paul MESCAL). Il préfère imaginer tout ce qu'il aurait aimé dire à ses parents disparus quand il avait 12 ans ce qui donne lieu à des scènes assez troublantes de par le choix de faire jouer les parents par des acteurs plus jeunes que Andrew SCOTT (Claire FOY et Jamie BELL alias "Billy Elliot") (2000). On pense à un moment donné que Adam va se réconcilier avec la vie, on pense que celle-ci est représentée par Harry qui finit par s'inviter chez lui, dans sa vie et dans ses rêves, bref par pénétrer son intimité. Mais ce Harry là n'est peut-être qu'une illusion lui aussi. Evidemment on a du mal à démêler le vrai du faux tant la réalité et le rêve se confondent à l'image. Néanmoins, ce travail de deuil qu'Adam ne semble pas parvenir à faire jette un doute sur sa capacité à sortir de son isolement. Dommage d'avoir exprimé des émotions simples et universelles avec des images parfois clichetoneuses qui à l'image d'Adam mettent le spectateur à distance, le tout sur un rythme qui se traîne.

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Here-Les Plus Belles Années de notre vie (Here)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (2024)

Here-Les Plus Belles Années de notre vie (Here)

Après des films de commande que j'ai volontairement laissé passer, "Here - Les Plus Belles Annees de notre vie" (2024)" marque le retour de l'expérimentateur qu'a toujours été Robert ZEMECKIS, le "savant fou" du cinéma. Ainsi on retrouve dans "Here" pas mal d'éléments issus de ses précédents films. Cela va d'une esthétique à la Norman Rockwell à l'obsession pour le voyage dans le temps en passant par l'utilisation d'effets numériques pour rajeunir ou vieillir notamment Robin WILLIAMS et Tom HANKS, le couple fétiche de "Forrest Gump" (1994). Tom HANKS est par ailleurs l'acteur le plus transformiste de la filmographie de Robert ZEMECKIS, que les transformations soient naturelles (l'amaigrissement spectaculaire dans "Seul au monde") (2001) ou non (la motion capture de "Le Pole Express"). (2004) "Here" est l'adaptation d'un roman graphique de Richard McGuire (primé à Angoulême en 2016) qui repose sur un concept très simple: dérouler l'histoire de l'humanité depuis un seul lieu, un seul point de vue et en plan fixe ce qui ramène aux origines du cinéma, celle des vues Lumière. Le point de vue unique étant l'angle du salon où l'auteur a grandi (ou l'environnement naturel qui existait avant la construction de la maison selon l'époque abordée). L'image de la fenêtre sur le monde n'a jamais été aussi appropriée que pour ce film. S'y ajoute la fragmentation du cadre. A la manière d'un magicien (et cela aussi fait penser aux origines du cinéma, celle fois on pense à Georges MELIES), Robert ZEMECKIS fait apparaître et disparaître des cadres dans le cadre qui lui permettent de changer d'époque ou simplement de faire des clins d'oeils spatio-temporels dans l'une des parties de l'image. Le film est donc construit sur un système d'échos voire de répétitions à des années, des décennies voire des centaines d'années d'intervalle. Pour ne donner qu'un exemple, la mort de la grippe (espagnole?) d'un personnage fait écho un siècle plus tard à la mort d'un autre atteint par le covid. De même, on assiste aux rituels des familles américaines, mariages, enterrements, sapins de noël, fêtes de Thanksgiving, anniversaires qui se répètent avec de subtiles variations, esthétiques ou technologiques. C'est amusant d'observer par exemple l'évolution des canapés, des téléphones, des télévisions et de leurs programmes etc. Mais bien conscient du risque d'abstraction posé par le dispositif, Robert ZEMECKIS raconte tout de même une histoire, celle de Richard et Margaret incarnés par son couple d'acteurs vedettes, ainsi que celle de leurs parents et de leur enfant. Une histoire dans laquelle le désenchantement vient contrebalancer un système fait pour justement enchanter. L'american way of life a souvent été critiqué par Robert ZEMECKIS, notamment dans sa trilogie "Retour vers le futur" mais dans "Here", c'est le renoncement de Richard à ses rêves artistiques pour faire vivre sa famille et la frustration de Margaret de ne pas parvenir à quitter le nid qui finissent par donner une teinte douce-amère à l'ensemble. Dommage que les autres époques évoquées soient ainsi survolées malgré quelques allusions réussies: aux expérimentations de Robert ZEMECKIS (un inventeur et un aviateur risque-tout habitent un temps la maison), au passé des USA (la maison est construite sur un cimetière indien et la fenêtre donne sur une maison coloniale, un saisissant résumé de l'histoire des USA) ou à ses problèmes actuels (le passage où le père afro-américain explique à son fils comment se comporter face à la police). Au final, le caractère de palimpseste du film est manifeste, tant sur les décors que sur les visages, ceux de Tom HANKS et de Robin WRIGHT en particulier avec pour une fois une utilisation intelligente de l'IA (même si le caractère artificiel de leur apparence jeune m'a gêné, surtout au début).

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L'Adorable voisine (Bell, Book and Candle)

Publié le par Rosalie210

Richard Quine (1958)

L'Adorable voisine (Bell, Book and Candle)

Le couple de cinéma formé par James STEWART et Kim NOVAK est entré au panthéon du cinéma en 1958 avec le "Vertigo" (1958) de Alfred HITCHCOCK. La même année, ils tournaient "L'Adorable voisine" de Richard QUINE dans un registre beaucoup plus léger, celui d'une comédie fantastique. Le film aurait paraît-il inspiré la série "Ma sorciere bien-aimee" (1964). On y retrouve le James STEWART tendre et naïf des comédies de Frank CAPRA et Ernst LUBITSCH mais avec vingt ans de plus. Comme le film est adapté d'une pièce de théâtre et se déroule en grande partie dans une boutique, il m'a fait notamment penser à "The Shop Around the Corner" (1939). Face à lui, une Kim NOVAK magnifiquement photographiée et aussi envoûtante que dans le film de Alfred HITCHCOCK. A ceci près que c'est elle qui mène la danse en jetant son dévolu sur son voisin. Non par amour mais par désir d'avoir une aventure. Le terme de "féline" la concernant s'impose plus que jamais, elle qui jette des sorts en s'appuyant sur son compagnon à quatre pattes. Le comique provient de l'effet de ses manipulations sur le personnage joué par James STEWART qui ne sait plus ou il en est. Quelques adjuvants efficaces dont un tout jeune et déjà désopilant Jack LEMMON viennent renforcer l'effet produit. Mais chassez le naturel, il revient au galop, elle va bien évidemment tomber amoureuse et devoir choisir entre lui et ses pouvoirs ce qui est un pur reflet du puritanisme américain. Le film a donc une conclusion parfaitement convenue qui anéantit la (très relative) force subversive qu'il pouvait avoir en renversant temporairement les rôles. "L'Adorable voisine" est donc au final une comédie sympathique mais inoffensive.

A noter la présence étonnante de Philippe CLAY, chantant dans la boîte de jazz fréquentée par la confrérie sorcière ainsi que Elsa LANCHESTER, la fiancée de Frankenstein, dans le rôle de la tante Queenie.

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Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland)

Publié le par Rosalie210

Norman Z. McLeod (1933)

Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland)

Une curiosité que cet "Alice au pays des merveilles" adapté pour la deuxième fois en version sonore (la première version muette connue date de 1903 et la première version parlante de 1931) par Norman Z. McLEOD, un habitué du cinéma surréaliste puisqu'il a réalisé deux films des Marx Brothers à l'époque où ils travaillaient pour la Paramount, "Monnaie de singe" (1931) et "Plumes de cheval" (1932). Cette version se distingue par son faste et son nombre élevé de stars au mètre carré, même si elles sont méconnaissables sous leur costume. La Paramount en avait fait un argument publicitaire avec un générique de trois minutes prenant la peine de montrer chacune d'elle avec le rôle correspondant qui s'est retourné contre elle car le film a été un échec. Les spectateurs n'ont pas apprécié de ne pouvoir reconnaître Gary COOPER, Cary GRANT ou encore W.C. FIELDS, même si on entend distinctement leur voix. Autre bémol, le film fusionne les deux livres de Lewis Carroll, "Alice au pays des merveilles" et "Alice de l'autre côté du miroir" ce qui encombre particulièrement le début de l'histoire. Enfin, le style du film qui se compose de petits tableaux juxtaposés les uns aux autres a vieilli. Mais il n'en reste pas moins qu'il est très fidèle à l'oeuvre d'origine et bénéficie d'un travail conséquent sur les décors, les costumes et les maquillages, travail qui a été une évidente source d'inspiration pour Walt DISNEY. Il contient d'ailleurs une séquence animée très réussie dans le style de l'époque, repris récemment dans le jeu vidéo "Cuphead".

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Vampyr: l'étrange aventure de David Grey (Vampyr)

Publié le par Rosalie210

Carl Theodor Dreyer (1931)

Vampyr: l'étrange aventure de David Grey (Vampyr)

"Vampyr : l'etrange aventure de David Grey" (1931) a sans nul doute contribué à fixer les codes du film de vampire, au même titre que deux autres classiques du genre, "Nosferatu le vampire" (1922) et "Dracula" (1931). Ainsi par exemple le professeur de "Le Bal des vampires" (1967) ressemble beaucoup au médecin de "Vampyr", l'auberge a également comme un air familier. Le film de Tod BROWNING partage par ailleurs avec celui de Carl Theodor DREYER le fait d'avoir été tourné au début de l'ère du cinéma parlant. Dans "Vampyr", cette transition se ressent particulièrement: les dialogues sont parcimonieux, les intertitres, nombreux (au point de m'avoir fait douter au début du film de sa nature parlante!), l'expressionnisme s'impose avec notamment un ballet d'ombres ayant parfois plus de consistance que les corps de chair et d'os, souvent noyés dans la brume (un effet involontaire au départ dû à un incident technique qui renforce le caractère de cauchemar éveillé du film). Cependant "Vampyr" est surtout un film surréaliste, sans solution de continuité narrative, peuplé d'images-symboles qui frappent l'esprit. C'est à la fois sa force et sa limite. Sur le plan de la technique cinématographique, le film est audacieux, multipliant les expérimentations visuelles dont une scène particulièrement marquante en caméra subjective où le personnage principal se retrouve cloué dans un cercueil. Mais le film est également très lent et décousu voire nébuleux avec trop de passages explicatifs, notamment la lecture des extraits du livre. Des scènes ont été perdues ce qui sans doute a contribué à cette impression de confusion dans l'intrigue. Tel qu'il est, "Vampyr" est inconfortable, malaisant, clivant, paradoxal, en tout cas bien moins accessible que les deux autres films cités au début de cette critique ce qui explique sans doute qu'il soit moins présent dans la mémoire collective. Si son importance dans l'histoire du cinéma est indiscutable, cela reste une oeuvre cinématographique bancale, très moderne par certains aspects et poussiéreuse sur d'autres.

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Sidonie au Japon

Publié le par Rosalie210

Elise Girard (2024)

Sidonie au Japon

"Sidonie au Japon", appartient à un genre bien particulier, celui du cinéma du Japon, à ne pas confondre avec le cinéma japonais. Le journal en ligne les Echos du 3 avril 2024 le définit ainsi: " Ce sont des films de cinéastes occidentaux qui observent les lumières de Tokyo ou les cerisiers de leur point de vue d'étrangers déboussolés. Dans « Sidonie au Japon », Elise GIRARD se risque dans les pas de prédécesseurs illustres, tels Alain RESNAIS (« Hiroshima, mon amour », 1959), Chris MARKER (« Sans soleil », 1983) ou Sofia COPPOLA (« Lost in Translation », 2003)". J'ajouterais pour ma part, "Tokyo-Ga" de Wim WENDERS (pour la scène de l'idéogramme du vide sur une tombe illustre) et même "La Jetée" de Chris MARKER qui certes ne se situe pas au Japon mais reprend un contexte post-apocalyptique cher à l'archipel nippon (pour la scène d'amour figurée sous forme d'une succession de photographies). N'importe quel amoureux du Japon ne peut qu'apprécier de retrouver nombre d'éléments caractéristiques de sa culture (les cerisiers en fleur, le ryokan, les temples, le parc aux cerfs de Nara, la lune, les jardins zen, les fantômes etc.) Néanmoins, si le film se feuillette comme un joli livre d'images exotiques (le titre enfantin fait penser à une mélange entre la série des Martine et la série d'animation "Aglaé et Sidonie"), il manque sérieusement de profondeur. Le Japon décrit est complètement fantomatique, le tournage ayant eu lieu durant la période du Covid. Les quelques touches d'humour se perdent rapidement dans les sables d'une langueur pénible à la longue qui donne l'impression que les 1h30 du film s'éternisent. Enfin et surtout, la rencontre amoureuse entre Sidonie, romancière parisienne hantée par son mari défunt et son éditeur japonais, Kenzo Mizoguchi en pleine crise conjugale n'est qu'un pâle reflet de "Hiroshima mon amour" (1958) malgré la tentative superficielle de plaquer un passé traumatique relié à la ville martyre sur le personnage de Kenzo. On est plutôt dans le convenu et le cliché, tant sur un pays présenté comme le remède thérapeutique à tous les maux de l'âme dans la lignée de "Voyage a Yoshino" (2018)" que sur les personnages, celui de l'éditeur se révélant être au final "l'escort boy" fantasmatique (100% disponible et bien sûr prêt à la romance exotique façon "Mange, prie, aime") d'une romancière singulièrement privée de substance à force de n'avoir ni passé (tous ses proches morts dans des accidents de voiture) ni futur (le fantôme de son ex-mari qui lui explique qu'il n'a pas voulu d'enfant par possessivité!). Le jeu pour le moins minimaliste de Isabelle HUPPERT ne donnant pas non plus matière à y croire.

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Daaaaaali!

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2024)

Daaaaaali!

Un excellent cru que ce dernier film de Quentin DUPIEUX à ranger aux côtés des petites perles surréalistes que sont "Realite" (2015) et "Au Poste !" (2018), mes deux films préférés du réalisateur. Du premier, il partage la structure gigogne brouillant les frontières entre rêve et réalité et emboîtant même les rêves les uns dans les autres: c'est un festival de cadres dans le cadre rempli de réjouissantes surprises. Du second, il reprend l'influence de Luis BUNUEL ce qui est une évidence, les deux artistes surréalistes espagnols ayant étroitement collaboré, notamment sur "Un Chien andalou" (1929). Il pleut des chiens morts dans "Daaaaaali!" mais c'est surtout la trame de "Le Charme discret de la bourgeoisie" (1972) que l'on retrouve dans le dernier Quentin DUPIEUX. Dans le film de Luis BUNUEL, des bourgeois qui essayent de se réunir pour dîner sont interrompus par des situations plus absurdes les unes que les autres. Dans "Daaaaaali!", c'est la petite journaliste jouée par Anais DEMOUSTIER qui tente dans toutes les variations possibles et imaginables d'obtenir un entretien du peintre, lequel le fait capoter là encore de façon systématiquement absurde. Enfin, si le titre étire le nom du peintre, c'est à la fois pour souligner son comportement clownesque et parce chaque a du titre correspond à l'un des six acteurs qui l'interprète. La distorsion de l'espace-temps est l'une des caractéristiques du film de Quentin DUPIEUX. On y voit Dali se rencontrer à deux âges différents ou bien entrer dans un tunnel avec un visage et en sortir avec un autre ou bien trouver le repas si interminable qu'il en sort sur une chaise roulante ou encore (l'une des séquences que j'ai préférée), marcher le long d'un couloir d'hôtel sans pour autant se rapprocher de la journaliste incarnée par Anais DEMOUSTIER. Les différentes incarnations du peintre sont inégales et fort heureusement, Quentin DUPIEUX a laissé la part du lion aux deux meilleures, celle de Edouard BAER, impérial et celle de Jonathan COHEN, incroyablement expressif. Je l'avais détesté dans "Une annee difficile (2022)" mais là il m'a complètement bluffé!

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Pauvres créatures (Poor Things)

Publié le par Rosalie210

Yorgos Lanthimos (2024)

Pauvres créatures (Poor Things)

Style baroque mais récit initiatique archi-classique. Il n'y a pas beaucoup de surprises au menu de ce "Pauvres Créatures" bien trop léché (tout en se voulant provocant) pour m'avoir convaincue. Quelques scènes sont réussies quand Bella (Emma STONE) parle sans filtre ou danse sur le bateau, à la manière d'une parodie de "Titanic" (1997) mais son émancipation est en trompe-l'oeil. Elle n'a à la bouche que le mot "aventure" ou "expérience" mais celle-ci se résume à sauter de paquebot en hôtel et même lorsqu'elle s'essaye à la prostitution, c'est dans des décors que l'on croirait dessinés par Gaudi, sauf qu'ils sont censés être parisiens. Le vrai monde, elle ne le voit pas ou alors de très haut et furtivement. On est loin de "Candide", référence pourtant revendiquée avec le passage à Lisbonne. Le réalisateur a soigné ses décors (ce que j'ai préféré dans le film), ses costumes (assortis aux décors), ses plans alambiqués, distordus par le grand-angle mais de façon assez gratuite, pas très subtile et tout cela ressemble à une énorme coquille vide, à l'image de Bella, plus poupée mécanique que véritable femme-enfant. Bella, le dernier avatar de la créature de Frankenstein sur laquelle le réalisateur (et son double, le docteur Baxter joué par Willem DAFOE) projette des fantasmes masculins que j'ai trouvé personnellement cradingues et qui n'a droit à aucune vie intérieure. Elle a soif d'apprendre mais on la voit juste se remplir de nourriture et de sexe avec son cerveau de foetus. Une drôle de vision de l'émancipation féminine. Afin que l'on y voit que du feu, son ancien mari est une ordure qui terrorise les domestiques avec un flingue et veut la faire exciser. C'est sûr qu'avec une telle caricature, il est facile de paraître évolué. Même avec un cerveau de foetus. En résumé ça se prend pour de l'or mais c'est en réalité du toc. Dommage, car le rétrofuturisme "viandard" peut donner de pures pépites ("Delicatessen" (1990) de Jean-Pierre JEUNET et Marc CARO par exemple).

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