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Articles avec #science-fiction tag

Twin Peaks: The Return

Publié le par Rosalie210

David Lynch et Mark Frost (2017)

Twin Peaks: The Return

La troisième saison de "Twin Peaks" a été entièrement écrite et réalisée par David Lynch et Mark Frost qui ont reçu carte blanche de leur chaîne de diffusion. Alors qu'ils avaient dû ruser et parfois plier devant les exigences du public et du diffuseur au cours de la deuxième saison, ils ont pu, 26 ans après, contrôler la totalité de leur création et ne plus faire de compromis. Résultat, "The Return" est moins une série qu'un film expérimental de dix-huit heures dont la radicalité explose tous les codes vus jusque là. Pour l'apprécier, il faut accepter de ne pas tout comprendre, accepter qu'il n'y ait pas qu'une seule vérité à l'image de la multiplicité de réalités dans lesquelles David Lynch nous plonge pour mieux nous perdre.

Néanmoins, l'ADN originel de la série n'a pas été oublié, bien au contraire. Simplement, Lynch et Frost n'en ont gardé que le meilleur. Exit par exemple les intrigues de soap opera qui au pire de la deuxième saison prenaient le dessus sur tout le reste (qui se souvient de l'insignifiant personnage joué par Billy Zane par exemple?). En revanche le mélange des genres est plus que jamais présent dans cette saison foisonnante aux multiples ramifications, bousculant la chronologie et élargissant le cadre. Tout se passe comme si Lynch et Frost avaient pris au pied de la lettre l'expression "usine à rêves" utilisée pour qualifier Hollywood tout en lui ajoutant la dimension cauchemardesque qui lui manquait pour lui donner une dimension holistique. "The Return" fonctionne ainsi comme une machine à produire des récits puisant dans tous les genres hollywoodiens: polar, thriller, film de gangsters, road movie, comédie loufoque, burlesque, musical, fantastique, science-fiction etc. Sauf que tous ces récits semblent avoir été dictés par un inconscient tournant à plein régime: inconscient individuel et inconscient collectif. Beaucoup d'éléments de la culture américaine sont ainsi "retournés" comme s'ils avaient une face B. Je pense par exemple au maïs, symbole de vie et de fertilité qui devient un symbole de mort dans Twin Peaks, notamment parce que les esprits maléfiques se nourrissent du malheur humain qui se matérialise sous forme de maïs à la crème (le Garmonbozia). On peut en dire autant du film de Don Siegel, "Invasion of the body snatchers" qui en 1956 exprimait la paranoïa de la contagion du communisme sous la forme d'un "grand remplacement" de la population américaine à l'échelle d'une ville par des clones sans âme. Les codes du film sont repris quasiment à l'identique dans l'épisode 8 de "Twin Peaks" qui se déroule en partie en 1956, à ceci près que la contagion de la population par le mal provient des radiations nucléaires produites par les américains eux-mêmes. L'American way of life, déjà bien déconstruit dans les deux premières saisons prend des allures de cauchemar post-crise des subprimes avec des quartiers périurbains fantômes. Cela va de pair avec un "let's go home" qui résonne d'autant plus ironiquement qu'il n'y a jamais eu autant de SDF et de mal-logés que dans la série de 2017.

Néanmoins le rêve ne dérive pas toujours vers le cauchemar et parfois la face B devient une face A. Sinon "The Return" serait juste un trip glauque et froid, dénué d'humanité. Or c'est l'humanité dans toute sa complexité que cherchent à approcher Lynch et Frost. La saison 3 nous fait donc passer par toutes les émotions. Même si la ville de Twin Peaks n'est plus le cadre unique du récit, elle reste un lieu essentiel qui fonctionne comme un repère réconfortant pour le spectateur, ravi de retrouver la majorité du casting d'origine dans des lieux familiers tels que le double R, le bureau du Shérif, l'hôtel du grand nord ou le Bang Bang Bar (connu aussi sous le nom de Roadhouse) qui devient une salle de concert à la fin de la majeure partie des épisodes. Le retour 26 ans après de la plupart des acteurs de la série originale est d'autant plus émouvant que certains d'entre eux étaient malades et sont décédés après avoir tourné leurs scènes. Et les personnages de ceux qui étaient décédés avant et qui ont une importance dans le récit reviennent sous d'autres formes.

Mais surtout, "The Return" est un formidable tour de force pour Kyle MacLachlan qui interprète pas moins de quatre personnages, comme autant de facettes d'une même personnalité et au-delà, des contradictions humaines. Il y a d'abord le héros chevaleresque, romantique et mystique des deux premières saisons qui se retrouve prisonnier de la loge noire à la fin de la saison 2. Le spectateur attend son retour. Or cette attente ne cesse d'être déçue par Lynch. En lieu et place du Cooper que l'on croît connaître, on suit le parcours de ses doubles. Celui de "M. C", son double maléfique possédé par "Bob" qui sème la mort et le malheur sur son passage représente toutes les pulsions sombres que le "chevalier blanc" a refoulé, générant une personnalité clivée/dissociée assez typique des sociétés puritaines. Lynch ne cesse d'enfoncer son anti-héros dans les ténèbres avec quelques coups d'éclat "tarantinesques" (la présence parmi ses sbires d'un couple joué par Tim Roth et Jennifer Jason Leigh n'y est pas pour rien). A l'inverse, lorsque le bon Cooper tente de revenir sur terre, il se retrouve enfermé dans l'identité et dans la vie so "american way of life" de Dougie Jones. Car mener une vie conformiste était l'un des désirs de l'agent du FBI. A ceci près que le Dougie Jones "bon citoyen et bon père de famille" mène en réalité une double vie peu glorieuse (dettes de jeu, fréquentation de prostituées...) et que le choc électrique du retour (l'électricité, fil conducteur du passage entre les mondes) ramène Cooper au stade de légume ou de bébé privé de toute autonomie, de façon assez similaire à ce qui arrivait à Léo dans la saison 2. Ce nouvel anti-héros génère une série de situations burlesques et son parcours de "Candide à Sin City" finit par ressembler à une fable à la Frank Capra dans laquelle il réenchante le monde (je suis prête à parier que la clocharde qui devient milliardaire grâce à lui sort tout droit du "Lady for a day" ou de son remake, d'autant que l'histoire repose quand même sur une illusion). Un autre clivage se fait alors jour au sein de Dale Cooper: entre l'homme ordinaire, sans histoires et l'aventurier qui croit pouvoir empiéter sur le terrain des dieux. C'est ce dernier qui prend le pouvoir dans les derniers épisodes. Il veut profiter des pouvoirs surnaturels qu'il a acquis pour remonter le temps, changer l'histoire, effacer le péché originel de la saga et "rentrer à la maison", enfin réunifié. Mais la trilogie de Robert Zemeckis l'avait déjà démontré: on ne joue pas impunément avec les forces qui nous dépassent. Surtout quand ces forces sont mues par l'énergie nucléaire. L'odyssée de ce Cooper là qui semble s'appeler Richard, sous le signe de "Judy" (le mal absolu?) ne le ramènera jamais à Ithaque. Il l'enfermera dans une boucle. Une boucle en forme de 8 (comme le huitième épisode, celui de l'explosion nucléaire aux conséquences incalculables) qui pourra tourner indéfiniment.

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The Substance

Publié le par Rosalie210

Coralie Fargeat (2024)

The Substance

A l'image de son affiche, "The Substance" joue à fond des contrastes tels que le clinique et l'organique. Mais aussi le propre et le sale, le noir et le blanc, le vieux et le jeune, la laideur et la beauté ou bien les trois couleurs primaires: jaune de l'oeuf (sur lequel est expérimenté la substance), de l'activator du dédoublement et du manteau d'Elisabeth ("la matrice" de son double jeune), rouge du sang et des organes et le "rêve bleu" des chimères, la robe de princesse des contes et du sommet des dieux hollywoodiens. Tous ces pôles de contrastes sont reliés entre eux par un cordon ombilical serpentin (repris sur le motif du peignoir d'Elisabeth) ou par de longs corridors qui ont un caractère de révélateur de la vraie nature de ce qui est relié, comme les deux facettes d'une même pièce. Pour ne donner qu'un exemple, le click and collect dans lequel Elisabeth vient récupérer son kit et ses recharges est, à l'image de sa salle de bain, d'une blancheur éblouissante alors que cette dernière dissimule un cadavre dans le placard et que pour accéder aux casiers il faut traverser un garage désaffecté et jonché de détritus. Cette esthétique de l'agencement des contraires par le montage, Coralie FARGEAT l'a puisé dans le cinéma de David LYNCH et Stanley KUBRICK dont elle se réapproprie les labyrinthes mentaux de "2001 : l'odyssee de l'espace" (1968) et de "Shining" (1980). Mais, et c'est ce qui rend son film jouissif, elle se les réapproprie avec beaucoup d'ironie. Dans cette réinvention féministe de "Le Portrait de Dorian Gray" (1944) croisée avec le syndrome de Frankenstein, "Ainsi parlait Zarathoustra" n'annonce pas la venue d'un être supérieur mais accouche au contraire d'un monstre qui n'est pas sans rappeler "Elephant Man" (1980). Le personnage d'Elisabeth est une coquille vide qui ne vit que de des souvenirs de son ancienne gloire (comme dans "Boulevard du crepuscule") (1950) et d'images, celles que lui renvoie le monde patriarcal dans lequel elle vit, obsédé par le jeunisme et le corps parfait. Lorsque son âge la prive de la dernière émission qu'elle présentait (un show matinal d'aérobic à la Jane FONDA) par la décision d'un producteur masculiniste grotesque (Dennis QUAID) ayant décrété que 50 ans était une date de péremption, elle a l'impression de ne plus exister car elle n'a plus rien à quoi se raccrocher. La scène où elle tente sans succès de sortir de son isolement en se heurtant sans cesse à un miroir lui renvoyant un reflet haï souligne cet enfermement mortifère dans l'apparence. L'expérience de dissociation à laquelle elle se livre entre un moi jeune (idéalisé*) et un moi vieux (haï) tourne donc à l'autodestruction et non à la collaboration comme le présuppose un protocole médical qui semble avoir été produit par une IA plutôt que par un humain. Mais elle en fait également profiter la société du spectacle dont elle est le produit ce qui nous gratifie de quelques séquences hautement jubilatoires digne de la fin de "Carrie au bal du diable" (1976) croisé avec la mutation de "Akira" (1988) et de "La Mouche" (1986). Demi MOORE est exceptionnelle, n'ayant peur de rien et surtout pas des transformations physiques les plus audacieuses ce qui donne lieu, là encore à des séquences désopilantes faisant penser à la vieille sorcière de Blanche-Neige.

* Les séquences avec Margaret QUALLEY filmées avec un male gaze appuyé sont là encore un summum d'ironie, montrant que Elisabeth n'a généré qu'une version ancienne d'elle-même, poupée gonflable objet des fantasmes masculins n'ayant aucune existence propre. Elisabeth s'avère incapable de la moindre forme de détachement de cette aliénation au regard masculin concupiscent, lequel est tourné en ridicule de façon jouissive.

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Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau

Publié le par Rosalie210

Gints Zilbalodis (2024)

Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau

Hayao MIYAZAKI n'en finit pas de faire des petits. En témoigne ce très beau film qui s'inspire de ses oeuvres post-apocalyptiques et plus précisément de sa série "Conan, le fils du futur" (1978). Autre inspiration majeure, celle de Alfonso CUARON, notamment dans l'art de faire monter la tension à l'intérieur de plans-séquence. Enfin, l'influence du jeu vidéo est manifeste dans le caractère immersif du film avec une caméra qui rase le sol dans les courses-poursuite, plonge avec le chat ou vole avec les oiseaux. Cependant, les choix de Gints ZILBALODIS sont bien plus radicaux que ceux dont on a l'habitude dans ce type de récit. C'est à une expérience de désanthropisation qu'il nous convie, tant sur la forme que dans le fond. Non seulement les hommes sont totalement absents du film, sinon par les traces qu'ils ont laissé mais celui-ci refuse toute forme d'anthropomorphisme et est donc dépourvu de dialogues. Les héros de l'histoire sont des animaux au comportement réaliste qui tentent de survivre à une brusque montée des eaux, thème d'une brûlante actualité. Le film raconte ainsi la cohabitation forcée à bord d'une barque de fortune entre un chat solitaire, un capybara paresseux, un lémurien collectionneur d'objets qui brillent, un chien labrador séparé de sa meute et un échassier estropié et rejeté par les siens. Leur périple, semé d'embûches suscite des émotions mélangées. La nature est dépeinte comme à la fois merveilleuse et terrifiante, notamment dans l'imprévisibilité et la puissance dévastatrice de ses manifestations alors que l'anthropocène en ruines continue à marquer les paysages et invite à la contemplation et à la rêverie. Quant aux animaux, ils doivent s'adapter pour survivre c'est à dire apprendre à vivre ensemble alors qu'ils appartiennent à des espèces différentes (ce qui remet en question les idées reçues sur la prétendue "loi de la jungle" au profit d'une solidarité qui n'est pas sans rappeler l'arche de Noé), acquérir des compétences pour conduire le bateau et apprivoiser leur environnement ce qui renvoie au titre du film. On remarque également que le réalisateur a voulu effacer les repères spatiaux-temporels. Les ruines, monumentales, sont difficilement datables (on pense autant à l'antiquité grecque qu'à des temples asiatiques) et les animaux viennent d'horizons divers.

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La Belle verte

Publié le par Rosalie210

Coline Serreau (1996)

La Belle verte

Je me suis laissé prendre par ce film qui m'a rappelé "Candide" pour son caractère de conte philosophique faussement naïf. Sauf qu'à la sortie, il a été largement descendu en flammes par la critique, a connu un succès en demi-teinte en salles et n'a été redécouvert et réhabilité que bien plus tard. Sans doute était-il trop en avance sur son temps. Qu'une réalisatrice de comédies se permette de tailler en pièces la civilisation occidentale considérée comme le modèle à suivre, le nec plus ultra du développement, la Rolls Royce du monde a dû être perçu à l'époque comme un insupportable blasphème par ses têtes pensantes. Mais près de trente ans plus tard, ce monde soi-disant si enviable a perdu de sa superbe avec les effets néfastes du productivisme en terme de santé publique et d'environnement, l'explosion des inégalités sociales, la malbouffe ou encore le mouvement Metoo qui a révélé l'ampleur de l'écrasement des femmes par les hommes à tous les échelons de la société. Le monde "extra-terrestre" inventé par Coline SERREAU ressemble en fait beaucoup à celui des indiens précolombiens que Terrence MALICK a reconstitué dans "Le Nouveau monde" (2006): un monde dans lequel les hommes vivent simplement, sans technologie, sans urbanisme, sans hiérarchie, sans argent, ne produisant que la nourriture (végétarienne) nécessaire pour vivre et consacrant leur temps au développement de leur corps et de leur esprit. Une espèce complètement adaptée et connectée à son environnement naturel comme le montre les "concerts de silence" qui ressemblent beaucoup à de la méditation (chez Terrence Malick, ils pratiquaient une sorte de Qi-Gong). Tout cela évidemment dans un cadre magnifique qu'ils ne cherchent pas à transformer. Sauf que ce monde extra-terrestre est en fait présentée comme une humanité évoluée, donc un futur peut-être possible. On comprend en effet qu'aucun de ses habitants n'aie la moindre envie de se rendre sur la terre, qualifiée "d'arriérée". Et quand Mila (Coline SERREAU) se dévoue, c'est pour mieux faire ressortir l'absurdité de notre monde. Vu par ses yeux, il apparaît toxique à tous les niveaux: nourriture transformée immangeable, eau traitée chimiquement imbuvable, air irrespirable à cause du CO2 et de la nicotine (c'était avant l'interdiction du tabac dans les bars et restaurants), bruit, stress, artificialisation des sols, fascination pour le métal. Mais à la manière d'un François Terrasson, géographe auteur de "La civilisation anti-nature", Coline SERREAU établit le lien avec les émotions et relations humaines, détruites par le stress, le mensonge, le mépris, la cupidité, le goût du pouvoir etc. Les scènes les plus drôles sont celles dans lesquelles Mila utilise ses pouvoirs psychiques pour "déconnecter" les gens de leur société mortifère. Vincent LINDON qui joue (comme d'habitude chez la réalisatrice) le rôle d'une tête à claques devient le principal allié de Mila et dans une tirade bien sentie recadre sévèrement un automobiliste énervé (Francis PERRIN). Les institutions en prennent plein la figure, de même que les loisirs de masse. Même un concert de musique guindé prend une allure beaucoup plus fantaisiste après le passage de la "fée Mila".

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Terminator 2: Le Jugement dernier (Terminator 2: Judgement Day)

Publié le par Rosalie210

James Cameron (1991)

Terminator 2: Le Jugement dernier (Terminator 2: Judgement Day)

Le premier "Terminator" était déjà une réussite qui allait bien-au delà de son genre initial de blockbuster d'action et de science-fiction pour proposer un récit à la résonance universelle plongeant dans les grandes angoisses collectives de l'humanité. James CAMERON a élaboré une suite qui reprend le même canevas mais en change les paramètres. Le canevas, rappelons-le, c'est le syndrome de Frankenstein de la créature qui se retourne contre son créateur, le paradoxe du grand-père consistant à remonter le temps pour éliminer à la racine une engeance ennemie et le paradoxe de l'écrivain consistant également à remonter le temps pour expliquer à une personne des actes ou des événements qu'elle n'a pas encore commis ou connus. James CAMERON élargit ce concept dans son deuxième film qui forme une boucle temporelle avec le premier. En effet on y découvre que ce sont les restes du robot T-800 détruits par Sarah Connor (Linda HAMILTON) à la fin du premier Terminator qui ont servi de base à la mise au point de l'IA ayant déclenché l'apocalypse nucléaire, puis la guerre des machines contre la résistance humaine. Par conséquent cet effet de boucle temporelle ne peut qu'entraîner la répétition du même schéma de transposition d'une guerre du futur dans le passé: l'envoi d'un second Terminator plus élaboré que le premier (un T-1000) pour détruire John Connor avant qu'il ne devienne adulte et par effet miroir, d'un protecteur chargé de contrecarrer ses desseins par John Connor lui-même. La différence avec le premier film, c'est qu'au lieu d'envoyer son propre père, John Connor envoie un robot, plus précisément le T-800 reprogrammé. Ce qui s'avère être un coup de maître, tant sur le plan scénaristique que sur le plan humain. Sur le plan scénaristique car le T-800 n'est pas seulement chargé d'éliminer le T-1000, il a également pour mission de détruire toute trace de son passage, tant dans le premier film que dans le second, bref de s'anéantir lui-même. Une problématique que traitait également la saga "Retour vers le futur" aboutissant logiquement à la destruction de la DeLorean. Mais James CAMERON nimbe ce scénario d'humanité. Le T-800 reprogrammé dans une mission d'autodestruction mais aussi de protection peut de son propre aveu évoluer au contact des humains -ce que permet sa nature de cyborg- et plus le film avance, plus il gagne en humanité au contact de John enfant (Edward FURLONG). Leurs dialogues se rapprochent de nombre d'oeuvres où les robots se posent des questions sur leur propre nature. Et à l'inverse Sarah Connor remarque qu'il représente un père de substitution plus efficace que tous les humains à qui elle a tenté de donner ce rôle: troublant. Pour Arnold SCHWARZENEGGER, c'est l'occasion d'endosser un rôle de personnage positif (même si habilement le doute plane un certain temps sur son rôle exact), émouvant et drôle avec des répliques devenues cultes comme le "hasta la vista baby". Enfin on ne peut pas évoquer cet opus sans parler de la performance technologique incroyable attachée au T-1000 (Robert PATRICK). Incroyable parce qu'au service encore une fois du récit et complètement en harmonie avec l'univers cameronien. Le T-1000 fait de métal liquide et qui ressemble à l'état brut à une boule de mercure est un incroyable métamorphe qui peut changer de forme comme d'état (solide ou liquide) à sa guise. Seules les températures extrêmes peuvent avoir raison de lui et encore, à condition de l'y maintenir. L'obsession cameronienne pour l'eau trouve dans ce film l'une de ses expressions les plus achevées et les plus marquantes.

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Terminator

Publié le par Rosalie210

James Cameron (1984)

Terminator

Contrairement au deuxième film dont j'ai un souvenir très précis, je n'étais pas sûre d'avoir déjà vu le premier "Terminator". Il faut dire que celui-ci a été si souvent cité, parodié, recopié qu'il est impossible de ne pas avoir été imprégné de sa mythologie. Laquelle remonte aux origines de l'humanité si l'on considère que les robots sont des avatars de la créature du docteur Frankenstein, lui-même qualifié de Prométhée moderne. On remarque également que comme son contemporain "Blade Runner" (1982), le film se situe dans un contexte post-apocalyptique et comme un autre de ses contemporains, "Retour vers le futur" (1985), il traite du voyage dans le temps. Autant de thèmes classiques de la science-fiction que James CAMERON s'approprie pour en donner une vision personnelle. L'exposition qui lui est consacrée à la Cinémathèque montre la reproduction d'un dessin de sa composition issu d'une de ses visions cauchemardesques dans lequel on voit le robot réduit à son ossature mécanique surgir au milieu des flammes. En effet la progression de l'intrigue s'accompagne de la révélation progressive de la véritable nature du Terminator, d'abord androïde d'apparence humaine mais sans émotions, puis cyborg révélant par endroits sa structure métallique sous une fine couche de tissus organiques, puis robot réduit à cette structure et enfin, amas de ferraille encore capable de poursuivre sa proie. C'est que la métamorphose est au coeur du travail de James CAMERON ce qui se poursuivra avec le métamorphe tout de métal liquide de "Terminator 2 : Le Jugement dernier" (1991). De plus le scénario de "Terminator" a d'importants points communs avec celui de "Titanic" (1997). Les deux films ont pour personnage principal une héroïne en proie à un monstre d'acier qui veut la broyer. Monstre dont la dimension métaphorique ne doit pas échapper à un oeil averti (l'Apocalypse dans "Terminator", le système de castes et la première guerre mondiale dans "Titanic"). Elle reçoit alors l'aide d'un chevalier servant sorti du néant qui se sacrifie pour qu'elle puisse accomplir son destin et changer le futur. Les gros muscles et la mâchoire carrée de Arnold SCHWARZENEGGER ne doivent pas faire oublier qu'il n'est dans le film qu'une machine à tuer et que c'est Sarah Connor (Linda HAMILTON) qui connaît l'évolution la plus saisissante. De jeune femme ordinaire qui galère dans son boulot de serveuse, on la voit sous l'effet de la situation extraordinaire dans laquelle elle se retrouve plongée révéler son vrai caractère, celui d'une guerrière qui peu à peu s'émancipe de l'homme venu à son secours et trouve l'issue par elle-même. Les films de James CAMERON bouleversent la hiérarchie de genre à laquelle nous sommes habitués en mettant la femme au premier plan et en faisant de l'homme son adjuvant, l'ennemi à abattre n'étant lui pas de nature humaine.

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Barbarella

Publié le par Rosalie210

Roger Vadim (1968)

Barbarella

Dans "Sois belle et tais-toi" (1976), Jane FONDA raconte comment elle a été façonnée à ses débuts par Hollywood pour être une icône de studio très éloignée de sa vraie personnalité (et de son vrai corps). Roger VADIM, son mari de l'époque a revêtu à son tour les atours de Pygmalion en faisant d'elle une bombe sexuelle calquée sur Brigitte BARDOT, l'une des précédentes muses du réalisateur. La séquence de strip-tease ouvrant "Barbarella" (1968) fait d'ailleurs un clin d'oeil appuyé à l'érotisme des stars façonnées par Hollywood, plus précisément à la scène des gants de "Gilda" (1945). Pour le reste, c'est gentiment coquin et scopophile sans complexe (et hop, mine de rien, la caméra saisit par-ci par-là une fesse à moitié dénudée ou un bout de sein), Roger VADIM s'amusant à habiller et (surtout) déshabiller sa nouvelle Barbie au moindre prétexte. Des poupées aux dents d'acier et des perruches au bec affûté façon "Les Oiseaux" (1962) auront raison des différents justaucorps de Barbarella qui heureusement trouve rapidement une nouvelle tenue, toujours plus sexy que la précédente. Sans l'attraction que représente la plastique de Jane FONDA mise en valeur non seulement par ses costumes mais aussi par des décors hideux qui la magnifient par contraste, que resterait-il aujourd'hui de cette kitscherie dépourvue d'un scénario digne de ce nom? A mon avis, rien.

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Dune: deuxième partie (Dune: part two)

Publié le par Rosalie210

Denis Villeneuve (2024)

Dune: deuxième partie (Dune: part two)

J'ai préféré cette suite au premier volet. Malgré le fait que je n'ai pas lu les romans d'origine et que je n'ai même pas pris la peine de me replonger dans l'histoire avant d'aller voir le film, je n'ai eu aucun problème à comprendre l'intrigue et ses enjeux. Cela est à mettre au crédit de Denis VILLENEUVE et de ses co-scénaristes qui ont fait un travail d'adaptation conséquent pour être lisibles sans simplifier à outrance. Car adapter "Dune" aujourd'hui s'avère extrêmement pertinent. Les thématiques soulevées par Frank Herbert m'ont plus que jamais frappées par leur brûlante actualité: le fondamentalisme et le transhumanisme, les rivalités géopolitiques entre puissances politiques et religieuses pour le pouvoir et les ressources, la guerre asymétrique entre un Empire aux caractéristiques très occidentales (les Atréides faisant penser à la civilisation gréco-romaine et les Harkonnen aux russes ou aux nazis) et un peuple indigène qui ressemble comme deux gouttes d'eau aux Touareg qui font partie du peuple berbère, que leur langue appelle les "imazighen" c'est à dire les hommes libres ce qui en anglais se dit "free men" d'où vient leur nom dans Dune, "Fremen". A travers le mode de vie de ce peuple qui a appris à survivre dans le désert en recyclant la plus petite trace d'humidité et en transformant les éléments hostiles (vers géants, tempêtes) en atouts, c'est une autre manière d'être au monde qui est mise en lumière où l'homme vivrait en harmonie avec la nature plutôt que de chercher à la dominer ou à l'exploiter. L'écologie est centrale dans "Dune" car elle est intimement reliée à cette question du pouvoir et du contrôle alors que dans nos gouvernements occidentaux, elle est marginalisée en tant qu'entrave au désir de pouvoir et de jouissance sans limite qui anime cette civilisation.

Force est de constater que tous les thèmes sont traités avec limpidité dans un récit initiatique par ailleurs classique qui montre Paul Atréides passer du statut de jeune homme innocent à celui de valeureux combattant puis endosser les responsabilités d'héritier et de Messie. Si Timothee CHALAMET m'a paru trop lisse (il faut dire que son rôle est tellement archétypal qu'il est difficile à réinventer), les images superbes confèrent un véritable souffle à l'ensemble comme celle des chevauchées sur les vers géants ou le combat d'arène en noir et blanc des Harkonnen à l'image de leur univers. Bref, "Dune" est un blockbuster intelligent et très recherché esthétiquement comme le sont également dans un autre genre les films de Christopher NOLAN.

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Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1999)

Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

En revoyant ce deuxième opus quasiment à la suite du premier, je n'ai pu m'empêcher de les comparer. J'ai trouvé globalement le personnage d'Austin Powers moins flamboyant, moins drôle, peut-être est-ce dû à l'obsession de la perte de son "mojo" qui revient toutes les trois secondes dans ses dialogues et forme une intrigue pour laquelle on ne se passionne guère. Il y a également un certain nombre de redites, de la femme-robot (également présente dans le troisième volet de la trilogie) à l'agent du docteur D'enfer tentant d'assassiner Austin Powers en boîte de nuit et se prenant un retour de boomerang ainsi que le personnage de Mustafa (Will FERRELL) qui n'en finit plus de commenter sa souffrance hors-champ alors qu'il est censé être plus que mort. Néanmoins, ces réserves ne sont que relatives tant le film est un festival de trouvailles burlesques plus réjouissantes les unes que les autres. Citons entre autre une séquence cartoon du meilleur effet, les références à Star Wars, à Bruce LEE, à Esther Williams et à "Le Dictateur" (1939), le montage jouant sur les synonymes du mot "pénis" dans des scénettes variées elles aussi souvent référencées, un jeu d'ombres chinoises salace très développé et très drôle, la mise en abyme du SLN au travers du Jerry SPRINGER show et l'introduction du génial personnage de Mini-moi. Autre point fort, l'esthétique pop et psychédélique avec entre autre un pastiche des sérigraphies de Andy WARHOL est encore plus travaillée si possible que dans le premier volet qui était déjà bien flashy. Mais ce qui m'a le plus enthousiasmée dans ce deuxième volet, c'est la triple performance de Mike MYERS qui joue Austin, le Dr. D'Enfer et un nouveau personnage, Gras double qui n'est pas sans rappeler le Mr. Creosote des Monty Python dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982). En effet, dès, "Austin Powers" (1997), les allusions à "Docteur Folamour" (1964) m'avaient sauté aux yeux mais c'est encore plus évident ici où la triple performance de l'acteur rappelle celles de Peter SELLERS dans le film de Stanley KUBRICK (dont "Full Metal Jacket" (1987) fait également l'objet d'un pastiche désopilant).

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Austin Powers

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1997)

Austin Powers

Premier volet de la saga "Austin Powers" et déjà l'impressionnant abattage burlesque de Mike MYERS, bête de scène ayant fait ses armes au Saturday Night Live. L'énergie folle dépensée dans ce vortex psychédélique de pastiches et de parodies accouche d'un univers somme toute cohérent où un pur produit du swinging London de la fin des sixties, passablement obsédé et scato est téléporté via la cryogénisation, trente ans plus tard, au beau milieu des années sida (et accessoirement époque du tournage du film). Austin Powers est lui-même un drôle de mélange: si l'aspect parodique des James Bond de la période Sean CONNERY n'échappe à personne, pilosité du torse et allusions sexuelles incluses ("Goldfinger" (1964) déjà et Pussy Galore transformée en Alotta Fagina/Detta Defagin en VF), ses autres identités sont tout aussi savoureuses: la tenue vestimentaire dandy et l'activité "couverture" de photographe de mode sortent tout droit de "Blow-up" (1966) de Michelangelo ANTONIONI qui est pastiché, de même que les partenaires d'Austin, Mrs Kensington et sa fille, Vanessa Kensington parodient Emma Peel de "Chapeau melon et bottes de cuir" (1960). Et même si cela ne sera explicite que dans le troisième volet, "Austin Powers dans Goldmember" (2002), les grosses lunettes et l'aspect anti-héros du personnage établit une filiation avec l'anti-James Bond qu'est Harry Palmer dans "Ipcress - Danger immediat" (1965). Enfin, les sources d'inspiration ne sont pas que british (fausses dents pourries incluses ^^). Le dédoublement de l'acteur qui joue également l'antagoniste de Austin Powers, alias le docteur Denfer, personnage de méchant mégalo issu lui aussi des James Bond est une idée puisée dans la saga "Fantomas" (1964) avec Jean MARAIS alors que "Numero Deux" est joué par Robert WAGNER, une star américaine dont la renommée internationale repose en grande partie sur la série "Pour l'amour du risque" (1979) où il formait un indissociable duo avec une certaine Stephanie POWERS ^^. Si le film se cherche encore un peu au niveau des gags (les illusions d'optique sans changer de style seront bien plus élaborées par la suite), ce laboratoire expérimental est somme toute déjà réjouissant.

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