La chambre de Mariana
Emmanuel Finkiel (2025)
Ayant entendu de bonnes critiques au sujet de "La chambre de Mariana", je suis allée le voir. Mais je n'ai pas du tout adhéré au film tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, je l'ai trouvé beaucoup trop long pour ce qu'il raconte, un défaut contemporain qui entraîne un délayage du récit qui plus est, malheureusement prévisible et un manque patent de rythme. Les souvenirs et "hallucinations" de Hugo qui viennent de temps à autre interrompre la monotonie de son existence de reclus ne lui donnent pas d'élan pour autant. Sur le fond, si Melanie THIERRY porte en grande partie le film sur les épaules (son engagement est à peu près la seule chose que je sauverai), son jeune partenaire n'est pas à la hauteur. On ne ressent pas le passage du temps et les transformations physiques et psychologiques de Hugo durant les trois années cruciales durant lesquelles il est caché par Mariana dans des conditions plus que précaires et qui correspondent à son entrée dans l'adolescence dans des conditions terribles: le froid, la faim, la peur, les visions d'horreur dont il est le témoin et le climat d'hypersexualisation dans lequel il grandit auraient dû bouleverser son apparence. Même après être sorti de sa cachette, Hugo continue à subir passivement les événements. Son apathie créé une distance qui fait obstacle à l'émotion. Mais l'aspect du film qui m'a le plus posé problème, c'est le climat incestueux qui y règne. La situation scabreuse dès le départ s'y prêtait mais l'attitude équivoque de Mariana vis à vis de son protégé la renforce, nous menant jusqu'à une fin suggestive qui n'est pas interrogée, dont les conséquences sur l'avenir de Hugo ne sont pas montrées (contrairement par exemple à "Fish tank" (2009) qui fait preuve d'une hauteur de vue que celui-ci n'a pas). Bref, durant tout le film, j'ai oscillé entre ennui et malaise. Un peu plus d'esprit critique, de sensibilité et un meilleur casting n'auraient pas fait de mal.