Overblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

L'Inconnu de la grande arche

Publié le par Rosalie210

Stéphane Demoustier (2025)

L'Inconnu de la grande arche

Après "The Brutalist" (2023), "L'inconnu de la grande arche" traite également des rapports douloureux entre architecture et pouvoir. Les rapports entre les deux films sont d'ailleurs assez frappants puisque dans les deux cas, il s'agit de montrer comment un architecte inconnu dénué de pouvoir se retrouve à la tête d'un projet mégalo voulu par un puissant mécène, projet qui va finir par l'engloutir corps et âme. On retrouve d'ailleurs dans les deux films la visite de la carrière de marbre de Carrare. Mais le film de Stephane DEMOUSTIER nous parle d'autant plus qu'il traite d'une histoire récente, celle des folies bâtisseuses de François Mitterrand qui en arrivant au pouvoir a lancé onze chantiers pharaoniques, dont deux sont évoqués dans le film: celui de la pyramide du Louvre et celui de la grande arche de la Défense. Mais à la différence de la pyramide, réussite incontestable dont on identifie l'architecte puisqu'on l'appelle encore "la pyramide de Pei", le concepteur de la grande arche a été oublié. Et pour cause puisqu'il a démissionné en cours de route, se sentant à juste titre dépossédé de son oeuvre. C'est l'histoire de cette dépossession que raconte le film. Dès la scène d'introduction, très drôle on s'aperçoit que c'est un "nobody" qui a gagné le concours architectural lancé par le président, un danois au nom imprononçable Johan Otto von Spreckelsen que même l'ambassade ne connaît pas et qui n'a construit que sa propre maison et quatre églises. Mais un danois aux idées très arrêtées et qui va voir peu à peu son projet détricoté, d'abord par les lourdeurs bureaucratiques françaises et ensuite par le retour de la droite au pouvoir en 1986 qui privatise à tour de bras. "Le Cube" comme l'appelle son créateur va faire les frais de cette nouvelle politique. Celui-ci ne le supportera pas et démissionnera avant de décéder peu de temps après. Il ne verra jamais son ouvrage achevé. Le film oscille entre deux tons. D'une part celui de la satire des arcanes du pouvoir avec Michel FAU dans le rôle du président, Xavier DOLAN dans celui de son lieutenant, Micha LESCOT dans celui de son rival et enfin Swann ARLAUD dans celui du "maître d'oeuvre de réalisation" pour ne pas froisser la susceptibilité farouche de Spreckelsen qui ne pouvait pas travailler sans un architecte français à ses côtés mieux au fait du fonctionnement des institutions et plus pragmatique. Et de l'autre un ton plus mélancolique et crépusculaire au fur et à mesure que la désillusion gagne Spreckelsen. Néanmoins, l'ensemble manque de flamboyance et reste un peu trop plan-plan.

Voir les commentaires

El sueño de la sultana (Sultana's dream)

Publié le par Rosalie210

Isabel Herguera (2023)

 El sueño de la sultana (Sultana's dream)

Hiatus entre le fond et la forme. Les graphismes du film, splendides, relèvent du travail d'orfèvrerie, alternant entre plusieurs techniques pour souligner les différentes dimensions du récit. Le fond en revanche est assez lourdingue. "Sultana's dream" se déroule dans un milieu ultra bobo (l'héroïne est réalisatrice de films d'animation et tout le temps en voyage, sa mère est océanographe, son père réalisateur vit à Rome) et ressemble au parfait bréviaire de la féministe militante. Il est question d'un manifeste écrit en 1905 par la princesse indienne Rokeya Sakhawat Hossain décrivant un monde dominé par les femmes "Ladyland" une sorte de "Jacky au royaume des filles" (2013) mais où les relations hommes-femmes sont inexistantes puisque les hommes vivent cloîtrés pendant que les femmes gèrent tout. Cette essentialisation des genres est problématique. L'homme est vu systématiquement comme un sombre prédateur et la femme comme pacificatrice et dotées de toutes les qualités. Reconnaître que l'écrasante majorité des violences sexuelles sont commises par les hommes sur les femmes ce n'est pas pour autant passer sous silence la complexité des êtres humains, tous ceux qui n'entrent pas dans cette binarité, les hommes victimes d'autres hommes voire de femmes qui peuvent dans un certain nombre de cas être également prédatrices. C'est dommage car la diabolisation des hommes et l'idéalisation des femmes recouvre des questions également abordées dans le film comme celle de l'insécurité chronique des femmes dans les espaces publics d'orient comme d'occident. L'héroïne, Inès dont le père est absent a été victime d'agression sexuelle dans son enfance et voit tout à travers ce prisme. Sa relation amoureuse avec un indien est marquée par l'échec dès son apparition et son lesbianisme est montré comme une évidence. S'affranchir des assignations n'est pas au programme d'un film qui les renforce et désigne l'autre comme un ennemi à éliminer du paysage.

Voir les commentaires

On ira

Publié le par Rosalie210

Enya Baroux (2025)

On ira

Bonne pioche avec ce film que j'ai pourtant choisi par défaut. Je voulais voir comment Enya BAROUX allait traiter un sujet déjà abordé par Stephane BRIZE dans "Quelques heures de printemps" (2011) avec dans le rôle de la candidate au suicide assisté en Suisse la même actrice, Helene VINCENT. Et bien, elle fait mieux que lui qui était tombé dans le piège d'une atmosphère grisâtre et morose et avait sombré dans le didactisme et le convenu hormis dans le dénouement. Rien de tel dans "On ira" qui célèbre le mouvement et la fantaisie pour vivifier une atmosphère plombante. Comme son titre l'indique, "On ira" est un road-movie et a été justement comparé à "Little Miss Sunshine" (2005). Le but du voyage n'est pas le même et le personnage fédérateur est octogénaire au lieu d'être une fillette mais on ressent un peu la même atmosphère décalée avec des personnages hauts en couleur voyageant en camping-car. Autour de Marie, le personnage de Helene VINCENT gravitent en effet son fils quadragénaire mais totalement immature (David ALAYA) sa petite-fille adolescente au caractère bien trempé (jouée par une vraie découverte, Juliette GASQUET) et Rudy un auxiliaire de vie paumé interprété par Pierre LOTTIN qui squatte chez ses clients et ne semble avoir pour seule famille qu'un rat prénommé Lennon. Néanmoins, il est le seul à savoir le secret de Marie qui n'arrive pas à le dire à sa famille et invente un prétexte bidon pour les faire venir avec elle en Suisse. La difficulté à communiquer et le mensonge sont d'ailleurs partagés par le fils qui dissimule à quel point il est un raté criblé de dettes et la petite fille qui a ses règles pour la première fois mais n'en parle à personne. Cela donne lieu à des quiproquos amusants tout comme l'amour démesuré de Rudy pour Lennon qui n'inspire que dégoût aux autres. De belles idées ponctuent le trajet. Parmi elles, il y en a deux qui m'ont particulièrement plu: la partie de bowling, un moment de joie partagée qui se termine en psychodrame mais pour montrer que cet épisode a au final rapproché les quatre voyageurs, la réalisatrice leur fait garder aux pieds les chaussures de bowling, toutes identiques qu'ils ont emporté dans leur fuite. Et la rencontre avec une communauté gitane "miroir" d'eux-mêmes puisqu'ils sont en plein rite funéraire mais ce rite n'est pas du tout triste, au contraire, il est un acte de communion qui permet à la famille de passer ensemble un dernier heureux moment. Au final, sans édulcorer la douleur et la gravité du sujet, "On ira" aide à bien mourir et aussi à bien vivre.

Voir les commentaires

Pompei, Sotto le Nuvole

Publié le par Rosalie210

Gianfranco Rosi (2025)

Pompei, Sotto le Nuvole

Poème visuel, "Sotto le Nuvole" ("Sous les nuages" en référence à la citation de Jean COCTEAU "Le Vésuve fabrique tous les nuages du monde") est le dernier film d'un documentariste italien réputé, Gianfranco ROSI. Pour mémoire, "Sacro Gra" (2013) a obtenu le lion d'or à Venise, premier long-métrage documentaire a être couronné par le festival alors que "Fuocoammare, Par-dela Lampedusa" (2016) a quant à lui remporté l'Ours d'or à Berlin. "Pompei, Sotto le Nuvole", troisième volet de cette trilogie documentaire consacrée à la vie quotidienne en Italie a également été primé à Venise. Néanmoins si sur le plan visuel, le film est un diamant noir, son contenu est hélas nébuleux. Grosso modo on suit des fragments de vie de napolitains ordinaires mais aussi d'archéologues, scientifiques, pompiers, forces de l'ordre, marins... L'intention du réalisateur apparaît assez clairement: relier le passé et le présent, le sous-sol à la surface, l'immergé et l'émergé, le temps à l'espace, le ciel et la terre etc. Le problème est que tout cela n'apparaît que sous la forme de fragments répétitifs: des gens qui appellent les secours à la moindre secousse, des autorités qui explorent les tunnels par où sont passés les pilleurs de tombe, une salle de cinéma abandonnée qui projette des films en rapport avec le sujet (dont "Voyage en Italie") (1954), des professionnels en plein travail de fouilles ou d'inventaire, les paysages fumant des pentes du volcan, un enseignant faisant du soutien scolaire, des marins syriens déchargeant des céréales ukrainiennes dans le port (ce qui permet évidemment de glisser des allusions à l'actualité)... tout cela a sans doute été pensé comme un système de rimes censées entrer en résonances les unes avec les autres pour créer le sentiment au final d'une unité spatio-temporelle avec le symbole de la voie ferrée de la baie de Naples, la Circumvesuviana. Seulement cette construction est non seulement redondante mais abstraite. Les humains sont peu présents et quand ils le sont, ils sont réduits à leur fonction. Certains rapprochements comme la tragédie de Pompei et la guerre en Ukraine semblent pour le moins forcés. Bref le film est une belle cathédrale mais un peu vide à l'intérieur.

Voir les commentaires

A demain sur la lune

Publié le par Rosalie210

Thomas Balmès (2026)

A demain sur la lune

Il y a vingt-sept ans, sortait au cinéma "L'homme qui murmurait a l'oreille des chevaux" (1998) dans lequel Robert REDFORD jouait le rôle d'un guérisseur de chevaux capable de se connecter à leurs émotions. "A demain sur la lune" montre à l'inverse un cheval thérapeute "travaillant" au sein d'une unité de soins palliatifs auprès de patients, cancéreux pour la plupart. Le rôle de "docteur Peyo"? Les accompagner jusqu'à la fin en soulageant leurs souffrances et en les aidant à mourir en paix. Evidemment le comportement de cet animal qui semble avoir un sixième sens envers les plus fragiles, qui se montre d'un calme olympien et doux comme un agneau dans un environnement en principe inadapté pour lequel il a été apprivoisé (ce qui d'ailleurs fait ressortir combien l'hôpital est en soi un milieu deshumanisant) relève du mystère, un mystère que le documentaire ne cherche pas à éclaircir. On reste dans l'empirisme. Néanmoins on peut se demander si le fait que les gens qui vont mourir (en tout cas ceux qui sont montrés dans le film) ne trichent pas avec leurs émotions n'entre pas pour quelque chose dans la connexion qui s'établit avec l'animal. Il y aurait de quoi investiguer, de quoi également se connecter à d'autres cultures ou à des traditions oubliées dans lesquelles cet animal jouait déjà le rôle de passeur vers l'au-delà. Toutes les séquences avec Peyo sont poétiques, émouvantes, magiques. Mais le film s'en tient trop à la monstration et préfère suivre le chemin plus balisé de la chronique hospitalière, s'attachant plus particulièrement à une mère de famille d'une quarantaine d'années en phase terminale que des images d'archives montrent à différents âges. Sans doute le moyen pour elle de laisser un témoignage à ses enfants encore très jeunes.

Voir les commentaires

Sauvages

Publié le par Rosalie210

Claude Barras (2024)

Sauvages

"Sauvages" est le deuxième long-métrage de Claude BARRAS qui avait fait sensation il y a huit ans avec "Ma Vie de courgette" (2015). "Sauvages" n'a pas eu le même succès, largement éclipsé par le triomphe de "Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau" (2022) sorti deux semaines après le film de Claude BARRAS. Il est d'ailleurs assez facile de cerner pourquoi "Sauvages" ne peut rivaliser avec le film de Gints ZILBALODIS ou avec le chef-d'oeuvre de Hayao MIYAZAKI, "Princesse Mononoke" (1997) alors que ces deux films recoupent largement la même préoccupation écologique. "Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau" est un film muet qui donne à voir et à ressentir sans expliquer et encore moins asséner puisque les humains en sont absents. "Princesse Mononoke" outre sa dimension spirituelle évite le manichéisme et montre que les questions sociales ne recoupent pas toujours les questions écologiques. C'est un monde où "chacun a ses raisons". Dans "Sauvages", le stigmate associé aux peuples autochtones est retourné contre les entreprises de déforestation qui ravagent la biodiversité et mettent en péril les peuples autochtones. Mais si cela correspond effectivement à une réalité dans laquelle un gouvernement absent ou corrompu laisse les mains libres à des compagnies aux pratiques mafieuses n'hésitant pas à tirer sur ceux qui se dressent sur leur chemin, cela est néanmoins montré sans nuances. La population de l'île de Bornéo n'est pas représentée sinon sous la forme de quelques ouvriers et soldats et la question du développement est à peine abordée. En face, outre les indiens et animaux, principalement représentés par des enfants et des peluches vivantes pacifiques et bienveillantes sauf en situation de légitime défense on a la sempiternelle activiste écolo occidentale bien-pensante venue les aider (comme s'ils ne pouvaient pas se débrouiller tout seuls!). La nature est donc montrée comme toute mignonette et bienveillante à l'image de personnages manichéens. En bref, malgré une animation réussie, l'écriture est trop simpliste et didactique pour convaincre.

Voir les commentaires

Voyage en Italie (Viaggio in Italia)

Publié le par Rosalie210

Roberti Rossellini (1954)

Voyage en Italie (Viaggio in Italia)

Incontestablement un film-phare sur l'incommunicabilité, avant que ce terme n'échoit à Michelangelo ANTONIONI (dont l'oeuvre ne se résume pas à cet aspect d'ailleurs). Dans "Voyage en Italie", le déracinement au coeur d'une terre étrangère dont le couple de bourgeois britanniques ne comprennent ni la langue, ni les moeurs, ni même la cuisine (certainement plus gustative que la leur!) devient la métaphore de l'incapacité de chacun à fendre l'armure de l'autre. C'est comme cela que j'ai compris l'émotion très vive qui s'empare d'eux lorsqu'ils regardent l'exhumation à Pompei de deux formes humaines enlacées moulées dans du plâtre. Elle prépare celle dans laquelle, pris au coeur d'une procession populaire qui les entraîne loin l'un de l'autre comme un courant marin, ils parviennent enfin à se rejoindre, à s'étreindre et à s'avouer leurs sentiments enfin en communion avec la foule qui les entoure. Mais pour en arriver là, quel chemin de croix! Rien de tel que ce film pour démontrer les ravages des non-dits et des mécanismes de défense. George SANDERS est le choix idéal pour le rôle masculin, lui qui de film en film a incarné des séducteurs se drapant dans un bouclier de cynisme et de sarcasmes peu propice au développement d'une relation amoureuse harmonieuse. Face à lui, une Ingrid BERGMAN jouant une épouse profondément blessée par son attitude mais elle aussi murée dans le silence, préférant proférer ses reproches en se parlant à elle-même qu'en face de lui. Pas étonnant que ce couple dévitalisé n'ait rien à se dire, rien à partager et souffre en voyant l'autre plus heureux et plus ouvert en compagnie de tierces personnes. D'ailleurs on découvre que cette stratégie d'évitement de l'intimité est ancienne. L'isolement de chacun est également soulignée par leurs errances respectives, l'une du côté des catacombes et du Vésuve avec en tête un ancien amour mais qui ne croise que des squelettes et une terre stérile (comme l'est son mariage), l'autre à Capri à la recherche d'une aventure qui n'aura finalement pas lieu.

On voit donc également où se situe la modernité du film pour l'époque: dans l'importance donnée à la trajectoire physique, corporelle des personnages et à leur environnement géographique, culturel et social plutôt que dans l'introspection psychique. Nul doute que cette approche a inspiré Jean-Luc GODARD pour "Le Mepris" (1963) qui raconte l'histoire de la rupture d'un couple sous le soleil de Capri: "Capri, c'est fini et dire que c'était la ville de mon premier amour".

Voir les commentaires

The Killer

Publié le par Rosalie210

John Woo (1989)

The Killer

J'ai découvert l'existence de "The Killer" il y a près de 10 ans lorsque j'ai assisté une conférence sur les influences du film "Sparrow" de Johnnie To, un autre cinéaste hongkongais. Parmi ces influences figure "Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville dont le moineau devient le titre du film de Johnnie To. Et c'est ce même "Samouraï" à qui John Woo a voulu rendre hommage en donnant au tueur à gages élégant le même prénom que celui joué par Alain Delon dans le film de Jean-Pierre Melville: Jeff* ("Ah-Jong" pour les locaux). Cependant, autant le polar de Jean-Pierre Melville est froid, sec et épuré, autant celui de John Woo est baroque, grandiloquent et sentimental. Comme dans d'autres films asiatiques, le mélange des genres y est constant et brutal avec des scènes de fusillade sanglantes filmées au ralenti, remarquablement découpées et chorégraphiées avec virtuosité (quel sens de l'espace!) alternant avec d'autres mélancoliques et introspectives ou d'un romantisme flamboyant. Quel que soit le genre, on remarque que Woo n'a pas peur de faire couler des torrents de sang et de larmes. Mais la conclusion est identique au film de Melville: la relation entre la chanteuse et le tueur à gages est vouée à l'échec.

Dès les premières images dans une église catholique qui sera aussi le théâtre du dénouement, le sujet du film est posé: il sera question de rédemption. Celle de Jeff (Chow Yun-fat) qui veut raccrocher les gants. Le personnage est à lui tout seul un tueur professionnel redoutable, un chevalier blanc jusque dans son costume, un homme qui obéit à un code d'honneur et un personnage christique. Son parcours va lui faire rencontrer un autre homme d'honneur, l'inspecteur Li Ying (Danny Lee) avec qui il va nouer une amitié, les deux hommes se surnommant "Mickey et Dumbo". Comme les pickpockets gentlemen de "Sparrow", les actions de Jeff sont altruistes: il s'agit de sauver les victimes collatérales des fusillades entre gangs comme une petite fille qui faisait des pâtés de sable sur la plage ou encore une chanteuse blessée à la tête et menacée de cécité.

Nul doute que "The Killer" a inspiré à son tour nombre de cinéastes, américains pour la plupart. A commencer par Tarantino avec le personnage de Samuel L. Jackson dans "Pulp Fiction" qui renonce à la violence après avoir été touché par la grâce. Ou encore la saga "Matrix" qui n'a jamais caché ce que ses scènes d'action chorégraphiées comme des ballets devaient aux maîtres asiatiques. Ou enfin Michael Mann dans "Heat" dans lequel un flic et un tueur nouent un lien d'estime et de respect mutuels.

 

* Il existe d'ailleurs un documentaire de référence sur la filiation entre le héros melvillien et les cinéastes asiatiques, "In the mood for Melville". 

Voir les commentaires

L'Année Juliette

Publié le par Rosalie210

Philippe Le Gay (1995)

L'Année Juliette

C'est avec "L'année Juliette" que j'ai cerné pour la première fois à sa sortie au cinéma il y a trente ans le personnage inventé par Fabrice LUCHINI dès ses premiers films ("Les Nuits de la pleine lune" (1984) et "La Discrete" (1990) surtout): un séducteur lunaire, mythomane et bonimenteur à l'imagination prolifique et romanesque et qui finit toujours par s'empêtrer dans sa confusion entre le réel et la fiction. Cependant, contrairement à nombre d'autres films, il ne joue pas ici un rôle d'intellectuel cultivé ou d'amoureux des lettres mais celui d'un séducteur immature et indécis menant de front deux relations qui pour ne pas s'engager tombe dans la mythomanie en s'inventant une petite amie imaginaire: la fameuse Juliette du titre. Non à partir d'un livre mais d'un nom entendu à l'aéroport, d'une confusion de valises (comme dans "Frantic") (1988), d'une affiche de concert et de la description d'un mélomane par lequel on apprend qu'elle porte une longue tresse noire. Même si nombre de situations créé par Camille font sourire (l'achat de vêtements par exemple), ses mensonges finissent par se retourner contre lui en même temps que son fantasme s'évapore dans un final aussi absurde que dramatique. Notons que "L'année Juliette" est pour Fabrice LUCHINI le premier film d'une fructueuse collaboration avec le réalisateur Philippe LE GUAY.

Voir les commentaires

La peur (La paura)

Publié le par Rosalie210

Roberto Rossellini (1954)

La peur (La paura)

Un film étouffant, tranchant, d'une froideur clinique qui s'apparente à une dissection des rapports conjugaux, l'amant étant relégué à la marge du film, contrairement à d'autres versions comme celle de Viktor TOURJANSKY. En revanche l'ex de l'amant payée par le mari pour faire chanter sa femme occupe une place prépondérante. Celle-ci, harcelée, acculée par un mari qui joue avec elle comme avec les cobayes de son laboratoire d'entreprise pharmaceutique finit par rechercher un ultime échappatoire dans la mort. Ingrid BERGMAN se retrouve pour la énième fois dans la peau d'une épouse victime d'un mari qui veut la détruire. Les fautes morales de son personnage (infidélité, mensonge) ne justifient pas la torture psychologique qu'elle subit. On retrouve ce déséquilibre au niveau de leurs enfants dans une scène éloquente où la petite fille frustrée par son cadeau cache celui de son frère et est punie par son père avant d'obtenir son pardon. Néanmoins cette version se singularise par son absence d'émotions. Le mari affiche un masque froid en toutes circonstances, la maître-chanteuse également sauf à la fin et même la victime réagit avec une froide détermination (la voix de Ingrid BERGMAN prend par moments des accents de couperet) qui l'éloigne quelque peu de l'esprit de la nouvelle de Stefan Zweig. Si ce film est le moins connu de la collaboration entre Roberto ROSSELLINI et Ingrid BERGMAN c'est qu'on sent qu'elle a tourné au vinaigre et qu'elle sent désormais le sapin. De fait ce sera le dernier film qu'ils tourneront ensemble et leur relation prendra également fin. Et ce n'est pas le ridicule happy end en contradiction avec le reste du film y qui changera quoi que ce soit.

Voir les commentaires

1 2 > >>