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Articles avec #cinema britannique tag

Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia)

Publié le par Rosalie210

David Lean (1962)

Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia)

Longtemps, la figure de Lawrence d'Arabie m'a renvoyée à la chanson d'Annabelle (Mouloudji) "Fuis, Lawrence d'Arabie" dont j'avais acheté le 45 tours à sa sortie en 1987. Rien à voir avec le film de David LEAN daté de 1962 bien qu'en le regardant, j'ai tout de suite reconnu la musique de Maurice JARRE parce qu'elle est très célèbre et donc souvent jouée. Deuxième enseignement, j'ai compris d'où venait la notoriété de Peter O'TOOLE que je n'avais vu jusque là que dans des rôles oubliables. Troisième intérêt, j'ignorais que c'était grâce à "Lawrence d'Arabie" que Omar SHARIF était devenu une vedette internationale, lui que j'ai toujours associé à "Le Docteur Jivago" (1965) du même David LEAN vu quand j'étais très jeune. Bref, "Lawrence d'Arabie" est un jalon incontournable de l'histoire du cinéma, un de ces films qui impose sa marque en aval, jusqu'à l'épisode IV de Star Wars qui lui doit à mon avis autant qu'à l'oeuvre de Akira KUROSAWA. Comme on dit, il y a eu un avant et un après. Et comme dirait Luc Lagier, ce n'est pas Alec GUINNESS qui me contredirait, je dirais même que le prince Fayçal a été son passeport pour Obi Wan Kenobi.

David LEAN était particulièrement doué pour articuler des portraits d'individualités complexes à de vastes fresques historiques au souffle épique. C'est exactement ce qu'est "Lawrence d'Arabie" qui fonctionne en permanence sur ces deux échelles qui se complètent harmonieusement: Lawrence et l'Arabie. Basé sur le livre autobiographique de T.E Lawrence "Les Sept Piliers de la sagesse", il raconte le rêve fou de cet officier de liaison de l'armée britannique chargé d'encourager les arabes du Moyen-Orient à se soulever contre l'Empire Ottoman pendant la première guerre mondiale en leur promettant un Etat arabe unifié. Un idéalisme voué à l'échec face à l'occupation franco-britannique et au partage de la région en zones d'influence par les accords Sykes-Picot (évoqués dans le film contrairement à la déclaration Balfour, autre promesse britannique faite cette fois au peuple juif, avec les conséquences que l'on sait). Bien que les hommes filmés par David LEAN paraissent tout petits dans l'immensité du désert majestueusement filmé, jamais on ne perd de vue le protagoniste principal et ses mystérieuses motivations qui le conduisent à devenir l'un des leaders de la révolte arabe contre les turcs puis une sorte de nouveau Moïse conduisant les tribus vers la terre promise de l'unité arabe. Une esquisse de réponse est donnée dans les problèmes identitaires de T.E Lawrence, fils illégitime qui se choisit une autre famille, celle qui lui témoigne justement de la reconnaissance. Des problèmes identitaires qui finissent par tourner cependant à l'autodestruction. La scène très symbolique dans laquelle Lawrence abat l'homme qu'il a sauvé un peu plus tôt et qui lui a valu d'être reconnu par les arabes comme l'un des leurs en est l'illustration éclatante. De même que la folie meurtrière qui s'empare de lui après son arrestation par les turcs. Un moment trouble à connotation homoérotique SM qui m'a fait penser à "Furyo" (1983).

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Deux soeurs (Hard Truths)

Publié le par Rosalie210

Mike Leigh (2024)

Deux soeurs (Hard Truths)

"Deux soeurs" est un film puissant, empreint de cette pâte humaine dont Mike LEIGH a le secret. Près de trente ans après "Secrets et mensonges" (1996), il retrouve Marianne JEAN-BAPTISTE pour interpréter le rôle de Pansy, une anti-héroïne que l'on est pas prêt d'oublier. Dès la première séquence, le ton est donné: Pansy se réveille en criant et en sursautant, comme si le retour à l'état conscient était un traumatisme. Et c'est le cas. Le rapport que Pansy entretient au monde est conflictuel. En proie à une colère inextinguible, elle passe son temps à déverser sa bile sur tout ce qui bouge. Ceux qui croisent son chemin subissent ses foudres ce qui donne une série d'esclandres au ton tragi-comique (car la dame a le sens de la formule qui pique). On a donc la version irascible d'un échantillon des albums de Martine avec "Pansy au supermarché", "Pansy chez le dentiste", "Pansy chez le médecin", "Pansy veut acheter un canapé" etc. Evidemment, ces anonymes qui réagissent à son agressivité avec plus ou moins de flegme ne sont que les boucs-émissaires d'une rage qui remonte à l'enfance. C'est là qu'intervient la soeur de Pansy, Chantelle (Michele AUSTIN) qui est son antithèse: solaire, joyeuse, bienveillante. Tout chez elle respire la joie de vivre, son salon de coiffure, son appartement coloré, sa complicité avec ses deux filles alors que l'appartement de Pansy est aseptisé par sa maniaquerie et que son mari (qu'elle ne supporte pas) et son fils (qui la désespère) s'isolent dans leurs bulles ou la fuient le plus possible. Désemparée par la négativité de sa soeur qui lorsqu'elle n'éructe pas ne cesse de se plaindre de tous les maux, elle tente de lui venir en aide, tente de comprendre pourquoi celle-ci est à ce point fâchée avec la vie, tente de la sortir de son marasme et de son isolement en organisant une réunion de famille (comme dans "Secrets et mensonges") (1996). Ce qui est fort, c'est que l'on ressent parfaitement la terrible souffrance qui se cache derrière le caractère impossible de Pansy et la rend aussi asociale que dépressive. Un malheur qui lui vient de son histoire personnelle (Mike LEIGH ne donne pas toutes les clés mais il semble qu'elle ait servi de paratonnerre) et qui est donc transmissible. Son fils Moses qui est obèse, désocialisé et sans situation semble porter sur ses épaules tout le malheur familial. Cependant, avec l'aide de Chantelle, Pansy comprend qu'elle n'en peut plus et qu'elle doit peut être enfin songer à déposer les armes.

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Les Suffragettes (Suffragette)

Publié le par Rosalie210

Sarah Gavron (2015)

Les Suffragettes (Suffragette)

Un sujet passionnant, celui du combat mené par une poignée de militantes féministes britanniques au début du XX° siècle contre une société hostile leur déniant leurs droits, celui de voter n'étant qu'un pied dans la porte d'un pouvoir patriarcal qui les écrase. La reconstitution historique du Londres de 1912 est soignée et permet de mesurer la violence de la répression d'Etat qui s'exerce contre les militantes, surtout les ouvrières même si le film montre une solidarité féministe transcendant les classes sociales (mais fait l'impasse sur la diversité ethnique de ces femmes, celles venant de l'Empire des Indes étant occultées). Hélas, la réalisation académique rend le film très lisse et a parfois la main lourde sur les effets mélo (Maud rentrant "just in time" après avoir été chassée du foyer familial pour voir son gamin être adopté par la décision du paternel en qui repose toute l'autorité parentale). C'est extrêmement dommage car le film, trop plat ne fait pas ressentir la montée en puissance de leurs actes, le fait d'êtres censurées et ignorées puis d'être soumises à des représailles de plus en plus féroces (dans leur couple, leur famille, leur travail, l'espace public) les poussant à se radicaliser toujours davantage jusqu'aux attentats "terroristes" (même si elles ne visent que des biens) et au tragique épisode du Derby de 1912 qui entraîna enfin leur médiatisation. Tout cela est montré de façon descriptive, scolaire, appliquée. Au moins est-ce l'occasion de réunir à l'écran d'excellentes actrices, de Carey MULLIGAN à Helena BONHAM CARTER en passant par Romola GARAI et le cameo de Meryl STREEP.

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The Skin Game

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1931)

The Skin Game

Film du début du parlant, "The Skin game" est tout à fait anecdotique dans la carrière de Alfred HITCHCOCK et ne présente d'intérêt que pour ceux qui veulent avoir un panorama exhaustif de la filmographie du maître. Lui-même disait à propos du film qu'il n'y avait rien à en dire et il est vrai que s'il n'avait pas été de lui, il y a longtemps qu'il aurait été jeté aux oubliettes. Il s'agit (encore) de l'adaptation d'une pièce de théâtre qu'on lui a imposé d'où le caractère très statique de la mise en scène en dépit de quelques éclairs d'inspiration ici et là. L'histoire met aux prises deux familles (l'une d'aristocrates et l'autre de bourgeois parvenus) aussi antipathiques l'une que l'autre (et interprétées par des acteurs au jeu plutôt limité) autour d'une histoire de querelle de propriété. Mais si le début est particulièrement poussif (il me fallait lutter pour ne pas décrocher), au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire, des thèmes chers à Alfred HITCHCOCK finissent par émerger tels que le chantage, la culpabilité ou une héroïne sacrifiée sur l'autel de son passé. L'actrice dont le personnage, comme celui de Madeleine dans "Vertigo" (1958) se jette à l'eau subit le même traitement sur le tournage que Kim NOVAK c'est à dire qu'elle dû se tremper et se changer plusieurs fois. Autre parallèle intéressant, la scène des enchères (l'une de celles que Alfred HITCHCOCK a tenté de dynamiser) préfigure celle de "La Mort aux trousses" (1959).

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Porc Royal (A Private Function)

Publié le par Rosalie210

Malcolm Mowbray (1984)

Porc Royal (A Private Function)

Avant que Arte ne propose "Porc royal", j'ignorais totalement l'existence de ce film. Même si le réalisateur n'est pas le même, il existe une évidente parenté avec "Drole de missionnaire" (1982) réalisé deux ans auparavant. Le film réunit en effet les mêmes acteurs à savoir Michael PALIN (qui a troqué son costume de prêtre défroqué pour celui de pédicure et se trimballe avec un pied géant, clin d'oeil notable aux "Monty Python"), Maggie SMITH et Denholm ELLIOTT dans le rôle d'un notable particulièrement odieux. La guerre des classes sur fond de rationnement d'après-guerre* est savoureuse avec d'un côté un cochon engraissé illégalement qui attire toutes les convoitises mais s'avère bien encombrant (et odorant) et de l'autre celui que l'on nomme "la gestapo", en réalité un inspecteur impitoyable avec tout ce qui relève du marché noir. "Porc royal" est une satire bien troussée sur une Angleterre prompte à critiquer ses voisins (alias la France) plutôt qu'elle-même alors que les inégalités sociales s'y avère exacerbées. De l'acharnement du docteur contre le pauvre pédicure qui pue son mépris de classe à plein nez (bien plus que le pauvre cochon atteint de diarrhée que l'on trimballe un peu partout) au snobisme de sa femme, Mme Chilvers qui considère son mari comme une femmelette et s'offusque d'être placée près des toilettes lors d'un banquet (alors qu'elle cache un cochon chez elle) en passant par des seconds rôles truculents joués par un casting de choix (on reconnaît notamment Pete POSTLETHWAITE et Jim CARTER), le film ne fait aucune impasse sur les moyens peu recommandables avec lesquels chacun tente de remplir sa marmite comme de paraître socialement en dissimulant plus ou moins bien les odeurs de porcherie qui collent à leurs basques.

* Un aspect méconnu de l'histoire car peu évoqué à savoir qu'il a fallu plusieurs années aux pays dévastés par la guerre pour retrouver une situation économique leur permettant de nourrir correctement leur population. Ainsi en France, les tickets de rationnement n'ont été supprimés qu'en 1949 et il fallu attendre 1954 au Royaume-Uni pour que les restrictions sur la viande soient levées.

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L'Homme de l'île de Man (The Manxman)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1929)

L'Homme de l'île de Man (The Manxman)

Parmi les quelques films de Alfred HITCHCOCK que je n'avais pas encore vu, "The Manxman" ("L'homme de l'île de Man") est une curiosité. Un film tout à fait dispensable dans l'oeuvre du maître du suspense. Il ne s'agit pas d'un thriller mais d'un mélodrame aux très grosses ficelles avec un triangle amoureux se composant de deux hommes issus de deux classes sociales opposées mais potes comme par deux alors qu'ils sont de surcroît amoureux de la même femme. Celle-ci penche pour le plus fortuné des deux (tiens donc) c'est à dire l'avocat mais par sens de la parole donnée (et aussi par convention sociale) elle épouse le marin-pêcheur. Celui-ci est un imbécile heureux qui sourit de toutes ses dents devant sa femme et son soi-disant meilleur ami qui passent le plus clair de leur temps à tirer une gueule de 6 pieds de long. Si "The Manxman" n'est pas complètement dénué d'intérêt, c'est parce qu'il s'agit d'un film de Alfred HITCHCOCK. Celui-ci y expérimente quelques belles idées comme celle de faire une ellipse sur le rapprochement entre deux personnages en utilisant les pages d'un journal aux qualificatifs de plus en plus intimes envers le prétendant. La photographie des paysages est très belle et Anny ONDRA peut être qualifiée de première blonde hitchcockienne. On sent également que c'est le dernier film muet de Alfred HITCHCOCK. Il filme ses personnages articulant distinctement leurs dialogues au point parfois de se passer de carton.

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Deep End

Publié le par Rosalie210

Jerzy Skolimowski (1970)

Deep End

"Deep end" est le troisième côté d'un triangle dont les deux autres seraient "Blow-up" (1966) et "Repulsion" (1965). Leurs points communs? Se situer au coeur du swinging London alors qu'ils ont été réalisés par des cinéastes étrangers (dont deux polonais en exil) et pas toujours en Angleterre (la piscine de "Deep End" se trouve à Munich). Qu'à cela ne tienne! Il y a une atmosphère dans "Deep End" qui capte le spectateur. Cela tient beaucoup à l'unité de lieu, cette piscine décrépite et glauque mais aux couleurs pop éclatantes que l'on retrouve également dans l'East end où se déroule les lieux annexes de l'histoire qui semblent n'être qu'une extension des obsessions du héros. Celui-ci est un adolescent de 15 ans qui en franchissant le seuil de l'établissement pour son premier travail tombe dans une fosse aux serpents dont il ne parvient pas à s'extraire. Le film de Jerzy SKOLIMOWSKI peuplé de fantasmes inassouvis (plutôt crades) est par ailleurs hanté par le proxénétisme et la prostitution. Mike (John MOULDER-BROWN) devient le toy boy de vieilles rombières en mal de sensations fortes alors qu'il développe une obsession pour sa collègue plus âgée, Susan (Jane ASHER) qui s'amuse à souffler le chaud et le froid avec lui. Il faut dire que Susan est insaisissable, jouant de ses charmes auprès de plusieurs hommes et arrondissant ses fins de mois dans un club de strip-tease. Mais celui auquel elle est fiancée est surtout riche et Mike apprend donc que pour l'attirer dans ses filets, "diamonds are a girl's best friend". La marchandisation du sexe et des corps va de pair avec la transformation de Susan en femme-objet par Mike. Celui n'est en effet pas du tout un héros positif, développant pour la jeune femme une fétichisation malsaine qui le fait se frotter contre son image et poursuivre son ombre lors d'une séquence particulièrement marquante dans laquelle il erre dans le quartier de Soho entre le club chic et donc inaccessible où elle s'amuse avec son amant et le food-truck où il s'empiffre de hot-dogs (une symbolique pas très fine). Le tout sur une bande son très recherchée allant de Cat Stevens au groupe Can. Logiquement, le désir mortifère culmine dans la scène finale.

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Bird

Publié le par Rosalie210

Andréa Arnold (2025)

Bird

Belle proposition de cinéma pour cette cinquième réalisation de Andrea ARNOLD qui cherche l'équilibre entre récit d'émancipation adolescente, âpre réalisme social des laissés-pour-compte et désir éperdu de s'échapper dans l'art et la nature. Jamais le bestiaire de son film n'aura été si bien rempli: chien, chevaux, papillons, crapaud, insectes divers tatoués sur le corps du père (qui s'appelle lui-même Bug) mais surtout oiseaux, passion de l'héroïne, Bailey (Nykiya Adams, l'une de ces non-professionnelles à la forte présence dont Andrea ARNOLD a le secret) dont le quotidien oscille entre rage et désespoir. On peine à croire qu'elle n'a que douze ans, on lui en donne facilement quinze voire seize. Il faut dire qu'elle est confrontée à des problèmes qui ne sont pas de son âge et contre lesquels elle ne peut opposer que son imaginaire et son téléphone portable qui lui sert à filmer le monde. Ses parents que l'on découvre tour à tour sont deux paumés qui l'ont eu alors qu'ils étaient adolescents et qui ne semblent pas avoir beaucoup gagné en maturité depuis. Le père (Barry KEOGHAN) qui ressemble à un gamin vit d'expédients (plutôt comiques avec son crapaud cracheur de bave hallucinogène!) dans un squat et bien que de nature aimante, il est trop autocentré pour véritablement s'occuper de sa fille et du demi-frère de celle-ci qui s'apprête à reproduire le même modèle. La mère enchaîne les relations toxiques et vit avec les trois petits demi-frères et soeurs de Bailey dans une colocation jonchée de détritus avec un petit ami extrêmement violent. "Bird" est néanmoins une histoire de métamorphose et de résilience. Malgré tout ce que sa vie a de plombant, Bailey qui ressemble au début du film a un petit hérisson plein de piquants devient progressivement une belle jeune fille qui s'ouvre à la vie en puisant des motifs d'espérer dans son environnement. Les tags se transforment en autant de messages d'encouragement et la nature amie lui envoie un drôle d'allié, sorte de vagabond à la nature hybride qui semble tout droit échappé de "Le Regne animal" (2022) et qui est joué par l'acteur fétiche de Christian PETZOLD, Franz ROGOWSKI. Même si son intégration dans l'histoire souffre de quelques maladresses d'écriture, ce personnage d'homme-enfant (à l'image de son père) est une bouffée d'air frais qui apporte à l'héroïne l'aide dont elle a besoin pour grandir.

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Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers)

Publié le par Rosalie210

Andrew Haigh (2023)

Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers)

La bande-annonce, censée donner envie d'aller voir un film m'avait plutôt fait fuir. Ca avait l'air trop mélo, trop chromo et noyé dans une bande-son abrutissante. Si le film n'évite effectivement pas ces écueils (oui, c'est racoleur et assumé comme tel), il est plus subtil qu'il en a l'air. Il faut dire qu'il s'agit de l'adaptation (la deuxième) d'un roman japonais, "Strangers" de Taichi Yamada. Cette influence, on la ressent au travers des fantômes qui obsèdent Adam (Andrew SCOTT que j'avais beaucoup aimé dans "Pride") (2014). Ils l'obsèdent tellement que sa vie présente est un désert. Pourtant, une autre solitude vient à lui. Cela m'a fait penser un bref instant à "Une journee particuliere" (1977), ces deux solitaires exclus de la vie qui se croisent dans un immeuble vide. Mais Adam ferme sa porte à Harry (Paul MESCAL). Il préfère imaginer tout ce qu'il aurait aimé dire à ses parents disparus quand il avait 12 ans ce qui donne lieu à des scènes assez troublantes de par le choix de faire jouer les parents par des acteurs plus jeunes que Andrew SCOTT (Claire FOY et Jamie BELL alias "Billy Elliot") (2000). On pense à un moment donné que Adam va se réconcilier avec la vie, on pense que celle-ci est représentée par Harry qui finit par s'inviter chez lui, dans sa vie et dans ses rêves, bref par pénétrer son intimité. Mais ce Harry là n'est peut-être qu'une illusion lui aussi. Evidemment on a du mal à démêler le vrai du faux tant la réalité et le rêve se confondent à l'image. Néanmoins, ce travail de deuil qu'Adam ne semble pas parvenir à faire jette un doute sur sa capacité à sortir de son isolement. Dommage d'avoir exprimé des émotions simples et universelles avec des images parfois clichetoneuses qui à l'image d'Adam mettent le spectateur à distance, le tout sur un rythme qui se traîne.

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Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles)

Publié le par Rosalie210

Terence Fisher (1959)

Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles)

Tout ce que je connais de la Hammer, c'est un extrait de l'un de ses "Dracula" avec Christopher LEE. Quant à Peter CUSHING il est pour moi associé à l'épisode 4 de Star Wars (et à "Rogue One: A Star Wars Story" (2016) où il est ressuscité par la grâce des effets spéciaux), question de génération. Je ne suis pas non plus une spécialiste de l'univers de Sherlock Holmes, que ce soient les romans ou leurs adaptations. Je ne connais que le film de Billy WILDER dans lequel Christopher LEE jouait Mycroft, le frère de Sherlock et la série transposant le mythe dans un univers contemporain. Ce qui m'a frappé donc dans cette adaptation, c'est d'abord son style gothique flamboyant. Les couleurs, la lumière, l'atmosphère, les costumes m'ont fait immédiatement penser à "Les Contrebandiers de Moonfleet" (1955) qui lui est contemporain. Un style repris de nos jours par Tim BURTON: lande désolée nageant dans le brouillard, manoir lugubre, pleine lune, hurlements lointains, éclairs et tonnerre, ruines etc. C'est pourquoi la version du célèbre roman de Conan Doyle par Terence FISHER fait moins penser à un polar qu'à une aventure fantastique, cousine britannique des films américains de Roger CORMAN. D'ailleurs, les deux réalisateurs ont également dirigé des acteurs indissociables du genre: Vincent PRICE pour Roger CORMAN, Christopher LEE associé à Peter CUSHING pour Terence FISHER. Encore que dans "Le chien des Baskerville" le premier ne joue pas le rôle d'un monstre mais du dernier descendant légitime d'une famille en proie à une malédiction. C'est elle que combat Sherlock, joué par un Peter CUSHING qui impressionne avec son visage émacié et son regard presque dément. Le tout s'accorde avec une mise en scène représentant la violence de manière stylisée mais hautement suggestive: la scène de la tarentule, jouant sur l'effet de suspense est encore aujourd'hui assez éprouvante à regarder (sauf si on aime ces araignées), de même la scène d'ouverture impressionne par la brutalité des rapports de classe et de genre.

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