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Papicha

Publié le par Rosalie210

Mounia Meddour (2019)

Papicha

Un sujet fort et des actrices remarquables, Lyna KHOUDRI en tête (César du meilleur espoir féminin et que j'ai découvert dans "Gagarine" (2020) dans lequel elle est également excellente) mais un scénario maladroit et une réalisation brouillonne font que ce "Papicha" ne parvient pas réellement à décoller, contrairement à "Mustang" (2014) qui traite d'une thématique proche. Si "Papicha" (dont la traduction littérale est "jeune fille coquette" mais celle-ci ne rend guère compte de l'ambiguïté du mot qui peut s'entendre comme "jeune fille facile") s'embourbe, c'est d'abord parce qu'il contient en réalité deux sujets et non un seul: d'une part la condition féminine dans les pays du Maghreb en proie à la montée de l'islamisme intégriste et de l'autre les débuts de la guerre civile algérienne des années 90. Cette dernière n'est qu'une toile de fond d'autant que le choix de faire des plans resserrés sur les personnages étouffe complètement le contexte dans lequel ils vivent. Le vrai sujet de "Papicha", c'est la pression sociale qui s'exerce sur le corps féminin dans l'espace public à travers sa tenue vestimentaire. Il n'y avait pas besoin pour cela de situer l'intrigue dans l'Algérie en guerre, la question est également récurrente en France sous diverses formes: interdiction du foulard islamique à l'école, interdiction du voile intégral dans l'espace public, arrêtés municipaux interdisant le burkini et maintenant débat sur le crop top dans les collèges et les lycées. Et bien entendu, derrière ce débat s'en profile un autre qui est celui de la domination des hommes sur les femmes. Là encore pas besoin de se délocaliser pour traiter du harcèlement de rue ou des tentatives de viol. A cette surcharge thématique vient s'ajouter de grosses maladresses de réalisation et de scénario comme la mort de la soeur qui semble surgir comme un cheveu sur la soupe ou l'attaque finale tout aussi grossièrement amenée et qui est filmée de façon peu lisible. Un montage moins heurté aurait également permis de pouvoir mieux lire les images. Bref, le manque de maîtrise général handicape beaucoup le film et c'est d'autant plus dommage qu'il avait de réels atouts au départ.

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