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Les Aventures du Baron de Münchhausen (The Adventures of Baron Munchausen)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam (1988)

Les Aventures du Baron de Münchhausen (The Adventures of Baron Munchausen)


Une quinzaine d'années avant ses déboires avec Don Quichotte, Terry GILLIAM s'était déjà embarqué dans une grosse galère avec un héros à sa (dé)mesure en la personne de Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen, mercenaire allemand dans l’armée russe, qui combattit les troupes turques avant de devenir l'un des mythomanes les plus célèbres de la littérature grâce à Rudolf Erich Raspe qui coucha par écrit ses prétendus "exploits" et Gustave Doré qui les illustra. Terry GILLIAM s'est approprié ce matériau originel (le choix de John NEVILLE pour incarner le baron est une référence directe à Gustave Doré dont il s'est beaucoup inspiré) en y ajoutant son imagination débridée, sa créativité visuelle et sa soif de liberté. Son film est donc un nouvel épisode métaphorique (après "Bandits, bandits…" (1981) et "Brazil") (1985) de sa lutte don quichottesque contre les moulins à vents des studios incapables de contrôler ce rêveur aux projets mégalomanes (autrement dit synonymes de gouffre financier). La scène où le baron s'envole toujours plus haut dans le ciel avec la belle Vénus toute droit sortie du coquillage de Botticelli (Uma THURMAN âgée de 18 ans dans son premier rôle) avant d'être brutalement ramené sur terre par le dieu Vulcain (Oliver REED) et la jeune Sally (Sarah POLLEY) est assez représentative de son rapport au monde ("Brazil" (1985) contient des scènes iconiques identiques). On peut en dire autant de la scène "fauchée" pour cause de dépassement de budget (mais qui est l'une de mes préférées) sur la lune, magnifique hommage à Georges MÉLIÈS et incroyable délire sur la dualité corps/esprit (Robin WILLIAMS comme Robert De NIRO dans "Brazil" (1985) y avance masqué, il est pourtant excellent). Car même si Terry GILLIAM est selon le journal le Monde un "maudit rêveur", il est aussi extraordinairement persévérant, réussissant toujours au final à concrétiser ses projets. C'est tout le sel du dénouement du film. Alors que le baron, surgissant sur une scène de théâtre tel un acteur a semblé tout au long du film n'offrir à son auditoire avide d'évasion (comme on a pu souvent le constater dans les périodes de guerre) qu'un dérivatif illusoire, voilà que lorsqu'ils se décident à ouvrir les portes de leur ville assiégée, ils découvrent que les turcs se sont enfuis, illustrant la phrase de Dumbledore à la fin des "Reliques de la mort", "Bien sûr que tout cela se passe dans ta tête Harry mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel?"

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