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Irrésistible Gary Cooper

Publié le par Rosalie210

Clara Kuperberg, Julia Kuperberg (2019)

Irrésistible Gary Cooper

Pas mal du tout ce documentaire, réalisé par les soeurs Clara KUPERBERG et Julia KUPERBERG qui se sont spécialisées dans les documentaires sur le cinéma hollywoodien des débuts du cinéma jusqu'à la fin de son âge d'or dans les années 60. On peut lui reprocher ses lacunes, mais comment faire le tour d'une carrière aussi riche que celle de Gary COOPER en seulement 53 minutes? Le film ne prétend d'ailleurs pas être complet mais esquisse des pistes intéressantes pour mieux cerner la spécificité de cet acteur, par rapport aux générations suivantes mais aussi parmi les monstres sacrés de sa génération. Formé sur le tas comme eux (c'est notamment sa maîtrise de l'équitation qui lui a servi de portée d'entrée dans la profession par le biais de ce qui est devenu son genre fétiche, le western), incarnant comme eux aussi le héros américain valeureux et intègre jusque dans ses rôles tardifs dans des films plus ambigus (comme "Vera Cruz" (1954) qui aurait mérité qu'on s'y attarde davantage), il se distingue d'eux par une sensibilité et une humilité qui n'appartenaient qu'à lui. C'est ce qui le rendait particulièrement touchant, notamment dans les comédies sociales de Frank CAPRA où il jouait "L'Homme de la rue" (1940) élevé au rang de héros christique. Le talent de Gary COOPER pour la comédie, son second genre de prédilection après le western est évoqué également au travers de "Boule de feu" (1941) de Howard HAWKS où il joue un rôle proche de ceux de Cary GRANT mais sur un scénario de Billy WILDER pour qui il interprètera seize ans plus tard le séducteur jaloux de "Ariane" (1957). Ces films sont tous mentionnés dans le documentaire et assortis d'extraits. En revanche, "Morocco" (1930) est à peine effleuré et les collaboration avec Ernst LUBITSCH totalement ignorées. Cela aurait permis de mieux expliquer sa présence dans "Ariane" (1957) qui a été conçu comme un hommage à celui que Billy WILDER considérait comme son maître.

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Vera Cruz

Publié le par Rosalie210

Robert Aldrich (1954)

Vera Cruz

Jeu de dupes autour d'un trésor que tout le monde veut s'approprier, "Vera Cruz" est un western novateur qui se situe à la jonction du western classique et du western déconstruit des années 60 en Europe et 70 aux USA. On peut s'amuser par exemple à relever tout ce que les films de Sergio LEONE ont emprunté à celui de Robert ALDRICH: des acteurs typés comme Jack ELAM ou Charles BRONSON qui joue déjà de l'harmonica mais aussi la révolution mexicaine en toile de fond, un regard nihiliste sur l'humanité et un ton mi-goguenard, mi-cynique n'épargnant rien ni personne et surtout pas les dirigeants sur les costumes desquels on s'essuie désormais les doigts. Le western classique s'incarne principalement dans le personnage joué par Gary COOPER qui va aussi loin qu'il lui était possible d'aller sans se renier. Alors il joue un mercenaire certes qui s'acoquine avec les pires fripouilles et court après le fric mais qui conserve sa dignité et une certaine fidélité à un code d'honneur pourtant disparu dans les gravats de la guerre de Sécession que son camp a perdu. A l'inverse de ce chevalier blanc mais sans le sou, Burt LANCASTER donne l'impression de se lâcher dans son rôle de chef de bande cradingue physiquement et moralement mais dont le sourire carnassier inimitable et les prouesses physiques éblouissent. Les deux hommes que tout oppose hormis leurs talents de tireur et leur besoin d'argent s'associent et se défient pour convoyer un chargement d'or à bon port, non sans arrière-pensées alors que les alliances autour de ce chargement ne cessent de se faire et de se défaire. Un chaos anarchisant qui tire ce western vers le film d'aventures puis vers le film de guerre notamment lors d'une séquence finale mémorable où finalement la cause mexicaine l'emporte et le "bon, sur le "truand".

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Amélie ou la métaphysique des tubes

Publié le par Rosalie210

Maïlys Vallade, Liane-Cho Han (2025)

Amélie ou la métaphysique des tubes

Fusion réussie entre le récit autobiographique de Amelie NOTHOMB et l'animation à la japonaise: j'ai pensé plusieurs fois à "Mon voisin Totoro" (1988). L'univers est un peu le même, celui d'une maison traditionnelle nichée au coeur d'une nature luxuriante avec un point de vue enfantin, donc propice au basculement dans le fantastique. Mais Amélie est un être à part qui d'ailleurs est montrée dans les premières images flottant comme le foetus de "2001 : l'odyssee de l'espace" (1968) en se prenant pour Dieu. De fait, le récit montre que durant les deux premières années de sa vie, Amélie n'a ni marché ni parlé, se comportant comme si elle était atteinte d'un "locking syndrome" qui se dissipe comme par enchantement sous le choc d'un séisme puis quand sa grand-mère lui offre du chocolat belge. La question identitaire passe alors au premier plan. Amélie est belge mais se définit comme japonaise car elle s'identifie à Nishio-san, la nounou chargée de s'occuper d'elle. L'éveil au monde d'Amélie se fait donc à la fois par ses racines belges, la grand-mère paternelle étant douée pour communiquer avec elle (y compris par-delà la mort, les frontières entre les dimensions étant poreuses au Japon) et par sa vie quotidienne d'expatriée au Japon, la proximité avec Nishio-san qui lui fait découvrir la culture japonaise s'accompagnant de l'hostilité de l'autre gouvernante et propriétaire de la maison, Kashima-san. Peu à peu, Amélie qui grandit dans les années soixante découvre les plaies béantes que la guerre a laissé dans le coeur des japonais et comment ils parviennent ou pas à se réconcilier avec ce passé dévastateur. On le voit, l'intrigue est riche mais on ne quitte jamais le regard et les sensations de cette enfant atypique dans une vie qui l'est tout autant. Le tout est serti dans une animation fauviste splendide qui fait chatoyer les couleurs mais s'aventure aussi dans des zones plus sombres et plus mystérieuses de l'enfance (les plans sur les bouches béantes des carpes sont aussi anxiogènes que certains passages de "Le Voyage de Chihiro") (2001).

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Desperate souls, Dark City and the Legend of Midnight Cowboy

Publié le par Rosalie210

Nancy Buirski (2022)

Desperate souls, Dark City and the Legend of Midnight Cowboy

Un titre poétique et prolifique pour un documentaire consacré à un film culte: "Macadam Cowboy" (1968) brillamment replacé dans son contexte historique. Pas seulement celui d'un pays, les USA alors enlisés dans la guerre du Vietnam et doutant de leurs valeurs mais aussi celui d'une ville, New-York alors décrépite et refuge de tous les "misfits" du pays et d'ailleurs (le film est contemporain d'une oeuvre comme "Panique a Needle Park" (1971) mais la réalisatrice-scénariste montre tout aussi bien les liens avec "Taxi Driver") (1976). C'est aussi le parcours personnel de son réalisateur John SCHLESINGER qui est ausculté avec tant de justesse que le documentaire nous le rend très proche alors qu'il est décédé en 2003 soit près de 20 ans avant sa réalisation. "Macadam Cowboy", c'est un peu (un peu beaucoup même) sa propre histoire, devenue "racontable" dans un pays confronté à l'émergence de la contre-culture dont l'aspect queer est ici mis en évidence. Excellente idée au passage d'avoir illustré la pénalisation de l'homosexualité dans les années cinquante et soixante au Royaume-Uni (pays d'origine de John SCHLESINGER) avec des extraits de "La Victime" (1961) de Basil DEARDEN qui fut à l'origine de la carrière de Dirk BOGARDE dans le cinéma d'auteur à défaut de parvenir à le sortir du placard. Ceci étant, le documentaire ne fait pas l'impasse sur les doutes du réalisateur quant à l'oeuvre qu'il était en train de réaliser, ni sur son classement "X", ni sur son contenu homoérotique ("Le Secret de Brokeback Mountain" (2005) et "The Power of the Dog" (2021) sont cités pour rappeler que "Macadam Cowboy" fut en quelque sorte le film précurseur sur le thème du cowboy icône gay). Néanmoins, le documentaire rappelle qu'à la différence des films LGBT underground réalisés au sein de la Factory de Andy WARHOL, "Macadam Cowboy" qui pourtant croise cet univers lors d'une longue et mémorable séquence psychédélique montre une relation platonique entre deux hommes même si leur amitié se manifeste par une tendresse tout à fait inhabituelle à l'écran. De fait, il a réussi l'exploit de décrocher trois Oscars ce qui me fait penser en matière de schizophrénie à un film tout aussi iconoclaste, "Théorème" (1968) sorti la même année à la fois condamné et célébré par les catholiques. Jon VOIGHT dont c'était le premier rôle important à l'écran raconte comment il a décroché le rôle (on le voit même faire des bouts d'essai) alors que Dustin HOFFMAN qui venait d'exploser avec "Le Laureat" (1967) a dû faire des pieds et des mains pour convaincre John SCHLESINGER de le prendre (ça a fonctionné visiblement puisque les deux hommes ont de nouveau travaillé ensemble sur son autre film célèbre, "Marathon Man") (1976). Bref un documentaire foisonnant et passionnant de bout en bout.

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Tout peut arriver (Something's Gotta Give)

Publié le par Rosalie210

Nancy Meyers (2004)

Tout peut arriver (Something's Gotta Give)

Le décès de Diane KEATON m'a fait connaître ce film, souvent cité pour lui rendre hommage. En dépit de longueurs dans sa partie médiane et de clichés romantiques (villa luxueuse, plage immense, "Paris, ville des amoureux" sur l'air de "La vie en rose" interprété par Louis ARMSTRONG et un final conçu comme un dépliant touristique) le film ne manque pas de piquant et m'a fait beaucoup rire. Cela tient bien sûr à son formidable duo d'acteurs principaux épaulés par quelques personnages secondaires sympathiques mais sous-exploités (Keanu REEVES dans le rôle de la roue de secours, Frances McDORMAND dans celui de la soeur un peu peste) mais aussi à une écriture incisive qui tacle la misogynie et les idées reçues sur les femmes de plus de cinquante ans. Jack NICHOLSON se délecte dans l'autodérision avec son rôle de gros mufle queutard porté sur les jeunettes qui voit l'âge le rattraper et quant à Diane KEATON, elle n'a pas perdu une once de sa vis comica et y va à fond, notamment lorsqu'elle rédige sa pièce très fortement inspirée de son expérience personnelle en pleurant à grandes eaux: comique de répétition assuré! On passe un agréable moment en leur compagnie et on regrette plus que jamais que Diane KEATON ait tiré sa révérence.

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Le Jour du fléau (The Day of the locust)

Publié le par Rosalie210

John Schlesinger (1975)

Le Jour du fléau (The Day of the locust)

Bien avant des films tels que "Mulholland Drive" (2001)" ou "Babylon" (2021), , "Le Jour du fléau" réalisé par John SCHLESINGER en 1975 déconstruisait le mythe hollywoodien en tirant à boulets rouges sur l'usine à rêves à son apogée dans les années 30 pour en faire ressortir les aspects les plus glauques. De fait, ce travail de démolition accouche de quelques scènes satiriques spectaculaires comme celles du prêche, de la destruction du décor de Waterloo et d'un final "apocalyptique" presque prophétique (Hollywood qui brûle fait penser aux incendies récents de Los Angeles) mais contient aussi beaucoup de lourdeurs et de redondances. John SCHLESINGER maîtrise mal le rythme et la progression dramatique de son film qui patauge trop souvent dans la semoule. De fait, sa durée (2h24) aurait gagnée à être raccourcie d'autant qu'on a vite fait le tour des personnages, réduits pour la plupart à n'être que des pantins grimaçants. Je pense à l'insupportable gamin "Adoré" qui finit à l'état de bouillie pour chat dans un déchaînement pulsionnel ardemment souhaité par un spectateur à bout de patience mais le pitoyable clown bonimenteur joué par Burgess MEREDITH tape tout autant sur les nerfs. Au milieu de cet énorme et grotesque barnum parfois fatigant à force de caricature et d'hystérie, les deux personnages principaux, sans doute trop archétypaux, font un peu pâle figure. D'un côté le jeune décorateur idéaliste qui va perdre toutes ses illusions au contact de la réalité (William ATHERTON) est beaucoup trop lisse malgré une ou deux scènes où il se laisse aller à ses pulsions les plus sombres. De l'autre, la petite starlette du genre "blonde idiote" dont il est amoureux (Karen BLACK) est plus un moyen d'illustrer la débauche du milieu que celui des rêves déçus. Nombre de personnages qui tournent autour d'elle comme ses deux "boys" qui font penser à ceux qui accompagnaient Ava GARDNER dans "La Nuit de l'iguane" (1964) sont sous voire pas du tout employés. Seul l'étrange personnage joué par Donald SUTHERLAND suscite l'intérêt. Déjà parce qu'il s'appelle Homer Simpson ce qui pour un spectateur d'aujourd'hui ne manque pas de sel. Mais aussi parce qu'il semble être en quelque sorte l'incarnation du sauvage dans "Le meilleur des mondes". Inutile de préciser que ça ne finira pas très bien pour lui.

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Tirez sur le pianiste

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1960)

Tirez sur le pianiste

Avec son deuxième film après "Les Quatre cents coups" (1959), Francois TRUFFAUT tente et réussit quelque chose de très différent mais de tout aussi personnel. Après Jean-Pierre LEAUD qui le représente au cinéma sous les traits d'un adolescent, il se trouve un nouveau double, adulte cette fois en la personne de Charles AZNAVOUR qui d'ailleurs possède une certaine ressemblance avec lui. "Tirez sur le pianiste" peut être vu comme un hommage au cinéma américain qui a nourri les papes de la nouvelle vague (Jean-Luc GODARD, Francois TRUFFAUT, Jacques DEMY etc.) mais le roman noir de David Goodis (auteur également de l'oeuvre adaptée au cinéma sous le titre "Les Passagers de la nuit" (1946) avec le duo Humphrey BOGART et Lauren BACALL) est transposé dans la France populaire des années 60 et le film qui en résulte, s'il appartient incontestablement au genre du film noir est à la fois décalé et autobiographique. Décalé parce que les personnages ne correspondent pas aux archétypes attendus et pour cause: Francois TRUFFAUT est aussi à l'aise dans le monde des gangsters qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines. Alors il fait de son personnage principal un anti-héros chétif et rongé par la timidité et de ceux qui le poursuivent des pieds nickelés drôles et bavards. Surtout, la double identité du personnage principal, Edouard Saroyan le grand concertiste classique devenu Charlie Kohler le pianiste du bastringue où se produit Bobby LAPOINTE (on entend notamment "Marcelle" et "Framboise") n'est que le reflet de celle du réalisateur, écartelé entre son passé délinquant (symbolisé par les frères de Charlie) et son statut d'artiste célèbre. Avec ce film, Francois TRUFFAUT inverse également les rôles en inventant "l'homme fatal". "L'homme fatal" est l'homme de pouvoir et d'argent qui vient s'immiscer entre le pianiste et la femme qu'il aime. Qu'il se nomme Edouard ou Charlie, qu'il joue pour la haute bourgeoisie ou dans les pianos bar, le même schéma se reproduit: il se retrouve sous la coupe d'un impresario ou d'un patron qui vient faire obstacle au bonheur après lequel il court, provoquant à chaque fois un drame et une cassure dans sa vie. On retrouve d'ailleurs dans ce film la dualité vierge/putain qui caractérise nombre de femmes de l'univers de Francois TRUFFAUT. Pas seulement par le biais de la prostituée jouée par Michele MERCIER qui s'avère également très maternelle mais à l'intérieur même des personnages féminins, que ce soit celui de Thérèse (Nicole BERGER) qui cède aux avances de l'impresario pour favoriser la carrière d'Edouard ou celui d'Hélène (Marie DUBOIS) qui perd le respect de son patron quand elle se met à lui parler vulgairement. Les discours des personnages masculins, obsessionnellement tournés vers les femmes sont complètement polarisés, à l'image de la dualité du pianiste et de son environnement, cave et arrière-cour d'un côté, chalet de montagne et lieux mondains de l'autre.

L'héritage de "Tirez sur le pianiste" est remarquable, que ce soit aux USA avec Martin SCORSESE ou Quentin TARANTINO (un film comme "Inglourious Basterds" (2009) m'y fait penser particulièrement) ou en France avec Jacques AUDIARD (comment ne pas penser à "De battre mon coeur s'est arrete" (2005)?) ou encore en Espagne avec "They Shot the Piano Player" (2022).

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The Constant Gardener

Publié le par Rosalie210

Fernando Meirelles (2005)

The Constant Gardener

Même si quelques moments tapageurs lors des transitions entre les séquences m'ont gêné sur la forme, je ne partage pas les réserves des critiques que j'ai pu lire sur la vision de l'Afrique que donne le réalisateur Fernando MEIRELLES. Non, elle n'est pas filmée que de loin pour en exalter les fabuleux paysages du Kenya à la façon de la "Ferme africaine". Le film plonge dans les bidonvilles de Nairobi, sa capitale mais aussi dans des villages reculés pour montrer les facettes les plus sombres du postcolonialisme. On se rend compte au passage que "la Françafrique" ça marche aussi avec les anciennes colonies du Royaume-Uni. L'auteur du roman, John Le CARRE que l'on ne présente plus s'est d'ailleurs inspiré de faits réels qui se sont déroulés au Nigéria. A savoir l'utilisation de ses habitants les plus démunis, souvent séropositifs comme cobayes par les laboratoires pharmaceutiques occidentaux désireux d'écouler leur marchandise périmée à moindre coût mais aussi de tester leurs nouvelles molécules à peu de frais. Une sordide histoire de trafic humain exploité par le capitalisme sauvage sur fond de concurrence exacerbée, le tout couvert par les autorités. Là-dessus se greffe un thriller autour de l'assassinat dans des circonstances troubles d'une avocate anglaise qui défendait la cause des opprimés dans le cadre d'une ONG. Enquête menée par son mari diplomate qui avant sa mort, préférait "cultiver son jardin" que de se préoccuper du sort du monde. Mais à l'inverse de Candide, Justin sort de sa bulle pour se confronter au réel. Savoir ce qui est vraiment arrivé à sa femme mais également parvenir à la rejoindre par-delà la vie et la mort. C'est tout l'intérêt du film, surtout dans sa seconde partie de parvenir à osciller entre la cruauté du terrain alimenté par nombre d'aspects documentaires (les raids sur les villages par des bandits voleurs d'enfants, l'impuissance de l'ONU qui au nom de sa neutralité dans les conflits ne déplace aucun civil, thème que l'on retrouve dans "Warriors : L'impossible mission" (1999) etc.) et des échappées oniriques dans lesquelles Justin rencontre la plupart des protagonistes de l'affaire devenus des ombres qui vont l'aider, d'une manière ou d'une autre à reconstituer le puzzle. Tessa, l'avocate activiste est jouée par Rachel WEISZ a qui le rôle va comme un gant. J'ai cru revoir Hypatie, le personnage qu'elle a interprété quelques années plus tard dans "Agora" (2009), une femme puissante, passionnée et engagée au péril de sa vie. Face à elle, Ralph FIENNES est également très bon dans le rôle de son mari effacé qui va découvrir sa femme post-mortem en empruntant la route périlleuse qui mène jusqu'à elle.

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Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio)

Publié le par Rosalie210

Mauro Bolognini (1960)

Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio)

Revu "Le Bel Antonio" que j'avais acheté en DVD à l'époque où je regardais de nombreux films avec Marcello MASTROIANNI. Cette fois, la disponibilité du film sur les plateformes est liée au récent décès de Claudia CARDINALE. Bien que le rôle de Barbara Puglisi soit fort ingrat à porter, il permet déjà alors qu'elle débutait au cinéma d'admirer son extraordinaire beauté. Mauro BOLOGNINI qui fait partie de l'âge d'or du cinéma italien est assez méconnu chez nous. Pourtant, ce film très noir est assez remarquable. On y ressent par tous les pores de la peau une insupportable pression sociale de tous les instants qui accable le personnage d'Antonio, présenté par ses parents comme un Don Juan alors que nous savons depuis la première scène qu'il est fragile, dépressif et impuissant. Il fallait oser traiter d'un tel sujet à l'époque mais quand on sait que le scénario est de Pier Paolo PASOLINI et que Marcello MASTROIANNI qui ne supportait pas l'étiquette de "Latin Lover" qu'on lui avait collée à la suite de la "La Dolce vita" (1960) faisait tout pour casser son image, on comprend mieux l'existence d'un tel film. Un conte cruel, impitoyable vis à vis d'une société sicilienne hypocrite voire schizophrène alliant pudibonderie et patriarcat et vénérant par dessus tout les comportements sexuels "virils", c'est à dire fondés sur la conquête et la possession d'un maximum de corps de femmes, divisées en deux catégories bien marquées, les "saintes" et les "putains". Le scénario tord particulièrement le cou aux premières, incarnées par le personnage de Barbara qui passe en un éclair d'oie blanche à femme vénale à vendre au plus offrant. L'Eglise est particulièrement montrée du doigt, elle qui condamne le "péché de chair", proclame le mariage indissoluble mais n'hésite pas à l'annuler s'il n'a pas été "consommé" pour permettre une union plus "lucrative" (à tous les sens du terme). De toutes manière, du mariage jusqu'aux enterrements, tout est montré comme un spectacle où chacun exhibe ses signes de réussite (sexuelle et matérielle, l'argent ayant également une grande importance dans les stratégies matrimoniales) ou bien médit sur les autres. Dans ce cirque d'apparences, seul Antonio paraît authentique, c'est pourquoi il souffre et semble condamné à souffrir, même une fois les sacro-saintes apparences sauvées car il est prisonnier du rôle social qu'il doit jouer, sa dépression lui ôtant l'énergie qui lui aurait été nécessaire pour se révolter.

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Tellement proches !

Publié le par Rosalie210

Eric Toledano et Olivier Nakache (2009)

Tellement proches !

"Tellement proches!" est le seul film du tandem Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE que je n'avais pas encore vu. Je suis très fan de leur travail comme de leur état d'esprit mais avouons que dans leur filmographie il y a du très bon (leurs deux films les plus populaires, "Intouchables" (2011) et "Le Sens de la fete" (2016), les deux saisons de "En Therapie" (2020), "Samba" (2014), "Hors Normes") (2019) mais aussi du moins bon comme leur dernier film sorti en salles quelque peu décevant, "Une annee difficile" (2022) ou à l'inverse le tout premier "Je prefere qu'on reste amis..." (2005), impersonnel. "Tellement proches!", leur troisième film, plus abouti que le précédent, "Nos jours heureux" (2006) sorte de brouillon de "Le Sens de la fete" (2016) est véritablement leur premier bon cru. Constamment drôle, bien rythmé mais avec une émotion sous-jacente qui surgit à la surface lors d'une dernière scène qui donne sens à l'ensemble, le film va plus loin que la satire sociale qu'il semble être au premier abord.

L'idée de départ n'est pas originale pourtant: celle du sempiternel dîner familial imposé durant lequel certains affichent leur soi-disant réussite pendant que d'autres tentent sans succès de s'y soustraire ou viennent avec une pièce rapportée de fortune pour faire croire qu'ils sont en couple. Là où cela devient déjà plus original c'est que toute cette comédie se fait par progéniture interposée. Les hôtes (Francois-Xavier DEMAISON et Audrey DANA) qui présentent bien et donnent des leçons de vie ont transformé leur fille en singe savant tandis que leur beau-frère adulescent et sans situation (Vincent ELBAZ) ne parvient pas à maîtriser son gamin hyperactif qui met la pagaille partout où il passe sous les yeux exaspérés de Nathalie, sa femme au bord de la crise de nerfs (Isabelle CARRE). Enfin Roxanne, la soeur de Nathalie (Josephine De MEAUX) qui n'en peut plus d'être célibataire et sans enfants jette son dévolu sur un interne en médecine (Omar SY dans son premier rôle important) qui lui n'en peut plus d'être pris pour l'homme de ménage de l'hôpital où il travaille.

A partir de cette situation de base déjà dysfonctionnelle, le tandem va évidemment faire dérailler tout ce petit monde façon "pétage de plombs": le père adulescent retourne chez son propre père pas tellement plus mature (Jean BENGUIGUI en obsédé sexuel dont les méthodes de séduction laissent pour le moins perplexes), Nathalie transforme son appartement en "bollywoodland" en accueillant une famille indienne sur le point de se faire expulser, le père du singe savant s'avère être un avocat fauché qui traite avec des petits voyous, la mère qui a inscrit leur fille dans une école juive élitiste, devient intégriste et accueille la communauté chez eux (hilarant) alors que les relations entre Roxanne et son interne qui s'utilisent l'un l'autre sont orageuses. Et au milieu de tout ce "délire" que l'on pourrait trouver outrancier, il y a le gamin hyperactif qui se fait rejeter ou bien que l'on veut "normaliser" mais qui semble pourtant avoir une idée en tête: ramener "Pipo" à la maison, le personnage que son père jouait quand il était GO du Club Med à Chamonix. Une idée pas si bête qu'elle en a l'air et qui vaut bien toutes les "thérapies".

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