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Rusty James

Publié le par Rosalie210

Francis Ford Coppola (1983)

Rusty James

"Rusty James" est l'un des deux volets du diptyque que Francis Ford COPPOLA a consacré à l'adolescence au début des années 1980 à partir de deux romans de Susan E. Hinton (qui a participé à l'écriture du scénario) en conservant la même équipe et les mêmes lieux de tournage à Tulsa dans l'Oklahoma. D'ailleurs les films ont été réalisés en même temps. Mais si "Outsiders" (1983) est classique dans sa forme, "Rusty James" relève plutôt du cinéma expérimental. Tourné dans un noir et blanc expressionniste, "Rusty James" contient plusieurs trouvailles formelles, notamment celles qui se rapportent au dérèglement sensoriel de son grand frère surnommé "Motorcycle boy". Alors qu'on nous présente ce dernier comme un dangereux chef de gang dont le nom s'affiche sur tous les murs et dont l'aura est d'autant plus grande qu'il a disparu de la circulation pour une virée au soleil de la Californie, le voilà qui réapparaît, bien différent de la réputation qui l'accompagne. C'est sa vision du monde que le film épouse: privée de couleurs (il est daltonien) à l'exception de celles des poissons d'aquarium, les "rumble fish" du titre en VO à qui il souhaite rendre leur liberté*, et déréglée sur le plan sonore en référence à sa surdité. Lui-même parle avec une voix extrêmement douce qui est presque un murmure. Surtout, "Motorcycle boy" ne revient pas pour reprendre son rôle de gangster mais pour protéger et aider son petit frère à échapper à la fatalité à laquelle lui-même semble condamné (fatalité incarnée par le personnage du flic) dans une sorte de pulsion sacrificielle. Pour rajouter une couche de mythification, tout chez "Motorcycle boy" rappelle le Marlon BRANDO de "L'Equipee sauvage" (1953) et celui-ci est incarné par un Mickey ROURKE au visage alors magnétique, à la fois beau et désabusé. Rusty James, dont le patronyme est prononcé comme un mantra tout au long du film évoque quant à lui le James DEAN de "La Fureur de vivre" (1955) et est incarné par Matt DILLON. Au petit jeu des références, la première bagarre évoque très fortement "West Side Story" (1960) et les scènes de billard préfigurent "L'Impasse" (1993). Sans parler du père alcoolique des deux garçons, joué par Dennis HOPPER.

Mais derrière la forme travaillée d'un film qui ressemble à un songe mais frôle trop souvent l'exercice de style maniériste, on reconnaît les leitmotiv du cinéma de Francis Ford COPPOLA: la marginalité, la violence ou encore le désir d'échapper au déterminisme familial et/ou social. Francis Ford COPPOLA aime d'ailleurs faire tourner des acteurs appartenant à des familles de cinéma, à commencer par la sienne propre: son neveu, Nicolas CAGE tient un rôle secondaire dans le film tout comme Chris PENN, le frère de Sean PENN.

* Une métaphore limpide, à l'image du "Fish tank" (2009) de Andrea ARNOLD.

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Noces de sang (Bodas de sangre)

Publié le par Rosalie210

Carlos Saura (1981)

Noces de sang (Bodas de sangre)

La captation d'une répétition du ballet flamenco "Noces de sang", d'après la pièce de théâtre de Federico Garcia Lorca par le danseur et chorégraphe Antonio Gades et sa troupe. On voit les danseurs dans leurs préparatifs puis s'échauffer, puis effectuer un filage du spectacle. En voix-of, Antonio Gades évoque le parcours singulier qui l'a amené à devenir danseur et chorégraphe. La fascination que procure ce court documentaire tient au contraste entre le dépouillement du dispositif et la puissance d'évocation procurée par la musique, la chorégraphie, les costumes et les maquillages. Il faut dire que la pièce est d'une simplicité extrême: deux hommes, le mari et l'amant, se battent à mort pour une femme, le jour de ses noces. C'est épuré mais extrêmement expressif: la meilleure façon de commencer une trilogie consacrée au flamenco que Carlos SAURA poursuivra avec "Carmen" (1984) et "L'Amour Sorcier" (1986), en collaboration également avec Antonio Gades. A noter que "Noces de sang" est aussi le premier volet d'une trilogie chez Federico Garcia Lorca, avant "Yerma" et "La maison de Bernarda Alba".

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Breezy

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1973)

Breezy

Troisième film de Clint EASTWOOD, "Breezy" marque le premier tournant radical dans sa carrière. D'abord parce qu'il s'efface (presque) totalement du paysage en confiant le rôle principal à William HOLDEN, lui-même se considérant trop jeune pour le rôle. Il n'apparaît donc plus que de sous forme de clins d'oeil à la manière de Alfred HITCHCOCK. Ensuite parce que cet effacement se combine avec une déconstruction de son image de dur à cuire promenant sa silhouette dans les films de genre testostéronés, du western au polar. "Breezy" est en effet une comédie sentimentale basée sur la rencontre entre deux êtres que tout oppose: un agent immobilier quinquagénaire désabusé et une jeune hippie exubérante. Leurs échanges chaleureux et souvent plein d'humour dégagent beaucoup de charme grâce à l'alchimie palpable entre les deux acteurs mais aussi grâce aux qualités de l'écriture et de la mise en scène. La question de la différence d'âge est questionnée (alors que dans tant de films hollywoodiens classiques, celle-ci reste impensée et donnée comme évidente) non comme ce serait le cas aujourd'hui comme expression de la domination patriarcale mais pour ce qu'elle représente métaphoriquement: la possibilité de réenchanter l'existence, de lui donner un sens qu'elle avait perdu. Possibilité qui se heurte au jugement social auquel est très sensible Frank qui a un statut social contrairement à Breezy qui est libre comme l'air mais aussi aux blessures liées à ses échecs sentimentaux passés. Des doutes et des hésitations qui n'empêchent pas celui-ci de goûter aux joies de l'instant présent. Celui-ci est capturé avec beaucoup de finesse. Une promenade au bord de l'océan, une étreinte prennent une saveur particulière.

A sa sortie, le film fut logiquement incompris, peu vu et peu montré mais aujourd'hui, il bénéficie d'un regain d'intérêt, par ses qualités propres mais aussi comme premier jalon d'une veine sentimentale intimiste et sensible qui ne sera pleinement dévoilée au grand public qu'avec le triomphe de "Sur la route de Madison" (1995).

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Sully

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (2016)

Sully

J'ai beaucoup aimé "Sully" qui déjoue avec intelligence les attentes du spectateur. Alors qu'un tâcheron aurait tiré de cette histoire vraie un film catastrophe bourré d'effets spéciaux envahissants ou un récit édifiant célébrant triomphalement l'héroïsme américain, Clint EASTWOOD situe son récit après les faits et interroge la notion de héros d'une manière pas si différente de Asghar FARHADI dans "Un heros" (2020). Car le héros, c'est celui qui est reconnu comme tel par la société et les institutions comme la sainteté et la panthéonisation et pendant une heure trente (et pas deux heures ou deux heures trente, aucune scène en trop dans ce film au rythme parfaitement maîtrisé), ce qualificatif est discuté pour qualifier l'acte du commandant qui n'a eu que quelques minutes pour prendre la décision de poser son appareil accidenté sur l'Hudson. D'un côté les passagers qui lui sont reconnaissants de les avoir sauvés lui manifestent un enthousiasme débordant sans parler des médias qui en font des tonnes. De l'autre, le Conseil national de la sécurité des transports, le N.T.S.B. déclenche une enquête en mettant en doute la pertinence de son jugement, l'accusant d'avoir mis en danger les passagers et d'avoir abîmé en mer l'appareil alors qu'il aurait eu le temps d'après leurs calculs et simulations de faire-demi tour et de revenir à l'aéroport de départ ou bien de se poser dans un aéroport à proximité. Face à ces deux pôles opposés, l'un, émotionnel, le mettant sur un piédestal et l'autre, se voulant rationnel menaçant son honneur et sa carrière, Sully, impeccablement joué comme toujours par Tom HANKS oppose son humilité, celle du professionnel compétent qui a juste fait son travail. Son humanité aussi qui peut s'appuyer sur l'intuition là où la machine est limitée par la rigidité de ses calculs. Là dessus se rajoute au travers de flashbacks offrant des points de vue différents sur le même événement à la manière de "Rashomon" (1950) la mise en évidence de l'aspect collectif du sauvetage: le sang-froid de l'équipage, la discipline des passagers, la rapidité des secours qui se rendent en quelques dizaines de minutes autour de l'appareil sinistré et se coordonnent pour récupérer les passagers transis de froid. Un antidote aux maux de l'Amérique à commencer par les flashs du crash qui hantent Sully et qui se rapportent tous au stress post-traumatique du 11 septembre 2001.

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Honkytonk Man

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1982)

Honkytonk Man

Pour les 95 ans de Clint EASTWOOD, la Cinémathèque propose de voir ou de revoir quelques uns de ses films parmi lesquels ce "Honkytonk man" du début des années 80. Un film personnel qu'il réalise entre deux succès commerciaux, "Firefox, l'arme absolue" (1982) et "Sudden Impact - Le retour de l'inspecteur Harry" (1983) et qui lui permet d'échapper à l'image stéréotypée de macho viril qui lui collait aux basques à une époque où il n'était pas encore considéré comme un réalisateur "sérieux".

"Honkytonk man" se déroule durant la crise des années 30, époque de l'enfance de Clint EASTWOOD et son point de départ évoque "Les Raisins de la colere" (1940): une famille de paysans de l'Oklahoma qui a tout perdu avec le dust bowl s'apprête à partir pour la Californie. Mais à ce destin collectif si bien raconté par Steinbeck et John FORD qui jette la classe paysanne sur la route 66, Clint EASTWOOD vient proposer le cheminement singulier de son anti-héros, sorte de "Inside Llewyn Davis" (2013) avant l'heure. Musicien country se produisant dans les bars miteux du sud des USA, Red Stovall à l'image de son interprète aime aussi le blues et se joue des barrières raciales en vigueur à cette époque. Homme solitaire et quelque peu vagabond, Il va prendre avec lui son neveu de 14 ans, Whit (joué par le propre fils de Clint EASTWOOD, Kyle EASTWOOD) et l'entraîner dans sa vie bohème, lui permettant d'échapper au parcours du reste de sa famille. "Honkytonk man" est donc un récit d'apprentissage et de transmission comme Clint EASTWOOD en réalisera d'autres dans sa carrière, en premier lieu "Un monde parfait" (1993) auquel on pense beaucoup par son caractère de road movie et par le fait qu'un enfant dont la vie semblait décidée d'avance voit celle-ci prendre un tour inattendu, lui ouvrant l'horizon des possibles avec un plan final qui évoque très fortement celui de "Les Temps modernes" (1936). On peut y ajouter également le fait que les jours de l'adulte sont comptés, Red n'étant pas un repris de justice en cavale comme Butch mais un malade miné par la tuberculose qui n'aura pas le temps d'entendre les chansons qu'il aura eu tout juste le temps d'enregistrer.

A travers ce film, Clint EASTWOOD rend hommage au chanteur Hank Williams qui a inspiré le personnage de Red, notamment son style de musique, son objectif de passer une audition pour interpréter ses titres en live dans une émission de radio, le Grand Ole Opry à Nashville où Hank Williams s'est produit à partir de 1949, son alcoolisme et sa mort prématurée. Preuve que fiction et réalité se mélangent, Kyle EASTWOOD est devenu musicien de jazz et compositeur, notamment sur les bandes originales des films de son père.

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Outrage

Publié le par Rosalie210

Ida Lupino (1950)

Outrage

Lorsque Arte a proposé un cycle consacré à Ida LUPINO en 2023 qui me l'a fait découvrir, il manquait hélas plusieurs de ses films dont "Outrage" (1950). La Cinémathèque de Paris a également programmé une rétrospective consacrée à la réalisatrice américaine qui montrait tous ses films mais dans la deuxième quinzaine de juillet 2025 alors que comme beaucoup, j'étais partie en vacances. Reste le site "Internet Archives movies" qui a mis en ligne gratuitement de très nombreux classiques mais sans sous-titrage ou avec des sous-titrages en langue étrangère. Autrement dit, pour profiter de leur catalogue, il faut maîtriser un minimum l'anglais.

"Outrage" est connu pour son sujet avant-gardiste en 1950: la description des conséquences traumatiques d'un viol. Le mot n'est pas prononcé frontalement car prohibé par le code Hays mais finalement, ce non-dit reflète bien l'état d'esprit puritain des bourgades américaines. L'agression dont elle est victime a pour pour effet de faire passer Ann, jeune employée de bureau modèle sur le point de se marier de l'autre côté du miroir. Tout d'un coup son environnement familier devient étranger, hostile, tout paraît faux et vain. La mise en scène sensorielle et expressionniste est remarquable, nous plongeant dans la tête d'Ann, aussi bien quand elle tente de fuir son agresseur dans une séquence de course-poursuite nocturne angoissante qui rappelle "M le Maudit" (1931) que lorsqu'elle tente de reprendre le travail sous le regard pesant de ses collègues. Ann ne parvient pas à reprendre sa vie d'avant et se décide à fuir sous le poids de la honte. Ce mécanisme de renversement de la culpabilité dans lequel la victime se sent coupable est hélas bien connu et pour beaucoup d'entre elles, l'exil est la seule issue avec l'espoir de recommencer à zéro. Mais il n'est pas si facile de se débarrasser de son passé qui ressurgit entre sa famille et la police qui la recherche et un homme trop entreprenant qui réactive son traumatisme et voit en retour s'abattre sur lui un déluge de violence. La fin est cependant quelque peu moralisatrice, conventionnelle et décevante. Même si le personnage du pasteur cherchant à ramener sur le droit chemin la brebis égarée donne à Ann une autre image des hommes exempte de lubricité, la manière dont elle s'agenouille devant lui pour écouter sa bonne parole n'est guère progressiste. Il manque bien évidemment une approche plus humaine et donc plus faillible du pasteur d'autant que de nos jours, on est revenu de l'illusion de la prétendue sainteté des hommes d'Eglise.

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Miroirs No. 3

Publié le par Rosalie210

Christian Petzold (2025)

Miroirs No. 3

J'avais beaucoup aimé "Le Ciel rouge" (2023), le précédent film de Christian PETZOLD qui m'avait fait découvrir ce réalisateur allemand et retrouver deux acteurs de sa "troupe" que j'aime beaucoup: Paula BEER sa "muse" et Matthias BRANDT, le fils de Willy, chancelier de la RFA au début des années 1970 à l'origine de "l'Ostpolitik" ou politique de rapprochement entre la RFA et la RDA. "Miroirs n°3" titre de son nouveau film est une référence musicale à l'une des cinq pièces pour piano composée par Maurice Ravel, "Une barque sur l'océan" (un compositeur qui décidemment inspire les cinéastes) et se raccorde je pense à la philosophie dans laquelle a été composée cette oeuvre, résumée par cette citation extraite du Jules César de Shakespeare "La vue ne se connaît pas elle-même avant d'avoir voyagé et rencontré un miroir où elle peut se reconnaître".

De fait, "Miroirs n°3" a des résonances avec l'oeuvre de Ravel et la citation de Shakespeare. Il s'agit en effet d'une histoire de reconnaissance quand Laura qui étudie le piano à Berlin (Paula BEER) croise sur une route de campagne le regard de Betty (Barbara AUER dont c'est la septième collaboration avec Christian PETZOLD), une sexagénaire esseulée. Le film vient de commencer, on ne sait à peu près rien, sinon que Laura est dépressive (voire suicidaire, l'ouverture le suggère), désaccordée de son compagnon qui comme par hasard disparaît du paysage juste après que le regard des deux femmes se soient croisés. Sorcellerie? En tout cas il y a du registre du conte dans le film quand Betty recueille Laura en état de choc sous son toit qui souhaite également rester. Celle-ci se moule dans le vide laissé par quelqu'un d'autre (pianiste évidemment) sans chercher à savoir qui est le fantôme qui habite la maison, elle fait revenir le mari et le fils de Betty qui s'étaient éloignés, bref une sorte de magie s'installe jusqu'à ce qu'en une seule scène, le charme ne soit rompu. Mais de cette expérience semble sortir un renouveau tant pour Laura que pour Betty et sa famille: de la reconnaissance émerge une renaissance.

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Tim Burton, un monstre de cinéma

Publié le par Rosalie210

Sophie Peyrard (2025)

Tim Burton, un monstre de cinéma

Documentaire pertinent sur Tim BURTON qui permet bien de cerner sa personnalité et l'aspect autobiographique de son oeuvre. Son enfance dans une banlieue proprette de Los Angeles où il passe pour un "freak" avec ses goûts pour les films de monstres et sa propension à passer du temps dans les cimetières forme la toile de fond de son inspiration jusqu'à "Mercredi" (2022). Bien qu'ayant tout pour réussir, un talent remarquable pour le dessin qu'il pratique comme il respire, le fait de vivre près de l'usine à rêves, sa formation d'animateur au service des studios Disney, son univers macabre et gothique ne cadre pas avec l'image de la firme. Aussi il voit ses réalisations parfois placardisées (avant de devenir cultes) ou avortées: "Frankenweenie" (1984), "L'Etrange Noel de Monsieur Jack" (1991), le troisième volet de Batman, son projet de Superman avec Nicolas CAGE etc. Mais c'est avec un regard amusé que Tim BURTON revient sur les frayeurs des esprits conservateurs à son égard. Le film évoque aussi son père de cinéma, Vincent PRICE bien que son apparition dans "Edward aux mains d'argent" (1990) ne soit pas mentionnée et les acteurs récurrents de sa filmographie: Michael KEATON, Winona RYDER, Johnny DEPP, Helena BONHAM CARTER.

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Les Goonies (The Goonies)

Publié le par Rosalie210

Richard Donner (1985)

Les Goonies (The Goonies)

Je n'avais plus aucun souvenir du film ce qui a l'avantage de le redécouvrir comme si c'était la première fois. Impossible de ne pas penser à une déclinaison pour enfants d'Indiana Jones d'autant que Martha PLIMPTON est de la partie, elle qui a été la petite amie de River PHOENIX et a joué auprès de lui dans "Mosquito Coast" (1986) et "A bout de course" (1988) peu avant que ce dernier n'incarne Indiana adolescent dans "Indiana Jones et la derniere croisade" (1989).

Quarante ans plus tard, le film fonctionne encore très bien et suscite la nostalgie d'une époque révolue, au point que Radio France a titré l'émission consacrée au film en 2021, "Les aventuriers de l'enfance perdue"! Les années 80 ont été en effet riches en films mettant en scène des bandes d'enfants et/ou d'ados intrépides comme "Explorers" (1984) et "Stand By Me" (1986) tous deux indissociables là encore du visage éternellement juvénile de River PHOENIX dont l'ombre plane décidément sur ces "Goonies". Autre figure incontournable, Steven SPIELBERG, réalisateur des Indiana Jones qui a co-produit et écrit l'histoire, également scénarisée par un autre grand nom du film pour enfants, Chris COLUMBUS. Deux enfants ayant déjà travaillé avec Steven SPIELBERG font d'ailleurs partie du casting: Jonathan Ke QUAN alias Data, "l'inspecteur Gadget" des Goonies n'est autre que le demi-lune de "Indiana Jones et le temple maudit" (1984) et Corey FELDMAN (Mouth, la grande gueule) qui figurait déjà au casting de "Gremlins" (1984), autre film culte de cette époque dont Steven SPIELBERG était le producteur. Et puis comme il s'agit d'un tout petit monde, on ne sera pas surpris d'apprendre que Corey FELDMAN a joué aussi dans "Stand By Me (1986). Néanmoins les deux enfants de la bande qui sont aujourd'hui les plus connus sont Josh BROLIN et Sean ASTIN qui jouent les deux frères Brand et Mikey Walsh. La bande de copains qui chasse le trésor du pirate Willy-le-Borgne incarne le melting-pot américain entre Mouth qui parle espagnol, Chunk le glouton baratineur qui est juif et parle hébreu ou Data qui est asiatique. Face à eux, des antagonistes savoureux avec la bande de pieds-nickelés des Fratelli (un nom qui sonne très italien!) dominés par une mère patibulaire et un "bon gros géant".

La question de donner une suite aux "Goonies" est un véritable serpent de mer qui a ressurgi récemment lorsque la Warner a annoncé qu'elle était en préparation pour une sortie à l'horizon 2030. Se raccrocher aux succès d'il y a quarante ans et aux survivants de cette époque souligne à quel point l'industrie hollywoodienne est aujourd'hui une machine qui tourne à vide.

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Nastassja Kinski, une vie à soi

Publié le par Rosalie210

Marie-Gabrielle Fabre (2023)

Nastassja Kinski, une vie à soiNastassja Kinski, une vie à soi
Nastassja Kinski, une vie à soiNastassja Kinski, une vie à soi

Le titre est sans doute une référence à l'essai de Virginia Woolf, "Une chambre à soi" qui analyse les causes des difficultés d'accès des femmes à la création artistique et plus généralement à l'autonomie. L'émancipation est en effet au coeur de ce documentaire passionnant rempli d'archives inédites qui permet de cerner les contours d'une personnalité unique longtemps inféodée aux besoins des autres.

Le parcours hors-normes de Nastassja KINSKI c'est d'abord le paradoxe de porter un nom célèbre tout en n'ayant pas eu de parents dignes de ce nom. Ecrasée par un père tyrannique et incestueux qui l'a abandonnée dans sa petite enfance, elle a été négligée par une mère immature dont elle a dû partager les errances au point d'avoir dû très jeune renverser les rôles et la prendre en charge pour sa propre survie. On réalise alors combien son premier rôle au cinéma dans "Faux mouvement" (1975) reflète ce qu'elle était à 13-14 ans: une vagabonde privée de voix par une figure paternelle totalitaire et une mère aux abonnées absents. Le paradoxe d'un cinéma à la fois salvateur puisqu'elle y trouvera un port d'attache et une seconde famille et destructeur en ce qu'il poursuit son instrumentalisation par les adultes, principalement les hommes dominant ce milieu. Entre leurs mains, Nastassja KINSKI devient une lolita devant se plier à leurs fantasmes, principalement axés sur le viol et l'inceste.

C'est dans ce contexte qu'elle décroche son premier rôle majeur dans "Tess" (1979) de Roman POLANSKI. Une rencontre paradoxale comme l'est ce réalisateur aujourd'hui indissociable des violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. Roman POLANSKI coche toutes les cases: amateur de "nymphettes" comme l'aurait dit un certain Bernard PIVOT, il devient son pygmalion dans une relation d'emprise qui en évoque d'autres épousant le même schéma patriarcal (Benoit JACQUOT et Judith GODRECHE pour ne citer qu'eux). En même temps, "Tess" la propulse sur la scène internationale et lui ouvre les rôles de premier plan auprès de cinéastes majeurs et bien qu'ayant dû se libérer de l'emprise de Roman POLANSKI qui cherchait à contrôler sa vie, elle est restée proche de lui. Sans doute parce qu'en dépit de tout, il a été un repère en lui ouvrant les portes du cinéma (son premier "lieu à elle" d'après ses propos qui résonnent avec le titre du documentaire) en lui donnant un rôle valorisant et qui lui ressemble, celui d'une jeune fille intègre et tenace face à l'adversité. Sans doute aussi parce qu'il l'a aidée à s'améliorer sur le plan artistique et qu'ils ont nombre de points communs. Une rencontre qui lui a donc donné les clés pour son émancipation future alors même que son adolescence délinquante lui avait valu quelques jours de prison en Allemagne en 1978 quand elle était encore mineure. Comme quoi rien n'est tout noir ou tout blanc alors que notre époque déteste les nuances de gris...

L'autre cinéaste marquant de sa carrière, c'est Wim WENDERS. Polyglotte, sans racines et sans frontières, comme elle et comme Roman POLANSKI. Alors qu'il est précisé dans le documentaire qu'elle refusait de rejouer pour un même cinéaste (sans doute par peur de tomber sous son emprise), elle a fait une exception pour lui, tournant dans trois de ses films, un à chaque décennie entre les années 70 et les années 90. Comme pour "Tess", ceux-ci constituent des repères, enregistrant des étapes-clés de sa vie. Son adolescence erratique et sous emprise dans "Faux mouvement" (1975), son émancipation d'un homme possessif (et bien plus âgé, toujours...) et son accès à la maternité dans "Paris, Texas" (1984) qui fait d'elle en même temps une icône gravée à jamais dans l'histoire du cinéma. "Si loin, si proche!" (1993) enfin qui définit bien sa relation au cinéma, faite d'éclipses pendant lesquelles elle se consacre à ses enfants pour qui elle a voulu être la mère qu'elle n'a pas eu. Oui, un destin hors-normes qui donne envie de la revoir très vite sur les écrans ("Tess" (1979) ressort en version restaurée mais on a également envie de voir tous les films confidentiels qu'elle a tourné et qui n'ont jamais été distribués en France).

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