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L'Ours et la poupée

Publié le par Rosalie210

Michel Deville (1969)

L'Ours et la poupée

D'un côté un musicien de l'ORTF campagnard au mode de vie modeste et rustique à la tête d'une famille composée de son petit garçon, des trois petites cousines de celui-ci, d'un gros chien prénommé "Sully" et d'un chat répondant au prénom de "Prud'homme". De l'autre, une bourgeoise sophistiquée de la ville enchaînant les fêtes et les divorces dans son hôtel particulier typé début des années 70. Un contraste de mode de vie bien marqué avec l'utilisation du montage alterné et de styles musicaux totalement différents. Jusqu'à ce que la 2CV de l'un et la Rolls Royce de l'autre se percutent et que Félicia ne se mette en tête de conquérir Gaspard qui lui résiste obstinément. L'enchaînement des combines diverses et variées de Félicia pour parvenir à ses fins est un peu inégale et la participation des enfants, du chien et du chat dans cette danse de séduction n'est pas aussi bien exploitée qu'elle aurait pu l'être. Certes, il n'y a pas d'os de brontosaure dans le jardin ni de panthère dans l'un des coins mais les grosses lunettes de Cary GRANT sont bien perchées sur le nez de Jean-Pierre CASSEL tandis que la diva capricieuse et snob jouée par Brigitte BARDOT tente le même subterfuge que Katharine HEPBURN dans "L'Impossible monsieur Bebe" (1937) (modèle revendiqué de Michel DEVILLE et sa scénariste Nina COMPANEEZ): inverser les rôles en se comportant en homme auprès d'un Jean-Pierre CASSEL subitement effarouché. C'est d'ailleurs l'une des meilleures scènes du film qui fait ressortir le côté masculin de l'une et la grâce féminine de l'autre. Mais le film s'essouffle de nouveau sur la fin qui est mise en scène assez platement. Dommage. Une dernière remarque: la scène dans laquelle Gaspard qui résiste encore et toujours aux assauts répétés de Félicia (par orgueil?) se met à couper du bois à 3h du matin m'a fait penser à celle de "La Femme au corbeau" (1928) dans laquelle Charles FARRELL, chauffé à blanc par Mary DUNCAN part décharger ses pulsions inassouvies en allant coupant du bois dans la forêt.

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Un Monsieur de compagnie

Publié le par Rosalie210

Philippe de Broca (1964)

Un Monsieur de compagnie

Quatrième et dernier film du tandem Philippe de BROCA/Jean-Pierre CASSEL, "Un monsieur de compagnie" bien qu'adoptant certaines de recettes de "L'Homme de Rio" (1964) (le technicolor, les lieux de tournage internationaux, l'aspect BD) s'est fait complètement éclipser par le succès du film avec Jean-Paul BELMONDO. C'est peut-être la raison de la rupture avec celui qui était jusque là son alter ego. Mais de toutes façons, il aurait fallu y mettre un terme, la recette commençait sérieusement à sentir le réchauffé. D'autant que contrairement aux premiers films, les aspects les plus charmants du personnage joué par Jean-Pierre CASSEL à savoir ses qualités d'acrobate et de danseur sont mises en sourdine ou presque (lorsqu'il pose nu, c'est un spectacle plutôt agréable à regarder) au profit de facettes beaucoup plus discutables. On comprend dès les premières images que Philippe de BROCA rejette le modèle social dominant de son époque, le "métro-boulot-dodo", le travail à l'usine et la vie de famille encasernée dans de grands ensembles. Mais pour lui substituer quoi? L'existence d'un oisif qui utilise ses charmes et une bonne dose de culot (avec des recettes éprouvées déjà testées dans les films précédents) pour s'immiscer dans la vie de gens naïfs ou frivoles, hommes nantis et femmes légères pour profiter d'eux (essentiellement pécuniairement et sexuellement) et se défiler dès qu'il est question d'engagement. Avec parfois un humour franchement douteux. Aujourd'hui, la blague consistant à faire croire à l'homme qui l'héberge qu'il a possédé toutes ses filles y compris celles qui ont moins de 12 ans ne fait plus rire du tout, elle créé le malaise. Et la fin, franchement nihiliste rend explicite ce que "Les Jeux de l'amour" (1959) ou "Le Farceur" (1960) ne faisaient que suggérer: l'homme est coincé dans un ruban de Moebius, autrement dit dans une impasse qu'incarne parfaitement le personnage de Catherine DENEUVE alors à son prime: hyper désirable tant qu'elle reste à l'état d'apparition inaccessible puis rebutante une fois le désir accompli. Il était grand temps d'injecter du sang neuf dans le système, venu de la nouvelle vague avec laquelle Philippe de BROCA entretenait un certain cousinage (Jean-Paul BELMONDO mais aussi Raoul COUTARD qui est le chef opérateur du "Monsieur de compagnie").

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Les Jeux de l'amour

Publié le par Rosalie210

Philippe de Broca (1959)

Les Jeux de l'amour
Les Jeux de l'amour

Premier long-métrage de Philippe de BROCA, "Les jeux de l'amour" est comme son titre l'indique un marivaudage entre trois amis inséparables: Victor, Suzanne et François. Les deux premiers vivent ensemble depuis deux ans mais Victor refuse de se marier et de fonder une famille. Il préfère de son propre aveu papillonner dans les caves de Saint-Germain des Prés. Victor, c'est le bondissant Jean-Pierre CASSEL appelé à devenir le double de Philippe de BROCA dans la première partie de sa filmographie. Il compose un personnage dérivé de la screwball comédie, elle-même dérivée du burlesque. Une sorte de zébulon souple et gracieux, toujours en mouvement qui dicte le tempo aux autres et à la mise en scène elle-même. Certains passages de "Les jeux de l'amour" se rapprochent d'ailleurs de la comédie musicale (c'est la première collaboration avec Georges DELERUE qui deviendra le compositeur attitré du cinéaste). C'est également dans ce film que l'on réalise le mieux la parenté entre Philippe de BROCA et la nouvelle vague même si par d'autres aspects (les dialogues par exemple) on est plus proche du théâtre. Le film est co-produit par Claude CHABROL pour qui Philippe de BROCA a travaillé en tant qu'assistant-réalisateur et Claude CHABROL fait même une courte apparition dans le film. La parenté avec la nouvelle vague, c'est aussi le tournage en extérieurs, une caméra qui à l'image du personnage principal a la bougeotte, la mise au premier plan d'une "culture jeune", l'influence du cinéma américain et le refus des conventions bourgeoises qu'incarne François (Jean-Louis MAURY). Entre le peintre inconséquent mais libre comme l'air et le terne agent immobilier terre-à-terre, Suzanne (Genevieve CLUNY) qui réclame à Victor de prendre ses responsabilités tout en fuyant François par le mouvement et la fantaisie cherche à concilier le beurre et l'argent du beurre. Autrement dit elle peut encore chercher longtemps.

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Le Farceur

Publié le par Rosalie210

Philippe de Broca (1960)

Le Farceur

Il danse, il saute, il court, il virevolte dans un tourbillon permanent, l'infatigable Edouard Berlon alias Jean-Pierre CASSEL. Mais pourquoi, pourquoi n'a-t-il pas pu davantage déployer ses évidentes qualités d'acrobate et de danseur au sein du cinéma hexagonal? Il aurait pu être notre Fred ASTAIRE ou notre Gene KELLY national. Après avouons que les débouchés étaient minces, la comédie musicale n'étant pas une spécialité dans notre pays mais je j'aurais bien vu dans "Les Demoiselles de Rochefort" (1966), il a d'ailleurs chanté quelques années plus tard en duo avec Michel LEGRAND "La chanson de Maxence".

Même si on peut nourrir quelques regrets, il déploie un sacré abattage dans "Le Farceur" qui tourne autour de cet "amoureux de l'amour" immature toujours en quête de nouvelles conquêtes, toujours insatisfait et condamné donc à courir pour le restant de ses jours sur un ruban de möbius. Mais Philippe de BROCA a construit autour de lui un véritable petit univers familial déjanté d'artistes amateurs en tous genres (musique, photo, danse, écriture, dessin) vivant en vase clos qui m'a rappelé "Vous ne l'emporterez pas avec vous" (1938). Surtout que par contraste avec ce joyeux capharnaüm, la femme du moment que cherche à séduire Edouard est une grande bourgeoise (jouée par Anouk AIMEE) qui s'ennuie avec son mari industriel caricaturé comme dans un film de Jacques TATI. Celle-ci est partagée entre d'un côté l'ennui abyssal de son quotidien et de l'autre une réserve qu'elle ne parviendra jamais à abolir avec Edouard et son monde qui pourtant ne ménage pas ses efforts pour la séduire, jusqu'à ce qu'il passe à autre chose. C'est mené tambour battant avec l'excellente musique de Georges DELERUE et un tempo qui ne faiblit jamais. Tiens, une autre référence américaine me vient en matière de comédie loufoque mettant en scène une famille déjantée vivant en vase clos, celle de "Arsenic et vieilles dentelles" (1941): nul doute que Philippe de BROCA connaissait ses classiques et notamment un certain Frank CAPRA!

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Un simple accident (Yek tasadef sadeh)

Publié le par Rosalie210

Jafar Panahi (2025)

Un simple accident (Yek tasadef sadeh)

Il s'agit seulement de la deuxième palme d'or iranienne depuis la création du festival de Cannes. La première, c'était en 1997 pour "Le Gout de la cerise" (1997) partagée avec "L'Anguille" (1997). Cette fois, Jafar PANAHI trône seul au sommet de l'Olympe, lui qui a commencé comme assistant-réalisateur de Abbas KIAROSTAMI, le réalisateur de "Le Gout de la cerise" (1997). A mon goût, c'est trop peu: Mohammad RASOULOF (pour "Les Graines du figuier sauvage") (2023) et Saeed ROUSTAYI (pour "Leila et ses freres") (2022) la méritaient tout autant. Passons.

"Un simple accident" en dépit de son titre (ou justement à cause de lui?) n'a rien de simple. Il soulève en effet plus d'interrogations qu'il n'apporte de réponses, à l'image de sa fin que l'on peut interpréter de plusieurs manières. Le film se présente comme une petite odyssée dans le huis-clos de l'habitacle d'un véhicule, un dispositif récurrent chez Jafar PANAHI, sans doute pour des raisons de discrétion, le tournage s'étant déroulé dans la clandestinité. Le simple fait que les femmes aient les cheveux découverts le prouve et on mesure le courage de ces équipes qui continuent à tourner dans leur pays en dépit de la répression. A l'intérieur de ce huis-clos, quatre victimes, le futur mari de l'une d'entre elles et leur supposé bourreau. Sauf que le rapport de forces s'est inversé: c'est le bourreau qui se retrouve à la merci de ses anciennes victimes après avoir été reconnu par l'une d'entre elles, assommé, kidnappé, ligoté et séquestré. Mais justement, rien n'est simple. D'abord, aucune ne l'a vu: toutes avaient les yeux bandés lorsqu'elles étaient entre ses mains. Seuls leurs autres sens (l'ouïe chez l'un, l'odeur chez l'autre, le toucher pour un troisième) leur indique qu'il s'agit de leur homme. Or, elles veulent des certitudes, c'est à dire des aveux. Ensuite, ces victimes n'ont rien de monolithique. Hommes comme femmes, issues de tous les milieux sociaux, célibataires ou en couple avec un panel de réactions face à la situation allant du refus de s'y confronter (du moins au départ) à la pulsion de meurtre sans autre forme de procès. Un bon moyen sans doute de démontrer que le régime opprime la société dans toute sa diversité et pas seulement les cinéastes (même si on se doute que Jafar PANAHI s'inspire de son propre vécu). Enfin, ces personnes confrontées à la tentation de la vengeance et à la réactivation de leurs traumatismes doivent également assumer la part d'humanité du bourreau à travers le sort de sa femme enceinte et de sa petite fille qui sans le chef de famille se retrouvent dans une situation de vulnérabilité totale. On le voit, le film est d'une extrême richesse, parfois très drôle lorsqu'il tourne à la satire (les flics corrompus qui ont trouvé la parade à la disparition du liquide en ayant leur propre machine à carte bleue!) et pousse le spectateur à se poser la question suivante: si j'avais été à leur place, qu'aurais-je fait?

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Fleur de Lotus (The Toll of the sea)

Publié le par Rosalie210

Chester M. Franklin (1922)

Fleur de Lotus (The Toll of the sea)

C'est le premier grand rôle au cinéma de Anna May WONG qui n'avait alors que 17 ans, ce qui lui permis ensuite d'être repérée par Douglas FAIRBANKS pour "Le Voleur de Bagdad" (1924). C'est aussi le premier film réalisé en technicolor et le résultat est splendide avec une richesse et un raffinement dans le choix des couleurs, des costumes et des paysages qui se retrouve jusque dans les intertitres qui ressemblent à des estampes japonaises. Par ailleurs, si les films colorisés existent depuis les débuts du cinéma, la technique mise en oeuvre ici donne au film (restauré en 1985) une allure très moderne qui désoriente quelque peu le spectateur. S'il n'était pas muet on pourrait tout à fait croire qu'il a été réalisé dans les années 30 ou 40. Enfin, le scénario adapté de l'opéra de Puccini, "Madame Butterfly" et transposé en Chine est de Frances MARION, la scénariste la plus en vue de l'époque avant que le parlant ne balaye les femmes des fonctions de commandement de l'industrie cinématographique.

Mais si par certains aspects, "Fleur de lotus" est un film en avance sur son époque (et sur les suivantes), par d'autres, il offre hélas le témoignage des préjugés racistes qui allaient pourrir la carrière hollywoodienne de Anna May WONG. Celle-ci, enfermée dans un rôle fleurant bon l'exotisme orientaliste joue le rôle tragique d'une jeune fille séduite et abandonnée par un amant WASP aussi insipide que lâche. Dès que sa famille lui demande de retourner aux USA et que ses amis commencent à évoquer l'inconvenance de sa situation, on voit tout d'un coup Allen Carver cesser de regarder Fleur de lotus dans les yeux ce qui n'est pas très bon signe. Mais celle-ci s'enferme dans le déni, jusqu'à ce que Carver, qui ne lui a pourtant donné aucune nouvelle revienne quelques années plus tard, flanquée de son épouse WASP bien comme il faut. C'est dire la considération qu'il a pour elle. Coup de grâce qui montre bien les biais d'écriture de l'époque: Fleur de lotus non seulement ne lui en veut pas mais elle confie à sa femme l'enfant qu'ils ont eu ensemble (enfant d'ailleurs à l'apparence 100% anglo-saxonne) avant d'aller se jeter à la mer, sous-entendu: je suis une intruse, je m'efface du paysage.

Mais là encore, le film n'est pas ce qui s'est fait de pire en la matière. De même que le parlant a évincé les femmes des postes de pouvoir dans le cinéma hollywoodien, il a coïncidé avec la mise en place du code Hays qui a aggravé le sort réservé aux minorités. C'est en partie à cause de lui que Anna May WONG a vu le rôle pourtant a priori fait pour elle de "Visages d'Orient" (1936) lui échapper au profit d'une actrice blanche grimée en asiatique. Le code, reflet des mentalités suprémacistes et ségrégationnistes de la société américaine interdisait de montrer des relations amoureuses à l'écran entre acteurs issus d'ethnies différentes. Par la force des choses, Anna May WONG a eu donc une carrière contrariée mais sa combativité, ca capacité à se réinventer en n'hésitant pas à changer d'air pour échapper aux stéréotypes et l'épreuve du temps ont fini par lui donner la place qu'elle méritait, celle d'une pionnière.

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Amore

Publié le par Rosalie210

Roberto Rossellini (1947)

Amore

Un double "one woman show" de Anna MAGNANI dans ce qui est présenté comme le cadeau d'adieu que lui a fait Roberto ROSSELLINI avant de s'envoler pour d'autres yeux, ceux de Ingrid BERGMAN.

Contrairement à beaucoup, je préfère à titre personnel le second volet, "Le Miracle", l'adaptation d'un roman espagnol par Roberto ROSSELLINI et celui qui était à l'époque son assistant, Federico FELLINI, véritable couteau suisse puisqu'il joue en prime le berger qui abuse de la crédulité d'une bergère isolée dans la montagne (jouée par Anna M évidemment) en se faisant passer pour Saint-Joseph. Mais avec ses boucles blondes et sa jarre de vin prête à l'emploi (la GHB de l'époque), il fait plutôt penser à un certain Bacchus offrant à la naïve créature un aller direct pour le paradis. Laquelle se retrouvant quelques semaines plus tard avec un polichinelle dans le tiroir tente de faire croire à la fiction qu'elle s'est racontée à elle-même: elle serait rien de moins que la nouvelle immaculée conception. Mais les villageois mieux dessalés (ou plus hypocrites) ne l'entendent pas de cette oreille: la soi-disant nouvelle vierge Marie n'est à leurs yeux qu'une pécheresse qui mérite le châtiment d'une humiliation publique. C'est donc loin de la communauté et au bout d'un interminable chemin de croix, accompagnée seulement par sa chèvre (les animaux domestiques, on le sait ne jugent pas et c'est une des raisons pour lesquelles on aime leur compagnie) que Nannina atteint la grâce divine, loin de la bassesse des hommes. Bien qu'imprégné de religiosité, il y a de la tragédie antique dans ce récit (ce qui explique sans doute que j'ai pensé à Bacchus. D'autres ont pensé à "Sans toit ni loi" (1985) ce qui est tout à fait pertinent) se déroulant dans sa majeure partie dans de somptueux paysages montagnards.

Le premier volet, "La Voix humaine" est issu d'une pièce de théâtre en un acte de Jean COCTEAU qui a fait l'objet d'une récente adaptation par Pedro ALMODOVAR avec Tilda SWINTON dans le rôle principal. Je devrais dire unique puisqu'il s'agit d'un huis-clos centré sur le monologue d'une femme qui vient de se faire larguer et qui pour ne pas sombrer, se raccroche à la voix de son ex au téléphone comme à une bouée de sauvetage. Je n'aime pas ce texte (30 minutes de variations sur l'air de "ne me quitte pas", c'est long) mais force est de reconnaître qu'il met en valeur Anna MAGNANI dont la prestation est extraordinaire.

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Downton Abbey III: le grand final (Downton Abbey: The Grand Finale)

Publié le par Rosalie210

Simon Curtis (2025)

Downton Abbey III: le grand final (Downton Abbey: The Grand Finale)

Avec le décès de Maggie SMITH en 2024 qui était l'âme de la saga, je pensais que Julian FELLOWES et son équipe arrêteraient les frais. Et bien non, cela ne les a pas arrêtés. Ca m'a fait un pincement au coeur d'ailleurs de la revoir lors d'une scène nostalgique dans laquelle Mary voit surgir les fantômes des disparus, de Dan STEVENS à Jessica BROWN FINDLAY. Ce "Grand Final" qui je l'espère met un point final à quinze années d'une saga s'étalant sur une série de six saisons et trois films (dont trois saisons et trois films de trop) est donc un hommage à l'actrice jouant la comtesse douairière et veut marquer un passage de témoin entre les générations. Plusieurs personnages prennent leur retraite (Carson, Mrs Patmore, Robert Crawley) et confient les clés du château, de l'armoire à argenterie ou de la cuisine aux jeunes générations. Mais c'est trop peu pour remplir 2h de film. Alors comme pour les précédents opus, on multiplie les anecdotes avec le scandale du divorce de Mary qui la met au ban de la bonne société ou des histoires de succession à n'en plus finir ou encore un escroc dont est victime Harold (Paul GIAMATTI), le frère de Cora (Elizabeth McGOVERN) mais que Tom (Allen LEECH) devenu un super-héros démasque en deux secondes. Un seul filon m'a paru intéressant mais il est bien mal exploité: celui qui voit le grand retour de Thomas Barrow (Rob JAMES-COLLIER) avec son nouveau compagnon, Guy Dexter (Dominic WEST) et un dramaturge ayant réellement existé Noël Coward (Arty Froushan). Peut-être que ça parle à un anglais ou à un américain cinéphile mais je ne pense pas qu'en France beaucoup de monde sache qui est Noël Coward qui était homosexuel à une époque où celle-ci était criminalisée en Angleterre. J'ai moi-même découvert son existence grâce au film de Robert WISE, "Star !" (1968). Il aurait donc fallu appuyer sur le champignon et oser casser les codes là où le film reste corseté dans un ordre ancien qui commence à sentir le sapin dans les années 30 (on peut même dire que l'odeur devient fétide avec un film comme "Les Vestiges du jour" qui évoque la collusion de certains de ces grands aristocrates anglais avec le nazisme) (1993). On peut toujours rêver mais Dominic WEST aurait par exemple pu monter sur les tables, danser et chanter "Shame, shame, shame" comme dans "Pride" (2014), ça aurait été plus fun!

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La Ronde

Publié le par Rosalie210

Max Ophüls (1950)

La Ronde

"La Ronde" est un film d'une grande élégance qui fait astucieusement oublier qu'il s'agit d'un assemblage de saynètes grâce notamment à sa structure circulaire, la ritournelle entêtante de Oscar STRAUS, les qualités d'écriture (des scènes sont reliées entre elles par une phrase telle que "quelle heure est-il? Onze heure passées" sauf qu'il est en réalité minuit moins cinq et que celle qui quitte est devenue celle qui est quittée) et au meneur de jeu (Anton WALBROOK) qui en est le fil directeur. Celui-ci distribue les cartes, commente le jeu, tourne la manivelle (de la caméra? ^^), actionne le clap, coupe au montage bref, incarne les pouvoirs du cinéma à lui tout seul mais dans les habits d'un Monsieur Loyal de la Belle Epoque*, l'histoire étant l'adaptation d'une pièce de théâtre de Arthur Schnitzler. La façon dont il est filmé, souvent en contre-plongée lui confère cette aura d'omnipotence qui par contraste fait des personnages des créatures au destin prédéterminé. C'est d'ailleurs là que réside la limite du film. Chaque personnage est défini par un rôle social rigide (prostituée, grisette, femme mariée, fils de bonne famille, soldat, comte, poète, comédienne etc.) dont il adopte les codes et le costume et dont il ne s'évade jamais. Il n'est donc qu'un pion sur un échiquier ou pour filer la métaphore du film, une attraction du carrousel qui tourne en rond sur lui-même. Devant ces corps mécanisés semblables à ceux de marionnettes**, on est vite confronté à une démonstration qui se répète, chaque personnage apparaissant pour la première fois dans une scène étant amené à revenir dans la suivante mais avec un partenaire différent qui lui-même en choisit un ou une autre dans la suivante jusqu'à ce que la boucle soit bouclée. Ce n'est donc pas l'amour qui est le sujet de cette ronde bien que le mot soit sans cesse prononcé mais plutôt la quête du plaisir, fugace, mécanique et donc ayant sans cesse besoin d'un nouveau carburant: et c'est reparti pour un tour de manège!

* L'histoire commence à l'époque du tournage du film avant de se "téléporter" en 1900 et la phrase prononcée alors par le meneur de jeu "nous sommes dans le passé, c'est plus reposant que le présent et plus sûr que l'avenir" peut s'entendre comme une allusion aux guerres mondiales à venir ainsi qu'au nazisme, régime que Max OPHULS et Anton WALBROOK avaient tous deux fui.

** Bien que tous interprétés par des acteurs de renom: Simone SIGNORET, Serge REGGIANI, Danielle DARRIEUX, Simone SIMON, Daniel GELIN, Jean-Louis BARRAULT, Gerard PHILIPE, Odette JOYEUX etc.

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Nouvelle Vague

Publié le par Rosalie210

Richard Linklater (2025)

Nouvelle Vague

On ne pouvait rêver meilleur hommage au premier long-métrage de Jean-Luc GODARD que ce savoureux faux making of du tournage. Outre le plaisir de replonger tête la première dans une époque révolue, celle des Cahiers du cinéma, le film met sur le devant de la scène des personnages de l'ombre tout aussi novateurs que les réalisateurs qui ont joué un rôle clé dans l'éclosion du cinéma de la nouvelle vague comme le producteur Georges de BEAUREGARD ou le chef opérateur (et ancien reporter de guerre) Raoul COUTARD. Mais bien évidemment, le plus grand plaisir du film provient du tournage reconstitué des séquences les plus emblématiques de "A bout de souffle" (1959) d'autant que la ressemblance des acteurs (tous inconnus) avec leur modèle est bluffante! Mais c'est surtout l'esprit de cette oeuvre emblématique de la nouvelle vague que Richard LINKLATER semble avoir réussi à capturer. On rit beaucoup devant les têtes ahuries de Georges de BEAUREGARD (qui pense à ses sous) et Jean SEBERG (qui pense à son image) devant "la révolution Jean-Luc GODARD" qui semble improviser au jour le jour et décide d'arrêter dès qu'il n'a plus d'inspiration. D'autres en revanche comme Jean-Paul BELMONDO s'amusent comme des petits fous dans cette aventure portée par un Jean-Luc GODARD sentencieux, désinvolte voire déconnecté du réel qui expérimente avec insolence une manière novatrice de faire du cinéma, libre, joyeuse et légère. "Nouvelle vague", baigné par un humour constant est un film tout simplement jubilatoire, un bonheur pour les cinéphiles et au-delà!

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